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Interview de Jeff VanderMeer

Par Lisbei, le vendredi 15 août 2008 à 12:46:16

SteampunkQu'est-ce que le steampunk ? Est-ce de la science-fiction, de la fantasy ? Les auteurs ne sont pas toujours d'accord entre eux. Pour James Blaylock, l'un des pères du genre il s'agit d'un mélange de trucs cools, d'un langage riche et de science (ré)inventée tout cela dans un monde flamboyant, excentrique et aventureux inspiré de l'ère victorienne.
Autant dire que les thématiques peuvent être très vastes. C'est pourquoi Jeff VanderMeer a repris son tablier d'anthologiste pour nous proposer un recueil mêlant célébrités et nouveaux venus dans un tourbillons de gadgets, de mécanismes et de machines volantes. L'ouvrage est sobrement intitulé Steampunk.
Avant de vous en présenter la critique, voici une interview réalisée à l'occasion de la sortie. Juste pour vous donner l'eau à la bouche !

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Interview traduite

Jones : Avez-vous une stratégie bien définie en tant qu’anthologiste ?
VanderMeer : Ann et moi avons tendance à travailler en équipe, en partageant les tâches et en les répartissant entre nous comme le permettent nos autres charges de travail. Nous avons une approche bien claire de notre travail, nous voulons que nos anthologies soient bien organisées et compréhensibles, et pas seulement riches et approfondies mais également surprenantes pour le lecteur. Si un lecteur referme une de nos anthologies sans y avoir rencontré quelque chose de merveilleusement inattendu et différent, peut-être que nous n’avons pas bien fait notre travail.
Quels défis relevez-vous en tant qu’anthologiste, et particulièrement avec Steampunk ?
Il s’agit non seulement de sélectionner le bon mélange de matière, mais également d’en acquérir les droits (quand il s’agit d’une anthologie de textes déjà édités). Pour les anthologies de textes inédits, il faut s’assurer de les rendre aussi ouvertes que possible à de nouveaux auteurs comme à des auteurs établis.
Quels sont les avantages et les inconvénients de travailler en couple ?
Parfois, je ne suis pas assez à l’écoute. Mais nous nous disputons rarement. Je pense qu’en général travailler ensemble nous rapproche sur le plan personnel.
Y a-t-il eu des moments drôles ou au contraire frustrants pendant la réalisation ?
Pas sur Steampunk. Mais sur New Weird, Clive Barker nous a téléphoné pour nous dire que dans son histoire, le mot "onions" était en réalité "opinions". Ce n’est vraiment pas ce que j’espérais entendre lors de notre premier contact téléphonique avec lui ! Mais il nous a dit qu’il avait beaucoup aimé l’anthologie et que les fautes de frappe étaient sa bête noire depuis dix-huit ans.
Récemment, lors d’une émission de radio, vous avez parlé de « technologie verte » en relation avec le genre steampunk. Pouvez-vous nous expliquer ce que vous entendez par là ?
Même si ce n’est sûrement pas valable pour les fondations industrielles de l’âge victorien, il me semble qu’une partie de la culture steampunk moderne voit dans le re-mécanisation de la technologie un chemin vers l’écologie. Dans le sens que mettre un peu plus les mains dans le cambouis et d’être capable de réparer soi-même les choses (qui peut vraiment réparer lui-même sa voiture de nos jours, avec tout l’électronique qu’elle contient ?) est un premier pas pour devenir vraiment indépendant, faire pousser sa propre nourriture, etc. Un avenir durable exige que nous fassions chacun cet effort à notre niveau.
Au cours des vingt dernières années, vous avez exercé une grande variété de métiers : éditeur, bloggeur pour des espaces comme Amazon.com, journaliste pour le Washington Post et Publisher’s Weekly, et bien sûr écrivain de nouvelles et de romans. Est-ce que votre écriture informative a influencé votre écriture de fiction ?
L’écriture informative sous la forme d’interviews ou de critiques m’a amené à réfléchir autrement sur l’écriture. Je détourne aussi souvent des formes informatives dans mes fictions pour obtenir des effets ironiques ou absurdes.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans l’écriture ?
Sa dimension physique : l’écriture au sens littéral du terme, manuelle ou électronique, me perdre dans cet acte. Me perdre dans l’intrigue et les personnages. Ecrire un roman en particulier est un acte d’immersion.
Quand débute un roman ou une nouvelle pour vous ?
Avec la fin. Tant que je ne connais pas la fin d’une histoire ou d’un roman, dans ma tête, je ne peux pas l’arrêter. Donc tant que ça fusionne, je ne jette rien sur papier. La fin varie souvent avant que j’y arrive, mais j’ai besoin d’avoir une direction générale.
Vous avez surpris (et excité) bon nombres de vos fans inconditionnels en écrivant Predator : South China Sea, qui sortira en août de cette année.
En travaillant dans un monde partagé tel que l’univers Predator, j’ai une bien plus grande conscience du public de ces livres. Ce qui m’importait en premier lieu était d’écrire un roman qui plairait au public de Predator, et puis ensuite s’il arrivait à plaire à mon public, parfait. Mais ce n’était pas le but recherché.
Je pense que dans des mondes partagés vous devez respecter le lectorat de base, alors que pour mes propres romans, le meilleur moyen de respecter mon public, c’est en quelque sorte de l’ignorer. De me faire d’abord plaisir à moi-même. Cela signifie, évidemment, que le roman Predator est bien moins personnel, et aussi très différent de mes autres écrits. Je suis content du résultat, mais je ne sais pas ce que mon public va en penser. J’espère simplement que le public de Predator va aimer.
Où commence le travail sur une anthologie pour vous ?
Cela dépend vraiment de l’anthologie. D’abord, toutes les anthologies que j’ai faites sont des collaborations avec ma femme Ann, qui en est co-éditrice. Suivant le projet et les contraintes de temps, c’est elle ou moi qui commence la réalisation. Parfois c’est une maison d’édition qui nous contacte, comme ça a été le cas pour New Weird et Steampunk. Parfois c’est nous qui avons une idée et qui contactons une maison d’édition.
La clé, au départ, est d’essayer de s’assurer que la maison d’édition, le projet et le format (relié ou en poche) collent bien ensemble. C’est aussi un des défis de départ de penser l’anthologie en termes de contraintes et de possibilités. Ce qui revient à dire que vous voulez explorer une idée aussi profondément et minutieusement que possible tout en maintenant un éclairage qui donnera sa forme au recueil.
Quelle histoire de cette anthologie vous a vraiment marqué ?
J’adore vraiment The Minutes of the Last Meeting de Stephan Chapman, avec sa belle structure expérimentale rendue accessible par ses inventions sans fin et ses soubassements de conte folklorique. J’aime aussi paradoxalement la manière dont Joe R. Lansdale se saisit du genre steampunk et le traverse en saccageant tout sur son passage tel un dieu impatient.

Interview de Jeremy Jones.

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