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Coraline, aujourd’hui en salles !

Par Altan, le mercredi 10 juin 2009 à 22:07:46

Genèse de Coraline

CoralineL’histoire de Coraline Jones et de ses aventures dans l’Autre Monde commença au début des années 1990. Holly, la fille de l’écrivain Neil Gaiman, avait à l’époque 4 ou 5 ans...
Après l’école, elle me retrouvait généralement en train d’écrire, se souvient l’auteur. Elle grimpait alors sur mes genoux et me dictait de petites histoires, tournant le plus souvent autour de fillettes prénommées Holly, dont les mères étaient enlevées par de méchantes sorcières qui leur ressemblaient comme deux gouttes d’eau. J’ai cherché un livre dans ce style, susceptible de plaire à Holly, mais n’en ai point trouvé. J’ai donc décidé de l’écrire moi-même.
Holly Gaiman se souvient : Coraline a d’abord été une histoire que mon père me racontait à la manière d’un feuilleton, quand j’étais très jeune. Il l’avait écrite spécialement pour moi, et personne n’en avait alors entendu parler. Cette histoire charmante m’a hantée et inspirée depuis l’enfance.
Après avoir rédigé les premiers chapitres de Coraline, Neil Gaiman dut interrompre son ouvrage pendant cinq ou six ans afin de se consacrer pleinement à sa carrière d’écrivain. Holly n’était alors plus en âge d’apprécier ce genre de récit, mais sa jeune sœur, Maddy, prendrait volontiers la suite ... à condition que Gaiman se remette rapidement au travail.
Neil Gaiman : Un contrat fut alors signé, et pendant deux ans, j’ai consacré mes soirées à écrire Coraline, à raison de 5 ou 6 lignes/jour, soit 1 page/semaine. Je suis un écrivain très lent, mais, en bossant chaque nuit au livre, j’ai fi ni par arriver au bout de mes peines.
Fin 2000, le romancier disposa enfin d’une semaine entière pour boucler son récit. Gaiman avait directement puisé dans ses souvenirs d’enfance : J’habitais avec mes parents dans un vieux manoir. Une porte du salon, condamnée, donnait sur un mur de briques, mais j’étais convaincu qu’elle recelait un mystère. J’imaginais qu’un jour, en l’ouvrant à l’improviste, je découvrirais sans doute derrière elle un couloir secret et un tunnel. C’est ce qui arrivera à Coraline. Passée dans l’Autre Monde, Coraline prend rapidement ses aises, sans trop s’inquiéter de ce que son Autre Mère et son Autre Père aient des boutons noirs à la place des yeux. C’est le genre de métaphore qui se prête à de multiples interprétations, toutes légitimes, souligne Gaiman. Les yeux sont ‘les fenêtres de l’âme’, les Romains disposaient des pièces de monnaie sur les yeux des morts, etc.
Coraline décide cependant de quitter l’Autre Monde après y avoir découvert trois jeunes fantômes séquestrés de longue date par l’Autre Mère. Elle réalise alors qu’elle est l’ultime espoir de ces trois malheureux, et que sa vraie famille court un grand danger.
Neil Gaiman : J’ai voulu écrire un livre sur le courage, lequel n’est pas l’absence de peur, mais la capacité à surmonter sa peur et d’agir en conséquence. J’ai également voulu dire que les gens qui nous aiment ne sont pas toujours capables de nous accorder toute l’attention que nous méritons, et que ceux qui nous accordent cette attention n’ont pas nécessairement pour nous un amour très sain.

Le livre une fois fini, Neil Gaiman entreprit d’en lire un chapitre à Maddy la petite sœur de Holly. J’aurais tout de suite arrêté si cela lui avait fait peur ou l’avait perturbée, mais elle a adoré !
Maddy Gaiman : C’est une histoire qui vous accroche et ne vous lâche pas. On s’attache à Coraline et l’on espère de tout cœur qu’elle se tirera d’affaire. Le livre, illustré par un collaborateur régulier de Gaiman, Dave Mckean, parut en 2002 chez Harper Collins.
Neil Gaiman : On était alors à l’apogée de la «Pottermania», mais J. K. Rowling avait, pour la première fois, loupé la date de sortie. Coraline en bénéficia et capta davantage l’attention des médias que la moyenne des livres pour enfants et devint un best-seller instantané.
Des romanciers comme Philip Pullman (À la Croisée des Mondes) et Lemony Snicket» (alias Daniel Handler, auteur des treize romans composant la série des Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire) firent l’éloge de Coraline. Après avoir remporté plusieurs prix, le livre fut vite adopté par les enseignants, tant pour l’intérêt de sa trame que pour la simplicité de son vocabulaire.

Coraline a notamment reçu un prix de l’American Library Association, les Hugo et Nebula Awards et le prix de Publishers Weekly pour sa version audio, lue par l’auteur. On en a déjà tiré : un court-métrage, réalisé par trois cinéastes italiens ; un spectacle de marionnettes monté par une troupe irlandaise ; un spectacle, monté en Suède par une troupe de jeunes artistes ; une adaptation en roman graphique ; une comédie musicale, qui débutera off-Broadway au printemps 2009. Le livre s’est vendu à travers le monde à plus d’un million d’exemplaires et a été traduit en trente langues – un record pour Gaiman.

Gaiman et SelickDurant l’écriture de Coraline, Neil Gaiman suivit avec intérêt le travail du réalisateur/animateur Henry Selick et vit dès leur sortie L'étrange Noël De Monsieur Jack (1993) et James Et La Pêche Géante (1996) : J’ai tout de suite apprécié son étonnante créativité. Mon agent était sûr que nous nous entendrions bien. Après avoir fi ni le manuscrit de Coraline, je le lui ai fait parvenir, quelque 18 mois avant la parution du livre.
Henry Selick : Dès la première lecture, j’ai été séduit par l’idée du voyage entre deux mondes voisins et pourtant très contrastés – celui où nous vivons, et celui où tout est censé être plus beau. C’est une notion familière à la plupart d’entre nous. Neil a créé sur ces prémices une fable fantastique ancrée dans notre époque et notre quotidien. Il a ouvert une brèche dans notre existence ordinaire et y a trouvé de la magie.
La petite Coraline me plaît énormément, et je pense qu’elle plaira aussi beaucoup au public du film. Brave et imaginative, elle est animée d’une insatiable curiosité. Lorsqu’elle s’intéresse à une chose, elle ne se contente pas de demi-mesures, elle veut tout savoir à son sujet. J’aimais aussi l’idée que cette curiosité l’entraîna dans des situations dangereuses. La victoire de cette fille ordinaire sur le mal est porteuse de sens, comme l’a dit très justement Neil.
Neil Gaiman : Une semaine après avoir reçu le manuscrit, Henry nous fit savoir qu’il souhaitait réaliser Coraline. Le producteur Bill Mechanic, avec lequel il avait déjà travaillé, acheta les droits, et Henry se lança aussitôt dans l’écriture. C’est en s’accrochant de toutes ses forces à ce projet qu’il l’a fait aboutir.
Henry Selick : Neil invitait le lecteur à participer activement à sa fiction. J’ai tenté de faire de même avec ce film, en mettant mon savoir-faire au service d’une histoire centrée sur un personnage fort. Neil m’a aidé et conseillé dès le départ, mais sans chercher à surprotéger son livre. Il m’a laissé les coudées franches en matière d’adaptation. Cela m’a permis d’honorer ce qui compte le plus dans le livre, tout en restant libre d’inventer et de modifier.
Selick opta ainsi pour une nouvelle approche visuelle, en faisant venir du Japon le célèbre designer et illustrateur Tadahiro Uesugi. Nous avons choisi un look classique et très graphique, explique le réalisateur. Tadahiro s’inspire des illustrateurs américains de la fin des années cinquante et du début des années soixante. Uesugi travailla aux dessins concepts pendant un an avant de se rendre aux États-Unis pour rencontrer Selick et l’illustrateur Michel Breton avec lequel il collaborerait à distance, quoiqu’en contact permanent.

La préproduction débuta en 2005, sur la base d’une nouvelle mouture, par l’élaboration des décors et du storyboard, supervisé par Chris Butler. Butler et son équipe de dessinateurs utilisèrent des moniteurs LD Wacom Cintiq, dotés de pointeurs interactifs pouvant différencier plus de mille niveaux de pression. Cela nous a permis de fabriquer la totalité du film à partir de nos storyboards avec l’ensemble de la bande-son. Virtuose du stop-motion (animation en volume image par image), Selick décida que Coraline se prêtait idéalement à ce langage. Un point de vue partagé par Gaiman : Le stop-motion associe l’imaginaire et le concret. Les créations d’Henry en ce domaine me séduisent infiniment.

  1. Le synopsis
  2. Genèse de Coraline
  3. Les personnages et leurs interprètes
  4. Deux mondes, un studio
  5. Trois dimensions
  6. Les chiffres anecdotes

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