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Aujourd’hui en salles : Dracula Untold
Par Gillossen, le mercredi 1 octobre 2014 à 09:45:09
Le Maître des mort-vivants : Dracula
Depuis la parution du Dracula de Bram Stoker en 1897, ce personnage de la culture populaire a maintes fois été représenté et évoqué au cinéma, dans les dessins animés, la littérature et la musique, et semble aussi pertinent de nos jours qu’il y a presque 120 ans. En dépit de son omniprésence, les origines du plus célèbre des mort-vivants n’ont jamais été explorées au cinéma, alors que celui qu’on appelle Dracula s’avère avoir réellement existé et avoir autant terrorisé ses contemporains que les vampires des mythes et des légendes. On retrouve la figure du suceur de sang dans de multiples langues et cultures, datant parfois de plus de 1000 ans, de la Lilïtu mésopotamienne ayant succombée en couches et dévorant les enfants à l’Asasabonsam des Ashantis du Ghana aux pieds en crochets et aux dents en métal. Mais ce n’est qu’au 10e siècle que le terme «vampire» est apparu pour la première fois dans les langues modernes d’Europe de l’Est. Le producteur Michael De Luca, à l’origine du succès de blockbusters tels que The Social Network (David Fincher, 2010), Ghost Rider (Mark Steven Johnson, 2007), Le Stratège (Bennett Miller, 2011) ou Capitaine Phillips (Paul Greengrass, 2013), explique son intérêt pour les origines du mythe : «Enfant, j’ai toujours voulu savoir qui avait transformé Dracula en vampire. Je me demandais qui avait été le premier, s’il y en avait eu d’autres. C’était une question restée délicieusement sans réponse et qui n’a jamais été adressée, même dans le roman de Bram Stoker.» Il n’est donc pas surprenant que quand le script du tandem montant de scénaristes, Matt Sazama et Burk Sharpless, atterrit sur son bureau, celui-ci retint toute son attention : «J’ai trouvé l’idée très ingénieuse : explorer les origines jamais dévoilées d’un personnage phare de la culture populaire.»
Naturellement, le film s’intéresse également aux pouvoirs mystérieux que la population superstitieuse a conférés à Dracula au cours des siècles, mais il trouve es origines dans la figure historique de Vlad III de Valachie, alias Kaziglu Bey, le prince empaleur. Les scénaristes se sont ainsi inspirés de faits réels liés à ce sinistre souverain qu’ils ont développés dans une épopée fantastique. Vlad III est né en 1431 en Transylvanie. Enfants, lui et son frère cadet ont été envoyés par leur père Vlad II comme otages auprès du sultan Mourad II de Constantinople. Ils y séjournèrent 6 années durant et y furent initiés à l’art de la guerre. La Transylvanie étant située à la frontière entre l’Empire ottoman et l’Empire romain germanique, les jeunes seigneurs vivaient dans un contexte de guerre permanente où de nombreuses horreurs avaient cours. Vlad III est ainsi devenu un conquérant sans pitié dont la méthode de torture favorite revenait à empaler ses victimes et à les laisser agoniser pendant des jours. C’est à cette pratique qu’il doit son surnom de Vlad l’Empaleur (Vlad tepes en roumain). Son père ayant appartenu à l’Ordre du Dragon, une organisation secrète de chevaliers chrétiens, il fut surnommé Dracul (dragon ou démon en roumain, du latin draco). À la mort de son père, Vlad III gouverna la Valachie et la Transylvanie de 1448 à sa mort en 1476. Comme lui, il devint membre de l’Ordre du Dragon. C’est à cette occasion qu’il instruisit ses hommes de l’appeler Dracula, le fils du dragon.5 Tué au combat par les Turcs, Vlad III fut décapité et sa tête fut exhibée à toute la population horrifiée de Constantinople.
S’étant rallié au parti pris des scénaristes de revisiter la transformation de Vlad III en Dracula, il s’agissait désormais pour le producteur de trouver les partenaires et les financements nécessaires. Universal Pictures est le premier studio à avoir adapté l’histoire du personnage à l’écran en 1931 et Michael De Luca explique le retour de Dracula dans son fief : «Universal s’imposait. Le studio est historiquement lié aux films de monstres et DRACULA UNTOLD s’inscrit dans cette lignée et leur rend hommage.» La première étape fut de trouver un réalisateur adéquat pour mettre en scène ce film à grand spectacle, un cinéaste à même d’approcher différemment un personnage connu de tous, d’apporter un regard nouveau sur l’homme qui se cache derrière le mythe et de préserver la complexité de l’histoire. À la lecture du scénario, Gary Shore, dont on a pu remarquer le talent visuel dans plusieurs spots publicitaires et la fausse bande-annonce «The Cup of Tears» (2009), fut immédiatement conquis : «Je ne m’attendais pas du tout à ça. Le scénario utilisait la figure historique de l’Empaleur et la reliait aux origines mêmes du Dracula de Bram Stoker. C’était totalement inédit.»
Avec cette transformation de Vlad en Dracula, réalisateur et producteur étaient conscients de la difficulté de conférer une part d’humanité à leur personnage, l’histoire ne laissant guère de doutes quant à la barbarie et la cruauté de ce chef de guerre qui massacrait tous ceux qui croisaient sa route. Mais c’est précisément la compassion de Gary Shore envers le prince Vlad qui impressionna Michael De Luca, le réalisateur suggérant de ne pas s’attarder sur les multiples éléments sensationnels maintes fois montrés sur grands et petits écrans et de considérer le cœur de l’histoire, à savoir un homme qui lutte pour protéger sa famille. Gary Shore envisageait le film comme une épopée filiale. «Son appréhension de l’histoire nous a convaincus qu’il était notre homme», se souvient le producteur. Le réalisateur ajoute : «Il est question de passage à l’âge adulte, mais plus encore de filiation, de descendance. Le mythe des vampires est lié à cette idée de lignée, de transmission d’une génération à l’autre, qu’il s’agisse d’ADN, de souvenirs ou de responsabilité. Pour moi, cette approche trouverait un écho chez les spectateurs. Elle constitue l’aspect le plus édifiant de cette histoire.»
Le fait d’asseoir le personnage dans une vérité historique contribuait également à cette approche. «Pour que le film fonctionne, il faut que le public se sente impliqué dans la vie intime et sentimentale de Vlad, que ses liens avec son fils et sa femme aient de l’importance», continue Gary Shore. Les choix que Vlad est amené à faire le précipitent vers sa destinée et son combat pour sauver son fils du sort qui l’attend le pousse à faire un ultime sacrifice. «Il y a beaucoup d’humanité dans cette histoire», commente le producteur. «C’est inattendu dans un film sur Dracula. Notre «héros» est guidé par ses émotions : l’attachement et l’amour comme la violence et la soif de pouvoir.» Cette volonté d’amener le personnage de Dracula dans un territoire inexploré est devenue le maître mot de la production. «Nous souhaitions fouiller de nouvelles pistes qui ne soient pas conditionnées par ou asservies à la mythologie préexistante. C’est un film d’aventures. On voit Vlad prendre des décisions difficiles qui concernent sa femme et son fils. Ses actes sont la conséquence de ses choix dans des situations précises et il est motivé par la préservation de sa famille et de son peuple», explique encore Gary Shore.
Pages de l'article
- Synopsis
- Le Maître des mort-vivants : Dracula
- A la recherche du prince
- Décors et costumes
- Des légions de chauves-souris
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