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Aujourd’hui dans les salles : Frankenweenie

Par Gillossen, le mercredi 31 octobre 2012 à 13:00:00

Une ambiance à part

Le film se déroule dans la ville fictive de New Holland. Le producteur exécutif Don Hahn précise : « C’est une ville de banlieue imaginaire des années 1970, un mélange entre la Transylvanie et Burbank. »

Le cadre de l’histoire de Frankenweenie évoque les paysages sans relief des banlieues du sud-ouest des États-Unis au milieu du XXe siècle. Les quartiers de lotissements de New Holland sont dominés par la réplique d’un gros moulin posé sur une colline, vestige des installations publicitaires censées attirer les familles et les pousser à s’installer dans la communauté alors toute jeune. Ce bâtiment rappelle aussi l’omniprésent château sur le haut de la colline qui domine les villages des classiques du cinéma d’horreur…. L’équipe de décoration a étudié l’architecture des années 70 et des deux décennies précédentes avant de dessiner le lotissement et la banlieue d’après-guerre que souhaitait Tim Burton.

Un autre hommage à « l’atmosphère transylvanienne », qui symbolise parfaitement le style Burton, est le cimetière pour animaux édifié sur une colline. Quitter la plaine pour grimper sur la colline crée un rythme visuel qui contribue à ancrer l’histoire autour des personnages et de l’action.

Les membres de l’équipe qui avaient perdu un animal familier ont été invités à communiquer le nom de celui-ci à l’équipe de décoration. Ainsi, plusieurs pierres tombales portent le nom de vrais animaux. La productrice Allison Abbate raconte : « C’était une bonne chose de pouvoir rendre hommage aux animaux que nous aimions, et d’ailleurs, beaucoup de leurs noms sont drôles et émouvants. J’aime qu’on évoque la mémoire d’animaux s’appelant « Bob Fishy » ou « Mrs. Wiggles ». »

Pour créer les décors représentant New Holland et la banlieue des années 70, les cinéastes ont fait appel au chef décorateur oscarisé Rick Heinrichs, qui avait déjà collaboré avec Tim Burton sur plusieurs films, dont le court métrage original « Frankenweenie », réalisé en prises de vues réelles en 1984. Plusieurs éléments relatifs à l’aspect visuel ont été repris tels qu’ils existaient dans le court métrage original : l’utilisation du noir et blanc, le style expressionniste, l’hommage aux vieux films d’horreur. Burton et Heinrichs ont travaillé ensemble pour créer une nouvelle version de ce qui comptait aux yeux de Burton dans sa création originale et déterminer ce qui nécessitait une approche résolument nouvelle en matière de conception.

Rick Heinrichs a commencé par faire des recherches pour définir une approche du concept visuel du film et de l’atmosphère générale. Contrairement à la plupart des films en prises de vues réelles, l’animation en volume exige de créer tout un monde à partir de zéro. En utilisant la période temporelle à laquelle se déroule l’histoire comme point de départ, Rick Heinrichs s’est documenté sur le style de l’époque, en gardant en permanence à l’esprit que l’intrigue et l’intensité dramatique devaient également être racontées au public de manière visuelle.

La création des décors a commencé en novembre 2009, au sein d’un département "décors réduits" à Los Angeles – au début, il ne comptait que quelques illustrateurs et un assistant pour les recherches. Rick Heinrichs et son équipe y ont travaillé trois mois avant que l’équipe de décoration ne s’installe à Three Mills Studios à Londres. Là, le directeur artistique Tim Browning a collaboré avec Heinrichs, continuant à développer les décors à l’aide de maquettes en volume, de dessins et d’échantillons. Tim Browning a coordonné le travail des départements artistique, maquettes, décoration et construction – les décors ont été construits sur de grandes tables et entièrement équipés et décorés. Les décors sont fabriqués à une échelle bien inférieure à celle des décors d’un film en prises de vues réelles, mais le travail qu’exige leur construction présente de très nombreux défis. Tous les éléments de décor doivent être à l’échelle des personnages – c’est Sparky, le plus petit des personnages principaux requérant une armature et des mécanismes complexes, qui a donné l’échelle de tout le reste. Très rares étaient les accessoires que l’on pouvait trouver déjà existants à la bonne échelle, et il a donc fallu en fabriquer la majorité et tout peindre à la main.

Rick Henrichs explique : « Même si un objet possède des proportions arithmétiquement correctes et est à la bonne échelle, cela ne veut pas dire forcément qu’il s’accorde bien visuellement avec tout le reste. » En définitive, Rick Heinrichs et le département artistique se sont fiés à leurs yeux et à leur sens de l’esthétique pour trancher et dire si un objet sonnait juste au regard des proportions intentionnellement stylisées de telle ou telle marionnette. Le chef décorateur précise : « Dès l’instant où votre cerveau commence à fonctionner à cette échelle, il continue, et vous en oubliez le reste. C’est ce qui s’est passé sur Frankenweenie : vous entrez sur les plateaux et vous oubliez le monde réel pour vous immerger totalement dans l’environnement. C’est également très intéressant de voir que lorsque toutes les lumières sont en place et allumées et que vous regardez le moniteur, l’image acquiert toute sa force visuelle, elle prend le pas sur tout le reste. Cela vous rappelle combien le cinéma est un procédé artificiel qui construit quelque chose d’organique juste sous vos yeux. »

Une grande partie des accessoires miniatures étaient des maquettes inanimées, mais il a parfois été plus facile et plus pratique de fabriquer des objets capables de fonctionner. Par exemple, les stores miniatures de la salle de classe fonctionnaient, et les cinéastes pouvaient les manipuler pour jouer sur les effets de lumière. Ils ont tourné plusieurs scènes différentes dans la salle de classe et ont pu ajuster les stores pour éclairer plus ou moins ou pour voir l’extérieur ou non.

Le décor le plus difficile à concevoir a été celui de la ville de New Holland. Il a fallu le construire entièrement, et qu’il soit complètement fonctionnel afin que les animateurs puissent y situer l’action dans n’importe quel endroit. L’équipe de conception des décors a dessiné des magasins qui s’étendent sur plusieurs pâtés de maisons dans toutes les directions et a établi la géographie des rues et la répartition de la circulation. Ils ont ainsi créé l’illusion d’un monde beaucoup plus vaste, tout en permettant de réduire la vision pour se concentrer sur l’histoire et les personnages lorsque l’action se déroule en ville.

Le décor le plus difficile à construire a été le moulin en train de s’effondrer. Il a fallu longuement réfléchir aux forces naturelles qui font crouler la structure et à la manière d’intégrer cette capacité aux éléments physiques constituant le décor.

Le décor où il a été le plus difficile de tourner a été celui du laboratoire de Victor, installé dans le grenier, avec son magnifique éclairage interactif et les effets installés et programmés par le directeur de la photographie, Peter Sorg.

En tout, environ 200 décors ont été construits pour Frankenweenie. Le producteur exécutif Don Hahn a été impressionné par la somme de travail qu’ont fournie Rick Heinrichs et Tim Burton afin de créer l’univers du film en restant fidèles à la vision qu’ils en avaient. Il explique : « Rick a accordé les décors et le style des marionnettes. On a donc la sensation que ce monde est complètement cohérent. En unissant leurs styles personnels et leur travail, Tim Burton et Rick Heinrichs réussissent à nous transporter dans cet univers. »

Frankenweenie a été tourné en noir et blanc – il s’agit du premier film animé jamais réalisé en noir et blanc. La palette s’étendait du noir au blanc avec des centaines de nuances de gris entre les deux. Rick Heinrichs était ravi d’utiliser une palette monochromatique pour raconter cette histoire. Il commente : « Chaque fois que l’on peut, en tant que décorateur, restreindre l’étendue des outils à notre disposition pour mieux tirer parti des quelques-uns que l’on peut utiliser, le résultat est meilleur, plus dense. Ici, nous avons concentré notre attention sur les formes, les lumières et les ombres, les silhouettes et les textures. Je suis profondément convaincu que lorsqu’on limite certaines choses, on obtient pour résultat d’attirer l’attention des spectateurs sur les éléments restants. »

Les décorateurs ont testé différentes teintes de gris et de couleurs pour trouver celles qui convenaient : il fallait que les objets comportent suffisamment de contrastes pour ressortir à l’image. Dans certains cas, la couleur d’origine a été conservée car son rendu était plus riche une fois traitée en noir et blanc. Par exemple, les rideaux rouge foncé rendaient mieux en noir et blanc que les gris.

Les marionnettes ont été peintes en noir et blanc, tout comme la plupart des décors. Mais quelques objets, comme l’herbe et les fleurs, ne rendaient pas bien en noir et blanc et leurs couleurs naturelles ont été conservées sur le décor.

Tim Burton a été inflexible : Frankenweenie serait tourné en noir et blanc, et ce pour de très bonnes raisons. Le réalisateur explique : « Le noir et blanc fait partie intégrante de l’histoire, de son identité et de son émotion, et cela a toujours été très important. Le noir et blanc a quelque chose d’émouvant, un peu comme si c’était un personnage. Voir ce type d’animation en noir et blanc ajoute une certaine profondeur, et la manière dont les personnages et les objets entrent et sortent de l’ombre est très intéressante, elle contribue à raconter l’histoire. »

Le rendu final en 3D a ajouté un autre ingrédient important pour le style, l’atmosphère et l’aspect visuel du film. Tim Burton commente : « Les images sont très nettes et très claires en noir et blanc, et la 3D leur apporte une certaine profondeur inhabituelle et extraordinaire. L’animation image par image et la 3D donnent l’impression de vraiment rentrer dans le décor. On voit la texture des marionnettes. On voit des choses qu’on ne voit pas habituellement. C’est ce qui se rapproche le plus d’une véritable balade sur le tournage d’un film d’animation image par image. »

Frankenweenie n’a en aucune manière fait appel à l’animation par ordinateur, mais les cinéastes ont utilisé la technologie informatique pour les effets visuels, comme par exemple quand il fallait donner de l’ampleur à un environnement. En tout, le film contient 1300 plans à effets visuels.

Il existait sans doute des moyens plus simples de réaliser ce film, mais selon Tim Burton, l’animation image par image était idéale pour Frankenweenie. Il explique : « Il y a de la beauté dans ce type d’animation, et le fait de prendre un objet inanimé et de lui donner vie reflète complètement le thème de Frankenstein. L’animation image par image possède une énergie particulière, que vous n’obtiendrez jamais avec un autre format. »

La productrice Allison Abbate déclare : « L’animation image par image est très artisanale et très intime. Ce sont des caractéristiques qui la rendent parfaitement appropriée pour raconter cette histoire, parce que l’on sent le travail et le talent artistique de chacune des personnes qui ont travaillé sur chaque plan. »

Le producteur exécutif Don Hahn acquiesce : « Il n’y a pas meilleur vecteur que l’animation image par image pour transporter les spectateurs dans cette ville de New Holland, à l’intérieur de la maison de Victor Frankenstein et dans son grenier pour le voir travailler. Seul ce style d’animation peut offrir une telle dimension fantastique. La technique du stop-motion est vraiment formidable pour ce film, et bien sûr, c’est un art dans lequel Tim Burton est passé maître. »

  1. Synopsis
  2. Les personnages
  3. Les origines
  4. La stop-motion
  5. Une ambiance à part
  6. La chronique d'Alana Chantelune

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