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Une interview avec Patrick Rothfuss

Par Luigi Brosse, le lundi 4 juin 2007 à 16:21:46

The Name of the WindOn ne peut pas dire que Patrick Rothfuss soit un auteur connu en France, ce serait même plutôt tout le contraire. Mais il fait partie des quelques "sensations" de l'année côté nouveaux auteurs fantasy d'outre-Atlantique !
C'est pourquoi nous avons décidé de ne pas attendre plus longtemps pour vous proposer une traduction de cet entretien évidemment mené par notre camarade Patrick Saint-Denis, où l'auteur revient donc sur son premier roman, The Name of the Wind, et le lancement de celui-ci !
Et si vous avez envie d'en savoir plus après avoir lu cette interview, le site officiel de l'auteur peut se consulter à cette adresse.

L'interview traduite

Sans rien révéler, que pouvez vous nous confier à propos de votre premier roman, The Name of the Wind ?

Voilà une question dangereuse. C'est comme rendre visite à une jeune mère et lui demander, « Alors, comment va le bébé ? » Vous savez que ses yeux vont briller et qu'elle va commencer à bafouiller des nouvelles de maman surexcitée. « Le bébé a fait ceci. Le bébé a dit cela... »

Voilà le genre de questions que vous êtes en train de me poser actuellement. Êtes-vous sûr que vous voulez aller dans cette direction ? Si vous ne faites pas attention, je pourrais bien sortir des photos de ma mallette...

Peut-être pourriez vous donner un synopsis sans spoiler de votre roman ? Quelque chose que des lecteurs potentiels pourraient lire et qui les attirerait...

Pour vous dire la vérité, je ne pourrais pas résumer mon livre pour sauver ma peau. Je suis vraiment, vraiment nul pour le faire. Ce défaut particulier explique probablement pourquoi j'ai eu tant de mal pour trouver un agent dans le temps.

Si les gens veulent lire des synopsis intrigants, ils peuvent consulter ce que les critiques et autres auteurs ont dit à ce sujet. Ils font un meilleur boulot que ce que je peux faire. Je ne suis pas câblé pour ça.

Que peuvent attendre les lecteurs des deux suites et de la trilogie qui vont suivre ce volume ?

Eh bien... Je les ai déjà écrits. Donc vous n'aurez pas à attendre éternellement pour leurs sorties. Ils seront publiés sur une base régulière. Un par an.

Vous pouvez également vous attendre à ce que le second volume soit écrit avec le même degré d'attention que le premier. Vous connaissez le coup du second trimestre ? Quand le second tome d'un auteur est moins bon parce qu'ils ont été soudainement obligés d'écrire avec une contrainte de temps ? Je n'ai pas à me préoccuper de cela car mes deux prochains romans sont déjà bons à envoyer.

Des titres provisoires pour le moment ?

Je pense que le livre deux sera The Wise Man's Fear, et The Doors of Stone pour le livre trois. Ce n'est que pure spéculation, remarquez. Les choses changent, et si quelque chose de mieux est suggérée, nous l'utiliserons.

The Name of the Wind étant votre premier livre, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur la route que vous avez suivi pour voir votre manuscrit publié ? Je sais que c'était Kevin J. Anderson qui vous a originellement mis en contact avec Matt Bialer, qui est devenu votre agent littéraire.

C'est la fin de l'histoire, vraiment.

Avant cela, j'ai travaillé sur l'histoire pendant sept ans. Tout seul. Puis j'ai passé environ deux ans à me faire rejeté par chaque agent de l'univers connu. Apparemment je peux écrire un roman de fantasy d'un quart de million de mots, mais une demande d'une page est au dessus de mes forces.

Puis j'ai gagné le concours pour les Écrivains pour le Futur et rencontré Kevin Anderson. Kevin vers Matt. Matt vers Wollheim chez DAW, mon éditeur phénoménal. Ils vécurent heureux.

Pat, comme de nombreux fans sont des aspirants écrivains, pourriez vous développer un peu plus ce sujet ? Cela intéressera sans aucun doute bon nombre de personnes.

Si vous pensez réellement que des gens vont trouver ça intéressant, bien sûr que je vais vous le raconter. Mais c'est une longue histoire, pour ceux qui s'en moquent, je vous recommande chaudement de passer à la question suivante.

Okay, j'ai gagné le concours de Écrivains pour le Futur, et quand ça arrive, l'une des choses qu'ils font, c'est de vous offrir un voyage pour la Californie et vous donner de travaux pratiques d'écriture avec des auteurs connus. Cette année-là, nous avions la chance d'avoir Tim Powers pour nous diriger. Non seulement c'est un grand auteur, mais de surplus c'est un bon enseignant. Les deux ne vont pas souvent de pair.
Quoi qu'il en soit, un jour Kevin Anderson est venu et a animé un après-midi d'atelier. Il a parlé de son expérience d'écrivain, de sa philosophie, de ses astuces. Du bon boulot.

Plus tard dans la soirée, je me promenais dans le hall de l'hôtel et je le vis debout, tenant une BD. Il sourit et agite la main et je me rapproche.

« Qu'est-ce que c'est ? » je demande, hochant la tête en direction du livre qu'il tient.

« Recherche, » répond-il. « J'ai des projets de comics en préparation, je me suis donc dit que je devrais lire un peu ce qui se fait sur le marché actuellement. »

« Eh bien vous ne pouvez pas mal tomber avec Alan Moore, » dis-je.

Il acquiesça, puis nous avons discuté de Watchmen pendant un moment. Puis nous avons parlé de ce que nous aimions et n'aimions pas. Après cinq ou dix minutes, nous étions toujours debout dans le hall de l'hôtel tenant une discussion amicale de geeks. Kevin dit, « J'étais sur le point de chercher une place pour attendre le dîner. Tu veux venir prendre une bière ? »

C'est là qu'est l'astuce. Je ne bois pas. Je n'ai rien contre. Ça ne me botte pas, c'est tout. La caféine est mon vrai choix de drogue. L'alcool a peu d'effets sur moi, et le peu d'effets qu'il a, je ne les apprécie pas. De plus, je n'aime pas le goût.

J'ai donc répondu, « Ouais. J'adorerais aller boire une bière. »

Nous sommes donc sortis dans un bar et nous avons traîné quelques heures à discuter de livres. A propos de ce que nous aimions ou pas, et quels étaient les projets de Kevin. Ce gars est partout dans le monde de l'édition, et il a toujours trois douzaines de fers au feu à chaque instant.

Ce que je n'ai pas fait c'est de tomber à genoux et lui attraper la jambe en suppliant, « S'il te plaît ! J'ai écrit une trilogie de fantasy et elle est vraiment bien ! Je n'arrive à convaincre personne d'y jeter un oeil. J'ai besoin de passer ma jambe par la porte ! AIDEZ MOIIIIII ! »

C'est ce que je ressentais, bien sûr. J'avais travaillé sur cette trilogie pendant une décade, et au cours des deux dernières années j'avais été rejeté par 40-50 agents. J'étais terriblement frustré. Mais tu ne veux pas être ce fan collant, désespéré, miaulant. Cela manque de sang-froid.

A part avoir l'air d'un retardé mental, c'est contre productif aussi. C'est comme quand tu n'as pas eu de rendez-vous depuis longtemps et que tu deviens vraiment seul. Tout ce que tu cherches c'est quelqu'un à aimer, mais chaque femme que tu approches devine le désespoir qui tourbillonne autour de toi comme le miroitement de la chaleur sur une surface noire en été. Ça les rend si mal à l'aise qu'elles ne veulent même pas être près de toi, et encore moins jouer aux câlins.

Je savais que les auteurs professionnels doivent affronter des newsbies désespérés tout le temps, et je ne voulais pas être ce type-là. Par conséquent j'ai juste traîné et profité de sa compagnie. Il avait tout un tas de sacrés histoires à propos du monde de l'édition, et j'aurais pu apprendre un paquet de choses rien qu'en l'écoutant parler de la scène et de comment il pratiquait son art.

Après une demi-heure à peu près, il y eut une opportunité pour moi de mentionner en passant que j'avais déjà fini une trilogie, ce que je fis. Il me posa quelques questions à ce sujet, et me demanda comment je m'en sortais pour le vendre. Je lui ait raconté la vérité. Je suis nul pour résumer/vanter mon propre livre. Il m'a donné quelques tuyaux et nous avons plaisanté à ce sujet.

Puis la conversation changea de direction. Bien sur, j'espérais qu'il dise quelque chose comme, « Tu sembles être un bon gars, pourquoi tu n'appellerais pas Bantam en leur disant que je t'envoie. »

Mais il ne l'a pas fait. Plus tard dans le week-end, j'ai traîné en sa compagnie durant plusieurs dîners de groupe et durant la cérémonie de remise des prix. Nous étions tous deux de bons parleurs, ce qui était amusant. Bonne conversation. J'ai reçu mon prix, vu l'anthologie avec ma première histoire publiée dedans, puis j'ai plié bagages et me suis envolé pour ma maison dans le Wisconsin.

Quand je suis rentré, il y avait un courriel de lui disant,

« J'ai lu ton histoire au retour dans l'avion. Tu es un écrivain fantastique. Je sais que tu as écrit une trilogie. Tu devrais vraiment la montrer à mon agent. Est-ce que le premier livre est prêt à montrer ? (Indice : ta réponse à cette question est « oui, bien sûr qu'il est prêt. » Et s'il n'est pas prêt, tu te casses le cul durant le week-end pour faire en sorte qu'il le soit.) »

Vous voyez ? Il savait ce que j'espérais, mais il n'avait pas la moindre idée de quel genre d'écrivain j'étais. Et il savait également ce que c'était d'être un nouvel écrivain maudit à qui on offre finalement la chance de montrer son roman. C'est pourquoi il a ajouté cette parenthèse pour moi.
Je lui ai donc renvoyé son courriel et je lui ai dit, textuellement, « Oui, bien sûr qu'il est prêt. » Et je me suis cassé le cul durant tout le week-end pour l'envoyer à son agent le lundi.

Et Matt m'a accepté finalement comme client. Et, finalement, nous l'avons vendu.

Mais ça, comme ils disent, est une autre histoire.

Quel est à votre avis votre point fort en tant qu'écrivain/conteur ?

La concision.

La concision ? Pour un roman de plus de 600 pages ?

Heh. Ouais. Ça semble ridicule, mais c'est vrai. Il y a une raison pour que chacun commente le fait que le livre soit d'une lecture si rapide. Il est long, mais il est ajusté. Il n'y a pas beaucoup de place gaspillée. Je ne me lance pas dans de longs, fatiguants accès descriptifs ou de gros morceaux d'explications. C'est efficace.

Je pense que la tendance à trop expliciter et à trop décrire est l'un des défauts les plus communs en fantasy. C'est une conséquence malheureuse de l'héritage de Tolkien. Ne le prenez pas mal, Tolkien était un grand créateur de monde, mais il s'est un peu enlisé parfois en décrivant son monde, au détriment de l'histoire en général. J'aime le Seigneur des Anneaux, mais ces premières deux cents pages sont pas mal lentes.

Mes premières esquisses du roman avaient le même problème, bien sûr. Quand vous venez juste de commencer et que vous êtes très fier du monde que vous avez fait, vous voulez le partager TOUT entier avec des gens. Cependant, au fil des ans j'ai réduit le livre à l'essentiel. J'ai probablement supprimé 100000 mots de ce seul livre. Quelques fois il s'agit de chapitres et de scènes entières. Quelques fois il s'agit juste de canarder quelques mots inutiles dans une phrase. Mais le but est toujours le même, avoir un livre plus clair, plus propre, plus rapide.

Kvothe est un personnage incroyablement original. Est-ce que The Name of the Wind a toujours été l'histoire de Kvothe ?

Absolument, je savais dès le départ que l'histoire allait être centrée sur lui.

Quand vous lisez un roman de fantasy, une partie du plaisir est d'explorer un nouveau monde. Tout le monde sait ça. Mais je crois que c'est aussi vrai pour les personnages. Vous pouvez visiter des personnages intéressants de la même manière que vous explorez une ville ou une culture.

Bon nombre de grandes histoires sont comme ça. Don Quichotte parle d'aventure, mais aussi du personnage. La même chose avec Cyrano de Bergerac, ou Hamlet. Si vous cherchez pour quelque chose de plus moderne, chaque livre de Robin Hobb. Ses mondes sont richement détaillés, sensés et réels, mais ses personnages tout autant. Avoir l'un des deux est rare, mais cumuler les deux pour un unique écrivain est presque miraculeux. C'est la raison pour laquelle les livres de Hobb sont si géniaux.

Les personnages sont la moitié de la raison pour laquelle nous lisons. Nous sommes stimulés pas le scénario, mais nous nous faisons du souci à cause des personnages.

D'après votre site web, Kvothe vous raconta son histoire pendant sept ans. Y'a t-il des changements entre l'histoire que vous aviez préparé et celle que vous racontez actuellement ?

Who garçon. Ouais. Le scénario original que j'avais prévu ne ressemble en rien à ce que j'ai actuellement développé. Ce qui est pour le mieux, vraiment. Un paquet de ces idées originales... eh bien... pour être complètement franc avec vous, elles étaient nulles.

Je pense que l'une des plus grosses erreurs que vous pouvez faire en tant qu'écrivain c'est de suivre trop précisément votre plan initial. Une histoire a besoin de place pour grandir et évoluer. Trop de mes idées originales étaient soit clichées soit ennuyeuses. Je les ai donc coupées, j'ai gardé les bonnes choses, et j'ai poursuivi.

Quel écrivain, vivant ou décédé, vous honorerait le plus en lisant votre livre ?

Wow. Wow c'est dur.

J'ai déjà été vraiment chanceux que les lecteurs aient pu le lire, surtout si l'on considère le fait que je suis un total inconnu.
Enfin, si j'avais à choisir quelqu'un de nouveau pour le lire...

[longue pause]

Peter S. Beagle, Neil Gaiman ou Joss Whedon. Est-ce que je dois choisir parmi eux ?

C'est comme de demander à un enfant quel parent il préfère. Ce n'est pas vraiment une question honnête. Je les aime tous, juste de façons différentes.

De nouveau, selon votre site web le second et le troisième sont terminés. Lequel des trois a été le plus difficile, ou envisagiez-vous la trilogie plus comme une histoire unique ?

J'ai écrit le tout comme une unique histoire. La partie difficile a été de tout redessiné légèrement afin que chaque roman soit... eh bien... mis sous forme de roman.

Chaque livre a besoin d'une bonne introduction et d'une bonne fin. Les gens s'énervent quand on ne finit pas proprement les choses à la fin. Il y a une grosse différence entre le premier film Pirates des Caraïbes et le second. La fin du premier était complète, tout était presque élucidé. Bien sûr il y avait quelques fils laissés pendants. Jack était au large et un âne maléfique était dans la nature, mais c'était OK. Les gens aiment savoir que les personnages qu'ils aiment pourraient revenir dans une suite plus tard.
Mais la conclusion du second Pirates des Caraïbes était principalement irritante. Le suspens est un goût à apprendre, et peu de personnes le trouve satisfaisant de nos jours.

C'est ce que j'essaie de faire. Rester vrai vis à vis de mon histoire, tout en faisant en sorte que le lecteur quitte chaque livre satisfait. C'est délicat.

A la fois la musique et le cinéma sont des aspects faisant partie de Kvothe, et de son histoire. Êtes-vous un grand cinéphile et avez-vous une passion pour la musique ?

Whoo garçon. La musique moderne et les films n'ont pas grand chose en commun avec la musique et être acteur.

Qu'est-ce que vous voulez dire ? Comment est-ce possible que la musique moderne n'a rien en commun avec la musique, à part pour les boysbands où aucun membre ne joue d'un instrument ?

85% de la musique moderne n'a foutrement rien à voir avec la musique. Il faut avoir l'air beau. Nommez-moi une femme du top 10 actuel qui n'est pas une bombe. Vous pensez que c'est une coïncidence ?

Mais ne le prenez pas mal. Il y a quelques personnes qui sont brillantes. Pink écrit des choses sublimes, mais si elle n'était pas mignonne, tu peux toujours courir qu'elle ne serait pas sur MTV. Pour chaque Tracy Chapman là dehors, il y a cinquante Spice Girl.

Et oubliez les instruments. Saviez-vous qu'il ont des machines qui prennent votre voix et la module pour qu'elle sonne juste ? Ça s'appelle un pitchshifter (NdT : changeur de ton). Donc à présent vous n'avez même pas besoin de savoir chanter. Si vous avez des seins fermes et que vous savez danser, félicitations, vous êtes une super star de la musique.

Comprenez moi bien. Je sais que l'interprétation et la musique sont inexorablement liées ensemble. Et bon sang, je regarderais bien le clip Toxic de Britney toute la journée. Mais il y a une différence entre ça et écouter Leo Kottke jouer de la guitare. L'un est du divertissement. L'autre de la musique.

Pas faux. Qu'est-ce que vous aimez d'un point de vue artistique ? Quels sont les albums et les films / pièces de théâtre qui vous attirent ?

Hmmmm.... Ma pièce préférée, je l'ai déjà mentionnée : Cyrano de Bergerac. La seconde place toute proche est Songe d'une nuit d'été.

Films : Fight Club. The Crow. Princess Bride. Labyrinth. American Beauty.

Musicalement j'écoute de tous cotés. J'aime Paul Simon, Barenaked Ladies, Parliament Funkadelic. Et dernièrement, Imogen Heap.

Poursuivons avant que ça commence à ressembler à un profil myspace...

Non seulement vous avez le support total de DAW Books, mais la famille entière des livres Penguin est derrière vous. En tant que nouvel auteur, vous devez être exalté de les avoir supportant votre livre de cette manière. Et puis, avec une première édition d'environ 45000 copies, vous êtes au courant que l'on espère que The Name of the Wind se vende bien effectivement. En considérant le fait que les ventes sont quelque chose sur laquelle vous n'avez aucun contrôle, est-ce qu'une partie de vous est anxieuse du challenge que le livre doit remporter ?

Eh bien, à présent je le suis... [rires]

Mais bon honnêtement. Je ne suis pas inquiet. Pourquoi se tourmenter au sujet de quelque chose que je ne maîtrise pas ? Quelle dépense d'énergie inutile ça serait.

Et puis, j'ai passé des années à raffiner cette histoire en le meilleur livre qu'il soit possible. Des centaines de personnes l'ont lu et m'ont aidé à l'améliorer. J'ai foi en ce livre. Il n'y a rien d'autre à présent que je puisse faire. Les gens vont l'aimer ou pas. Mon inquiétude ne fera pas pencher la balance.

Si l'on vous donnait le choix, accepteriez vous plutôt le New York Times bestseller ou le World Fantasy Award ? Pour quelles raisons ?

Je ne peux pas choisir le Pulitzer plutôt ?

Non. Sérieusement, préféreriez-vous un succès commercial ou la reconnaissance de vos pairs ?

Mes pairs ? Je pense que vous avez une drôle de perception de qui sont mes pairs. J'ai été un lecteur et un geek fantasy ma vie entière. Mes pairs sont mes compagnons lecteurs de fantasy.

Si ces personnes lisent mon livre, et l'apprécient suffisamment pour en parler à leurs amis, j'aurais tout le succès commercial et la reconnaissance que je voudrais.

Je sais que vous avez refusé une offre d'un autre éditeur qui vous proposait plus d'argent et choisi de travailler avec DAW Books à la place. Qu'est-ce qui a motivé cette décision ?

Il y avait un paquet de raisons.

Premièrement, Betsy était vraiment excitée par le livre. Vraiment vraiment excitée. Elle a appelé mon agent et l'a supplié pour me parler. Une fois au téléphone, elle a dit, « J'ai adoré votre livre dès la première page. C'est la meilleure oeuvre d'heroic fantasy que j'ai lu en 30 ans. » Son enthousiasme était palpable.

Deuxièmement, je savais que si je signais pour DAW, mon éditeur serait le propriétaire et le président de la compagnie. Je n'aurais pas besoin de m'inquiéter qu'elle trouve un boulot chez un autre éditeur au milieu de mon second tome. Je n'aurais pas non plus à me préoccuper du fait que le chef de mon éditeur ne soit pas derrière mon projet. Chez DAW, mon éditeur *est* le boss.

Enfin, DAW a une réputation de vraiment tenir à ses auteurs. Tous ceux à qui j'en ai parlé me l'ont dit. Ils ne vous abandonnent pas. Ils vous gardent publiés. Un auteur que je crois m'a dit, « Si cette trilogie est tout ce que tu as, prends l'argent et cours. Mais si tu veux commencer une carrière, signe chez DAW. Ils feront en sorte que ça arrive. »

Honnêtement, pensez-vous que la fantasy en tant que genre sera un jour reconnue comme de la vraie littérature ? Sincèrement, à mon avis, il n'y a jamais eu autant de bons livres / séries que maintenant, et pourtant il y a toujours aussi peu (pour ne pas dire pas) de respect associé au genre.

La part du lion de la vielle littérature EST de la fantasy, ils prétendent juste que ça n'en est pas. L'Odyssée est pleine de dieux et de sortilèges. Oedipe Roi a un sphinx et une prophétie. Il y a des sorcières dans Macbeth, des fées dans Songe d'une nuit d'été, et un fantôme dans Hamlet. La Divine Comédie de Dante ? Beowulf ? Tout ça me semble être de la fantasy...

Je pense que beaucoup de personnes lisent et respectent l'art de conter de la fantasy. Nombreuses sont les universités avant-gardistes qui proposent des cours sur ce sujet, même si elles l'appellent habituellement fiction spéculative ou réalisme magique pour se sentir mieux. Nous connaissons tous la vérité : c'est de la fantasy.

Et avoir mes livres reconnus comme de la littérature ? [Pat hausse les épaules] Pourquoi je le voudrais ? Je veux dire, avez vous lu De grandes espérances [NdT : de Dickens] ? Gech. Pourquoi voudrais-je m'inviter à leur petit club ? Donnez moi Tim Powers et Philip K Dick. Donnez moi Le Guin, Gaiman, et Pratchett. Donnez moi McKillip et Whedon. Ceux-là sont des conteurs. Ce sont les créateurs des mythes modernes. Nos oracles. Nos rêveurs. Je veux faire partie de cette équipe.

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