Vous êtes ici : Page d'accueil > Interview > Interview traduite

Interview de Hal Duncan

Par Thys, le lundi 21 août 2006 à 10:24:45

Tout réussit à Hal Duncan !
Alors qu'il vient d'être nommé pour les prochains World Fantasy Awards, nous en avons profité pour vous traduire une petite interview. Rappelons que l'auteur de Vellum qualifie sa fantasy comme de la fantasy cubiste.
Découvrez-en plus ci-dessous !

Interview de Hal Duncan

M. Duncan, votre premier roman Vellum est sorti en août. Dites-nous ce que les lecteurs peuvent attendre d'un roman que le distingué Jeff VanderMeer commente ainsi « c'est l'un des premiers romans les plus accomplis de la décennie, et un roman que beaucoup d'écrivains entamant leur 10ème roman tueraient pour pouvoir écrire. » et d'une sortie dont Macmillan dit qu'elle aura le même impact que The Wasp Factory de Ian Bank.

Hal Duncan : J'espère que les lecteurs n'attendront pas trop de Vellum car plus hautes sont les attentes, plus grand est le risque que le livre n'y survive pas. Ce que les lecteurs ne doivent pas attendre, c'est une aventure de fantasy classique. Il y a le dirigeable qui explose et quelques anciens pouvoirs libérés, mais ce dont je suis le plus fier – et ce qui est le plus important dans l'histoire – ce sont les moments intimes et discrets à propos d'êtres humains qui se battent pour survivre plutôt que pour sauver le monde des forces du mal.

En terme de sujet, je pense que je suis sur le terrain de Neil Gaiman ou Philip Pullman, avec le contexte épique de War in Heaven, mais j'ai tenté de donner une perspective très humaine, de faire une sorte de Dr Jivago fantastique. J'ai aussi choisi une approche plus expérimentale, avec un multivers dans le style de Michael Moorcock et une narration multiple du genre de celle que l'on trouve dans City of Saint and Madmen de Jeff VanderMeer ou House of Leaves de Mark Z. Danielewski.

Ce que je voulais donner au lecteur est une histoire dans laquelle il puisse s'impliquer de manière très humaine, avec l'histoire des personnages, mais dans laquelle on puisse vraiment se plonger, si on aime ce genre de choses.

J'ai lu que c'était seulement la première partie d'une série de 2 romans intitulée The Book of all Hours, et que le second livre s'appelle Ink. Est-ce que ces deux livres se passent au même endroit ou est-ce que Ink sera une suite directe de Vellum ?

HD : Ink est une suite, mais ce sont les personnages secondaires de Vellum qui viennent sur le devant de la scène, donc c'est surtout un changement de perspective plutôt qu'une suite directe de la narration de Vellum. De la même manière que les 2 livres de Vellum racontent des histoires individuelles, celles de Phreedom et Thomas Messenger dans l'un, celle de Seamus Finnan dans l'autre, mais se construisent sur une narration plus vaste, Ink se divise en deux volumes – Hinter's Knights et Eastern Mourning – mais il achève également l'histoire plus vaste de The Book of alla Hours qui s'était ouverte dans Vellum.

J'ai lu que vous vouliez poursuivre par une série de one shot dans le même monde, est-ce que ce sera des romans ou des recueils de nouvelles ?

HD : J'ai cinq idées jusqu'ici de romans que je prévois pour une série appelée Folds, qui utilise l'idée de temps en 3D de Vellum. Ce sera des points de convergence et de chevauchement, avec l'extension et l'examen de quelques-unes des histoires alternatives et des réalités fantastiques de The book of all hours, mais je devrai probablement dire que les connections seront assez ténues et que les « mondes » seront assez différents – différents « plis » (NdT : « Fold ») du Vellum multiversel.

Ils seront plus liés par une métaphysique partagée que par des mythes ; il n'y a pas de grosse mono-culture commune à tous les livres. Ceci dit, il y a un monde de « Féerie alternative » qui apparaît dans Vellum, sur lequel je suis déjà revenu dans quelques nouvelles, et que je veux explorer plus en détails. Il y a la matière pour un roman je pense, mais je le vois mieux fonctionner comme un recueil de nouvelles, comme la série Neveryon de Delany. Je verrai comment cela se développera.

Travaillez-vous sur autre chose pour l'avenir ?

HD : J'ai quelques nouvelles qui sortent dans différents endroits - Electric Velocipede, Strange Horizons, et l'anthologie Nova Scotia qui sortira à la WorldCon – mais pour l'instant, je suis assez occupé à finir Ink.

Bien que je prévoie toujours ce qui viendra par la suite, griffonnant des synopsis et des notes ou lançant des idées avec les gars du Glasgow SF Writer's Circle. Aussitôt que j'aurai fini Ink, je commencerai un roman provisoirement appelé Wild One.

C'est l'histoire de Gilgamesh racontées à travers trois fils – l'un fantastique avec les dieux et les héros mythiques, l'autre situé dans l'Amérique des colons, et l'un dans un futur proche.

Ca a sûrement l'air un peu débile mais j'ai toujours pensé que la mort de l'ami sauvage de Gilgamesh, Enkidu, est le tournant de l'histoire, un bon point de départ pour examiner les dualités que l'on construit entre humain et animal, « primitif » et « civilisé », le totémisme païen et la religion organisée.

Si je ne me trompe pas, The book of all hours est votre premier travail, c'est très vaste en terme de concept et d'échelle, vos plans concernant plusieurs livres et des spin-off. A qui devez-vous l'inspiration derrière votre travail et votre envie d'écrire à la base ?

HD : Samuel Delany, avant tout. Je pense que c'est l'écrivain qui m'a le plus inspiré et influencé, depuis que j'ai lu Nova et Babel-17 quand j'étais enfant, en passant par l'ambition incroyable de Dhalgren, jusqu'à la série de Neveryon qui ne ressemblait à rien de ce que j'avais lu. Dans The Tale of Plagues and Cities la manière dont il éclate l'histoire fantasy et la recompose avec les entrées du journal depuis le New-York réel pendant l'épidémie de Sida des années 80 – ça m'a fait réaliser la puissance que peut avoir la fiction fantastique si l'on en repousse les limites, qu'on en oublie les connaissances conventionnelles et qu'on cherche la rupture. J'ai toujours aimé les écrivains ambitieux, la pure et folle audace des gens comme James Joyce ou William Burroughs qui veulent expérimenter avec le texte, le démanteler et le recomposer, mais c'est Delany qui m'a tout d'abord accroché avec l'élégance sensuelle de ses phrases, qui a vraiment éveillé mon intérêt pour l'écriture plutôt que de rester simplement lecteur.

Je dois aussi beaucoup au Glasgow SF Writer's Circle - en particulier Duncan Lunan, le fondateur du cercle. Quand j'ai commencé à me rendre aux sessions hebdomadaires je n'étais encore que vaguement intéressé par l'idée d'écrire, je crois que l'une des choses les plus précieuses que j'ai eu pendant ces années, en plus du retour concernant Vellum et Ink, est le simple support dans l'idée que l'on puisse traiter cette envie d'écrire comme un hobby ou bien comme un artisanat, accepter le fait qu'on est mordu d'écriture et adopter une attitude professionnelle pour gérer tout ça. Si je ne m'étais pas rendu au cercle et que je n'avais pas fréquenté tous ces gens qui visaient sérieusement la publication, je ne suis pas sûr que mon allant créatif ne se serait pas simplement dilué, je ne sais pas si j'aurai appris la discipline nécessaire pour écrire un roman et faire qu'il soit bon. Je suis aussi volatile qu'un papillon quand il s'agit de mes propres intérêts, très indiscipliné par nature, le processus de travail m'a non seulement éloigné de la flamme mais m'a aussi aidé à concentrer mon énergie, penser à cela comme un artisanat, une carrière.

Pour changer de sujet, vous semblez avoir une profonde connaissance des alcools de qualité. Qu'est-ce qui est le mieux, un bon verre ou un bon livre ?

HD : Oh, c'est une question difficile.

Comment puis-je choisir ? Qu'est-ce qui provoque le plus de dépendance ? La clarté cristalline d'un martini gin ou la sombre complexité de la prose de Mervyn Peake ? La riche et velouté puissance d'un verre de porto avant une Guinness, ou les brillants artifices d'une histoire de Jeffrey Ford ? L'arrière-goût amer d'une absinthe ou une tragédie d'Eschyle ? J'aime l'alcool, je l'avoue – et mon bar favori fait les meilleurs Bloody Mary que vous ayez bu, sans parler de leurs Russes Blancs – mais à la fin, ce sont les livres qui l'emportent, parce qu'un bon livre vous fait penser alors qu'un bon verre vous fait seulement parler. Et puis, les effets d'un livre durent plus longtemps et on n'a pas la gueule de bois le lendemain. Ceci dit, la Guinness c'est bon pour la santé d'après ce qui disent.

Quels auteurs recommanderiez-vous aux lecteurs ?

HD : Bien entendu, les écrivains du Glasgow SF Writer's Circle (Gary Gibson et Mike Cobley sont nominés pour les BFS awards et Harvey Raines et Neil Williamson sont des noms qu'il faudra surveiller dans l'avenir) il y tellement d'écrivains à lire dans le genre ou ailleurs – Peter Ackroyd, Ray Bradbury, Italo Calvino, Philip K Dick – que je pourrai probablement vous faire toute une liste alphabétique, donc je citerai juste certains de mes favoris méconnus – Edward Whittemore dont le Jerusalem Quartet est excellent, sur le thème de l'amitié et du chagrin, et Guy Davenport, dont les nouvelles sont telles des essais élégants dans leur érudition. En ce moment, je lis The Genizah at the House of Shepher de Tamar Yellin que je recommande, ne serait-ce que pour les premiers chapitres. Une autre recommandation de Jeff VanderMeer, en fait.

C'est exactement pour ça que j'ai acheté le livre de Yellin personnellement. Un début vraiment très fort. M. VanderMeer m'a amené à ce livre et à Whittrmore à travers plusieurs de ses critiques.
Je voudrai vous remercier pour avoir participé à cette interview. Bonne chance pour The book of all hours et j'espère que vous reviendrez nous voir.

HD : Merci à vous.

Article originel par Fantasybookspot, le 6 avril 2006


Dernières critiques

Derniers articles

Plus

Dernières interviews

Plus

Soutenez l'association

Le héros de la semaine

Retrouvez-nous aussi sur :