Vous êtes ici : Page d'accueil > Interview exclusive

Un entretien (de plus) avec Sarah Ash !

Par Gillossen, le mercredi 9 mai 2007 à 10:35:25

Sarah AshA l'occasion du Salon du Livre de Paris 2007, en mars dernier, nous avons notamment eu l'occasion d'approcher plusieurs auteurs, dont Sarah Ash. Tout comme pour celle de Neil Gaiman, voici une interview qui n'a que trop attendu d'être mise en ligne, mais à décharge, il nous fallait attendre de bénéficier d'une poignée d'indications supplémentaires.
Eh oui, même enregistrée dans un petit coin à l'écart de la foule, grâce à Bragelonne, il y a toujours du bruit autour de vous dans un salon pareil ! Mais Sarah Ash se montrant toujours aussi chaleureuse et disponible, les quelques blancs ont pu être comblés !
A noter que si votre serviteur a préféré vous éviter le mot à mot d'une discussion menée de vive voix, nous avons préféré conserver une retranscription plus naturelle que policée en tous sens.
Bonne lecture !

Interview Sarah Ash – Salon du Livre de Paris 2007

Vous êtes ici à Paris pour des interviews et des dédicaces. Trouvez-vous le temps d'écrire lorsque vous participez à des salons tel que celui-ci ?

Trouver le temps pour écrire… Eh bien, je travaille en fait à mi-temps dans une bibliothèque, et j'ai l'habitude d'écrire chez moi, tranquillement, toujours dans la même pièce. Donc, non, pas vraiment ! Je ne suis pas très à l'aise pour ça, même si j'ai toujours un carnet avec moi, comme beaucoup d'écrivains je crois, pour noter des idées qui me passeraient par la tête. Certains peuvent écrire partout, dans un café, dans un bus, dans le métro, comme J.K Rowling d'ailleurs, mais avec moi, ça ne fonctionne pas. Je pense que je travaille mieux concentrée sur une chose à la fois, à la maison. Je pense qu'en tant qu'écrivain, c'est encore quelque chose à travailler. Mais quand je viens en France, en vacances par exemple, mon carnet est toujours là.

Après ces premiers contacts lors de cette journée de salon, comment trouvez-vous les fans français, et par extension, votre éditeur de ce côté-ci de la Manche ?

Oh, eh bien, j'ai été tellement heureuse de rencontrer aujourd'hui des fans français pour la première fois, et l'éditeur s'est montré tellement accueillant à mon égard, et j'espère qu'ils m'ont appréciée de leur côté. J'adore les couvertures de Bragelonne pour mes romans, signées Didier Graffet, la façon dont ils ont assuré leur promotion. En fait, je suis très impressionnée par leur professionnalisme.

J'ai vu que vous êtes venue avec Stan Niccholls. Est-ce plus facile de se déplacer à plusieurs, est-ce que cela vous arrive souvent ?

Stan Nicchols et moi-même faisons en fait partie de The Write Fantastic, et en Angleterre, nous avons l'habitude de voyager ensemble afin de promouvoir la littérature fantasy, dans des bibliothèques, des librairies. Nous essayons d'encourager les lecteurs à explorer plus avant le genre, en particulier les lecteurs qui n'ont pas eu de contact avec la fantasy auparavant. Nous tenons à leur expliquer qu'il y a différents genres de fantasy maintenant, et de quoi trouver quelque chose qui convienne à chacun. C'est très intéressant.

Et est-ce que la situation de la fantasy est différente en Angleterre de ce que l'on connaîtrait en France ?

Eh bien, de mon point de vue, en Angleterre, la fantasy jeunesse, ou pour jeunes adultes, rencontre un grand succès. Les Harry Potter, les romans de Philip Pullman… Des romans lus aussi par les adultes. A présent, les lecteurs qui ont découvert Harry Potter à ses débuts sont devenus adultes. Et parfois, ils franchissent le pas et lisent autre chose en fantasy. Pas toujours. C'est un petit peu difficile. Mon agent pense que la fantasy dans un cadre contemporain est à la mode, comme dans Harry Dresden. Les gens ont plus de repères ainsi.

Qui est devenu une série.

Oui, le show vient de commencer en Angleterre. C'est devenu assez populaire. Et également Susanna Clarke, avec Jonathan Strange & Mr Norrell. Les romans avec un arrière-plan historique sont eux aussi en vogue.

Pourtant, l'Angleterre possède un réel passé dans le domaine de la fantasy, avec de grands noms que la France n'a pas, comme Tolkien ou Lewis.

Oh, maintenant, j'ai noté que vous commenciez à avoir beaucoup d'auteurs de qualité.

C'est vrai, c'est vrai, mais ce n'est pas la même catégorie. Aucun n'a marqué le paysage littéraire français, et l'ancienneté n'a rien de commune.

Pas encore, c'est sûr. Peut-être que cela se produira un jour. Avec les Inklings, c'était quelque chose de très spécial qui s'était produit en Angleterre. Mais quand moi je lisais Tolkien, plus jeune, j'avais tout de même droit aux mêmes remarques : « Pourquoi est-ce que tu lis ça ? », etc… Et je répondais que Tolkien était un professeur d'Oxford, un érudit, quelqu'un de tout à fait sérieux. Je devais me justifier. C'était comme ça aussi en Angleterre. La fantasy n'était pas à proprement parler de la littérature. C'est un peu mieux maintenant, je pense !

Grâce aussi aux films, ou aux séries télés…

Oui, c'est exact. Les gens sont curieux de voir leur roman favori adapté. Même si le résultat ne leur convient pas toujours !

Désolé de changer complètement de sujet à présent, mais… quelle est la chose la plus difficile pour vous dans l'écriture ? Le premier ou le dernier paragraphe ?

La chose la plus difficile… Je pense que c'est le premier. Car il faut tout de suite pouvoir retenir l'attention du lecteur. C'est quelque chose que je réécris et réécris encore et encore. Mon éditeur n'est pas toujours très content, mais c'est ma méthode. Et je pense, comme beaucoup d'autres auteurs, à y revenir donc plus tard et le modifier. Ce serait une mauvaise idée de le parfaire encore et encore sans avancer sur le reste de l'histoire. Une fois que le roman est terminé, ce qui doit être dans le premier paragraphe devient beaucoup plus évident.

Pouvez-vous nous dire quelques mots au sujet de The Alchymist Legacy ?

Oui ! Cette histoire est l'histoire de Célestine de Joyeuse, que l'on rencontre dans Les Larmes d'Artamon. Une jeune femme qui est un agent secret au service de la Francia. Je tenais à approfondir les relations qu'on la voie nouer brièvement dans la première trilogie. Les lecteurs vont d'ailleurs pouvoir découvrir beaucoup plus de choses au sujet de la Francia, et selon le point de vue de cette nation. Dans Artamon, ils sont présentés comme des ennemis, et bien sûr, cela varie selon que l'on se positionne de leur côté ou pas. Le titre définitif de ce premier roman sera bien Tracing the Shadow au passage, c'est confirmé, et je termine en ce moment-même les corrections.

Pourriez-vous, un jour, écrire un vrai roman historique ? Ou du moins, basé sur l'Histoire de notre monde ?

Eh bien, en fait, j'ai un projet de roman, qui s'intitule Scent of Lilies, qui se passe à Byzance, au XIeme siècle. Les éléments fantasy sont plus atténuées que dans Les Larmes d'Artamon. Mon agent pense qu'il est temps d'y revenir, et je suis bien d'accord, car c'est une histoire que j'aime profondément. J'aimerais beaucoup pouvoir la publier, en tant que roman historique justement. Les recherches sur cette période sont tout simplement fascinantes, notamment dans le domaine de l'art, et plus précisément des fresques. Le personnage principal, Damian, est peintre, et travaille dans une église à Constantinople, et va se retrouver ensuite au service de l'Empire. Ah, j'aimerais vraiment pouvoir me pencher à nouveau sur ce roman ! Mais quant à savoir s'il sera publié ou pas, c'est une autre affaire…

Est-ce le même genre de roman que la Mosaïque de Sarance de Guy Gavriel Kay ?

Oui, ce fut l'une des raisons de la mise du côté du roman. Quand j'ai vu qu'il sortait ça, je me suis dit « Oh non ». En fait, je n'ai pas encore lu les deux tomes de cette histoire. Mon roman préféré de lui est toujours Tigane, pour l'instant en tout cas. Guy Gavriel Kay est un auteur fantastique, qui a écrit des romans merveilleux, et que j'admire. Au sujet du mien, j'avais aussi déjà écrit des nouvelles. C'est vraiment un univers très spécial pour moi.

Bien, une question totalement différente pour changer, à propos d'animation, puisque je crois que vous êtes toujours une grande fan.

Eh bien, je n'ai pas vu la dernière bande annonce de Terremer, mais j'aimerais beaucoup. Le film devrait sortir en Angleterre cet été, mais je vais peut-être revenir plus tôt que prévu en France pour le voir ! Qu'avez-vous pensé de cette adaptation ?

En fait, c'est un peu… comment dire... toujours la même chose en apparence, j'ai peur qu'on soit loin des sommets du studio. (NdT : une impression confirmée par la suite à la vision du film…). Ça manque de renouvellement.

Terremer est en fait mon roman préféré, d'entre tous. Et je pense que le film a l'air tout à fait différent des romans, ce qui est fort dommage, à mon avis. Pourquoi l'appeler ainsi si c'est pour en faire quelque chose de totalement différent ? Ursula K. LeGuin avait déjà détesté la mini-série télévisée, je crois que son opinion n'a guère changé avec cette adaptation-là. Je suis en tout cas toujours très anxieuse au sujet de Terremer. Quand on lit le roman, des images nous viennent immédiatement à l'esprit, indélébiles, et je pense que ce sera très dur pour quelqu'un de se hisser à la hauteur de ces visions pour les imposer. Et puis, Miyazaki fils n'a pas autant d'expérience que le père…

Lui aussi prépare un nouveau film. Ponyo on a Cliff.

Ah oui, au sujet du poisson rouge ! Mais puis-je vous demander quel est votre Miyazaki préféré ?

Oh, probablement… Princesse Mononoke… et Nausicaä. On dirait que les récits épiques ont ma préférence !

Nausicaä, oui… Je l'ai vu et j'ai été très impressionnée. On retrouve tout ce qui a fait ensuite la carrière de Miyazaki, c'est si bien dessiné, et cette animation pour un film de 1984… Ce qui est assez incroyable ! Et le Château Ambulant ?

J'ai préféré le roman. Mais ça reste un bon film !

Oui, le roman moi aussi. Mon mari n'a pas le roman mais a bien apprécié le film. Quand on connaît l'œuvre d'origine, on la préfère souvent. On a eu le temps de s'y attacher, tous les détails sont là… Mais le film m'a plu tout de même.

Au fait, quel est le dernier livre que vous avez lu ?

Roman ou manga ? C'est difficile parce que je lis aussi des romans pour la bibliothèque où je travaille et je voudrais être sûre de pouvoir citer un roman que j'ai vraiment aimé. Je songerai plutôt à un manga, car c'est ce qui me vient immédiatement à l'esprit. Je viens juste de commencer D.Gray-Man, que j'ai trouvé très intéressant et que je recommande. On peut établir des parallèles et trouver des similitudes avec Fullmetal Alchemist, mais aussi des développements intéressants. J'attends donc la suite. Mais pour en revenir à un roman, un roman que je pourrais recommander parce que j'ai aimé… Ah, j'ai lu le dernier Jasper Fforde. Vous connaissez ?

Oui ! En France, nous en sommes seulement au tome 3 cela dit, Le Puit des Histoires Perdues.

J'aime beaucoup son style et ses histoires. C'est très inventif, très drôle, encore plus quand on connaît un peu la région d'Angleterre où les histoires prennent place. C'est aussi très frais, tellement empli d'imagination. Le plus récent tome que j'ai lu est The Big Over Easy, une mystérieuse histoire de meurtre mettant en scène un certain Mr. H. Dumpty…

Quelle est l'opinion de vos enfants, au sujet de votre carrière d'écrivain ?

C'est quelque chose dont ils ne se soucient pas vraiment. Ils sont assez grands maintenant. Mon fils le plus âgé aime aussi beaucoup les mangas, StarWars, Tolkien, ce genre de choses. Il a déjà lu ce que j'ai écrit. Le plus jeune préfère la musique, ce n'est pas un grand lecteur. Il compose dans sa chambre, j'écris dans mon bureau, et parfois, on passe tout de même la tête pour se dire bonjour !

Bien, une dernière question alors… Pour beaucoup, la sortie de l'année à ne pas manquer en fantasy, ce sera le dernier Harry Potter. Faîtes-vous partie des fans ?

Ah, avec ces sorties dès minuit en Angleterre…

En France aussi, pour les deux précédents déjà.

Oh, en France aussi. Eh bien, je pense que j'attendrais le lendemain pour aller tranquillement me le procurer. Mes enfants l'attendent aussi, et me disent que c'est également le cas de leurs camarades. Nous voulons tous savoir comment la saga va se conclure. Quant à savoir ce que J.K Rowling va faire ensuite… Je ne pense pas qu'elle craque sous la pression et se décide à écrire une suite en tout cas. Pour en revenir aux mangas, c'est fou tout ce que Harry Potter a créé dans le domaine des doujinshis, même si ce n'est pas officiel. C'est là aussi qu'on se rend compte à quel point cette série est devenue populaire en si peu de temps. Les lecteurs de leur côté risquent de vouloir toujours plus de Harry Potter.

Comme avec Sherlock Holmes.

Oui, exactement, Conan Doyle avait fini par le ressusciter.

Et pourtant, j'ai lu récemment qu'en Angleterre – mais sans doute ailleurs aussi – beaucoup de gens prétendent avoir lu les Harry Potter, mais en réalité c'est faux, il s'agit simplement pour eux de faire comme tout le monde.

Oh, ce n'est pas nouveau. Ce n'est pas avec Harry Potter que ce genre de comportement a débuté, ne serait-ce qu'avec Tolkien auparavant. Mais parfois, dans le lot, certains faux lecteurs s'y mettent vraiment, et découvrent qu'ils auraient tout autant apprécié de le découvrir plus tôt. Moi-même, quand j'ai découverte le Seigneur des Anneaux, avec la version de la BBC, je suis allée à la bibliothèques, mais il n'y avait plus le troisième tome dans les rayons !

Et quel est votre tome favori ?

Mon favori… Je crois que c'est le second, Les Deux Tours, qui a ma préférence. Les histoires prennent différents chemins avant de se retrouver, le voyage vers le Mordor et la relation entre Frodon et Gollum. Mais c'est difficile de choisir, parce que j'aime beaucoup le premier par exemple, à part Tom Bombadil. La première fois que je l'ai lu, je me suis demandée ce qu'il faisait là !

Et finalement, nous en revenons à Tolkien ! Merci d'avoir répondu à nos questions

Non, merci à vous, et merci à tous mes lecteurs français !

Propos recueillis par Emmanuel Chastellière


Dernières critiques

Derniers articles

Plus

Dernières interviews

Plus

Soutenez l'association

Le héros de la semaine

Retrouvez-nous aussi sur :