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Un entretien avec Charlotte Bousquet

Par Gillossen, le dimanche 12 septembre 2010 à 14:30:44

PhotoQuelques mois avant de recevoir le prix Elbakin.net du meilleur roman français, nous avions la chance d'interviewer Charlotte Bousquet dans le cadre des Imaginales 2010, à Epinal.
Aujourd'hui, c'est finalement la retranscription de cette interview que nous vous proposons de découvrir en ligne sur le site.
Merci bien évidemment à l'auteur, aux éditions Mnémos, et à notre Witch nationale pour avoir mené cet entretien et l'avoir retranscrit !

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Questions et réponses

Charlotte Bousquet, bonjour. Nous arrivons à la fin du festival des Imaginales 2010, cela s’est passé comment pour vous ?
Extrêmement bien c’était un peu comme se retrouver en famille avec des lecteurs que l’on revoit d’une année sur l’autre, des auteurs que l’on apprend à connaître lors des conférences et tables rondes, c’était vraiment très agréable.
Vous êtes philosophe de formation, comment est-ce qu’on en arrive à écrire de la fantasy quand on est philosophe ?
En lisant de la fantasy pendant une thèse de philosophie par exemple et puis parce que la fantasy m’a permis de continuer d’explorer des thèmes que j’ai travaillés pendant ma thèse : quête d’identité, frontières entre le Bien et le Mal ou absence de frontières, quête de soi et rencontre avec l’autre. En fait c’est venu assez naturellement.
Vous faites aussi partie d’un groupe universitaire de recherches sur les rapports entre la fantasy et l’histoire, qu’est ce qui s’y passe ?
Modernités médiévales, effectivement, qui est co-créé par Anne Besson et Vincent Ferré et d’autres dont j’ai évidemment oublié le nom, et qui s’interroge sur ce qu’est la fantasy, sur sa raison d’être et s’efforce de rapprocher fantasy et université, merveilleux et université, histoire et littérature. C’est très intéressant.
Comment pouvez-vous présenter votre roman Cytheriae à ceux qui ne vous connaissent pas ?
C’est à la fois une enquête policière et un roman sur les failles, failles humaines, failles politiques et architecturales aussi, que l’on retrouve dans la ville de Cribella qui est un peu une Venise complètement décadente. C’est aussi une histoire d’amour.
Ceux qui ont lu Arachnae vont s’y retrouver ?
Normalement ils peuvent s’y retrouver mais le seul lien qu’il y a, en dehors du fil rouge qui relie les différents récits, c’est que l’on se retrouve dans l’Archipel des Numinées. Les romans peuvent se lire indépendamment. J’espère que les lecteurs d’Arachnae aimeront, mais que ceux qui commencent par Cytheriae voudront découvrir Arachnae.
Votre livre La Marque de la Bête reprend la légende de Peau d’Ane, pouvez-vous nous en parler ?
C’est un livre sorti en novembre 2009, roman jeunesse qui peut être lu à partir de 12 ans. Il est parfois considéré par certains chroniqueurs comme un roman adulte parce qu’il traite de la problématique de l’inceste.
J’ai choisi Peau d’Ane, Peau de Mille bêtes plus exactement parce que je me suis plus inspirée du conte de Grimm, car je me suis aperçue qu’en psychanalyse on ne parlait pas de Peau d’Ane. Ni Bettelheim ni plus récemment Carola Pinkola Estes n’analysaient ce conte. Je me suis demandé pourquoi, j’ai relu les deux versions et puis quelque chose s’est passé, j’ai eu envie de retrouver l’essence même du conte, beaucoup plus brutale et qui nous prend aux tripes.
Avez-vous trouvé une explication à l’absence de ce conte dans les théories psychanalytiques ?
Toujours pas !
Dans Arachnae, l’héroïne est homosexuelle. La fantasy vous semble-t-elle un genre enfin prêt à des personnages moins archétypaux ?
Normalement oui et puis on voit ça aussi chez Jacqueline Carey, puis auparavant avec Mercedes Lackey, et Weis et Hickman qui ont introduit des personnages homosexuels dans leurs romans.
Ces personnages n’étaient pas absents avant, mais ils semblent devenir plus faciles à traiter, moins dérangeants pour les gens peut-être ?
Ils ne sont plus considérés comme des antagonistes ou des « anomalies », je pense qu’il y a aussi un dépassement, et heureusement, de ces archétypes en fantasy. Et les univers imaginaires de manière générale sont aussi le lieu où l’on peut dire les choses et espérer un monde un peu plus tolérant en tout cas c’est ce qu’il y a dans l’Archipel.
Vous mélangez les légendes et les mythologies de différentes cultures, comment faites-vous vos recherches et qu’appréciez-vous le plus dans cette partie recherches ?
Les relectures ! En fait plonger dans une culture que je crois connaître alors qu’en fait, j’en avais complètement oublié le fond, c’est ça que j’adore. J’aime aussi sauter de légende en légende, établir des parallèles entre différentes mythologies et passer d’une interprétation à une autre.
Vous pensez que nous sommes tous des lecteurs un petit peu des lecteurs « poisson rouge » et qu’on a tendance à oublier les choses ou à les réécrire dans notre esprit ?
Je pense qu’on les réinterprète.
Cette année Justine Niogret a le Prix Imaginales, Pauline Alphen le Prix Imaginales Collégiens, Maïa Mazaurette le Prix Imaginales Lycéens, Jacqueline Carey et Kristin Cashore sont parmi les invités américains, est ce que vous pensez que c’est une année très féminine ?
Possible ! Je ne sais pas si vous avez eu le temps de lire l’excellente préface de Stéphanie Nicot mais elle est féminine, et engagée.
Pour ceux qui ne le sauraient pas l’anthologie Imaginales de cette année est intitulée Magiciennes d’abord et Sorciers ensuite.
Voilà, peut-être que c’est pour faire écho au thème du festival !
Comment feriez-vous découvrir votre univers à des lecteurs qui seraient peu habitués à votre écriture ?
C’est une bonne question, assez difficile. Tout dépend le genre de fantasy qu’ils aiment ?
Pour les habitués de Terre d’Ange, amateurs de Jacqueline Carey, je dirais une fantasy assez élaborée en tout cas plutôt raffinée.
Alors je dirais : qu’est-ce qu’ils attendent pour lire mes livres ? (Rires)
Ce sera le mot de la fin, merci beaucoup Charlotte.
Merci à vous.

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