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Jean-Louis Fetjaine répond à nos questions !

Par Aléthia, le jeudi 30 avril 2009 à 10:25:54

L'Elfe des Terres NoiresPour fêter la sortie de l'Elfe des Terres Noires, second tome de ses Chroniques des Elfes, Jean-Louis Fetjaine a accepté de nous recevoir.
Ce fut une rencontre vraiment passionnante et j'aurais aimé pouvoir vous faire partager nos discussions en marge des questions (notamment sur le lien entre les Elfes et les Vampires) et vous faire ressentir la passion qui anime Mr Fetjaine... mais la technique s'en est mêlée. Ce moment magique s'est envolé. J'ai bien failli creuser un trou pour y disparaître ! Heureusement, Jean-Louis Fetjaine a eu l'extrême gentillesse d'accepter de répondre une nouvelle fois à mes questions, par email cette fois-ci. J'espère que cette transcription vous donnera l'envie de vous plonger dans le monde qu'il a créé !
Je tiens une nouvelle fois à remercier Jean-Louis Fetjaine pour sa patience et sa gentillesse, ainsi qu'Emmanuelle Vonthron qui nous a permis de réaliser cette interview.

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Interview de Jean-Louis Fetjaine

Pour la sortie du second tome des Chroniques des Elfes , Pocket et Fleuve Noir ont fait les choses en grand avec la sortie simultanée de Lliane chez Pocket et de l’Elfe des Terres Noires chez Fleuve Noir. Que pensez-vous de ce lancement ?
Ce sont deux maisons qui travaillent en synergie. Mais je n’ai pas grand-chose à voir avec leur politique commerciale.
Dans ce second tome, deux visions d’un monde nouveau commencent à émerger : celle de Celui-qui-ne-peut-être-nommé et celle de l’Evêque Dubricius. Si au premier abord, tout oppose ces deux êtres, les similitudes idéologiques de leurs propos sont souvent saisissantes. Pourquoi avoir souhaité ce parallèle?
Le dogme de l’Eglise, tout au long du Moyen-Age, a été Une terre, un roi, un dieu, un slogan qui fait penser à Ein Reich, ein volk, ein fuhrer et qui était effectivement assez radical. Il fallait unifier les royaumes et les peuples en se débarrassant de tous les foyers de survivance païenne ou de toutes les hérésies, y compris au prix de croisades internes, comme celle contre les Albigeois. C’est au début de cette collaboration politique – effectivement une véritable idéologie - entre l’Eglise et le roi que se situe l’action.
L’Eglise a unifié les peuples au nom du Bien, y compris en usant de la force. En face, je voulais imaginer un autre royaume, une autre idéologie visant à unifier les peuples au nom du mal, y compris en usant de la douceur. Et on revient sur le parallèle avec l’Allemagne nazie et leur slogan. Celui-qui-ne-peut-être-nommé est un peu un Hitler avant l’heure. Le mécanisme de séduction des foules, l’exaltation de la force, de la glorification de la guerre sont les mêmes. Et en fin de compte, les deux voies, celle du bien et celle du mal, finissent par aboutir au même but.
Celui-qui-ne-peut-être-nommé semble être le seul à croire que tous les peuples peuvent vivre ensemble sous la bannière de Lug. Un seul peuple pour un seul dieu. Pourquoi avoir voulu que seule la figure du Mal croie qu’une entente soit possible entre tous les enfants de Dana?
Le mal est une voie plus facile que le bien, pour parler en termes chrétiens. Et tous les philosophes s’accordent à dire que la nature humaine recèle une inclinaison naturelle à toutes sortes de choses mauvaises : violence, cupidité, méchanceté… tout autant qu’à des choses positives. La vie est un combat entre ces deux penchants, et la voie du mal est sans doute plus facile, même si elle conduit au désespoir. Celui-qui-ne-peut-être-nommé parlerait plutôt d’instinct, d’animalité… Encore une fois, ce type d’idéologie a séduit des pays entiers il n’y a pas si longtemps…
Dans l’Elfe des Terres Noires, vous insistez sur des personnages souvent mal aimés en Fantasy : les Orcs et les Gobelins. Pourtant, sous votre plume, ces créatures se libèrent du stéréotype du combattant sanguinaire. On découvre chez eux des sentiments jusqu’ici méconnus, une vie de famille, des enfants… Pourquoi avoir choisi de bousculer les a priori sur ces créatures ?
Je suis ravi que vous me fassiez cette remarque. Parce que, si on en parle comme des créatures réelles et non comme de créatures magiques surgies du néant, il faut bien qu’elles naissent, qu’elles grandissent, qu’elles se nourrissent, qu’elles dorment, qu’elles se reproduisent, etc. Toutes choses qui représentent une organisation sociale, et donc des villes, et donc un commerce… Comme en outre l’idée émise dans ces livres est que les elfes, les orcs, les hommes et les nains ne forment en réalité qu’un seul et même peuple, aucun ne peut être tout blanc (les elfes) ou tout noir (les orcs).
Revenons aux elfes. Vous avez souvent évoqué vos sources d’inspirations pour les us et coutumes de ce peuple, mais qu’en est-il de leur langage ? Dans vos sources, il y a un dictionnaire de Sindarin mais certains chants me font penser à du Vieil Anglais. Qu’en est-il réellement ?
C’est effectivement du vieil anglais. The old english rune poem. Un texte tout à fait réel et historique qui enseigne la magie des runes. D’une part, j’aime la sonorité du vieil anglais, qui fut très influencé par le Norrois, et de l’autre, je voulais me baser sur une langue réelle. Je considère que ma façon de faire de la Fantasy est très ancrée dans une certaine réalité et je voulais que cela soit le cas également pour les langues.
J’ai utilisé le Sindarin pour créer les noms des elfes. Je voulais que leurs noms aient une signification, un sens, comme pouvaient en avoir les noms des guerriers Francs. Saviez-vous par exemple que Bernard signifie ours fort ? Tous ces noms avaient tous un sens, comme dans la culture Sioux.
La vision de J.R.R. Tolkien a complètement modifié la vision que les lecteurs avaient des elfes. Son imaginaire a également influencé de nombreux auteurs. Cependant, vos elfes sont relativement éloignés de cet archétype. Avez-vous le sentiment d’avoir créé un peuple particulier ? Était-ce un choix délibéré ?
Non, je n’en ai pas le sentiment. Simplement, les elfes étant très proches de la nature, je voulais en faire un peuple plus animal qu’humain, avec les bons et les mauvais côtés que ça implique. N’ayant pas d’humanité, ils ont peu de tendresse, d’amour, de sentiments. Ils sont d’une violence bestiale à la guerre. Comme un chat ou un chien, par exemple, qui peuvent être doux et câlins et changer véritablement de masque en situation de bagarre, pour devenir menaçants, voire effrayants.
Avec la Trilogie des Elfes et les Chroniques des Elfes, vous avez construit votre propre univers Fantasy. Est-ce confortable pour vous d’y replonger et de continuer à explorer le monde que vous avez créé ?
Oui, c’était un retour plus qu’agréable après le cycle des Reines Pourpres, des romans historiques sur les reines mérovingiennes, avec toutes les contraintes que ça implique. Et c’est effectivement assez satisfaisant de créer une œuvre globale en plusieurs livres, à travers plusieurs cycles ou plusieurs histoires, mais qui forment un tout cohérent.
Les Chroniques des Elfes se situent 30 ans avant votre précédente trilogie. Est-ce que le fait que la fin soit déjà écrite vous gêne dans votre travail de rédaction ? Vous sentez-vous bridé dans votre élan créateur ?
Au contraire. Il ne faut pas raconter comment les personnages meurent, mais plutôt comment ils deviennent des acteurs-clés du récit. C’est plus agréable, en fait… Et puis il y a nombre de personnages qui ne sont pas dans la trilogie du Crépuscule des elfes et qui mènent des histoires parallèles.
Lors de notre précédente interview, vous nous disiez espérer que les Chroniques des Elfes iraient au-delà des trois volumes. Qu’en est-il aujourd’hui ?
En l’écrivant, je m’aperçois que cette histoire est une boucle qui s’achèvera au bout du troisième volume. Si je devais continuer, ce serait plutôt avec une nouvelle trilogie. Peut-être une séquelle, cette fois…
Vous avez tout au long de votre carrière répondu à de nombreuses interviews. Y a-t-il une question que vous auriez aimé que l’on vous pose et qui ne l’a jamais été ? Si oui, laquelle et pourquoi ?
C’est une question difficile ! Et je pense qu’il me faudrait plus de temps pour y réfléchir. J’ai bien aimé les vôtres mais si je devais imaginer une question jamais posée… je ne vois pas.
Je ne sais pas… disons… est-ce que vous travaillez en musique ? Si oui, quel genre de musique ?
Lorsque j’écris, j’écoute effectivement de la musique. Le plus souvent, je mets la musique de Gladiator pour les scènes d’action. C’est une musique merveilleuse qui donne vraiment un élan épique. Autrement, j’écoute aussi Enya.
Merci Jean-Louis Fetjaine pour cette interview !
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