Vous êtes ici : Page d'accueil > SdA Films & Bilbo

AICN sur le tournage de Bilbo, reportage n°2

Par ThinkBecca, le lundi 14 novembre 2011 à 10:52:23

Chubb Le tournage de Bilbo continue, et comme précédemment nous vous proposons la traduction complète de second reportage du site AICN, qui a un journaliste sur place.
Alors après le premier article, après un avant-goût du second, voici une nouvelle journée en Nouvelle-Zélande, et toujours sur le même ton !
A découvrir !

En discuter sur le forum Article source

Un voyage inattendu : Quint sur le tournage de Bilbo le Hobbit, deuxième partie - Ils m'appellent Mr. Chubb.

Mon nom est Fredegar Chubb et je suis un Hobbit. Mais je vais trop vite. Revenons un peu en arrière, voulez-vous ?
Mon réveil à sonné à 5h, et une fois de plus j'ai fait les magnifiques 40 minutes de route entre mon hôtel de Hamilton en Nouvelle-Zélande et Hobbitebourg, en traversant les collines verdoyantes. Au camp de base, j'ai à peine eu le temps d'avaler un rapide petit-déjeuner avant qu'on ne m'entraîne vers la tente des costumes pour ôter mes vêtements humains et enfiler ma nouvelle peau de Hobbit.
Je dois dire que le costume était incroyablement confortable. Large, doux, juste assez chaud pour ne pas subir la fraîcheur du matin et assez couvrant pour cacher ma peau blanche et délicate d'homme "je vis dans un cinéma ou devant mon écran d'ordinateur" et lui éviter les rayons brûlants du soleil.
Je me suis éloigné d'un pas guilleret pour aller me faire poser les oreilles de Hobbit, opération simple également (la douleur et la difficulté viendraient plus tard, lorsqu'on m'aurait enlevé les oreilles et que les restes de gomme collante refuseraient de partir de ma peau et de mes cheveux pendant une semaine), puis je suis allé rejoindre les maquilleurs.
Le pire dans tout ça a été de devoir me raser la barbe. Je suis près à parier qu'il y a pas mal de lecteurs d'AICN qui comprennent pourquoi ce moment n'a pas été mon préféré. Les gars rondouillets utilisent leur barbe comme un bouclier. On m'a enlevé mon bouclier parce que les gens de la Comté n'ont pas de pilosité faciale, alors mes molles mâchoires ont été immortalisées à tout jamais.
Une femme adorable répondant au nom de Ricci-Lee a transformé mon visage irrité, pâle et imberbe en une bonne tête de solide Hobbit, avec les joues roses et tout. A ma grande surprise, la perruque a représenté beaucoup de travail, avec le filet accroché à mes vrais cheveux avec des épingles, des pinces à cheveux et, pour finir, de la colle. Mes propres cheveux ont été bombardés d'une laque super forte, pour les aplatir autant que possible. Et pourtant, il a fallu triturer encore et encore pour faire tenir la perruque, mais une fois fini, ça rendait bien. Bien sûr, je l'ai immédiatement recouverte d'un de ces larges et mous chapeaux de Hobbit, mais on pouvait toujours voir les boucles en-dessous.

Jusque-là, je circulais dans le camp de base avec mes propres chaussures et chaussettes. Il était temps d'abandonner les derniers vestiges de mon humanité pour procéder à la dernière étape de ma transformation. Et oui, c'était le moment de s'occuper de mes pieds.
Dans le Seigneur des Anneaux, ces pieds étaient portés comme des chaussures, collés à la cheville, ce qui signifiait qu'on devait les décoller à la fin de la journée. Durant mon bref séjour sur le tournage du Retour du Roi j'ai vu Elijah Wood subir cette étape, qui avait honnêtement plutôt l'air relaxante, mais qui ne devait pas être la chose la plus agréable du monde quand on devait la subir tous les jours pendant un an.
La technologie des pieds de Hobbits à évolué durant la dernière décennie. On n'applique plus ça seulement sur le pied, mais il s'agit d'une peau en silicone dans laquelle un prothésiste très patient glisse votre pied (dans mon cas, une très jolie fille appelée Heather McMullan), jusqu'à ce que le talon se cale dans le pied spongieux, puis cette peau est étirée jusqu'au niveau du genou.
Ça donne au final quelque chose d'uniforme, qui tient, et qui est même plutôt confortable pour des pieds nus. Certains pieds de Hobbit avaient même des petits chaussons à l'intérieur, avec des extensions dans les orteils pour que celui qui les porte puisse vraiment bouger le gros doigt de pied de la prothèse.
J'ai porté une paire de pieds de Hobbit normale, qui était étrangement confortable tant que je ne posais pas directement mon talon sur un caillou pointu. Ce qui est arrivé. Plusieurs fois. Je suis désolé, petit talon. S'il te plaît, pardonne-moi.
Complètement Hobbitifié, on m'a amené à Hobbitebourg, et je me suis tranquillement dirigé vers le Dragon Vert à l'extérieur duquel un marché avait été installé. Durant le trajet, j'ai essayé de m'habituer à mes pieds larges et poilus, et j'arrivais à peu près à les manier une fois arrivé au marché.

C'était la folie là-bas. La grue télescopique géante avait été installée à côté des célèbres pont et moulin qui dominaient le Dragon Vert, lequel était décoré de dizaines de petits étals vendant de tout, du fromage aux jouets en passant par les livres et les volailles.
On m'a dit que je devrais tenir un énorme coq, pour cette scène. Son nom était Trevor, et l'action qu'on m'a attribuée était que je devais aller voir le Hobbit qui le vendait et le payer (il avait un stand qui vendait aussi des canards, des pigeons et des poulets), prendre Trevor, le poser sur le sol et le faire avancer à travers le marché. Oui, le faire avancer. Trevor avait un harnais avec une corde attachée au bout, et l'idée était que je le guide à travers du marché avec cette laisse.
On m'a donné un cours super rapide sur comment manipuler les coqs, qui ressemblait à ça tenez le par le poitrail, assurez-vous que vos mains recouvrent les ailes, ne le lâchez pas et faites attention à ses griffes. Maintenant essayez. Il s'est avéré que je suis naturellement doué, et je n'ai eu aucun problème avec Trevor, mais malheureusement nous n'avions aucun avenir ensemble. Encore une fois, je vais trop vite. Il faut que j'arrête de faire ça...
L'un des mecs les plus cools de l'équipe du film est un type nommé Terry Notary. Il est répétiteur, mais les geeks le connaissent surtout pour son rôle "iconique" dans La Planète des singes : Les Origines de cette année. Il a interprété Rocket.
Ce mec connaît bien son boulot quand il s'agit de mouvement (par exemple, le secret pour interpréter un singe est de serrer les hanches, garder la tête droite et le menton en avant), et je suis allé le voir pour savoir comment marcher comme un Hobbit. Je ne voulais pas avoir l'air trop sautillant ou que mes pieds ne tremblotent quand je piétine.
Notary m'a apprit que les Hobbits mettent les genoux en avant et sont toujours heureux, regardant autour d'eux comme un enfant découvrant quelque chose de nouveau et d'intéressant partout où ils regardent. De plus, le secret pour empêcher les pieds de s'entrechoquer quand je marchais était de poser le talon, puis de porter mon poids sur le côté de mon pied. Donc, pas talon-orteils, mais talon-bord-orteils.

le marché J'étais en train de m'entraîner, essayant de faire avancer Trevor dans la bonne direction en le guidant avec mon pied (ça ne fonctionnait pas très bien et je me demandais comment diable j'allais m'en sortir quand les caméras filmeraient) quand Peter Jackson est arrivé et m'a dit que je ne ferais plus marcher Trevor dans cette scène. Vous aimez le poisson ? m'a-t-il demandé. Je n'en mange pas, je ne sais pas pourquoi mon estomac ne supporte pas le goût de tout ce qui vient de la mer, mais je n'ai aucun problème à les manipuler, alors j'ai dit que je m'en sentais capable.
Bien, tu vas vendre un poisson à Bilbo dit-il, et on m'a indiqué le stand de poissons. Un figurant plus âgé était déjà là, et les techniciens l'ont emmené dans une autre partie de la scène, me plaçant derrière le comptoir qui était flanqué de paniers de gigantesques faux poissons et d'anguilles qui semblaient vraiment réalistes.
(Remarque : je n'avais pas mon appareil photo sur moi pour des raisons évidentes, mais on a pris cette photo du stand le lendemain. Je suis à moitié en costume et le vrai poisson a disparu depuis longtemps, mais ça vous donne une idée de ce à quoi je ressemblais.)

J'ai levé les yeux et vu la grue télescopique pointée sur moi. Plusieurs sentiments me sont tombés dessus en même temps : l'excitation, la nervosité et la culpabilité. Je me sentais vraiment mal pour ce pauvre gars qu'on avait écarté de cette scène. Il devait penser que ce serait son moment de gloire. J'ai été figurant quand j'étais ado, et je sais quelle excitation ça produit qu'on pense qu'on passera à l'écran, et la déception quand ça n'arrive pas.
Du coup j'étais triste pour ce gars, mais ce sentiment c'est vite effacé quand j'ai réalisé que j'étais devant et en plein milieu pour cette prise, et que je ne savais absolument pas ce que j'allais faire.
Peter préparait la scène avec Martin Freeman, qui commence avec Bilbo achetant un poisson et regardant nerveusement autour de lui. A ce moment là, Gandalf lui avait déjà proposé la grande aventure et il s'attend à ce que le magicien débarque et l'embête un peu plus avec ça, je suppose. Après m'avoir acheté le poisson, il percute un autre Hobbit appelé Worrywort poussant une brouette de légumes, et Bilbo lui demande s'il n'a pas vu passer le magicien.
Sur d'autres étals, Bilbo voit ce qui s'avère être le chapeau gris de Gandalf et il essaie de se cacher, le plus souvent derrière d'autres Hobbits dont un Worrywort confus et un couple de Hobbits étourdis qui font une promenade romantique au marché. Ce couple s'est révélé être un couple d'amis à moi, Aaron et Kaela Morgan, qui m'ont souvent rejoint pour mes aventures en Nouvelle-Zélande par le passé et n'allaient pas manquer une nouvelle occasion de le faire. Ils étaient presque insupportablement mignons, se volant des baisers en faisant leurs courses, servant sans le savoir de cachette à Sacquet.

Il faut également prendre note du fait qu'Otho et Lobelia Sacquet de Besace sont dans cette scène, Lobelia fronçant le nez devant le comportement erratique de Bilbo tandis qu'il se cache derrière Worrywort. Ses vêtements sont outrageusement extravagants, avec le chapeau coloré le plus ridicule que j'aie jamais vu. L'actrice, dont je ne me rappelle plus le nom actuellement, correspond bien au personnage. Les fans des films d'origine se rappelleront qu'Elizabeth Moody (la mère dans Braindead) jouait ce rôle dans la version longue.
Je réalise tout ça a posteriori, d'ailleurs. Car c'était un plan large et comme j'étais toujours dans le champ, je ne pouvais pas vraiment regarder Bilbo en même temps. Je devais avoir l'air de vendre du poisson !

Pendant le placement des acteurs, Peter m'a présenté à Martin Freeman. A ce moment, cela faisait quelques semaines que j'étais sur le tournage, mais je ne l'avais pas encore rencontré. Étant fan depuis longtemps de la version anglaise de The Office, et plus récemment du Sherlock de la BBC, c'était un plaisir de constater que c'est quelqu'un de très accessible et de très sympa avec qui on peut échanger des blagues au cours de la journée.
Freeman a demandé à Jackson si mon personnage avait un nom. Je n'en avais pas, bien sûr, mais Peter a parlé d'un site qui prend votre vrai nom et le transforme en votre nom de Hobbit. En 30 secondes, Sebastian Meek, l'assistant génial, marrant et ridiculement grand de Peter, avait sorti son iPhone pour regarder.
Ce fichu site a dit que le nom Hobbit pour Eric Vespe est Fredegar Chubb, un nom plutôt malchanceux pour un gros Hobbit, je dois dire.
Mais c'était trop tard, Jackson et Freeman l'avaient entendu et c'est devenu mon nom officiel. Je crois qu'au départ, Freeman a demandé un nom pour pouvoir parler un peu quand il prendrait son poisson, faisant allusion à ce corpulent vendeur de poisson comme s'il le voyait toutes les semaines.
Alors à chaque prise, c'était A vendredi prochain, Mr. Chubb ou Je vais prendre celui-ci Freddy. Le plus souvent, c'était Mr. Chubb.
C'est à peu près à ce moment, où je me sentais vraiment content de moi, que la vraie star de la scène... nan, du film tout entier... est arrivée. Je peux me tromper, mais je crois que c'est son premier film. Cette futur star du cinéma, futur oscarisé et acteur de l'humanitaire répond au nom de Leroy, et a tout de suite attiré les regards sur le tournage.

Leroy est un cochon géant. Quand je dis géant, je veux dire énorme, facilement un mètre trente de haut. Et ce n'est pas tout ce qu'il avait d'énorme, croyez-moi. Quand Leroy est passé, tout le monde a eu le temps de voir les testicules de mammouth de Leroy. Et là, je parle de bijoux ridiculement gros, qui sont rapidement devenus le centre de toutes les conversations au marché.
J'ai pris une photo de Leroy quelques jours plus tard. Je ne pouvais pas laisser passer les bijoux de famille de Leroy sans en garder une trace. J'ai réussi. Gloire à Leroy ! Bon sang, hein ?!? Ne vous inquiétez pas, Bilbo le Hobbit sera tout de même à destination de tout public, et les talents particuliers de Leroy n'étaient pas dans le champ quand ils ont filmé. Je crois qu'il y a une loi contre d'aussi grosses coucougnettes en 3D, et il vaut mieux.
Quoi qu'il en soit, le plan large commençait sur nous, et reculait pour montrer l'ensemble du marché de l'activité débordante d'un jour de courses alors que Martin interprète son action.
Quelques véritables poissons (morts) furent montrés, et Martin en a pointé un du doigt, le plus souvent avec un Hmmm, celui-là s'il vous plaît Mr. Chubb, et je prenais le poisson choisi en souriant pour le déposer sur un morceau de papier, l'enrouler et le placer dans une seconde couche avant de lui donner le tout. Tandis que j'étais occupé à emballer le poisson, Freeman regardait nerveusement autour de lui.
Je tendais le poisson emballé à Mr. Freeman, qui me remerciait et le mettait dans son panier, rempli de tomates et autres légumes, et s'éloignait pour tomber sur Worrywort.
Bien sûr, je devais m'occuper au moment où Freeman rencontrait Worrywort puisque j'étais toujours dans le champ, alors on m'a suggéré d'écailler ou de vider quelques poissons. On s'est vite aperçus que je manquerais de poissons à écailler au bout de quelques prises, alors on a choisi de les vider, car après chaque prise je pouvais remettre les intestins dans les carcasses de poisson et recommencer.
Pas besoin de préciser qu'à l'heure du déjeuner, ces trois pauvres poissons morts avaient été vidés plusieurs douzaines de fois et avaient passé un peu trop de temps au soleil. L'odeur, c'était quelque chose. C'était presque un job à plein temps d'éloigner les mouches, ce qui m'a plutôt aidé à m'occuper lorsque j'étais dans le champ. Je pouvais alterner entre vider les poissons et éloigner les mouches.
Les meilleurs souvenirs que je garde de mon jour de gloire sont les 45 secondes avant chaque prise, car Freeman et moi étions seuls, à nous raconter des blagues. Jackson voulait que tout le monde soit de bonne humeur. Les Hobbits sont un peuple heureux et joyeux, après tout. Il prenait son mégaphone et s'adressait aux figurants pour nous dire de bouger, d'être détendus et heureux. Plaisantez entre vous ! Riez et racontez vous des ragots !
Ça voulait souvent dire que Mr. Freeman ou moi-même racontions une blague (sur les bijoux de famille de Leroy, par exemple) et riions sincèrement, ou avions un rire comiquement exagéré qui finissait juste par nous faire passer un bon moment quand on entendant "action".
C'était presque l'heure du déjeuner, et j'ai cru que ma journée était fini, mais avant que tout le monde ne parte, Peter, Andrew Lesnie (le génial Directeur de la Photographie) et les cameramen ont planifié la prise suivante, un gros plan du poisson qui atterrit sur le papier, qui s'élargissait pour montrer le sommet de ma tête tandis que j'emballais le poisson, et mon gros visage tandis que je le donnais à Bilbo. Ils ont aussi fait une excellente autre prise en gros plan de Martin qui regarde nerveusement autour de lui. La camera m'a quitté pour avoir un autre angle sur Martin en le suivant pour poursuivre la scène.
Peter pensait que ça allait trop lentement, alors il m'a demandé de n'enrouler qu'une fois le poisson, mais quand je l'ai fait dans la prise suivante, j'ai dérangé Martin pendant son regard circulaire nerveux.
Freeman a demandé que je continue à l'enrouler deux fois pour lui donner le temps de regarder autour de lui, ce que Peter a accepté tant que je le faisais plus vite. Jackson a aimé ce moment où Bilbo est tiré de sa paranoïa par le poissonnier, et m'a dit que je devrais attirer son attention quand je finissais d'emballer le poisson.
Sachant que je ne devais pas parler, les seuls possibilités que je voyais étaient soit d'agiter le paquet devant le visage de Bilbo, soit de lui tapoter le bras. J'ai choisi cette dernière solution, mais Apparemment ça ne rendait pas bien. Terry Notary m'a fait parvenir une note disant que ce mouvement apparaissait comme très moderne, et Peter est venu après me le dire de manière plus crue. J'aime bien que vous le fait que vous l'interrompiez, mais ça, c'était totalement stupide.
Génial, me suis-je dit. Je gâche le film.
On devra peut-être te donner une réplique, a dit Jackson.
Oh, mon dieu ! On vous a déjà donné un nom, et maintenant une réplique ?!? Et puis quoi encore !?! s'est écrié Martin Freeman d'un air faussement outragé. J'ai répondu que s'il ne faisait pas attention, Mr. Chubb reprendrait son rôle.
Vous restez combien de temps ? m'a demandé Martin.
Jusqu'à décembre répondis-je.
Ah. Vous serez Bilbo d'ici le 18 novembre a admis Freeman.
Finalement, il a été décidé que je me contenterais d'un simple "monsieur" quand je tendrais le poisson. Je ne suis pas du tout un acteur, et d'un coup, on me demande de parler devant la camera. Et je devais parler comme un Hobbit, c'est à dire avec un accent.
Je suis au regret de vous dire que ma première tentative n'a pas franchement été couronnée de succès. Non seulement j'avais peur que mon accent Hobbit soit plus proche de Dick Van Dyke dans Mary Poppins que de sa véritable sonorité, mais Jackson a dit que j'étais trop plat. Un balai dans le cul, en quelque sorte. Jackson a pensé que je devrais avoir une réplique à dérouler. Du coup, dire plus qu'un simple "Sir", alors j'ai fini par avoir un joli "et voilà, m'sieur !"
L'important était de rester jovial. Ils voulaient voir une lueur de malice dans mes yeux et un sourire sur mon visage. Les joyeux Hobbits heureux, vous vous souvenez ?
Après avoir joué ma partie de cette façon, Jackson a semblé se focaliser sur le timing du reste de la scène, alors soit je le faisais bien, soit ils ont abandonné une cause perdue et ils comptent corriger ça en post-production, en donnant ma réplique à doubler à un véritable acteur.

Le cadrage du début du plan était sur mes mains, quand je pose le poisson et que je commence à l'emballer. Alors j'ai pensé qu'avoir des mains fraîchement lavées après le déjeuner ça n'allait pas le faire, alors j'ai regardé autour de moi ce que j'avais sous la main. Je n'avais pas de maquillage, mais j'avais plein de boyaux de poissons, dont certains frais... et d'autres moins.
J'étais tellement fier de moi ! Mes mains étaient répugnantes, avec des morceaux d'intestins de poissons coincés juste aux bons endroits, mes ongles sales, et j'avais même placé quelques écailles de poissons pour ajouter un peu de texture. Tout content de moi, j'ai passé toutes les répétitions avec mes mains sales.
Au bout de 20 minutes, juste avant la première prise, je suis allée rafraîchir mes mains couvertes d'intestins de poisons à moitié séchés, pour constater quelque chose de vraiment horrible. Il y avait des dizaines de petits verres translucides qui sortaient des boyaux, s'agitant comme dans un cauchemar de Rob Bottin.
Ça m'a pris une seconde pour penser à nettoyer toute cette merde de mes mains. Je les ai regardées de près pour être sûr qu'aucun de ces petits parasites affreux n'étaient restés. Un membre sympa de l'équipe avait une lingette, et je me suis débarrassé des vers en grimaçant, laissant assez de saleté (sans vers) sur mes mains pour tourner la scène.

The show must go on, comme on dit, et on a eu cette scène. J'espère que c'est tout ce qu'on a eu d'ailleurs.
Toute l'équipe était des sauveteurs, je dois dire. Ils devaient s'occuper de 60 Hobbits adultes, 10 enfants (dont les deux enfants de Richard Taylor), les animaux, les bijoux de famille de Leroy et d'autres gros problèmes, mais pourtant ils étaient toujours là avec un verre d'eau ou un parasol, pour fournir un peu d'ombre bien agréable.
Ça n'a pas pris longtemps pour que ma petite participation à l'aventure s'achève. Mais à ce moment là, mes pieds de Hobbits ressemblaient à de petites piscines tandis que je retournais au camp de base, la sueur de la journée s'y étant accumulée.
Ça a l'air dégueu, et ça l'était, mais ce qui n'était pas du tout dégueu, c'était ce sentiment orgasmique de soulagement quand on m'a enlevé ces bâtards dans une explosion de talc pour bébé, grâce à une personne du maquillage aux instincts héroïques. OK, c'est un peu dégoûtant, mais pas pour moi, je peux vous le dire. C'était merveilleux !
J'ai demandé si je pourrais garder mes pieds, et Heather, une prothésiste, m'a gentiment répondu no way. J'ai fait défiler des films dans ma tête, mais il aurait fallu un jeune Michael Caine pour réussir à voler ces trucs là et à les faire sortir du camp de base.
C'était un peu triste de voir disparaître Mr. Chubb morceau par morceau à la fin de la journée, mais le bonheur de me débarrasser de cette perruque qui gratte, de ces pieds mous et des prothèses d'oreilles (qui étouffaient les sons toute la journée), et de retrouver mes fringues civiles confortables ont compensé.
J'ai un respect renouvelé pour ceux qui subissent tout ça chaque jour, que ce soit Elijah Wood, Sean Astin, Billy Boyd et Dominic Monaghan pour le Seigneur des Anneaux, ou Martin Freeman ici. Pour les nains, c'est encore cent fois pire. Des barbes géantes, des nez, des prothèses de main, des costumes énormes... Je ne les envie pas.

Alors voilà l'histoire de Fredegar Chub, un simple poissonnier qui frôle l'aventure. Et par l'aventure, j'entends bien sûr des bijoux de famille de Leroy.

D'ailleurs, prenons le temps de regarder de près un nouveau membre de l'équipe ! Chaque article mettra en lumière un membre de l'équipe du tournage, souvent un héros anonyme de la création du film.
Aujourd'hui, nous allons suivre un gars dont j'ai parlé ci-dessus, M. Terry Notary.

Terry a un profil un peu différent de la plupart de l'équipe, grâce à une année incroyable. Entre son interprétation de Rocket dans La Planète des Singes : Les Origines, celle de l'alien dans Attack the Bloc, et son rôle de consultant pour Bilbo le Hobbit, Notary est un homme en vue !
Il a commencé sa carrière en tant que cascadeur sur Le Grinch de Ron Howard. Un jour, sur le tournage, Notary a remarqué que les cascadeurs bougeaient tous différemment, et il pensait qu'ils devraient tous avoir un mouvement similaire, en tant que résidents de Whoville, une sorte de cohérence pour éviter qu'ils ne partent dans tous les sens.
Notary a conçu quelques pas et mouvements basiques qu'il était en train d'apprendre à l'équipe quand Ron Howard s'en est aperçu. Howard a fini par lancer sa carrière en l'embauchant en tant que coach pour les mouvements des acteurs. Au début, ils ne savaient pas comment intituler ce poste, et ils se sont dit que puisqu'ils avaient des coachs vocaux, pourquoi pas en avoir pour les mouvements ?
Et voilà comment ça a commencé. Il s'est élevé dans ce milieu jusqu'à arriver en Nouvelle-Zélande.

Sur Bilbo le Hobbit, il est à nouveau coach et sait différencier les mouvements de toutes les espèces de la Terre du Milieu. Marcher, courir, s'accroupir, parler, dormir, tomber, manger, travailler, se battre... Il peut vous dire la moindre subtilité qui fait que chaque race est unique.
Comme on le sait déjà, les Hobbits mettent les genoux en avant, ont toujours le sourire aux lèvres et ont le regard facilement attiré par le mouvement, la couleur et les choses qui brillent. Les nains sont commandés par l'instinct et plus près du sol. Il agissent avec leurs entrailles. Les elfes sont très extravertis et n'internalisent jamais leurs émotions, ils n'ont pas d'image d'eux-mêmes, alors ils marchent avec légèreté, presque comme s'ils flottaient.
Je n'ai pas demandé comment les Gobelins, les Orcs ou les Magiciens se déplacent, mais Terry est le spécialiste, et je suis sûr qu'il peut se fondre dans leur pas en moins de deux.

Avant de partir, j'ai un dernier petit truc cool pour vous, une vidéo de la Planète des Singes : Les Origines que vous devriez apprécier si vous êtes fans.
Comme je vous l'ai dit, Terry est le maître en la matière.

Et voilà pour cette chronique. Vous m'excuserez mais je dois commencer à réfléchir à un passé cohérent pour l'article inévitable sur Mr. Chubb dans le Wiki Tolkien. Je pense qu'il a peut-être joué un rôle dans la Communauté : le Vieux Chubb qui jette ses têtes de poissons au Nazgûl, le retardant juste assez pour que Frodo et ses amis semi-hommes puisse arriver au Gué de Bruinen, sauvant ainsi toute la Terre du Milieu du retour de Sauron. Je suis ouvert à d'autres possibilités d'histoires à la Tolkien, faites-les moi connaître dans vos commentaires.

Merci de m'accompagner dans ce Voyage Inattendu ! Et à bientôt pour le prochain article !

Eric Vespe ”Quint” quint@aintitcool.com


Dernières critiques

Derniers articles

Plus

Dernières interviews

Plus

Soutenez l'association

Le héros de la semaine

Retrouvez-nous aussi sur :