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The Glass Town Game

ISBN : 978-153441771-7
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Catherynne M. Valente

Isolés dans leur petit presbytère du Yorkshire, Charlotte, Branwell, Emily et Anne ont inventé Glass Town, un royaume où leurs soldats de bois affrontent Napoléon et où nul ne meurt jamais. Ce monde imaginaire permet aux quatre enfants d’échapper pour quelques heures à une dure réalité : Charlotte et Emily doivent bientôt rejoindre un dangereux pensionnat, dont elles pourraient bien ne jamais revenir. Mais en ce jour redouté entre tous, le jour où Anne et Branwell doivent conduire leurs sœurs à la gare, l’incroyable se produit et les enfants découvrent que Glass Town est bien réelle.
Ce nouveau monde est tel qu’ils l’ont imaginé… ou presque. Eux n’ont jamais remplacé le cheval de Napoléon par un coq en porcelaine cracheur de feu. Les soldats peuvent bel et bien mourir et une guerre se joue pour la possession d’une potion capable de les ramener à la vie. Mais lorsque Branwell et Anne sont kidnappés, Charlotte et Emily doivent trouver le moyen de les sauver. Deux fillettes peuvent-elles se dresser contre les armées de Napoléon, équipées d’une arme venue du monde réel ? Et si le tyran parvient à quitter Glass Town, l’Angleterre sera-t-elle jamais en sécurité ?

Critique

Par Saffron, le 10/12/2017

Trois sœurs romancières, un frère peintre et poète, une enfance marquée par la tragédie, une mort prématurée pour chacun d’eux et des romans entrés au panthéon des œuvres immortelles… Le destin de certains individus dépasse parfois largement la fiction, et il est presque logique de les voir devenir à leur tour des personnages romanesques sous la plume de Catherynne M. Valente.
L’enfance des sœurs Brontë, Charlotte, Emily et Anne, et de l’unique garçon de la fratrie, Branwell, sert de base à ce roman touchant, un peu dingue et bourré de situations loufoques. En 1827, Bran reçoit en cadeau une boîte de soldats en bois. Sur l’impulsion de Charlotte, les quatre enfants vont faire de ces soldats les premiers habitants d’un monde imaginaire, Glass Town, qui n’aura de cesse de prendre de l’ampleur. Un monde meilleur qui leur permet d’oublier, au moins pour quelques heures, le décès de leur mère et de leurs deux sœurs aînées. Dans la vraie vie, les Brontë ont noirci plusieurs centaines de petits carnets d’aventures, de cartes et d’illustrations donnant vie à un univers complexe et parfaitement structuré (ça vous rappelle quelque chose ?). Dans The Glass Town Game, Catherynne M. Valente va plus loin et précipite les enfants dans une « ville de verre » bien réelle, où Napoléon et Wellington ne sont pas plus âgés qu’eux et où sens littéral et figuré se confondent.
Par bien des aspects, Branwell et ses sœurs rappellent les enfants de Narnia : résilients et héroïques, ils n’en sont pas moins imparfaits, jaloux et égoïstes comme le sont tous les enfants. C’est précisément ce réalisme qui les rend attachants, au même titre que la détresse qui transparaît à toutes les pages : sans jamais s’apitoyer sur leur sort, l’auteur parvient à nous rappeler en quelques mots, en quelques actes, que les enfants Brontë étaient, au final, profondément malheureux. Amateurs de personnages légers et de happy ends, passez votre chemin !
Entre situations burlesques et personnages saugrenus, le roman réussit l’exploit d’être parfaitement cohérent et structuré… un peu comme la Glass Town d’origine, au fond. À la fois dense et rythmée, l’écriture est truffée de jeux de mots à envoyer un traducteur en maison de repos et donne une vraie consistance à ce monde imaginaire qui aurait pu ne rester d’absurde.
Inutile d’avoir une passion pour Jane Eyre, Les Hauts de Hurlevent ou Agnès Grey pour apprécier le roman (le nom de famille de la fratrie n’est d’ailleurs jamais mentionné explicitement) ; il suffit d’avoir conservé un peu de son âme d’enfant, ou au moins des souvenirs des châteaux en Espagne que nous avons tous bâtis au même âge. En revanche, pour qui connaît un peu l’histoire de la famille, les références biographiques et historiques trouvent leur place dans le roman de façon naturelle et parfois franchement ingénieuse. Pour un peu, on souhaiterait que les sœurs Brontë aient réellement hérité de leurs noms de plume respectifs à Glass Town, histoire d’éclairer un peu une vie rythmée par la tragédie.
Ode à l’imagination, qui permet de survivre lorsque la réalité se fait trop difficile, The Glass Town Game est un livre profondément adulte qui s’adresse aux enfants que nous avons tous été. Une vraie leçon de résilience.

8.0/10

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