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Lamentation

Tome 1 du cycle : Les Psaumes d'Isaak
ISBN : 978-235294390-7
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Ken Scholes
Traduction : Debernard Olivier

Ouvrage nominé au prix Elbakin.net 2010.

La cité de Windwir vient d’être anéantie, et avec elle la Grande Bibliothèque où reposait la mémoire du monde.
L’onde de choc de cette catastrophe rompt les équilibres politiques et religieux des Terres Nommées, attise les convoitises, ravive les complots, met à mal les alliances. La guerre est inévitable.
Rudolfo le roi tsigane, seigneur des Neuf Maisons Sylvestres, est le premier sur les lieux et recueille dans les ruines un automate de métal. Agité de sanglots et rongé par la culpabilité, celui-ci s’accuse d’être à l’origine du drame.
Quel est son terrifiant secret ? A-t-il été manipulé ? Qui voulait la destruction de Windwir et pourquoi ?
Mais voilà que Neb, un jeune moine orphelin qui a assisté à l’horreur, commence à faire des rêves prophétiques…

Critique

Par Gillossen, le 20/05/2010

Ambitieux.
Original.
Brillant.
Notre chronique pour ce premier tome, coup de cœur Bragelonne de l’année après Le Nom du vent l’an passé par exemple, pourrait très bien s’arrêter là. Trois qualificatifs suffiraient en effet amplement à le résumer, de façon aussi percutante que lapidaire. Mais ce roman du nouveau venu Ken Scholes mérite largement mieux, sans pour autant vouloir lui tresser des louanges sans fin.
Né d’une nouvelle, intitulée Of Metal Men and Scarlet Thread and Dancing with the Sunrise et parue en 2006, cet univers fait immanquablement songer à un classique comme Un Cantique pour Leibowitz : cantiques / psaumes, Isaac / Isaak… Nous sommes pourtant loin d’une simple resucée sauce fantasy. L’auteur a su trouver sa propre voix / voie, creusant un sillon implacable. En dehors de quelques touches évoquant la science-fantasy, l’univers lui-même n’a rien de bien foncièrement original. Un ancien et un nouveau monde, divers royaumes et factions en place, des alliances et autres intrigues diplomatiques, un savoir redoutable vestige d’une époque révolue… Mais, voilà, Scholes a bâti un univers cohérent dont on ressent immédiatement la profondeur. De même, la place accordée à l’ordre des androfranciens apporte une touche d’originalité et de réflexion bienvenue.
A dire vrai, les thèmes développés au fil du roman évoquent plus d’une fois la prose de R. Scott Bakker et son Prince du néant, mais un prince qui aurait été débarrassé d’un manteau trop lourd, du moindre soupçon de gras en trop au fil des pages. Pour pousser la comparaison plus loin, si Ken Scholes parait dans l’absolu moins virtuose, il semble en contrepartie mettre davantage l’accent sur son récit et non pas sur ses propres développements philosophiques.
La nature même des personnages de l’auteur n’est pas réellement singulière, si l’on met de côté bien sûr la figure d’Isaak, un méca-serviteur, véritable “paranoid android”, au sens premier du terme, qui porte la destruction d’un monde et d’une époque sur ses seules épaules de métal. Que ce soit Rudolfo, Jin, Pétronus… Chacun à sa façon joue son rôle (c’est le cas de le dire), sa partition, que Scholes met en scène avec un vrai talent, une maturité affirmée. Mais c’est l’alchimie des uns et des autres qui frappe surtout le lecteur et l’emporte dans le tourbillon des évènements, qui s’enchaînent ici sans relâche. Pour le coup, si ce premier tome sert bien entendu aussi à poser les bases de tout un univers, il propose avant tout une véritable histoire, dense et tendue.
Un univers innovant surtout par petites touches (particulièrement bien trouvées), des personnages efficaces mais qui pour le moment ne se distinguent pas forcément par une profondeur particulière, un récit racé mais sans surprise majeure une fois passé une centaine de pages…
Finalement, en quoi ce roman s’impose-t-il comme l’une des sorties fantasy les plus importantes du premier semestre et pourquoi pas de l’année (quant à savoir si ce cycle peut représenter la “prochaine étape” de l’évolution de la fantasy épique, comme le dit Stéphane Marsan, on attendra tout de même un peu avant de se prononcer de façon définitive… Néanmoins, c’est là le Bragelonne que l’on aime.) ? Eh bien, vous l’avez compris, c’est un tout. Univers, personnages, intrigue… Chaque élément se fond avec les autres dans une harmonie fluide et portée par un véritable souffle.
Mais la perfection n’est pas de ce monde : “Rudolfo poursuivait en riant le vent qui soufflait sur la prairie océan”. Comment ne pas tomber immédiatement sous le charme d’une plume sachant se faire aussi évocatrice, bohème, que dans cet exemple ? C’est pour cela que l’on regrette d’autant plus de voir Scholes céder globalement un peu trop souvent à l’emploi de la petite phrase laconique, schéma qui devient quelque peu redondant au fil du roman, surtout quand certains des multiples points de vue que le lecteur suit semblent de temps en temps se marcher sur les pieds. S’il fallait pointer du doigt une autre réserve, assurément beaucoup plus légère et presque histoire de plaisanter, ce serait la quatrième de couverture.
Pour une fois très réussie, elle nous promet un roman encore plus épique, encore plus sombre, encore plus tourmenté, encore meilleur, tout simplement, que celui que l’on tient entre nos mains ! Ce qui n’est pas un mince exploit.
Car s’il est peut-être encore un peu tôt pour parler de grand roman (ou en tout cas de grand cycle), comment ne pas conseiller Lamentation à tous les amateurs de fantasy, sans distinction, pour une fois ?

8.5/10

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