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Un entretien avec Ken Scholes, l’auteur de “Lamentation”
Par Linaka, le dimanche 1 février 2009 à 16:40:07
D'ores et déjà attendu comme l'une des grandes sensations de l'année 2009 dans le domaine de la fantasy, le premier roman de Ken Scholes commence à faire parler de lui de plus en plus.
Retrouvez donc pour l'occasion une interview datant de quelques jours à peine et intégralement traduite pour vous ! Et, au passage, sachez qu'un éditeur bien de chez nous et bien connu de la scène fantasy française s'est apparemment déjà emparé des droits du roman ! Ainsi, si la lecture en anglais n'est pas votre fort, sachez qu'il vous faudra seulement prendre patience !
Lamentation sera en vente de l'autre côté de l'Atlantique le 17 février.
Questions et réponses avec Ken Scholes
Sans gâcher l'effet de surprise, pouvez-vous nous donner une idée de ce qu'est l'histoire de Lamentation ?
Windwir, la plus importante cité des Named Lands (Pays Connus), siège de l'Ordre d'Androfrancine et de sa Grande Bibliothèque, est entièrement ravagée dans un acte d'une violence terrible. Lamentation suit la vie de quelques témoins-clé de la chute de cette cité, alors qu'ils cherchent à savoir qui a causé sa destruction et pourquoi.
Dites-nous en un peu plus à propos de vous. Quel est le CV de Ken Scholes ?
Eh bien, j'ai fait des apparitions ici ou là dans le monde de la nouvelle de fiction pendant presque une décennie, ma première nouvelle étant parue en 2000 dans le Talebones magazine.
Je suis originaire de l'état de Washington, bien que je vive actuellement en Oregon avec mon extraordinaire super-femme, Jen West Scholes. J'ai passé la majeure partie de ma jeunesse dans une caravane au pied du Mont Rainier. J'ai commencé à écrire en fin d'école primaire, et j'ai commencé à chercher à publier mes histoires au lycée.
Je suis un ancien joueur (Donjons & Dragons, Gamma World, Boot Hill, Top Secret) à qui manque sa Xbox 360, ces jours-ci, et pour laquelle il a parfois des droits de visite entre deux romans. Vous pouvez trouver sur Youtube au moins quelques vidéos de moi chantant et jouant de la guitare. J'ai fait un peu de tout, pour ce qui est du travail ; j'ai notamment dirigé des communautés à but non lucratif et des organisations de développement économique, j'ai réparé des armes, j'ai servi dans deux branches de l'armée et (pendant un court moment), j'ai été ministre baptiste. Actuellement, je travaille dans la passation de marché et les contrats pour une agence locale gouvernementale.
_Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le chemin parcouru par ce roman, de la forme manuscrite à la publication ?
Les Psaumes d'Isaak (The Psalms of Isaak), la série dont fait partie Lamentation, a commencé par une nouvelle, Of Metal Men and Scarlet Thread and Dancing with the Sunrise.
Quand Realms of Fantasy l'a achetée, ils ont engagé Allen Douglas pour l'illustrer. Et quant j'ai vu le travail d'Allen, j'ai soudain réalisé qu'il y avait beaucoup plus dans cette histoire que je ne l'avais cru. J'ai rapidement esquissé ce que je pensais être l'enchaînement de quatre nouvelles autour de la destruction de Windwir, puis j'ai écrit la seconde nouvelle.
Malheureusement, cela ne se suffisait pas en soi au goût de Realms of Fantasy, mais l'éditeur a ajouté une gentille note au rejet, m'encourageant à écrire un roman dans ce monde, avec ces personnages. J'avais de plus récemment gagné le concours de Writers of the Future (Ecrivains du Futur), et je recevais soudain de la part d'amis, de ma famille, d'éditeurs et de lecteurs beaucoup d'encouragement à écrire un roman.
Finalement, j'ai écrit Lamentation sur un défi de Jay Lake et de ma femme, Jen. J'ai pris la première et la deuxième nouvelle et j'ai simplement rempli l'espace de temps existant entre les deux histoires. Jay m'avait dit que si je finissais le premier jet à temps pour le World Fantasy 2006 (à juste sept semaines de là), il me présenterait à tous les gens qu'il avait rencontrés jusqu'ici qui pourraient m'aider à trouver un éditeur pour le publier. Jen m'a dit que si j'écrivais pendant tous mes moments de loisir, elle se chargerait de tout le reste dans notre vie. J'écrivais fréquemment dans la voiture, pendant les pauses déjeuner, le soir ou tôt le matin.
Pour finir, j'ai terminé à temps et le résultat fut que j'ai décroché un agent et un éditeur 13 mois tout juste après avoir commencé le roman.
_A quoi peuvent s'attendre les lecteurs en ce qui concerne les tomes suivants ? Avez-vous quelques idées de titre, des dates de sortie ?
La série continue de faire progresser l'histoire, tandis que les personnages de Lamentation (ainsi que de nouveaux personnages que l'on rencontre en chemin) continuent à se faire à un monde sans Windwir.
Cantique (Canticle) sortira en octobre 2009 – il prend place environ sept mois après les événements de Lamentation. Je travaille en ce moment sur Antiphone (Antiphon), qui devrait sortir au printemps 2010. Je commencerai à esquisser Requiem dans les quelques mois restants et je devrai avoir fini Hymne (Hymn), le dernier volume, pendant l'été 2010
Au-delà de ça, j'ai quelques autres séries en tête pour ce monde. Certaines avec les personnages que l'on a rencontré dans les Psaumes d'Isaak, et d'autres avec les ancêtres et les descendants de ces personnages.
Effectuerez-vous une tournée promotionelle pour Lamentation cet hiver, ou au printemps ? Si c'est le cas, y a-t-il des rencontres dont vous voudriez tenir au courant vos fans et lecteurs potentiels ?
Je serai présent dans le nord, jusqu'à Village Books, Bellingham, WA, près de la frontière canadienne, et dans le sud, jusqu'à Borderland Books, San Francisco. Je serai à l'University Bookstore, Seattle, le 17 février, Powell's à Beaverton le 18 février et de retour à Seattle le 20 février à Third Place Books. Je serai aussi à Radcon début février et à Norwescon en avril.
Plus de détails sont aussi disponibles sur mon blog (http://kenscholes.livejournal.com) ou bien à http://www.kenscholes.com.
Quel est à votre avis votre point fort en tant qu'écrivain/conteur ?
Je pense que mes points forts se situent probablement dans la création de personnages qui paraissent réels, et dans la création de romans dont l'action se développe rapidement, avec une économie de mots héritée du temps passé dans le monde de la nouvelle.
Dans le même ordre d'idée, quelles seraient vos faiblesses, ou les aspects de votre écriture que vous sentez devoir travailler ?
Le cadre, probablement, – et les détails les plus prosaïques de la construction d'un monde – sont je pense les points que je pourrais le plus travailler. Mais en même temps, je ne suis vraiment pas très attaché non plus à trop en faire sur ce point. Pour ma part, j'aime la notion d'Elmore Leonard, qui consiste à rejeter d'un manuscrit tout ce qui n'est pas de l'histoire.
Y avait-il des conventions reconnues de la fantasy que vous vouliez détourner ou briser quand vous avez commencé à écrire Lamentation et ses suites ?
Non, pas particulièrement. L'histoire est simplement venue des personnages et je l'ai suivie. Je suis sûr qu'en cours de route j'ai détourné ou brisé des conventions, mais sincèrement, je ne pense pas beaucoup à ce genre de choses. Raconter l'histoire – la rendre crédible par rapport aux personnages et à leur monde – c'est ce qui reste au premier plan dans mon esprit. Je pense qu'au final, que ce soit conventionnel ou non, les gens lisent pour l'histoire.
Tor Books semble mettre en avant Lamentation comme pouvant être le premier roman fantasy de l'année. Etes-vous heureux qu'un « buzz » si positif entoure le livre, ou craignez-vous que les lecteurs n'en attendent trop ?
Tor a été un partenaire extraordinaire avec qui travailler. Et je voulais Tor – ils étaient mon premier choix pour les Psaumes d'Isaak, car j'aimais la façon dont ils s'occupaient de leurs autres romans. Ils sont vraiment allés au-delà des livres, et ils ont été un grand soutien pour moi.
Le buzz est vraiment une épée à double tranchant. D'un côté, je suis ravi que les gens aiment autant ce livre. Tor a rendu tant d'épreuves non corrigées disponibles que j'ai eu beaucoup de retours, à la fois par les chroniques et par les réactions des lecteurs. Cela a été très favorable jusqu'ici ; c'était un grand encouragement pour moi alors que je travaillais sur le deuxième tome, et maintenant sur le troisième. D'un autre côté, parfois je deviens un peu nerveux. Et si le deuxième, le troisième, le quatrième ou le cinquième tome ne tient pas les promesses du premier ? Mais en vérité, la meilleure chose que je puisse faire est de me concentrer sur la narration de l'histoire, en essayant de ne pas trop penser à autre chose.
Vous avez été un prolifique auteur de nouvelles ces dernières années. Votre approche est-elle différente quand vous écrivez des nouvelles, par rapport à des projets à l'échelle du roman ?
Complètement. En effet, je peux écrire une nouvelle en une poignée d'heures – que ce soit d'un seul trait ou dans l'éventail de quelques matinées. La longueur moyenne de mes nouvelles est de 4000 mots, et je peux habituellement taper mille mots par heure dans ce cas. Mais si les nouvelles se font d'un bond, les romans sont plutôt un marathon. Bien que j'aie écrit Lamentation assez rapidement, les autres volumes semblent prendre six à huit mois pour être complétés. Cela représente beaucoup de temps, et les mots me viennent plus lentement – peut-être parce que je débute encore dans le roman. Certains jours, j'écris 300 ou 500 mots par heure pour un livre. Et pour une nouvelle, j'ai la majeure partie de l'histoire en tête pendant que je l'écris. Un roman est juste trop long pour cela, alors je finis par utiliser une combinaison de brèves notes et un brouillon, pour rester dans le bon chemin.
Finalement, c'est le même principe : Mettre ses fesses sur la chaise. Mettre les doigts sur le clavier. Ensuite, travailler régulièrement jusqu'à ce que ce soit terminé.
Le fait qu'il existe un site internet consacré à votre oeuvre est une indication que l'interaction avec vos lecteurs est importante pour vous, en tant qu'auteur. Qu'est-ce que cela vous apporte de spécial d'avoir la chance d'interagir directement avec vos fans ?
Je pense que l'interaction avec les lecteurs n'est pas seulement spéciale, mais cruciale. Je vois l'écriture un peu comme avoir un car touristique, et mes lecteurs sont ces âmes fortes qui alignent leurs dollars pour grimper à bord et me laisser les emmener faire un tour à travers les chemins délirants de ma Forêt de l'Imagination. Interagir avec eux est un important moyen de savoir s'ils ont le sentiment que leur argent est bien dépensé dans cette balade. Cela m'encourage souvent, et parfois cela me donne même un coup de pouce dans une nouvelle direction, basée sur ce que je sais les intéresser ou sur ce dont ils sont curieux.
Alors que je deviens plus occupé, je vais certainement devoir trouver de nouvelles façons plus malines d'interagir avec mes lecteurs, mais pour l'instant je suis assez facile à joindre. On peut me contacter via mon blog et mon site internet... Je suis aussi sur FaceBook. Et je tiens à me rendre à quelques festivals par an. Habituellement Worldcon et World Fantasy, ainsi qu'une poignée d'autres, plus locaux – Orycon, Norwescon et Radcon. Et bien sûr je fais des dédicaces en librairie ici ou là. Au final, j’espère y ajouter un ou deux festivals, au hasard, ce qui me permettra de rencontrer mes lecteurs dans d’autres zones du pays.
Si vous aviez le choix, prendriez-vous un New Tork Times bestseller ou un World Fantasy Award ? Pourquoi, exactement ?
Eh bien, si j'avais le choix, j'aimerais quelques douzaines de chaque, en fait. Cependant, c'est une bonne question. Je pense que je pencherais du côté du bestseller. Cela indiquerait un niveau de succès commercial qui, idéalement, me permettrait de me concentrer sur l'écriture à plein temps en tant que moyen de subvenir aux besoins de ma famille.
Quels sont les auteurs qui suscitent votre admiration ? Beaucoup d'auteurs de fiction spéculative ne lisent pas beaucoup dans le genre. Est-ce le cas pour vous ?
Il y en a eu pas mal, et mes influences ont changé alors que j'évoluais à la fois en tant que lecteur qu'en tant qu'écrivain. Bradbury a sans doute été le premier. Burroughs, Howard, Moorcock, Leiber, Waldrop, Dick, Ellison, Zelazny et Stephen King m'ont tous laissé bouche bée d'admiration à un moment ou à un autre. J'apprécie aussi Elmore Leonard, Tom Clancy, Ken Follett et Nelson DeMille.
J'ai toujours lu en dehors du genre – j'ai grandi en lisant des romans policiers, des westerns et des thrillers d'espionnage, de concert avec quelques connaissances dans les classiques, la poésie et la littérature non fictionelle. Mais depuis que j’ai commencé à écrire des romans, j’ai remarqué que je lis moins de SF et de fantasy. Pour le moment, je lis plutôt de la littérature blanche, bien que je me retrouve souvent à languir après un bon roman.
L’illustration de couverture est devenue un sujet brûlant ces derniers temps. Quel est votre avis à propos de cette facette d’un roman, et que pensez-vous de la couverture attribuée à Lamentation ?
Je pense qu’une bonne couverture peut amener un lecteur à prendre un livre et y à jeter un coup d’oeil de plus près. Irene Gallo, la directrice artistique de Tor, fait un travail remarquable pour repérer les bons artistes pour leurs livres. J’étais enchanté qu’elle ait engagé Gregory Manchess pour ma couverture. C’est un artiste brillant et sa couverture pour Lamentation m’a soufflé. Je sais qu’il travaille sur la couverture de Cantique en ce moment, et je suis impatient de voir ce que cela va donner. Je sais que ce sera sensationnel.
De plus en plus, les auteurs/éditeurs/publiscistes/agents découvrent le potentiel de tous les blogs/sites internets/forums de SF et fantasy sur internet. Gardez-vous un oeil sur ce qui y est discuté, spécialement si cela vous concerne ? Ou est-ce une distraction trop grande ?
J’essaie de garder un oeil sur ce qui se dit mais je suis sûr que j’en rate beaucoup. Je suis rarement des blogs et je tiens tout juste mon propre blog à jour. Et récemment, je n’en ai simplement pas eu le temps, entre les romans, mon travail le jour et ma vie vraiment bien remplie.
Honnêtement, pensez-vous que le genre de la fiction spéculative en viendra un jour à être reconnu comme de la vraie littérature ? Pour être franc, en ce qui me concerne je trouve qu’il n’y a jamais eu autant de bons livres/séries que nous en avons maintenant, et pourtant il y a toujours très peu de respect (pour ne pas dire aucun) associé au genre.
Je ne suis pas certain que cela importe, pour être franc. Je pense que beaucoup de genres sont laissés de côté mais au bout du compte, ce sont des livres particuliers qui ont faut leurs preuves dans le temps qui peuvent s’élever au statut de vraie littérature. Je ne m’inquiète pas trop de savoir si mon travail fait partie d’un genre « respectable ». Pour moi, je suis simplement heureux de raconter une histoire que les lecteurs apprécient, et qui les transporte jusqu’au bout.
Voulez-vous ajouter quoi que ce soit ?
Non, je ne pense pas.
Article originel, par Patrick Saint-Denis.
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