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Utopiales 2015, quelques échos

Par Foradan, le samedi 7 novembre 2015 à 14:25:57

UtosLes portes de la Cité, le centre des congrès de Nantes, viennent de se refermer derrière nous, il est temps d'évoquer quelques moments de cette édition 2015 qui se déroulait du 29 octobre au 2 novembre.
Tout d'abord, même si on le dit chaque année, les Utopiales ont beau être tournées vers la science et la science-fiction, une bonne part des thématiques touche des intérêts bien plus larges, débordant sur la fantasy, effleurant le fantastique et faisant parfois fi des étiquettes. Notre ressenti tentera de couvrir cette diversité, même si ce sera de manière très légère. Et pour cause, une journée « normale » dure de 10 heures à 23 heures et contient plus de 35 activités (conférences, rencontres avec un invité, films, ateliers) et cela sans compter les animations permanentes (un Oculus Rift pour visiter Mars, des expositions... ), les passages en librairie et les séances de dédicaces (et pour certains, un programme d'interviews en supplément).
N'oublions pas de remercier l'organisation et les bénévoles du festival, et tout particulièrement les attachés de presse, Xavier Fayet et Estelle Lacaud, qui n'ont pas leur pareil pour jongler avec les plannings et les desiderata de tout le monde - c'est aussi grâce à eux que vous pourrez bientôt découvrir tout ce que nous avons rapporté dans nos bagages.
Pour l'ambiance du soir, il n'en sera pas fait mention ici, mais c'était bien.
Les comptes-rendus se succéderont au gré des retranscriptions.
Mise à jour du 7 novembre, le compte rendu (et photos) d'Elwing.

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Souvenirs de tables rondes, par Foradan

Dans un programme si dense, chaque choix était un renoncement à autre chose, hormis certains cas qui bénéficiaient d'une priorité.
(Ce qui est rapporté ci-après reflète en synthèse les propos tenus pendant la conférence, telles qu’elle ont été retenues par l’auditeur : toute nuance de propos comme l’ironie ou la provocation restera à l’appréciation du lecteur).

The Pratchett Legacy

Le traducteur, l'éditrice et d'autres auteurs à évoquer ce que représente pour eux Sir Terry et son oeuvre. Dans la rédaction de « De bons présages », il semblerait que chacun des auteurs se soit retrouvé dans les personnages principaux : Terry dans Aziraphale et Neil Gaiman dans le costume de Rampa.
La plupart des invités analysent Pratchett comme un auteur de science fiction, en vertu de son goût pour les sciences et la logique, et sa façon de structurer son texte : de la science fiction avec des dragons, une magie encadrée et régulée, même le hasard n’existe pas, la MORT n’est pas plus inéluctable que le Destin…
Autre caractéristique du style Pratchett, c’est sa façon de fixer des règles à la réalité, d’utiliser des symboles et des croyances et d’en faire autre chose (le père Porcher, la Mort, Ridculle…), maniant l’absurde en détournant un outil conceptuel (des figures d’autorités a priori absolues qui ont du mal à se faire obéir) pour proposer une pensée et une réflexion sur un propos politique, scientifique ou sociétal : se faisant, il fournit une sorte de pédagogie de l’humanité, montrant ses travers grotesques.
Pratchett, c’est aussi une foule de défis pour le traducteur, avec des blagues et des jeux de mots, des références, des citations de films ou de pièces de théâtre (heureusement, des sites de fans anglophones font un énorme travail de référencement), mais aussi des niveaux de langages (des variantes sur l’anglais d’Ecosse, d’Australie…) et pour corser le tout, des notes de bas de page qui ont leur propre vie dans le roman.

Les réalités augmentées : et s’il n’y avait plus de frontières entre réel et virtuel ?

Les usages de la Réalité Augmentée sont variés, dans les domaines médical (assistance au handicap, environnement virtuel pour l’entrainement chirurgical), spatial (simulateur de voyage) et divertissement.
Les risques entrevus sont la manipulation des esprits et les allergies (comme pour ceux qui ne supporte pas la 3D)
Une nuance entre l'écran et le casque/lunettes est que l'écran permet la co-réalité tandis que le casque/lunettes provoque l'immersion, la coupure du réel et une capture d'attention bien supérieure.
Dans les visions optimistes, on note que les objets ont tendance à s'adapter à l'humain qui crée le réel artificiel dont il a envie, même si cela revient à -trop- le simplifier, en favorisant la vue et l'ouïe au détriment des autres sens : le réel authentique est puissant.
Et la réalité artificielle existe déjà dans chaque roman qui pousse le cerveau à reconstituer des sensations à partir des mots.

Expérience de pensée : et si une découverte archéologique modifiait notre interprétation du passé ?

Le passé nourrit notre présent : avec une continuité rétroactive, le passé peut réécrire le présent
Modifier l’apprentissage du passé permet de pervertir l’éducation (créationnisme, apartheid, légitimation des colonisateurs et des idéologies)
Les sciences du passé permettent de connaître la source du présent : rétro-construction des relations de cause à effet et reconstitution d’un scenario plausible et cohérent ; on peut tester l’histoire pour interroger sa fiabilité : un scenario qui se révèle faux renseigne sur la mentalité de ceux qui y ont cru et révèle nos aveuglements (comme la comète annihilant les dinosaures)
L’histoire fiable ne porte que dans la limite de notre mémoire : l’oubli altère l’histoire, le passé est subjectif et l’histoire connue a peut-être été inventée (comme dans le cas d’un acteur ayant remplacé Churchill pour un discours à la radio). L’oubli est le compost de l’invention, il permet de puiser dans les éléments qui nous favorisent (on donne des vertus à ses ancêtres)
En suivant le temps de la cause vers l'effet, l’expérience du présent permet de faire des prédictions.

Quand les réalités biologiques dépassent le bestiaire de l'imaginaire

Les créatures fictives les plus populaires sont les vers des sables dans Dune, l'alien (des films Aliens), Totoro, les banshees d'Avatar et les kaiju (Pacific Rim et Godzilla)
Qui dit créature dit écosystème qui pose des contraintes pour que la créature soit plausible dans son environnement. Tout ajout morphologique a ses conséquences et suffit parfois à faire de l'exotisme à peu de frais (plus facile d'ajouter des membres sur un insecte que sur un mammifère).
Le texte et l'image doivent véhiculer, chacun à leur manière, la description de la créature : un "bélier ailé" ressemblera t il à un canard avec des cornes ou à un mouton avec des ailes ? Ainsi, un auteur peut être frustré de ne pas "voir" l'image de sa créature et être surpris par son illustrateur.
Une méduse volante est simplement déplacée de son milieu naturel, un microorganisme dont la taille est modifiée, la SF se contente parfois de piocher dans le réel biologique en y ajoutant une variante.
L'intelligence n'est ni l'apanage des humanoïdes ni une condition essentielle de l'évolution ; il existe des créatures non biologiques (nuages, minéraux) et des créatures conscientes mais non vivante.

Expérience de pensée : et si le futur avait commencé plus tôt, où en serions-nous aujourd'hui ?

Sous-entendu, si le futur a déjà commencé et certains nous l'ont confisqué pour empêcher nos modes de vie de changer.
Attendu que le futur commence en permanence, ce qu'on appelle futur n'est que le décalage ressenti par rapport à notre réalité technologique, sociétale et autre.
Avant la Révolution de 1789, la France avait une influence dominante sur le monde : un enchaînement d'effets (depuis la Fronde de 1648 jusqu'à l'éloignement du pouvoir à Versailles) ont des conséquences sur un nouveau futur. Le processus de collaboration industrielle et scientifique de la Première guerre mondiale est une étape vers le développement atomique et le projet Manhattan : certains événements entrainent le futur dans un mouvement.
Le temps s'écoulant a priori depuis le passé, il y a à chaque instant plusieurs futurs possibles, et ces futurs manqués peuvent créer de la nostalgie.

Les faux-semblants du pouvoir : représentation de la vie politique dans la science-fiction.

Toute société, même réduite, contient sa part de politique, de hiérarchie, de choix sur ce qui est bien et mal. Quel que soit le régime, des modérés peuvent être tentés par des mesures extrêmes afin de garder le pouvoir.
Un système politique peut devenir caractéristique d'une époque (1984, Juge Dredd) y compris pour y être dénoncé (le schtroumpfissime). Dans Astro, le petit robot, Tezuka propose un héros post Hiroshima avec un coeur atomique, un lien entre robots et humains qui tente de montrer une autre face de l'atome.
Il y a une distinction nette entre la vision à court terme de la politique actuelle et les mouvements de transition qui envisagent le très long terme, ainsi qu'une scission de fait entre la politique locale et humaine et une politique de supervision désincarnée dans un centre de décision éloigné.
Ceci dit, en fiction comme dans la réalité, tout système qui est combattu pose le problème suivant : à sa chute, qu'est-ce qui prendra la suite ?

Zombification : quand la mort n'est qu'un changement d'état biologique.

La mode du zombie correspond à une vision pessimiste de la société et une peur de la déchéance d'une société hypocondriaque, ainsi qu'un prétexte pour parler de la société, ses crispations et ses exclusions ; le zombie représente l'exclu, sous différentes formes selon les créateurs : adolescents, seniors, vagabonds, malades. Mais le zombie peut aussi être montrer sous un jour social, voire romantique, exclu par nature mais que la société tente d'intégrer. le vivant est l'autre, le dominant, celui qui exclue.
On est passé du zombie unique de Frankensteinà l'épidémie qui révèle par elle-même une crainte collective.
Le zombie peut être sauvage (littéralement brainless) ou intelligent notamment lorsqu'il mange un cerveau, voire considéré comme victime d'un coma hémostatique dans un monde politiquement correct.
Biologiquement, il existe des parasites modifiant le comportement de leurs hôtes, allant jusqu'à mettre leurs vies en péril au profit du parasite (notamment chez les fourmis).
Autant le fantôme est un esprit sans corps, autant le zombie est, majoritairement, un corps sans esprit, les deux hantant le monde des vivants faute d'avoir trouvé une place dans l'au-delà, exclus de la vie comme de la mort.

  1. Souvenirs de tables rondes, par Foradan
  2. Utopiales 2015, par Elwing Lasgalen

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