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The Magicians - le bilan de la saison 1
Par Merwin Tonnel, le vendredi 15 avril 2016 à 10:00:04
Il n'y a pas que Shannara qui a récemment terminé sa première saison télévisée, The Magicians en a fait de même sur la chaîne SyFy. Adaptation des romans de Lev Grossman, la série a pas mal fait parler d'elle sur notre forum mais nous n'avions pas proposé de résumés épisode par épisode, comme Zakath Nath avait pu le faire pour The Shannara Chronicles ou Jonathan Strange & Mr. Norrell. Pour nous rattraper, Zakath nous propose donc un bilan général de la saison 1 de The Magicians, à l'instar de ce qu'elle nous avait proposé pour la saison 2 de Penny Dreadful.
Alors, The Magicians, la nouvelle série fantasy à suivre ?
Bilan de la saison 1
Lorsque The Magicians, de l’auteur américain Lev Grossman, a été publié en 2009, le roman a vite attiré l’attention par le thème qu’il traitait, à savoir une relecture des histoires d’école de sorciers alors que le dernier tome d’Harry Potter était encore frais dans les mémoires, mais également des Chroniques de Narnia de C.S. Lewis qui venaient de connaître une adaptation sur grand écran. Une relecture qui se voulait plus adulte et sombre, même si non dénuée d’humour. On suivait le personnage principal, Quentin Coldwater durant ses études de magie à l’université de Brakebills aux côtés de ses camarades avant de les voir explorer Fillory, monde magique décrit dans une série de livres pour la jeunesse et dont ils découvraient la réalité, bien moins enchanteresse que dans leurs souvenirs de lecture. Les avis ont été assez partagés sur le résultat, mais le roman a eu assez de succès pour connaître deux suites, The Magician King et The Magician’s Land et la trilogie a attiré l’attention de la télévision.
D’abord envisagée sur Fox, c’est finalement Syfy qui diffusera la série scénarisée par Tom McNamara, qui a travaillé sur des projets aussi divers que Profit et Lois and Clark, et Sera Gamble, surtout connue pour sa participation à Supernatural. Une saison de 13 épisodes ouvre le bal.
Plutôt que de suivre l’exemple du Game of Thrones des débuts et de consacrer une saison à chaque tome, il a été décidé de prendre davantage de distance en menant parallèlement plusieurs intrigues. Une idée qui n’était pas forcément absurde afin d’éviter de laisser de côté pendant toute une saison un personnage comme Julia, l’amie d’enfance de Quentin recalée à l’examen d’entrée de Brakebills et qui apprend la magie de façon irrégulière, ce que l’on découvre par flashbacks dans The Magician King, ou de diviser la saison en deux parties très distinctes et d’abandonner complètement l’université dans sa deuxième moitié. Les enjeux ont également été renforcés par rapport à l’œuvre d’origine, le Fauve devenant une menace connue des enseignants de Brakebills et portant un intérêt particulier aux héros.
Malheureusement, l’ensemble ne fonctionne pas et la construction des épisodes et de la saison entière s’en ressent, ainsi que l’écriture des personnages. Par exemple, les professeurs, tout en étant conscients du danger que représente le Fauve sont inutiles au point où l’on se demande s’il était vraiment nécessaire de les impliquer dans cette intrigue. Même en tant que simples formateurs ils sont assez transparents car l’on assiste à peu de scènes de cours. Certes, il s’agit d’une université et les élèves sont majeurs, donc on doit attendre d’eux plus d’autonomie que d’un pensionnaire de Poudlard mais l’apprentissage de la magie reste très flou.
Les personnages principaux semblent également être réduits à un trait de caractère présent dans les livres poussé à l’excès : Quentin (Jason Ralph) était insatisfait et se réfugiait dans Les Chroniques de Fillory ? Il a ici fait un séjour en asile psychiatrique et est une caricature de geek qui se fait marcher sur les pieds par tout le monde. Penny (Arjun Gupta) attaque une fois Quentin dans le roman et était peu populaire car arrogant ? Il devient la brute pas si méchante sous ses dehors rudes mais perpétuellement agressif ou cynique, et tant pis si le Penny d’origine était dans son monde et même bien plus enthousiaste que Quentin à l’idée de découvrir Fillory. Alice était timide au premier abord mais pouvait être très drôle une fois qu’on apprenait à la connaître ? On se retrouve avec une coincée perpétuellement vêtue de robes à col Claudine et son interprète, Olive Taylor Dudley, arbore en permanence une moue navrée censée représenter son mal-être. Hale Appleman, qui incarne Eliot, est peut-être l’acteur ayant le meilleur jeu, mais hélas, encore une fois on le cantonnera en fin de saison dans un seul registre ce qui laisse une impression de gâchis.
Le rythme est également particulièrement chaotique. Certains épisodes s’égarent dans des sous-intrigues sans grand intérêt (l’histoire du Génie) tandis que l’épisode final est chargé en moments-clés qui se retrouvent précipités sans qu’on puisse approfondir les réactions des personnages à des événements qui le méritent (en particulier ceux qui affectent Eliot et Julia) et certaines révélations qui auraient dû être surprenantes tombent à plat puisqu’on doit immédiatement enchaîner sur autre chose et se rendre ailleurs.
Enfin, si les effets spéciaux ne sont pas mauvais, on sent les contraintes budgétaires importantes, notamment pour tout ce qui touche à Fillory. Voir le bélier Ember transformé en faune pour ne pas animer un personnage entièrement en CGI peut passer malgré la déception car après tout, on reste dans le registre de la fantasy, en revanche la parade humoristique pour justifier de ne pas montrer le château fait sourire tout en mettant en relief le problème, encore mieux illustré par les animaux intelligents peuplant Fillory : affubler un chien d’une redingote et l’attabler dans une taverne ne fait pas illusion tant la pauvre bête à l’air de se demander ce qu’elle vient faire dans cette galère. On peut comprendre que la série n’ait pas les moyens de présenter une débauche de scènes spectaculaires et de créatures magiques, mais il est difficile de croire que même un joli décor comme la « tombe » d’Ember soit hors de portée et que l’on en soit réduit à recycler le bureau de Plover sous un prétexte quelconque. Difficile du coup de se sentir dépayser par Fillory, ni même de ressentir son aspect sombre (Quentin nous explique bien que ce monde vit sous la tyrannie du Fauve mais cela n’a pas l’air de traumatiser outre mesure ses habitants).
Malgré tous ces défauts qu’on espère voir corrigés pour une deuxième saison déjà officialisée, ce qui est préférable compte-tenu du cliffhanger sur lequel on nous quitte, la série n’est pas complètement dépourvue d’intérêt. La première apparition du Fauve est notamment très réussie, les épisodes qui ne s’éparpillent pas sur trop de fronts sont plutôt convaincants, ce qui laisse supposer qu’une amélioration est encore possible. Un espoir peut-être suffisant pour donner sa chance à la saison suivante, mais si les scénaristes ne donnent pas très vite l’impression d’avoir tiré les leçons de leurs erreurs, l’indulgence risque d’être de courte durée.
Article rédigé par Zakath Nath
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