Ou fin de série ?
Pour l'heure, cette production adaptée de l'œuvre de Terry Brooks n'a pas encore été renouvelée pour une seconde saison par la chaîne MTV, mais bien entendu, ce n'est pas ce qui allait empêcher notre camarade Zakath Nath de se pencher sur le résultat et ce grand final !
Bonne lecture.

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Épisode 10 : Ellcrys

Tout est prêt pour le grand final de la saison 1 lorsque cet épisode débute : le Dagda Mor est sur le point d’attaquer Arborlon à la tête de son armée de démons tandis qu’Amberle a atteint Safehold avec la graine de l’Ellcrys.

Néanmoins, elle n’y arrive que pour découvrir que sa mission est loin d’être accomplie puisqu’elle apprend qu’elle est elle-même la graine de l’Arbre sacré et doit donc revenir prendre sa place dans la capitale du royaume des Elfes. On est en droit de se demander à quoi servait tout ce voyage en dehors de justifier le nombre d’épisodes nécessaires pour remplir la saison. On peut supposer qu’il fallait qu’Amberle passe par une série d’épreuves pour accepter son sacrifice ou pour avoir le pouvoir de devenir l’Ellcrys. C’est l’explication la plus plausible et la plus classique mais elle n’est pas vraiment explicite.

Pendant ce temps, Wil utilise ses Pierres elfiques pour remettre Eretria sur pied. Depuis le premier épisode, on insiste sur le fait que l’utilisation des Pierres a un prix, et les premières fois où le semi-elfe y a eu recours, on en avait eu un aperçu : évanouissements, brûlures à la paume… De plus, le sort de son père, qui avait fini complètement alcoolique, faisait également office d’épée de Damoclès. Cet élément empêchant le héros de devenir surpuissant et de se sortir de toutes les embuches sera mis au placard pendant tout l’épisode : il ressuscite presque sa camarade, détruira un peu plus tard quelques démons, tout ceci sans même un léger vertige.

Le trio est en tout cas à nouveau réuni sans qu’Amberle ait le cœur de révéler aux autres ce qu’elle a appris, mais Eretria ne tarde pas à être laissée en arrière pour donner à ses amis l’occasion de fuir les Trolls qui ont élu domicile dans les ruines du métro san-franciscain et de rejoindre Arborlon sur deux chevaux déjà scellés qui les attendaient fort opportunément à quelques pas de la sortie. Quitte à faire revenir les héros à leur point de départ de façon bien plus rapide qu’à l’aller et presque sans encombres, pourquoi n’avoir pas ramené Perk qui leur avait donné un moyen de le joindre en cas de besoin il y a de cela quelques épisodes ?

À Arborlon, tout le monde se prépare à l’assaut qui se profile, sauf Catania qui s’en va visiter Bandon dans sa cellule et l’aide bien malgré elle à s’échapper. Le personnage de Catania a été insipide depuis le début de la saison et son histoire d’amour avec l’apprenti d’Allanon n’a jamais été particulièrement palpitante mais à cette occasion, la suivante d’Amberle devient officiellement le protagoniste le plus empoté de la série depuis le décès de Crispin. Tout ceci n’aura cependant pas un grand impact sur la suite de l’épisode, consacrée à la bataille tant attendue.

De ce point de vue, le contrat est plutôt bien rempli. Le fait qu’Arborlon se trouve au milieu d’une forêt et non en terrain découvert permet de limiter les plans d’ensemble sur l’étendue des forces en présence et de se concentrer sur de petits groupes et ainsi dissimuler du mieux possible le manque de budget et de figurants.

Alors que le triangle amoureux Ander/Tilton/Arion paraissait être parvenu à une résolution à la mort de l’aîné des princes elfes, voici que Tilton trouve la mort lors de la bataille, de la main d’un Arion revenu à la «vie » grâce au pouvoir du Dagda Mor et forcé de se battre contre son peuple jusqu’à ce qu’Ander le délivre en le tuant une deuxième fois. Tous les ingrédients d’une grande tragédie sont là, malheureusement expédiés en moins de cinq minutes ce qui réduit une séquence voulue poignante à une simple péripétie pour donner à Ander quelque chose à faire (et être toujours torturé si la série est renouvelée).

Le principal triangle amoureux trouve également une conclusion quand Amberle, comme il se doit, choisit de se sacrifier pour sauver le monde. Il est assez agréable de voir que les scénaristes ont conservé telle quelle la destinée du personnage plutôt que de lui donner une porte de sortie pour une deuxième saison, mais dans le cadre d’un triangle amoureux, tuer ou rendre inaccessible un de ses membres pour que celui à qui revient le choix (en l’occurrence Wil) n’ait pas à le faire est vraiment la solution de facilité par excellence. Il est un peu étrange également d’avoir décidé de montrer Allanon vaincre le Dagda Mor avant la renaissance de l’Ellcrys. Sans que cela rende l’arbre inutile puisqu’il permet encore une fois de chasser les démons des Quatre Terres, cela donne l’impression qu’il n’était pas aussi indispensable qu’on le disait depuis le départ.

La saison aura finalement couvert l’intégralité du livre adapté, malgré de nettes différences, mais laisse des pistes ouvertes pour une éventuelle saison 2, qui n’est toujours pas confirmée à l’heure où je tape ces lignes. Néanmoins, l’option envisagée semble être de conserver Wil et Eretria comme personnages principaux à en juger par le cliffhanger qui se clôt sur cette dernière, plutôt que de risquer de présenter une nouvelle génération de héros tout en gardant Allanon comme mentor et en promouvant Bandon nouveau grand méchant.

La dernière séquence n’était en tout cas pas indispensable même dans le cas où l’on aurait choisi de poursuivre avec les mêmes héros. Cela invite aux spéculations (qui Eretria voit-elle ? Cephelo qui ne serait toujours pas mort ? Tye ou un autre habitant d’Utopia ?) mais on aurait pu se contenter d’une saison se suffisant parfaitement à elle-même et ne laissant le sort d’aucun personnage vraiment en suspens tout en laissant pointer une nouvelle menace pour les années à venir.

Bien que l’épisode ne soit pas dépourvu des facilités habituelles, il tient les promesses qu’on pouvait attendre d’une fin de saison pour cette série : le but fixé dès le départ, sauver l’Ellcrys pour repousser les cohortes du Dagda Mor, est rempli, on ne nous prive pas d’un affrontement final où tout le monde ou presque joue son rôle et le tout est mené sans trop de détours inutiles. Compte-tenu de l’œuvre de base et des choix d’adaptation faits jusque-là, la saison se referme tout de même sur l’impression d’avoir assisté à un spectacle plutôt divertissant, bien que très oubliable.