Vous êtes ici : Page d'accueil > Fantasy > Romans Fantasy > La reine sirène


La reine sirène

Titre VO: Siren Queen

ISBN : 979-103600223-6
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Nghi Vô (Proposer une Biographie)
Traduction : Cabon, Mikael

Quand un cinéma ouvre ses portes à une rue de la blanchisserie de ses parents et qu’elle assiste à la projection de Roméo et Juliette, Luli Wei voit naître l’ambition qui dictera toute sa vie : devenir une star hollywoodienne.
Elle le sait, l’univers du septième art est dangereux. Cruel. Et en tant que jeune femme queer, d’origine asiatique, elle devra payer son succès au prix le plus fort : les démons pulluleront, chaque contrat sera négocié et signé de son sang, et les producteurs chercheront à s’emparer de tout ce qu’elle possède – de son visage à son identité, sans négliger les femmes qu’elle aime.
Mais qu’importe. Luli Wei est prête à tout pour vivre selon ses désirs, quitte à renoncer à son humanité.

Critique

Par Gillossen, le 02/05/2025

Après Les Beaux et les Élus, Nghi Vo poursuit sa relecture des mythes américains par le biais de la fantasy. 
Et avec La reine sirène, elle s’attaque cette fois à “l’âge d’or” d’Hollywood, revisité dans une version teintée de magie, où les studios fonctionnent littéralement grâce à des pactes occultes, et où devenir une star exige bien plus que du talent et de l’ambition : il faut être prêt à y laisser une part de son âme. Au cœur de ce récit, on suit Luli Wei, une jeune femme d’origine sino-américaine qui refuse de se cantonner aux rôles dégradants réservés aux actrices racisées. Elle a bien l’intention de briller de tous ses feux, quitte à incarner des monstres, tant qu’elle peut conserver sa dignité et ses choix. Portée par une narration à la première personne percutante, elle trace sa route dans un univers où les studios s’affichent - c’est le cas de le dire… - comme des entités prédatrices, littéralement monstrueuses.
Nghi Vo construit ici un roman hybride, à la croisée du conte cruel et de la satire sociale. L’atmosphère est aussi soignée que dérangeante : derrière les paillettes et les projecteurs, on devine aisément les mécanismes de domination, qu’ils soient raciaux, genrés ou magiques. L’autrice ne cherche pas à édulcorer l’époque qu’elle dépeint ; elle la tord pour souligner les violences systémiques. Il en résulte une lecture parfois exigeante, mais toujours dotée d’un cachet certain.
Luli Wei n’est pas une héroïne “sympathique” ou attachante au sens traditionnel du terme, mais c’est précisément ce qui fait sa force. Ambitieuse, calculatrice, fière, elle refuse de se soumettre aux règles du jeu et sa trajectoire évoque autant une quête initiatique qu’un pacte digne de Faust. Le roman ne s’embarrasse pas de sous-intrigues inutiles : il suit son personnage principal avec une belle intensité, et c’est ce choix qui donne au récit sa pleine saveur.
La reine sirène n’est peut-être pas un roman destiné à tout le monde : son rythme fragmenté, sa narration elliptique et son onirisme assumé peuvent désarçonner. Mais pour celles et ceux qui se laisseront happer dans les couloirs et les coulisses des studios, le voyage vaut largement le détour. Personnellement, je ne sais pas si c’est juste une affaire de période historique ou de personnages principaux, mais je préfère largement le sillon qu’elle exploite ici et dans son roman précédent que celui des archives des Collines-Chantantes.

Discuter de La reine sirène sur le forum.



Dernières critiques

Derniers articles

Plus

Dernières interviews

Plus

Soutenez l'association

Le héros de la semaine

Retrouvez-nous aussi sur :