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Aujourd’hui en salles : le Septième Fils

Par Gillossen, le mercredi 17 décembre 2014 à 13:00:00

Distribution

L’approche internationale du réalisateur russe allait prendre un tour très personnel. Pour que le public du monde entier puisse s’identifier à l’histoire, cette dernière a été transposée de l’Angleterre médiévale à un monde moyenâgeux fictif, habité de toutes sortes de races différentes. Ce qui a permis à la production un choix très large dans la constitution de sa distribution.

Pour incarner Maître Gregory, il fallait un acteur mature d’une carrure et d’un charisme de notoriété publique, capable d’apparaître tout à la fois âgé mais vigoureux, taciturne mais malicieux et surtout charmant même avec une humeur de chien. Le choix de Jeff Bridges s’est immédiatement imposé, et il ne faisait aucun doute que sa personnalité plus large que nature amènerait le coffre et la profondeur souhaitée à ce preux chevalier. L’acteur a très vite été séduit par le projet, tout d’abord car il appréciait beaucoup les livres de Delaney, où le combat des forces en présence n’est pas manichéen. Ensuite l’idée d’incarner le dernier survivant d’un ordre composé de chevaliers hors pair était pour le comédien une expérience plaisante et valorisante. Et finalement la perspective d’être dirigé par Sergei Bodrov, dont il avait adoré les films Le Prisonnier De La Montagne et Mongols, l’enthousiasmait vraiment. Une rencontre qu’il n’a pas regrettée, où il a fait l’expérience d’une direction d’acteur toute en nuances, riche de l’exploitation du moindre non dit, où tout était mis à disposition pour rester le plus créatif possible.

Maître Gregory est seul responsable d’une lourde tâche : il est chargé de garder le monde des forces du mal, sans pour autant recevoir la plus petite reconnaissance. Il est le dernier représentant d’une confrérie dont chaque membre est le septième fils d’une fratrie de sept frères. Et chaque septième fils est destiné à être sept fois plus fort, plus intelligent et courageux qu’un homme ordinaire. Évidemment ce n’est pas monnaie courante, mais c’est la seule et unique base de recrutement. Tom n’est pas le candidat rêvé, loin de là, mais c’est le seul qui remplisse les critères. Ben Barnes, le prince Caspien du Monde De Narnia, possédait le charme et l’entrain nécessaire pour faire le poids aux côtés de Jeff Bridges. Tom, est le fils d’un éleveur porcin, décalé et tourmenté, hanté par des visions et victime de crises d’épilepsies. Il n’a aucune confiance en lui-même, et personne n’a confiance en lui. La relation entre les deux hommes est le pivot du film. Il fallait un comédien jeune pour incarner l’innocence, mais assez talentueux pour ne pas être effacé par le charisme de son aîné. La méfiance réciproque de leurs deux personnages faisait écho à la relation des deux comédiens sur le tournage. Ben nous confie: « J’étais assez terrifié par l’aura d’un acteur comme Jeff Bridges, plus grand que nature, avec des yeux bleus perçants, un comédien d’une telle renommée, avec une telle expérience et une présence si forte, qu’il était difficile de ne pas se sentir déstabilisé en face de lui. Et comme notre rapport dans le film est assez vachard, vu la manière dont Grégory est contraint de choisir Tom, car il n’a pas d’autre choix, je me suis dit que j’allais passer par une sorte de bizutage en règle. Ça a duré la première semaine de tournage...Ensuite, comme c’est le cas dans le film, notre rapport a évolué et on s’est entendus comme larrons en foire, j’ai adoré travailler avec lui, et il m’a même donné quelques tuyaux, exactement comme Gregory le fait pour Tom ! »

L’arrivée de Maître Gregory et son obstination à emmener le jeune homme déstabilisent tout le monde, sauf une personne, la mère du jeune homme, incarnée par Olivia Williams. Elle sait depuis toujours que « Le dernier né des nombreux enfants issus de sa couche » le plus vulnérable, celui avec lequel le lien est le plus fort, avec qui l’instinct maternel est le plus développé, est promis à une destinée hors normes. Mais il y a plus... et la découverte de ce secret, si elle renforcera Tom lui coûtera aussi beaucoup...Mais pour le moment, cette mère se tait et se contente de donner à son fils son pendentif, le conjurant de ne jamais l’ôter, afin d’avoir sur lui en permanence la pierre d’Ombre dont l’histoire est aussi complexe que la sienne... Les femmes ont une influence décisive dans le destin de Tom, et celle de Malkin, la reine des sorcières qu’il devra affronter, n’est pas la moindre.

La présence sur le plateau de Julianne Moore, qui incarne l’ennemi juré de Maître Grégory, était très réconfortante pour les producteurs, car son talent était l’assurance d’une prestation impressionnante dans l’exercice d’interprétation périlleux que requiert un rôle de sorcière maléfique, qui peut facilement tourner à la caricature. Il fallait une femme qui ait la même envergure, l’expérience et le charisme que son alter ego masculin, et qui puisse de surcroît devenir terrifiante à loisir. «Julianne alliait tout cela à la fois, le charme vénéneux d’une femme bafouée, meurtrie, qui rassemble des pouvoirs de séduction dévastateurs pour mieux assouvir sa vengeance. Belle, incroyablement sexy, dangereuse, elle était le contrepoint parfait de Gregory, et son duo avec Jeff Bridges fonctionnait à merveille.» Et surtout il était primordial que le fantôme de son amour pour Grégory puisse être tangible. Pour la comédienne, c’était l’occasion de renouer sur les écrans avec son partenaire et ami avec qui elle n’avait pas retravaillé depuis The Big Lebowski en 1998. Et c’était son premier rôle de sorcière, elle déclare «Un exercice assez jouissif pour une comédienne, surtout de mon âge ! Et le fait de donner la réplique à quelqu’un d’aussi talentueux, humain, créatif et curieux de tout, que Jeff c’était la cerise sur le gâteau. » Mère Malkin a un passif émotionnel chargé, que ce soit son amour pour Grégory qui l’a trahie, ou l’humanité entière qui l’a rejetée. C’est ce qui la rend terrible. La torture et la persécution systématique l’ont fait basculer du côté obscur, elle s’est mise à pratiquer la nécromancie, et à boire le sang de ses victimes pour absorber leur énergie. Notamment celui des nouveaux nés, ce qui lui valut son surnom qui n’a rien de maternel dans un sens conventionnel. Tout comme Jeff Bridges, elle confirme qu’en tant que comédienne l’approche du réalisateur russe a été le point sensible du film : «Si tout était surnaturel et fictif autour de nous, Sergei attendait des acteurs des émotions sincères et profondément humaines. La nature des relations entre les personnages était pour lui l’articulation de toute l’histoire. C’est un réalisateur qui possède une sensibilité et une créativité hors normes. »

Face à la terrible nécromancienne il fallait dans le rôle d’Alice, la sorcière demi-sang une jeune fille à la présence ensorcelante. Alicia Vikander, cette ancienne danseuse du corps de ballet national suédois et fille d’une actrice connue, a su se faire un prénom là- bas, elle était en revanche inconnue du public anglo saxon à l’époque du tournage. Depuis on a pu la voir chez Joe Wright dans Anna Karenine, ou aux côtés de Mads Mikelsen dans Royal Affair. La production l’avait repérée dans un film suédois et fut séduite par son côté « décalé et éthéré, totalement exotique tout en étant troublant, émouvant et terriblement charnel. » C’était son premier film d’une telle envergure et en langue anglaise. Elle raconte : « C’était impressionnant car chaque jour nous étions plus de deux cent sur le plateau, et en plus du brouhaha ambiant il fallait que je mémorise mon texte dans une langue étrangère tout en le reléguant au fond de mon cerveau afin de laisser la place à l’expression des sentiments que j’avais à jouer qui étaient ma priorité. » Sur le chemin de la Cité enceinte, alors que Grégory se saoule copieusement à la taverne du coin, Tom sauve la jeune femme de la fureur d’une meute qui l’accuse de sorcellerie. Il est pris au piège à partir de ce moment précis, captif des charmes de la belle qui lui avouera plus tard qu’elle est effectivement une sorcière demi-sang. Ce qui ne perturbera absolument pas le jeune homme qui ne jure que par la pureté des yeux de sa dulcinée. À son contact il développe une sorte d’empathie pour les sorcières, qui après tout sont comme les humains : il y en a des bons, il y en a des mauvais...Mais malheureusement Alice n’a pas fini de le surprendre, que ce soit dans le bon ou le mauvais sens.

En effet l’arbre généalogique de la jeune fille est complexe: Elle est la fille de Lizzie l’Osseuse, incarnée par l’actrice allemande Antje Traue qu’on a pu voir dans Man Of Steel (Zach Snyder, 2013) dans le rôle de Faora Ui la kryptoniène maléfique. Cette suivante dévouée de mère Malkin fait partie du complot qui vise la destruction de l’humanité. Elle tient son nom de l’utilisation des ossements de ses ennemis dont elle se servait pour pratiquer la nécromancie. Mais elle est aujourd’hui une pauvre vagabonde en haillons, privée de ses pouvoirs par le harcèlement implacable de Grégory qui a fait d’elle une créature desséchée et affamée. Seule Malkin a la capacité de lui rendre sa splendeur juvénile, ce qui accroît sa dévotion envers sa maîtresse. Une dévotion que partage sa fille qui chez les humains est considérée comme une gitane et ne parvient pas à trouver une place décente, vivant de ses talents de diseuse de bonne aventure, et de menus larcins. Chez les sorcières en revanche une place de choix l’attend. C’est une fille solitaire et effrayée qui porte en elle une propension certaine à la noirceur, que le retour de Malkin ne fera qu’augmenter. Son amour pour Tom, un humain, et épouvanteur de surcroît, va créer un conflit d’intérêts dans l’âme de la jeune fille. Chaque rencontre avec le jeune homme semble renforcer le cadre d’une relation triangulaire, ou la troisième partie n’est pas une personne, mais leur devoir.

Cette relation amoureuse complexe constitue un paradigme déstabilisant pour Tom, qui n’est pas mieux loti dans sa relation avec son mentor qui n’a de réelle amitié qu’avec Tusk, une sorte de troll, incapable de s’exprimer dans une langue quelconque, dernier représentant de son espèce. John Desantis (de la série TV Falling Skies) incarne ce compagnon aussi loyal que physiquement puissant. Bien qu’il semble partager les idéaux et le combat de Grégory qui le tient en haute estime, reléguant Tom à une place secondaire, il est rejeté par tous et mis au ban de la société. Il est l’illustration parfaite du résultat de l’incompréhension et de la peur humaine. C’est le thème central du film, rien n’est blanc ou noir, tout est plus subtil que cela...

Pour compléter cette distribution de premier choix et d’horizons différents, la production a fait appel aux talents de Djimon Hounsoud (Les Gardiens De La Galaxie, James Gunn, 2014) pour incarner Radu, le sorcier Eurasien surpuissant qui possède la capacité de se transformer en dragon, et voyage flanqué de douze gardes du corps aux talents meurtriers; Jason Scott Lee (Hawaii 5-0, la série de CBS), dans le rôle de Urag le sorcier venu de Sibérie, un méta morphe plantigrade ; Kandyse Mcclure (Hemlock Grove, téléfilm de Bryan McGreevy, 2013), qui prête ses traits à la sorcière africaine SARIKIN qui voyage incognito sous la forme d’un léopard, mais se transforme en tornade dévastatrice et meurtrière dès qu’on la provoque ; Zahf Paroo (The Big Year, David Frankel, 2011), pour le sorcier indien à la peau bleue Virahadra qui au cœur du combat développe une seconde paire de bras et enfin Luc Roderique (Godzilla, Gareth Edwards, 2014), dans la peau de Strix, le sorcier venu de l’Amazone aux pouvoirs arachnéens. Ensemble ces sorciers vont prêter la puissance de leurs pouvoirs maléfiques à la cause, plus par peur de la reine, que par loyauté, mais tous unis par la haine d’un ennemi commun.

  1. Synopsis
  2. De l'écrit à l'écran
  3. Distribution
  4. Décors et costumes
  5. La magie des effets spéciaux

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