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Aujourd’hui en salles : le Septième Fils

Par Gillossen, le mercredi 17 décembre 2014 à 13:00:00

Décors et costumes

Les décors :

Pour filmer ce drame épique, plusieurs lieux ont été sélectionnés en Colombie-Britannique autour d’Alberta, près du Canada, notamment la région de Drumheller, la vallée de la Biche et son paysage inquiétant qui ont illustré la séquence d’ouverture du film: la prison de Malkin. La géologie si particulière des forteresses montagnardes de Kananaskis, était quant à elles parfaites pour représenter Pendle Mountain le repaire de la reine des sorcières. Niché au cœur du parc de Pinecone Burke, près de la côte, Widgeon Slough ses rivières, ses chutes d’eau et ses plaines verdoyantes ont permis de tourner de nombreuses scènes. C’est aussi le cas de Lynn Canyon à quelques minutes seulement des studios d’enregistrement de Vancouver qui était le lieu parfait pour tourner la scène d’embuscade où les chevaliers du Faucon sont capturés par Radu. C’était un lieu primordial car pour la scène de la première capture de la vie de Gregory, il fallait un lieu escarpé avec des rochers qui ne permettaient aucun échappatoire, et évidemment il fallait que ce lieu soit dangereux et effrayant, tout en étant assez sécure pour pouvoir tourner !
Mais l’endroit le plus mémorable fut sans doute la ferme des Ward, construite pour le film à Minata Bay, sur la côte est près de Howe Sound. La ferme devait ressembler à une bâtisse de fortune de style norvégienne et fut construite sur les ruines de ce qui avait été une ferme romaine. Il a fallu douze semaines pour construire ce large espace ouvert où la famille vit et mange, avec le bétail à l’extérieur, composé de porcelets de truies, de porcs, quelques vaches dans une étable faite d’un treillis de brindilles. Le travail avait commencé en studio, puis a été assemblé in situ en six semaines.
En dépit de ces extérieurs à couper le souffle, c’est dans la construction des plateaux en studio que le véritable génie de Dante Ferretti a pu s’exprimer. Afin de pouvoir réaliser ces plateaux, les plus grands jamais construits à Vancouver, il s’est entouré d’une équipe de choc constituée des meilleurs scénographes du moment. Ainsi Grant Van Der Slagt (La Planéte Des Singes, Tim Burton, 2001; World Of Warcraft, Duncan Jones, 2016), Michael Diner (X-men Origines : Wolverine, Gavind Hood, 2009), Elizabeth Wilcox (Godzilla, Gareth Edwards, 2014), Doug Hardwick (Twilight 1, 2 et 3) dirigeaient quotidiennement des équipes de 200 à 300 personnes.
Parmi ces décors, trois sont prédominants dans le déroulement de l’histoire: le repère de Malkin, la Cité enceinte et la tanière de Gregory. Ferretti avait assemblé une maquette géante de la ville enceinte en Italie, qu’il a fait envoyer à Vancouver. Mais des trois décors, c’est certainement le château de Malkin le plus impressionnant. D’inspiration à la fois perse, nabatéenne, arabe et turque il foisonne de détails auxquels le décorateur, trois fois Oscarisé, a prêté une attention particulière. Dans un film de Pasolini il avait réalisé des décors d’inspiration arabe et il en avait gardé une fascination pour leur style architectural. On se serait attendu à trouver un style gothique dans ce genre de film, mais l’artiste ne voulait pas reproduire ce qui avait déjà été largement exploité dans les Harry Potter ou autres. Il a réinventé un autre monde, avec d’autres codes architecturaux, et des styles bien distincts pour chaque région. Endommagé par les guerres qui s’y sont succédées, Pendle Mountain est comme un échafaud géant sur le point de s’effondrer, amas de pierres massives et de visages de pierres gigantesques inspirés du Nemrut Dagï en Turquie, avec un mur de pierre ciselé aussi finement que les qibla dans les vieilles mosquées. Derrière cette devanture imposante les quartiers privés de Malkin dès son retour, retrouvent leur richesse de jadis. Très similaire à Ispahan, l’ancienne cité perse, sa chambre possède des murs et des plafonds finement carrelés, des vitraux, des sols en marbre marquetés, avec de lourdes portes en bois sculpté. Un univers qui rappelle la luxuriance des tableaux orientaux capables d’enflammer les imaginations avec des femmes lascives en sarouels, s’éventant dans des salles surchargées de brocarts, de tapis et de mobilier raffiné, dignes de la salle du trône d’un conte de mille et une nuits, à la démesure de la reine qu’elle pense être. Son château est d’ailleurs à l’image de son pouvoir : une illusion totale. Mais une illusion qu’il aura fallu deux mois à construire. Rien n’y est réel, tout est à base de mousse de polyuréthane et peint à la main, avec un rendu plus vrai que nature !
La cité fortifiée enceinte quant à elle, derrière ses épais murs gris, ses meurtrières, et ses rues sales, elle ressemble à n’importe quelle ville médiévale européenne, à part le fait que c’est une mégalopole, où influences Byzantines, Turques et d’Europe de l’Est se côtoient. Ses habitants semblent venir des confins du monde entier. Une cité qui vous englouti et vous faire perdre vos repères, perdu au milieu de toutes ces créatures qui s’agitent au cœur d’un combat contre des forces fantastiques. La scène du massacre au marché, lorsque Malkin lâche ses lieutenants, est une des plus ambitieuses du film. Le souci du détail y est impressionnant et paraît infini. Le travail de recherche artistique médiéval à travers l’Europe mais aussi la Perse et l’Asie donne une vraie richesse, et un relief particulier à l’identité de la ville.
Il en va de même pour l’arme dont Grégory ne se départit jamais, héritage de l’ordre du faucon et instrument de lutte incontournable dans la lutte contre les forces obscures. Un bâton de Sorbier, aussi noir que les forces qu’il combat, dont l’énergie brille de mille feux et est capable de réduire une sorcière en poussière. Dan Sissons (I Robot, Alex Proyas, 2004) nous explique qu’il porte l’emblème des Chevalier du Faucon, ainsi que le nom de chacun d’entre eux et leurs faits d’armes respectifs. Un travail de fou furieux qui, s’il a enthousiasmé la production, lui a également donné des sueurs froides à l’idée de la méticulosité et du travail d’orfèvre que cela représenterait.
Le tout prend sa véritable ampleur grâce à la lumière du directeur de la photographie Newton Howard «Tom» Siegel (X Men 2, Bryan Singer, 2003), un habitué des plateaux de Bryan Singer qui a travaillé avec des réalisateurs du monde entier. Sa façon d’éclairer les plateaux leur a conféré une texture et une richesse hors du commun.

Les costumes :

Jacqueline West a apporté la touche finale à cette mise en scène fantasmagorique avec ses costumes surannés tirés tout droit d’univers aussi multiples que ceux de l’ère pré Raphaélite, Élisabéthaine, ou encore du Caravage, des souks de Marrakech ou d’Istanbul, et finalement des comptes d’Anderson. L’inspiration de cette créatrice de costumes nommée deux fois aux Oscars (L'étrange Histoire De Benjamin Button, David Fincher 2008 et Quills, La Plume Et Le Sang, Philip Kaufman 2000) s’est servie de son bagage universitaire d’historienne afin de donner libre cours à son imagination.
Pour les armures de tous les chevaliers elle a créé un mélange subtil d’accords occidentaux et orientaux. Des armées Serbes, des Mamluk ottomans, de la garde Varangienne de l’Empereur Bazil II au moyen âge Byzantin, des troupes russes des princes de Kiev, tout y est passé. Toutes les armures ont été assemblées par Serge LaVigueur, qui a effectué un artisanat d’une qualité rare, sur de véritables pièces de métal, contrairement aux films contemporains où on se contente d’utiliser du plastique. Pour les 350 figurants de la scène du marché, elle a créé un mélange ethnique de différentes périodes en passant du Moyen âge aux Tudors, de l’Angleterre aux steppes Mongoles, en passant par l’Inde et l’Afrique. Ils ont tous été fabriqués à Istanbul par un fournisseur spécialisé en étoffes orientales.
Quant aux personnages principaux, il fallait que leur allure reflète leur caractère profond. Ce en quoi le réalisateur russe lui-même lui donna des croquis faits par un ami artiste qui servirent d’inspiration à l’élaboration des costumes des héros du film. Évidemment le costume de la reine des sorcières se devait d’être grandiose, avec ses collerettes Élisabéthaines, et ses corsets véritables écrins à sa royale majesté. Ses plumes fantastiques, et cette épine dorsale à la base de son corset révèlent l’animalité de la sorcière ainsi que son âme sombre et torturée : tout en elle n’est que dragon. Pour Alice la douceur de l’influence pré Raphaélite de ses costumes, quand elle est aux côtés de Tom, devient plus sombre dès qu’elle pénètre le château de Malkin. C’est un être en transition et son costume évolue avec elle. Pour les hommes, Gregory se devait d’être bardé de cuir vieilli et de ceintures en tous genres. Elles ont toutes été issues de la même pièce de cuir, vieille de 200 ans et entièrement cousue à la main venue de Capadoce en Turquie. Harnaché de ce licol qui retient ses chausses, ses armes, ses bottes mais aussi sa cape médiévale de berger turque appelée Yamçi, Grégory apparaît tel un sombre guerrier, fatigué, rompu à la vie au grand air. Tom en revanche passe d’un costume de fermier basique, qu’il accessoirise d’une veste de cuir pour imiter son mentor, troquant ses sandales pour des bottes, et adoptant la longue cape en laine que sa mère lui donne, qui lui confère ainsi une apparence bien plus romantique. Les tonalités y sont encore très claires car, contrairement à son maître, il n’a pas encore été touché par le pouvoir des ténèbres.
Le même souci du détail a été apporté aux rôles secondaires : La robe de Lizzie L’Osseuse est dans la tonalité ivoire, à la couleur des os qu’elle utilise dans sa pratique de la magie. Pour Sarikin la sorcière africaine, le choix s’est porté sur des peaux de léopard son animal Totem, des perles en os, ainsi que des diamants bruts dans ses cheveux, symbole des mines d’Afrique du sud. L’enchanteur amazonien Strix porte un costume fait de peaux de lézards dans les tons verdâtres avec un crâne de crocodile. Virahadra le sorcier indien a la peau bleue du Dieu Krishna (le destructeur), une lourde armure en argent et une panoplie de sabres indiens incurvés appelés Talwars, arme traditionnelle du sous-continent, et Urag l’enchanteur des steppes de Sibérie, porte une peau d’ours, son animal fétiche. Mais c’est le costume de Radu qui a la préférence de la créatrice. Elle est très fière de son veston aux tons vermillon profonds, ses chausses et ses grandes cuissardes de cuir, ainsi que du raffinement des entrelacs de son manteau de cuir, qui bien que médiévaux confèrent au terrible sorcier une modernité troublante. Elle s’est inspirée de Vlad l’Empaleur, le Dracula de Bram Stocker, afin de donner à la stature impressionnante de Djimon Hounsou toute la latitude caractéristique au romantisme des costumes de capes et d’épées.
Quant à Tusk, il a été habillé de façon à ressembler à une sorte d’ogre, avec de la peau de buffle, épaisse et laineuse qui lui donne le côté préhistorique et brutal qui soulignait le caractère d’espèce en voie de disparition propre à ce dernier représentant d’une race que personne ne reconnaît plus.
Mais le plus compliqué était sans doute d’enfiler les prothèses construites pour lui donner une stature surhumaine, ainsi que le masque de latex que les miniaturistes Jason Matthews et RIchard Landon mettaient chaque jour 25 minutes à enfiler sur la tête du comédien. Ce dernier nous confie : « Le vrai problème c’était la chaleur, sous le silicone, on ne respire pas, et comme le masque était trop compliqué à remettre, on se contentait de défaire la fermeture éclair à l’arrière. Ça plus le costume en peau et fourrure, les prothèses en silicones, le tout faisaient de moi, une flaque de sueur géante, ce qui devenait très... intéressant... quand on en venait aux scènes de combat... »

  1. Synopsis
  2. De l'écrit à l'écran
  3. Distribution
  4. Décors et costumes
  5. La magie des effets spéciaux

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