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Aujourd’hui dans les salles : les Cinq Légendes

Par Gillossen, le mercredi 28 novembre 2012 à 13:45:00

Toute une équipe

Wiliam Joyce explique qu’il s’est nourri de plusieurs sources d’inspiration pour ses ouvrages. «Comme il y a très peu d’éléments sur le passé des protagonistes, j’ai emprunté des choses à d’autres univers – la mythologie gréco-romaine, les contes de fée, Tarzan – que je me suis réappropriés pour qu’ils correspondent à chaque histoire», rappelle l’écrivain. Les dessins qui en ont résulté étaient d’une telle sophistication qu’ils ont fourni une solide base de travail à l’équipe du film. «Nous nous sommes entièrement inspiré de la mythologie de William Joyce, qui est fantastique et féerique», souligne le chef-décorateur Patrick Hanenberger. Il était primordial pour la production que le film ait un style visuel bien à lui, distinct de celui des livres. Hanenberger, qui a fait ses débuts chez DreamWorks Animation en 2004 comme dessinateur (Nos Voisins, Les Hommes, Bee Movie, DrÔle D’abeille, Monstres Contre Aliens), et qui a ensuite été promu directeur artistique pour la série télé Monsters Vs. Aliens: Mutant Pumpkins From Outer Space, s’explique : «Comme toute l’histoire repose sur la confiance et la croyance, il fallait que le spectateur croie à ces personnages. C’est ce qui a limité certains de nos choix artistiques. Si on crée un décor ou un personnage trop surréaliste, le public n’adhérera pas à ce qu’on lui raconte. Et si c’est trop proche de la réalité, ce n’est plus un film d’animation. Pour nous, la grande difficulté a consisté à trouver le bon dosage car il fallait que ce soit un film d’animation qui soit aussi réaliste que possible».

Pour y parvenir, l’équipe a beaucoup travaillé sur le teint des personnages humains et mi-humains/mi-surnaturels. «Notre manière de traiter la peau est révolutionnaire pour le studio», affirme la productrice Nancy Bernstein. «Le département Recherche & Développement a collaboré avec une équipe qui avait travaillé pour le studio de Stan Winston et ensemble, ils ont créé la texture de la peau, comme on le fait en maquillage prosthétique, c’est-à-dire par couches successives. C’est ce qui nous a permis d’obtenir un effet de translucidité qui évoque la manière dont la peau reflète la lumière. Auparavant, la peau pouvait réfléchir la lumière mais ne l’absorbait pas. Du coup, nous avons beaucoup mieux maîtrisé l’aspect physique des personnages et les inflexions de leur visage. On a aussi pu y ajouter des éléments subtils, comme des rides d’expression». Autre défi : la création de six univers – pour chaque Gardien et pour Pitch – qui évoquent la personnalité de chacun d’entre eux mais qui donnent aussi un sentiment d’harmonie lorsqu’on voit le film dans son intégralité.

«Chaque univers a son propre style mais on a fait en sorte de rester fidèle à l’esthétique de Joyce», souligne Hanenberger. «On voulait que chaque Gardien se distingue par sa propre palette de couleurs. Par exemple, dans le monde du Père Noël, il y a des tons de bleu et de gris-rouge chauds et froids, sachant que le Père Noël a lui-même une tenue couleur framboise écrasée. L’univers de la Fée est caractérisé par des tons lavande, saumon et pêche, que rehausse encore le côté chatoyant du bleu turquoise du personnage. Pour la gamme de couleurs, nous nous sommes inspirés des illustrations de livres pour enfants du début du XXème siècle, réalisées au crayon et à l’aquarelle car elles étaient empreintes de nostalgie». «Si nous voulions avoir six univers différents, c’était aussi pour donner une dimension universelle au film», poursuit-il. «On ne voulait pas que l’histoire se déroule dans un décor surnaturel dans lequel personne ne se reconnaisse. Le film ne pouvait pas se passer dans l’espace, ou sur une autre planète mais seulement sur la Terre».

Ce n’est donc pas surprenant que l’équipe se soit inspirée de décors réels. «Comme le Père Noël est un guerrier cosaque d’origine russe, nous nous sommes appuyés sur des ouvrages d’architecture russe, comme le Kremlin», signale le directeur artistique Max Boas. «Sa maison, au Pôle Nord, est une gigantesque forteresse en bois. Le Père Noël est un va-t-en guerre indomptable, si bien qu’on souhaitait que sa demeure dégage un style masculin et viril. Sa maison est construite à partir de morceaux de bois enchevêtrés, un peu comme le jeu de Tetris. Rien n’est collé ou cloué : ce n’est qu’un amas de morceaux de bois emboîtés les uns dans les autres, comme dans un puzzle».

Pour le palais de la Fée des Dents, situé en Asie du sud-est, l’équipe s’est inspirée de l’architecture thaïlandaise. «Le lieu évoque les oiseaux et on retrouve, dans la décoration, des motifs d’ailes et de becs», explique Boas. «La Fée est un personnage d’une grande complexité et extrêmement bavarde. Comme elle conserve les dents de lait de toute l’humanité, elle est proche d’une bibliothécaire et on souhaitait donc que son univers fasse un peu penser à une bibliothèque. Son espace fourmille de détails : des sculptures, des mosaïques et des peintures murales qui symbolisent l’importance de la communication et de l’information visuelle. C’est l’univers le plus époustouflant sur le plan esthétique et il correspond parfaitement à sa personnalité». «Son palais est constitué d’immenses colonnes qui symbolisent les différents continents», poursuit-il. «Sur chacun de ces continents, se trouvent des anneaux organisés par pays, État, ville, rue, maison et au sein de chacune de ces entités, on découvre des millions de petites boîtes dans lesquelles les fées conservent les dents. C’est un univers très codifié, notamment par la couleur, et d’une grande beauté».

Le sombre donjon de Pitch s’inspire de l’architecture vénitienne classique. D’ailleurs, le département Décors l’a situé près de Venise, en Italie. «On pourrait penser à un ancien palais qui aurait sombré au fond de l’océan, noyé sous la boue et les rochers», indique Boas. «C’est la demeure de Pitch. Son univers semble constamment sur le point de basculer dans le vide. En outre, on y trouve des éléments appartenant aux mondes des Gardiens mais sur un mode négatif. Par exemple, il possède un globe, tout comme le Père Noël, afin de garder un œil sur la confiance et la foi des enfants mais il est gris et noir».

Tranchant totalement avec les univers du Père Noël, de la Fée et de Pitch, le jardin du Lapin de Pâques est une oasis souterraine où la vie même a pris naissance. Le Lapin vit entouré d’œufs gigantesques qui lui servent de sentinelles, d’anciennes sculptures en pierre qui s’animent à la moindre intrusion d’un étranger et d’œufs magiques qui, sur ordre du maître des lieux, se déplacent sur de tout petits pieds et deviennent les œufs qu’on retrouve à l’occasion des chasses aux œufs de Pâques. «Cet univers est d’une grande sobriété», reprend Hanenberger. «Il est, pour l’essentiel, constitué de rochers, d’herbe et d’arbres mais il correspond à la personnalité du Lapin et traduit sa mission : la protection de la nature. Comme sa maison est le berceau de la nature, nous avons imaginé une sorte de sanctuaire après avoir fait pas mal de recherches sur les temples anciens, les esprits de la forêt, les hiéroglyphes et les sculptures antiques. On voit très peu cet univers dans le film mais c’est vraiment mon préféré». Pour faire naître les rêves chaque nuit, le Marchand de Sable n’a pas non plus besoin d’un environnement sophistiqué. Il vit sur un Nuage de rêve, situé entre la nuit et le jour et se déplace avec le coucher du soleil. «Il navigue sur un océan de nuages, pour ainsi dire», déclare encore le chef-décorateur. «Quand on voyage sur un vol de nuit en direction de la côte Est et qu’on assiste au crépuscule, on aperçoit les derniers rayons du soleil qui se reflètent dans les nuages : c’est alors qu’il faut chercher le Marchand de Sable car c’est probablement là qu’il se cache». Reste enfin l’univers de Jack Frost. C’est un être qui sillonne la Terre et qui, contrairement aux Gardiens ou à Pitch, n’a pas de foyer, même si une force mystérieuse semble le ramener dans une petite ville : Burgess, en Pennsylvanie. «Jack est attiré par cette ville par un lien magique mais il ne sait pas pourquoi», rapporte Hanenberger. La production a cherché à faire de la petite ville un décor typiquement américain qui s’oppose à la dimension universelle des univers des Gardiens.

«Pour ancrer le monde des humains dans la réalité, nous l’avons volontairement conçu comme un environnement plutôt banal, si bien que lorsque les spectateurs découvrent les univers des Gardiens, ils sont stupéfaits par la beauté des décors qui met en valeur la féerie de leur monde», note Boas. Pour les scènes se déroulant à Burgess, Ramsey explique qu’il leur fallait «un environnement ultra-réaliste. On voulait que l’atmosphère des lieux véhicule cette impression. On ne souhaitait pas donner l’impression qu’on a sous les yeux une banale carte de Noël». L’équipe du film a cherché à utiliser le dispositif de «Tru 3D» – qu’on retrouve dans toutes les productions DreamWorks Animation – de manière à ce qu’il s’intègre dans le récit et pas comme un vague effet gadget. «On n’a jamais envisagé la 3D comme un artifice», observe Guillermo Del Toro. «On voulait que Les Cinq LÉgendes se démarque des autres films d’animation en relief. On a pris pas mal de risques et c’est une réussite sur le plan du rendu des matières, de la couleur, de la lumière et de la photo». «La 3D a fait partie intégrante de la réalisation du film», ajoute Nancy Bernstein. «Notre objectif était de l’utiliser pour mettre en valeur la dramaturgie. Dès le départ, nous avons envisagé le film sous l’angle stéréographique. Chaque choix de décors, d’angle de caméra et de mouvement d’appareil, ou encore d’animation et d’effets visuels, a été fait après avoir visionné le résultat en 3D». «On pensait constamment à la 3D pour la conception des décors, qu’il s’agisse de créer des lieux qui nous semblent intéressants en relief ou de chercher une dynamique propre à l’histoire», affirme le chef-décorateur. «On se demandait, par exemple, comment ces décors pouvaient s’intégrer dans la conception stéréographique d’ensemble du film». «La difficulté en matière de 3D, c’est de pouvoir intégrer les effets du relief dans la narration et de garder présent à l’esprit la manière dont tel ou tel plan peut être mis en valeur par la 3D», indique le consultant visuel Roger Deakins. «Ce film dégage une féerie qui doit beaucoup à l’utilisation de la 3D».

«Jeffrey Katzenberg estime que l’animation peut vraiment servir à raconter de magnifiques histoires d’ampleur romanesque», dit Guillermo Del Toro. «Sa vision de la 3D et du cinéma n’appartient qu’à lui. Le genre d’histoires que nous cherchons à raconter nécessite des moyens importants et n’est pas destiné au petit écran. Du coup, nous avons privilégié des plans panoramiques, des mouvements d’appareil ambitieux et des personnages hauts en couleurs. Dans le même temps, nous avons ménagé des moments d’intimité et mis en valeur les relations entre les personnages en allant plus loin encore qu’un film en prises de vues réelles. On ne s’est inspiré d’aucun film mais nous avons utilisé les moyens du cinéma dans toute leur ampleur». «Ce film est la production DreamWorks Animation la plus ambitieuse jamais mise en chantier», affirme le chef- décorateur. «C’est un grand récit d’aventures qui nécessitait une mise en scène grandiose et des décors spectaculaires. Il fallait qu’on soit fidèle à l’intrigue de départ».

«On entend souvent dire que les films en prises de vues réelles sont des spectacles truffés d’effets visuels», souligne Nancy Bernstein. «Les Cinq LÉgendes peut aisément rivaliser avec ces films-là. Je crois que ce qui différencie notre film, c’est l’utilisation artistique des effets dans le développement des personnages : les effets visuels nous ont permis, avec beaucoup d’élégance, de mieux cerner leur personnalité. Le pouvoir qu’exerce Jack Frost sur le vent et la glace nous donne une indication sur son tempérament. Les rêves qu’imagine le Marchand de Sable témoignent de sa nature joueuse et de sa douceur. Pitch a le pouvoir de dévoyer les rêves et de créer des personnages cauchemardesques qu’on a obtenus à partir d’effets visuels et d’animation. On a essayé de faire en sorte que les effets soient toujours au service des personnages et de l’intrigue, et pas l’inverse».

  1. Synopsis
  2. La genèse du projet
  3. Les personnages
  4. Toute une équipe
  5. En avant la musique
  6. Une réponse à une question...

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