L'Héritage des anciens

L'auteur nous avait promis des révélations majeures pour la conclusion de sa trilogie, et il faut bien dire qu'il n'a pas menti. Débutant toutefois sur une bataille en mer qui renouvelle agréablement l'ambiance de la saga mais ne nous apprend pas grand chose sur le fond, le récit brodé par Mitchell Graham retrouve malheureusement rapidement certains de ses travers.
Si le monde brossé confirme une certaine originalité, les Orlocks virant finalement un peu plus dans la direction de La Planète des singes que cella de La Machine à remonter le temps, il n'en va pas de même avec les personnages. Matthieu n'a jamais été un héros monstrueux de charisme, et cet état de fait se confirme. Néanmoins, on lui reconnaîtra le mérite de proposer une troupe de personnages principaux placés en conséquence tous quasiment sur le même plan, un bel ensemble homogène où personne ne tire la couverture à lui, ce qui n'est pas finalement pas si courant. Mais cela contribue aussi à l'un des points faibles du roman, à savoir un sentiment de répétition agaçant et certain : dès lors qu'un danger survient, les amis ou alliés de Matthieu lui démontrent par A + B qu'il est nécessaire de l'accompagner, évitant ainsi les périls tant redoutés... Le suspense en prend un coup !
Quant au scénario, on appréciera les réels efforts de l'auteur pour se porter au-delà des simples emprunts "patchworkés", afin de composer un cadre et une époque parfois miroir de notre passé, ni plus, ni moins. Et on abandonne le léger côté enquête du tome précédent pour en revenir aux bonnes vieilles recettes d'une High Fantasy efficace, à défaut d'être particulièrement marquante.
Pas prétentieux pour un sou, Graham parviendrait presqu'à nous surprendre, avec une fin plus subtile qu'il n'y paraît.

— Gillossen