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Le Chat Potté, aujourd’hui dans les salles
Par Gillossen, le 30 novembre 2011 à 14:25
ET... ACTION !
Inscrire nos trois protagonistes dans les paysages du film représentait un défi graphique : Miller et son équipe ont en effet choisi de peupler ce conte épique avec des héros minuscules et c’est cette dichotomie qu’Aretos a trouvé particulièrement intéressante : «C’est toute la beauté de ce film que de parler d’un tout petit être qui vit une aventure fantastique. C’est la folie du monde qu’on a développé qui m’a emballé dans ce projet». La séquence du vol de la diligence donne la mesure du rythme de l’histoire : le Chat Potté, Kitty et Humpty tentent de subtiliser les haricots magiques sous le nez de Jack et Jill, pendant qu’ils sont tous perchés sur une diligence roulant à toute allure. Le réalisateur se souvient : «Je me suis dit qu’il était important, dans les scènes d’action, qu’il y ait de l’adrénaline et du suspense, mais au fond elles sont très drôles – nous avons voulu qu’elles soient vraiment agréables à regarder, comme un tour de manège ou une virée sur un champ de courses… On a souhaité en faire une expérience amusante et qu’on ait le sentiment de vivre avec les personnages».
Autre scène tout aussi rythmée, mais dans un autre registre : la première rencontre du Chat avec son rival cambrioleur. Alors que le protagoniste est confronté à un ennemi masqué, il le suit jusqu’à une taverne réservée aux chats où il compte bien se frotter à ce rusé félin. L’établissement stipule que le mardi, les bagarres sont remplacées par des concours de danse : le Chat et son adversaire, toujours masqué, se lancent dans une rixe chorégraphiée pour le grand plaisir des chats présents sur place. La réussite de cette scène tient à la chorégraphie qui mêle avec humour tous les styles possibles, du flamenco aux danses latines jusqu’aux danses plus contemporaines. C’est Laura Gorenstein Miller, fondatrice et directrice artistique de l’Helios Dance Theater, troupe de Los Angeles, qui a signé la chorégraphie de la séquence. «Nous avons eu une chance folle que Laura chorégraphie ces scènes», affirme Chris Miller. «Cela a beaucoup contribué à leur authenticité, car ce sont des scènes complexes, qui ont nécessité qu’on trouve le bon équilibre entre la narration et les mouvements des personnages. Cela a beaucoup aidé nos animateurs : à partir de simples indications dans le scénario, elle a créé de superbes chorégraphies pour deux danseurs – nous avons filmé ces danses et nos animateurs les ont transcrites dans les mouvements du Chat et de Kitty».
Après une semaine de répétitions, les danseurs de Laura ont revêtu des costumes permettant la capture de mouvements et ces données ont fourni références et indications spatiales aux animateurs. Il ne s’agit pas d’une simple captation de déplacements physiques permettant de donner vie aux personnages animés puisque, comme l’explique Aguilar, «On s’est servi de la caméra et des prises de vues pour arriver à concevoir au mieux nos plans». Ce qui a surtout intéressé la chorégraphe, c’est le mystère de cet adversaire masqué : «Ce qui m’a plu, c’est que les auteurs du film ne voulaient pas révéler au spectateur que Kitty est une fille. En tant que chorégraphe, j’ai dû rendre ses mouvements un peu plus masculins, avec un peu plus de fanfaronnade que cela ne le requiert normalement pour un personnage féminin».
Avant de tourner les scènes de danse, Miller s’est inspiré des mouvements de la chorégraphe pour le storyboard, retranscrivant progressivement l’action : «Ils indiquaient que le Chat s’avançait de huit pas, qu’il fallait un plan de moyenne portée et des pas rapides. Je composai alors quelque chose avec les danseurs et vérifiai ces pas chaque jour avec Chris, ce qui a été une très bonne façon de travailler», explique Laura. «Il me tenait ensuite au courant des changements désirés et il s’ensuivait la progression jour après jour».
Une autre séquence montre le Chat et Kitty (cette dernière à présent démasquée) en train de danser autour d’un feu de camp quand Humpty Dumpty les interrompt, ne voulant surtout pas qu’une histoire d’amour naisse entre eux. «Les instructions étaient claires, là encore», commente la chorégraphe. «Pendant les scènes dialoguées, leurs visages devaient être tournés vers la caméra. Je voulais rendre cela visuellement intéressant et j’ai donc composé des pas de danse associés à des mouvements de hanches, inspirés de la danse latine ; cela s’est avéré complexe pour les animateurs car les chats, contrairement aux humains, n’ont pas de hanches. Mais je pense qu’au final c’est une séquence très réussie».
L’action du CHAT POTTÉ ne se cantonne pas qu’aux séquences de poursuites sur terre et aux concours de danse : elle se déroule également au-dessus de nos têtes, très haut dans le ciel … D’entrée de jeu, LE CHAT POTTÉ a été conçu en 3D relief : un défi de plus, et non des moindres… «Il était clair qu’il valait mieux concevoir ce film en 3D, et seulement en 3D ; nous en avons alors pris le parti et mis en avant les avantages», explique Miller. «Il y a une scène où les protagonistes plantent les haricots magiques et on voulait qu’un énorme orage s’abatte sur eux, qu’une tornade gigantesque insuffle de l’énergie aux haricots et les fasse pousser jusqu’aux confins du système solaire et au pays des géants. La 3D est parfaitement adaptée pour enchaîner scènes spectaculaires et moments plus intimistes où chaque détail est montré dans le champ avec une profondeur et un réalisme extraordinaires».
Le chef décorateur a longtemps planché sur des croquis de haricots géants mais comme ces derniers sont difficiles à trouver, il s’est rendu au Musée des Arts Décoratifs (annexe du Louvre) pour visiter la salle consacrée à l’Art Déco. Celle-ci est recouverte de boiseries et ornée de sculptures incroyables : on a l’impression que tous les éléments de la pièce - le porte manteaux, la table, le cadre de la fenêtre, une moulure au plafond - jaillissent d’une vigne en perpétuelle croissance. «Je voulais que, dans un grand tourbillon, le plant de haricots emmène nos protagonistes jusqu’au royaume des nuages, tout en étant en relief… Les lignes droites et les angles peuvent être ennuyeux et je me suis dit : «Le plant pourrait pousser de manière incontrôlable et chaotique, ce qui serait dangereux pour eux mais tellement amusant pour nous ! Plus ils montent vers le ciel, plus le paysage est différent et ils éprouvent alors de nouvelles sensations : le choc quand ils décollent comme une fusée, puis une pause romantique en regardant les cieux, puis un moment effrayant lors de l’orage et enfin le blanc total lorsqu’ils entrent dans le domaine des nuages au sommet de l’univers. Là, tous les nuages sont constitués de particules, si bien que lorsque la caméra les traverse, il y a de petits fragments qui s’en détachent, ce qui ajoute un sentiment de profondeur que nul effet ”matte painting” ou “morphing” ne peut donner».
L’envergure de cette scène est assez spectaculaire : «Cette plante pousse sur des milliers de kilomètres, emportant avec elle un œuf et deux chats !», reprend le réalisateur. Mais comme la plupart des gens le savent, les masses floues (eau, feu ou encore fourrure et plumes) présentent encore plus de difficultés pour les infographistes. Et ici, il s’agissait de concevoir un univers essentiellement composé de nuages…
«C’était l’occasion d’imaginer un paysage qui n’a pas été exploré au cinéma et où la pesanteur n’est pas la même que sur terre», reprend Chris Miller. «Les nuages changent constamment de forme : on peut jouer avec eux, les transformer en boules de neige, se faufiler entre eux ou encore sauter au-dessus d’eux. On a passé des mois à mettre ce dispositif en place … Et notre équipe dédiée aux effets a fait un travail incroyable en créant cet univers si dense et si profond, qui rend si bien en 3D : c’est une expérience d’immersion totale, féerique et irréelle. Les protagonistes sont si loin qu’ils ont dépassé le soleil. Ce paysage en constante évolution a été un formidable terrain de jeu pour nous tous».
Le directeur des effets Amaury Aubel souligne : «Animer les nuages, les modeler pour les rendre réalistes a été un sacré défi parce qu’ils devaient aussi interagir avec les personnages. Ils sont entourés par des nuages sur lesquels ils sont aussi perchés. Il y a des nuages tout près d’eux, avec lesquels ils interagissent, et il y en a d’autres au loin, sorte de paysage de nuages qui s’étend jusqu’à l’horizon. L’éclairage a été problématique, puisqu’il fallait manier la lumière de façon réaliste mais également artistique : parfois plus dorée, parfois plus menaçante».
Le mouvement des nuages était aussi en jeu : «On voit des ciels chaque jour», souligne Aubel, «et on sait ce qui a l’air authentique ou pas. Les nuages ont l’air transparent ou semi-transparent selon la proximité de l’observateur. Et sans rentrer dans de la physique complexe, la façon dont la lumière réagit est un autre problème : la lumière pénètre dans le nuage et rebondit sur les particules, les molécules d’eau et est reflétée dans de multiples directions. Ce n’est pas solide comme un rocher par exemple».
Les ordinateurs ont donc été appelés à la rescousse ! Ken Museth, qui s’occupe de recherche et développement chez DreamWorks Animation, a alors proposé un programme permettant un nouveau format des volumes, pouvant contenir des masses énormes. Les maquettes ont pu être transformées en nuages grâce au procédé du «surface noise» et ont alors pris cet aspect duveteux que n’importe qui peut voir et reconnaître, sans avoir à grimper le long d’un plant de haricots magiques !
Pages de l'article
- Synopsis
- UNE LÉGENDAIRE (CH)A(T)VENTURE
- HÉROS ET HORS-LA-LOI
- AUX ORIGINES
- ET... ACTION !
- ADIOS, GATOS Y HUEVO
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