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Le Chat Potté, aujourd’hui dans les salles
Par Gillossen, le 30 novembre 2011 à 14:25
AUX ORIGINES
Il est clair que les cinéphiles adorent Shrek et ses compagnons mais quand il a fallu situer les origines du Chat Potté, les auteurs ne voulaient froisser personne en cherchant leur inspiration ailleurs que dans les forêts et paysages des contes de fées de notre enfance. Joe Aguilar s’explique : «Quand nous avons commencé Le Chat Potté, on s’est rendu compte qu’on ne pouvait pas trop dévier du monde de Shrek car c’est à cet univers qu’il appartient. Repenser complètement ce monde aurait déplu au public. Mais on savait qu’on pouvait aller assez loin tout en y restant fidèle. C’est le cas, par exemple, de nos personnages secondaires. Au final, tout a l’air différent de la saga Shrek mais il s’agit pourtant du même univers».
«Le Chat Potté vit dans une contrée féerique aux allures méditerranéennes», précise Miller. «C’est un monde très vivant, chaleureux et chatoyant. C’est le personnage même qui a dicté ces choix artistiques. Le monde de Shrek, lui, est plus froid, avec des verts et des bleus tendres, alors que l’univers du Chat est très chaud, et plus romanesque. Pour moi, il se distingue donc du conte de fées classique». Latifa Ouaou renchérit : «Nous voulions vraiment jouer avec les codes des légendes. On s’est inspiré des vieux films de Sergio Leone et de l’architecture hispanisante mais nous étions conscients de ne pas pouvoir trop dévier de son univers d’origine. Si on va trop loin, le Chat n’est plus reconnaissable dans son environnement. Nous voulions remettre le conte de fées au goût du jour mais nous ne nous sentions pas obligés de l’inscrire dans son contexte d’origine».
Guillaume Aretos, chef décorateur et directeur artistique des deuxième et troisième épisodes de Shrek, a été l’un des concepteurs de l’univers du Chat : «Je collabore à la saga (Shrek) depuis longtemps et cette équipe est comme une famille. C’était excitant de porter à l’écran un personnage comme le Chat Potté car il est unique. Ce qui m’intéressait dans ce film, c’était l’opportunité de faire quelque chose de différent car on l’a inscrit dans un monde très stylisé et on a pu jouer avec des ombres symboliquement très fortes dans un univers chatoyant».
Le réalisateur était également conscient que la création de cet univers devait servir à mettre en avant le personnage. Le but était de concevoir un lieu se prêtant à des séquences spectaculaires et permettant des mouvements de caméra dynamiques et des compositions fortes. Le Chat étant lui-même un personnage «haut en couleurs», le paysage devait offrir une palette de tons riches et chauds, très saturés. Par-dessus tout, cela devait être un espace d’aventure et de comédie romantique, reflétant l’identité même du Chat.
Le réalisateur a travaillé en collaboration avec son équipe artistique pour concevoir un monde au décor familier : «On avait envie de se rapprocher des westerns spaghetti de Leone, qui nous paraissaient correspondre à nos intentions romanesques. On a décidé que la caméra serait extrêmement mobile et on s’est même autorisé à recourir au ‘split-screen’ mais on ne voulait pas se limiter à cela car le Chat penche aussi vers des films qui mettent en scène des héros à l’esprit aventurier comme Indiana Jones par exemple, ou bien James Bond, Zorro ou d’autres encore. On s’est donc également inspiré de l’histoire du cinéma et de tous ces personnages mythiques».
«S’agissant des décors, l’inspiration en est assez simple, puisque c’est le personnage lui-même qui a guidé nos choix», explique Aretos. «Il est «tordu», au sens littéral du terme. On a donc commencé à tordre les éléments. Si vous observez les décors, vous remarquerez que toutes les maisons sont un peu de guingois et que rien n’est vraiment droit. Nous avons d’un côté de l’asymétrie, de l’autre des personnages pas très équilibrés, du plus petit au plus gigantesque. Le Chat est aussi haut en couleurs et nous nous sommes donc inspirés de la culture latine et avons visionné des films espagnols. Nous avons choisi un éclairage moins naturel et nous nous sommes donné plus de liberté. Nous avons utilisé de grandes ombres portées car le Chat est un petit personnage dans un monde gigantesque. Dans Shrek, le Chat faisait environ 90 cm quand il portait ses bottes pour compenser le fait d’être aux côtés de Shrek, géant de plus de deux mètres de haut. On s’est rendu compte que dans ce monde-ci, un monde d’humains sans géants, cette taille ne fonctionnerait pas. On lui a donc rendu une taille normale de chat… enfin, normal si les chats portaient des bottes et se tenaient debout.»
Une formule d’Aretos a été érigée en principe de base durant la conception du film : «à personnages tordus, monde tordu», qu’il illustre en disant : «On a observé la géographie du nord de l’Espagne : il fait sec et beau et en bord de mer les oliviers et les pins sont courbés à cause du vent. On s’est aussi inspiré des climats désertiques d’Amérique centrale et d’Amérique du nord. Ce déséquilibre se retrouve dans nos personnages et dans ce qui les entoure».
La ville de San Miguel de Allende, au centre du Mexique, avec ses bâtiments d’époque coloniale de style néoclassique couleur terre de sienne, a ainsi tout particulièrement attiré l’attention de la production. Dans le monde de l’animation, une des différences majeures avec le film traditionnel réside dans le travail du monteur. Tandis que dans un film en prises de vues réelles, le monteur assemble le film à la fin du tournage, le monteur d’animation, lui, est impliqué tout au long du processus de création, puisqu’il aide à établir les rythmes, les moments forts de la narration pour aboutir à un montage artistique d’images séduisantes.
Eric Dapkewicz, monteur du CHAT POTTÉ, a commencé son travail en regardant LE BON, LA BRUTE ET LE TRUAND et POUR UNE POIGNÉE DE DOLLARS. Résultat : un style unique qui n’hésite pas à rendre hommage au genre du Western. C’est ainsi que certaines séquences, qui s’arrêtent sur un personnage observant son environnement, sont peut-être un peu plus longues que nécessaire pour un film d’animation. La musique fait aussi partie intégrante de cet hommage à Leone : elle a été composée par Henry Jackman, qui a collaboré à de nombreux genres cinématographiques et qui a fait partie de l’équipe dès les débuts du projet. Il a en effet contribué à instaurer le rythme et l’atmosphère du film ; il a ainsi composé tout d’abord des musiques “temporaires”, avant de se pencher sur la bande-son finale. Pour Miller, l’implication de chacun des membres de l’équipe dès le début a été la clé de la réussite du projet : «Les efforts de chaque département ont été exemplaires. Guillaume (Aretos) et le département artistique ont livré leur sens de l’esthétique, des séquences spectaculaires et des couleurs magnifiques, et notre directeur d’écriture, Bob Persichetti et son équipe ont été tout aussi inventifs. Le chef graphiste, Gil Zimmerman, a su transcrire nos intentions visuelles en quelque chose de concret… Et j’ai été incroyablement chanceux de travailler avec Joe et Latifa : c’est une collaboration et une expérience vraiment satisfaisantes».
Reste à mentionner un autre membre de l’équipe du CHAT POTTÉ, Guillermo Del Toro, réalisateur souvent primé. Ce dernier visitait par hasard le campus DreamWorks, au tout début du projet, quand il a rencontré Chris Miller. Ce dernier se souvient que «Guillermo s’est immédiatement intéressé à cette histoire : il aimait le ton du pitch et le lendemain, nous avons organisé une projection et il a pu se joindre à nous. Il a adoré et m’a dit après coup qu’il voulait faire partie de l’équipe. J’étais sans voix et lui ai dit quelque chose du genre: «Super, vous commencez quand ?» Il a répondu «Tout de suite !» Du coup, en l’espace de 24 heures, il est devenu producteur exécutif et consultant de grande valeur sur ce film. Il a une énergie formidable et il se lance constamment de nouveaux défis auxquels il apporte des propositions – il ne critique pas mais quand il repère un problème, il est à même de proposer une solution pour le régler».
C’est ainsi qu’il a permis de combler une lacune concernant le personnage de Humpty dont l’histoire devait être étayée : Guillermo a suggéré que Humpty, rêveur incompris au sein de l’orphelinat, avait peut-être inventé des choses quand il était jeune. C’est ce qui a donné davantage de relief au personnage et permis de justifier son comportement par la suite. Le réalisateur était si enthousiaste à l’idée de collaborer au projet qu’il a même doublé le personnage du «Comandante» du village de San Ricardo.
Aguilar dit de Guillermo Del Toro qu’il l’a beaucoup inspiré dans son travail : «Il déborde d’idées originales et a un sens artistique hallucinant. C’est une encyclopédie du cinéma».
Guillermo Del Toro précise : «Beaucoup de mes films ont un arrière-plan de légende ou de conte de fées. Je suis très attiré par ces personnages et ces histoires rocambolesques. C’est une chance que ce film ait été fait à ce moment-là. Il est vrai que notre héros est un chat et qu’on a aussi affaire à un autre félin et à un œuf mais il s’agit surtout de ce qu’ils représentent : un amant, une guerrière, un frère. Et parce qu’il s’agit d’un film d’animation, il y a une certaine liberté. Ça me rappelle donc certains projets que j’ai pu réaliser».
Pages de l'article
- Synopsis
- UNE LÉGENDAIRE (CH)A(T)VENTURE
- HÉROS ET HORS-LA-LOI
- AUX ORIGINES
- ET... ACTION !
- ADIOS, GATOS Y HUEVO
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