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De Toronto à Londres avec la même angoisse
Par Publivore, le mercredi 23 mai 2007 à 22:27:16
Malgré les premières réactions du public londonien qui semblaient plutôt favorables, le metteur en scène de la comédie musicale tirée du Seigneur des Anneaux, Matthew Warchus, et l'équipe de production sont bien conscients qu'ils ne sont pas à l'abri d'un flop, à l'ampleur du budget astronomique de 12.5 millions de livres, de l'équipe de 50 personnes et des trois heures de représentation. Plus on monte haut et plus la chute est vertigineuse !
L'angoisse était déjà présente lors de l'initiation du projet, voilà déjà quatre ans : l'adaptation devait en particulier éviter la parodie involontaire, voir le franc ridicule avec une troupe d'orcs dansant. Sans compter que Peter Jackson et son adaptation cinématographique était passé par là, et qu'il fallait se concilier les fervents amateurs de l'oeuvre du professeur et les férus de musique. Enfin, si cela ne suffisait pas, cette représentation londonienne subissait aussi le poids du semi-échec de Toronto, première mondiale qui, tout en réunissant 420 000 spectateurs, était loin d'avoir été rentable ou de rencontrer un succès critique.
C'est l'insistance de Kevin Wallace, le producteur du projet, qui a convaincu M. Warchus de se pencher sérieusement sur le projet, et surtout sur l'oeuvre initiale, qui bien que dense et riche, est en fait étirée par l'auteur lui-même. Mais si on laisse l'élastique aller, cela se réduit en quelque chose de beaucoup plus concis. Et bien que les donjons et dragons ne soient pas ma tasse de thé - ni celle de Tolkien, je pense - c'est le travail d'un génie, magique et profond, plein de résonnances. On y trouve des échos de mythes classiques, la sensation de l'innocence et d'un âge dor perdus - on comprend que cela a été écrit pendant la Seconde Guerre Mondiale - et une démarche très moderne sur le fait que quête ne rime pas avec enrichissement, mais plutôt avec la perte d'un objet précieux et sa destruction. C'est aussi encourageant d'y trouver tant de chansons.
Par ailleurs, le metteur en scène quadragénaire avait déjà capitalisé des expériences bien utiles, puisqu'il avait dirigé des batailles dans Henry V, créé un monde féérique dans Le songe d'une nuit d'Eté ou fait voler des acteurs pour Peter Pan.
La machine était lancée, avec les décors de Rob Howell, les chorégraphies de Peter Darling, les compositions de l'Indien R Rahman et du groupe finlandais Varttina, ainsi que la direction musicale de Christopher Nightingale, Matthew Warchus se collant même à la co-écriture du livret avec Shaun McKenna afin de pouvoir coordonner plus facilement l'ensemble, pour unifier la vision
S'en ai suivi la demi-déception canadienne, mais pas au point de faire capoter l'ensemble, l'arrêt des représentations avant la fin initialement programmée... et quelques modifications de poids pour la version londonienne ! La nouvelle recette comprend :
- Plus d'émotion et moins de bavardages pour les personnages
- la disparition d'Eowyn et de l'épisode du Chemin des Morts, mais le renforcement des rôles de Galadriel et Arwen
- des batailles au sol en cas de défaillances techniques parfois apparues lors des représentations canadiennes
- un poids lourd des planches anglaises, Malcolm Storry, dans le rôle de Gandalf
- des vedettes musicales, Jerome Pradon et Laura Michelle Kelly pour tenir les rôles d'Aragorn et Galadriel
C'est un investissement total pour Warchus, qui s'étend sur les 5 dernières années, au point qu'il a vécu la naissance de son deuxième enfant, Dylan, comme une parenthèse entre deux mises au point techniques en Lothlorien, le temps d'un saut en taxi à l'hôpital. Bref, de quoi être angoissé de la réaction du public et des critiques anglaises... bien qu'il assure ne pas lire ces dernières, pour survivre !
Souhaitons bon vent à son "bébé" !
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