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Un entretien avec Oliver Peru

Par Gillossen, le lundi 15 novembre 2010 à 15:58:23

DruideSeul auteur français faisant partie du lot des premières sorties des éditions Eclipse, Oliver Peru n'est pas vraiment un inconnu des amateurs d'Imaginaire, notamment du fait de ses travaux dans le domaine de la bande dessinée.
En attendant de retrouver sous peu la critique de ce one-sot sur Elbakin.net, l'auteur a bien voulu répondre à nos questions !
Un entretien à retrouver ci-dessous dès maintenant.

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Nos questions / ses réponses

Pour celles et ceux qui ne vous connaîtriez pas, pourriez-vous nous présenter votre parcours en quelques mots ?
J'ai attrapé très jeune le virus de l'imaginaire grâce aux revues Strange, j'ai découvert les X-men à l'âge de 4 ou 5 ans, puis j'ai commencé à dévorer tout ce qui me tombait entre les mains. Je crois que mon premier vrai roman est Les Dents de la mer. Je l'ai lu avant d'avoir dix ans. Ensuite tout a été très vite (dans ma tête du moins). J'ai commencé à sortir mes premières BD dans les revues noir et blanc de l'éditeur Semic, puis j'ai signé ma première série d'albums chez Soleil, une trilogie nommée Shaman. Ensuite, j'ai collaboré à d'autres projets BD, j'ai fait des couvertures de livres et des illustrations par-ci par-là, du story board et du design pour la télé et le cinéma (j'ai eu la chance de participer à des projets tel que la série Hero Corp ou le film Azad) et aujourd'hui, j'écris beaucoup pour les autres, je travaille sur plusieurs séries de BD et je développe une série TV pour France 2. Et surtout, je me lance dans la littérature. Druide est mon premier gros livre, mais d'autres suivront très bientôt !
Comment est née cette aventure avec les éditions Eclipse ?
D'une rencontre et d'une amitié. J'ai connu Mathieu Saintout (le boss des éditions Eclipse) il y a quelques années, avant qu'il ne se lance dans l'édition. On est très vite devenus amis et quand je lui ai confié que j'écrivais mon premier roman, il m'a immédiatement dit qu'un jour il me le publierait. Des années plus tard, je lui ai soumis la première version de Druide, il l'a acceptée après en avoir seulement lu quelques dizaines de pages. Il a tout de même fait lire le livre par ses collaborateurs et après leur avis favorable, je suis devenu un des auteurs Eclipse. Merci Mathieu d'y avoir cru.
S'agissait-il d'un projet que vous nourrissiez depuis longtemps ?
Oui. J'ai commencé à écrire Druide il y a plus de cinq ans, je l'ai écrit par petits bouts et il m'a fallu environ trois ans pour le mener jusqu'au mot « fin ». Je l'ai tellement retravaillé, retaillé et relu que j'ai parfois l'impression de l'avoir écrit deux fois. J'ai vécu avec cet univers dans mon imaginaire jusqu'à aujourd'hui et je suis heureux de voir enfin le livre en librairie. J'en suis comme libéré, je devais bien ça à mes personnages.
Il est rare qu'un auteur signe également la couverture de son roman ! Était-ce une « obligation » pour vous d'illustrer vous-mêmes Druide ?
J'ai la chance d'avoir un bagage de dessinateur de BD et d'illustrateur et puis j'avais ma vision de l'univers de Druide. Je me voyais mal demander à un autre artiste d'imaginer visuellement un monde que je voyais parfaitement dans ma tête. Du coup, réaliser la couv n'était pas une obligation, je dirais plutôt que c'était naturel.
En quoi le travail de romancier se différencie-t-il de celui de scénariste de BD notamment, au quotidien ?
L'écriture d'un roman est à mes yeux la forme d'art la plus stimulante, à la fois la plus contraignante et la plus facile qui soit. Elle offre un espace de liberté infini aux auteurs, aucune entrave technique, aucun problème insoluble, personne entre l'écrivain et le lecteur.
En BD, le plaisir se prend ailleurs. Il se trouve dans l'échange, le travail d'équipe et dans la magie qui opère quand des dessins prennent vie. Cependant, le dessin est en soi une limite à ce que l'on peut raconter. Sans compter que l'écriture BD est conditionnée par un format. La plupart des albums ne comptent qu'une cinquantaine de pages, il faut donc imprimer un rythme à ces 50 pages alors qu'en roman (du moment que ça ne devient pas ennuyeux), on peut prendre 50 pages pour s'attarder sur des points de détail. Écrire une bonne BD relève de la performance, du contrôle, du bon choix au bon moment et de l'alchimie qui se crée entre le dessin, la couleur et le scénario.
En roman, la plus affreuse des couvertures peut cacher un bijou d'écriture dont les seules limites ont été fixées par son auteur. Les bons romanciers touchent, selon moi, à ce qu'ils peuvent trouver de plus parfait en eux /: des histoires qu'ils taillent à la virgule près et reprennent sans cesse.
Au quotidien, j'ajouterais que les BD trouvent leur public rapidement car elles se lisent très vite. Les romans mettent plus de temps à faire parler d'eux (vous l'aurez deviné, je suis impatient d'avoir des retours de lecteurs sur Druide).
Êtes-vous attiré par la Fantasy depuis longtemps ? Quels sont vos auteurs ou vos romans préférés dans ce genre ?
J'ai toujours été habité par les univers fantasy. Le rêve, l'espace, la pureté comme la noirceur qu'on y trouve m'attire et fait vibrer mon imaginaire. J'aime visiter la terre du milieu ou embrasser la philosophie de chevaliers ou de guerriers antiques. Dès mes premières années, en plus de mes autres lectures, je passais beaucoup de temps dans les livres dont vous êtes le héros et dans les comics. J'ai ensuite découvert les romans de Howard, ceux de Moorcock et Tolkien et plus récemment je suis tombé sous le charme du Trône de fer. Je n'ai pour l'instant lu que les premiers tomes mais quelle claque !
En BD comme en romans, la fantasy est très à la mode depuis quelques années. Comment analysez-vous ce phénomène ?
Difficile à analyser de mon point de vue d'auteur... Je dirais que toute cette création en fantasy est peut-être due en partie à l'avènement d'une génération d'auteurs inspirés par les lectures, les jeux vidéos ou les films de leur jeunesse. Et puis, depuis que le Seigneur des anneaux a été adapté au cinéma, l'œuvre de Tolkien a inspiré beaucoup de plumes et suscité des vocations.
D'un point de vue plus philosophicométaphysiquetranscendant (1 point de plus à celui qui parvient à lire ce mot sans l'écorcher), je me risquerai à dire qu'en ce temps de rationalité, de politiquement correct et de quotidien bien gris, je pense que nous avons envie de rêver. Et la fantasy nous apporte ce rêve et ce goût d'un ailleurs emplie de lumière, de couleurs et de personnages forts.
Du côté des romans, les éditeurs semblent toujours plus nombreux. En tant qu'auteur, ne craignez-vous pas un phénomène de saturation ?
Je crois qu'on est déjà en plein dedans mais comme j'en entends parler depuis des années et que des quantités de livres continuent à sortir et à se vendre, je ne m'en préoccupe pas plus que ça. C'est peut-être naïf de ma part, mais je crois qu'une bon livre finit toujours pas trouver son public. Aujourd'hui, le chemin vers le public est simplement plus difficile.
Comment vivez-vous la relation avec vos lecteurs, en BD et donc désormais côté romans (même s'il est sans doute encore un peu tôt pour le dire dans ce cas) ? Sur le net par exemple, les critiques sont facilement acerbes.
Plutôt bien. Je n'ai à ce jour pas eu de choses désagréables à vivre avec « mes » lecteurs. J'ai fait énormément de séances de dédicaces autour de mes BD et les gens qui se déplacent pour venir à la rencontre des auteurs sont souvent sympathiques. Pas de mauvaise surprise de ce côté-là. J'imagine qu'en littérature, il en sera de même, je l'espère en tout cas. Et en ce qui concerne les avis postés sur le net, je suis évidemment friand de découvrir ceux qui me concernent. Après, si certains lecteurs ne se retrouvent pas dans mes bouquins, je ne peux que les inviter à en tenter un autre. Et si au bout de deux essais, ils n'en ont toujours pas pour leur argent alors, je m'excuse d'avance, c'est que je ne suis sans doute pas à leur goût. Je profite d'ailleurs de l'occasion pour remercier les gens qui parlent sur le net des livres qu'ils aiment car le bouche à oreille est essentiel pour les nouveaux auteurs.
En parlant d'internet, est-ce un outil quotidien pour vous ? Pour vos recherches, pour découvrir de nouvelles chroniques justement...
C'est un outil indispensable, je suis connecté toute la journée. Je regarde des films, des reportages ou j'écoute des audiobooks en travaillant, et dès qu'un sujet m'intéresse je suis capable de passer un temps fou à l'approfondir sur le net.
Quels sont vos projets futurs, en dehors, peut-être, d'une suite à Druide ?
Druide est un one-shot, mais il est vrai que les personnages rôdent toujours dans ma tête. Peut-être qu'un jour prochain, je les relancerai dans une nouvelle aventure. Quant aux autres projets, il y a en a quelques uns qui arrivent en librairie en janvier. Deux BD dont j'écris le scénario /: IN NOMINE avec Denis Béchu au dessin, et ASSASSIN avec Cristi Pacurariu. Je travaille aussi sur la suite de ma série ZOMBIES avec Sophian Cholet et je développe actuellement deux projets de série TV, dont un adapté de mon autre roman, Les Haut-conteurs. Les droits de la série viennent d'être achetés par une grosse maison de production... Rien n'est encore fait, mais c'est un peu comme un rêve qui se réalise. Et sinon, peut-être que je prendrai des vacances bientôt...
Et enfin, pour conclure, auriez-vous quelques mots pour nos lecteurs à l'approche de cette fin d'année ? Un coup de cœur de lecture récent par exemple ?
Je les encourage évidemment à plonger dans Druide et j'espère que sa lecture leur procurera autant de plaisir que j'en ai pris à l'écrire. Pour le reste, n'oublions pas que lire entretient le cerveau et permet de voyager pour pas cher. Peut-être même que ça protège des maladies...
Quant à mes derniers coups de cœur, je parlerai de Gagner la guerre de Jean-Philippe Jaworski et d'un livre de Carl Aderhold qui s'appelle Mort aux con. Celui là n'est pas très fantasy mais quelques passages m'ont vraiment fait rire.
Et je finirai avec un grand merci au site Elbakin.net ! Longue vie à vous !!!

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