Vous êtes ici : Page d'accueil > L'Actualité fantasy

Utopiales 2007 : les entretiens

Par Linaka, le jeudi 29 novembre 2007 à 23:55:54

Notre entretien avec Elisabeth Vonarburg

Quand avez-vous commencé à écrire ? Qui ou qu'est-ce qui vous y a poussée ?

J'ai commencé à écrire à l'âge de cinq ans. J'avais appris les lettres et les chiffres avec les cubes en bois et je savais presque lire. Ma mère m'avait appris les lettres, je savais que ces lettres correspondaient à des sons. Mais le déclic n'avait pas encore vraiment eu lieu, et tout d'un coup, j'étais en train de jouer avec mes cubes, et alors, le déclic : « Oh bon sang ! Ces sons sont des lettres qui sont des sons ! Et ces sons forment des mots et je peux écrire des mots ! » Je savais que les mots étaient faits de lettres qui avaient des sons. Je suivais les histoires que mes parents me racontaient, me lisaient, etc. Et là, ça a été une révélation, carrément mystique. Je me rappelle avoir éprouvé un sentiment de pouvoir extraordinaire. On n'a pas beaucoup de pouvoir quand on a cinq ans. (Rires).

J'ai commencé à fabriquer des petits bouts de phrases avec mes cubes et ma première histoire était une histoire fantastique, puisque c'était « Maison Bleue » avec plein de fautes d'orthographe. Mais je n'avais jamais vu de maison bleue, cela n'existait pas, je venais de créer une maison bleue. Alors ça, c'est le traumatisme initial. J'ai commencé à écrire des petites phrases. Ma mère s'en est aperçue : « Oh ! La petite écrit ! » Et là, elle a commencé à me faire écrire, pour l'écriture, elle me faisait écrire des petites histoires... Alors je suis arrivée à l'école en sachant écrire, je faisais dix-huit fautes par ligne. Après, ça a été le phénomène de la boule qui roule, mais pas parce que je voulais devenir écrivaine ni rien, seulement parce que je commençais à développer une relation très particulière d'intimité avec les mots. J'aime les mots ; vous me donnez un dictionnaire, je suis heureuse, je peux passer la journée dedans. Pour tout : leur sonorité, leur rythme, leur chair et pour tous leurs sens et leurs contresens. A la fac, quand on a fait des études de philologie, j'étais ravie, je trouve même que ça devrait être une exigence pour que les gens se rendent compte que les mots sont des êtres vivants, ils ont un passé, ils évoluent, ils changent, ils se contaminent, ils s'hybrident, et il y a des importés, ça migre, ça immigre, ça émigre, c'est absolument extraordinaire. Alors là on comprend que c'est une ancre, c'est une racine qui vient de tellement loin ! Enfin en tout cas, pour les gens qui aiment la fantasy et la SF, ils devraient aimer les mots ou sinon... En tous cas pour les écrivains, c'est le premier pré-requis je pense. Pour moi les images, ce sont des mots. Quand on rêve, on voit des choses effectivement, mais dès qu'on se réveille, on commence à se les raconter donc ce sont des mots et les mots sont des mélanges d'émotions, de souvenirs, de tout ce qu'on a vu, tout ce qu'on a lu. Et c'est avec ça qu'on écrit des histoires, pas avec des idées. Quand on me dit que la SF est une littérature d'idées, je suis dubitative.


Alors c'est venu comme ça, la boule a continué à rouler, je faisais de bonnes compositions françaises, j'avais de très bonnes notes à l'école. Mais ce que je voulais devenir, moi c'était artiste, je dessinais, j'avais un talent sauvage pour le dessin et je préférais ça mais on m'en a découragée. Et comme j'étais le cas classique, enfant solitaire, entourée de livres, les mots sont devenus mes amis et donc j'ai développé toute ma relation au monde, à moi-même et aux autres à travers le langage. Je suis un être de langage, nous le sommes tous.

Et vers quinze ans, j'ai écrit un roman psychologique normal, « mainstream », qui était évidemment ma propre histoire complètement retournée, tout le monde m'aimait, j'étais belle, intelligente, riche, etc. Sauf que ça se finissait très mal, la seule issue pour l'histoire, après cent-cinquante pages, c'était que l'héroïne devait se suicider et ça m'a fait très peur. J'avais aussi réécrit les fins des films qui ne me plaisaient pas, mais bon... Et là, par un décret de la déesse, j'ai rencontré la science-fiction, la fantasy, le fantastique, tout ça en même temps. Pas un auteur en particulier mais trente-six mille auteurs, parce que j'ai découvert quelqu'un qui venait de vendre sa collection de fiction devant mon lycée de philo, j'avais donc seize ans. J'ai acheté tout ce que j'ai pu et j'ai fait une découverte très œcuménique, je dirais, des genres, aussi bien les Américains, les Anglais que les Français, les Italiens, les Allemands, et les Espagnols : de tout. Et les Français n'étaient pas pires que les autres. Je n'ai donc jamais eu l'idée que le genre n'était pas une littérature, je n'ai jamais eu l'idée que les Français ou les non-Américains étaient pourris. J'ai donc été très surprise par la suite quand j'ai vu toutes les scissions, toutes les factions, toutes les controverses là-dessus, pff ! J'ai écumé toutes les librairies de mon patelin, et j'ai commencé à lire en anglais. Et là, monde merveilleux ! J'ai donc lu tous les grands classiques entre seize et vingt ans. Et j'ai eu à seize ans un grand rêve jungien, je les appelle comme ça, le genre de rêve dont on sent qu'il a un sens particulier - je le dis rétrospectivement parce que sur le coup, il m'a juste beaucoup frappée et je me suis tout de suite mise à inventer des histoires dessus. Le rêve tient en une phrase dans mon carner de l’époque ! Et de ce truc sont sortis trente-quatre ans d'écriture. Et finalement « Tyranaël », qui est un ouvrage en cnq volumes que j'ai sorti à l'âge de cinquante ans. Et je me suis rendue compte ensuite que toute mon oeuvre parlait de la même chose ; au niveau des mythologies sous-jacentes personnelles, c'est toujours la même chose ; il y en a qui déguisent mieux, moi non. En tous cas, voilà comment ça s'est passé.

Qu'est-ce qui vous a amené vers la littérature de l'imaginaire ? Pourquoi vous attire t-elle ?

C'est ça, c'est que lorsque j'ai découvert la SF, j'avais beaucoup lu, je vivais dans une maison de livres et j'avais beaucoup lu de livres d'adultes parce que mes parents estimaient qu'à quinze ans, on est plus ou moins adulte. J'avais donc beaucoup lu mais j'avais l'impression d'être dans une boîte : une fille. en province, au début des années 60... J'étais sur un rail : je deviendrais prof, sans doute, il n'y avait pas beaucoup de « respir » dans tout ça, ça manquait de souffle. Et tout d'un coup, je rentre dans la SF et là waow, le couvercle de la boîte saute. J'avais lu Orwell, tout ça, mais je n'avais jamais entendu le mot SF avant de tomber dans la SF à quinze/seize ans. Et donc ça a été cette libération extraordinaire, et si je n'avais jamais rencontré tous ces genres, les genres de l'imaginaire, je n'aurais sans doute jamais écrit. J'aurais peut-être écrit de la poésie... mais j'ai arrêté à quinze ans. Le problème avec l'écriture normale, hors-genre, c'est que ça parle de je/me/moi en général, mais d'une façon plus directe. Alors que dans les genres, c'est extraordinairement déguisé. Et moi, après mon expérience malheureuse avec mon roman psychologique, et avec la poésie en vers libres que je trouvais très molle au niveau de la forme parce que je ne maîtrisais pas le truc, et que j’ai aussi lâchée parce que ça me renvoyait dans la face mes propres choses gluantes... Dans la SF je pouvais avoir l'illusion, et j'ai cultivé cette illusion pendant une dizaine d'années, que non, ça ne parlait pas de moi mais de créatures exotiques dans des lieux étranges, et pui, enfant, j’avais été nourrie de mythologie étrange. Ce n'est qu'après, vers 76, après avoir émigré et fini la troisième version de Tyranaël, que tout d'un coup, ça m'a frappée : « Mais bon dieu ! ça ne parle que de moi ! ». Alors là, j'ai assumé. Et à partir de là, l'écriture est devenue consciemment une exploration de soi, un voyage en soi.

Je crois que vous avez déjà en partie répondu à cette question : quand et avec quel livre avez-vous découvert la fantasy ?

Je n'ai pas découvert la fantasy avec un livre en particulier. J'ai lu « Le Seigneur des Anneaux » très tard, c'est un copain américain qui me l'a donné, j'avais vingt-trois ans déjà et j'étais mariée. Donc je pense que si je l'avais lu plus tôt, cela ne m'aurait pas autant frappée parce que je n'aurais pas été à un stade adéquat de mon écriture à moi. Le SdA a été un des bouquins avec « Dune » et avec Keith Roberts, « Pavane », et avec « La Main Gauche de la Nuit » d'Ursula Le Guin, qui m'ont donné la permission d'écrire ce que j'écrivais. « Ah on peut faire ça ! Ah ! Il y en a qui le font et qui ont même du succès ! Bon, d'accord ! » Je ne pensais pas au succès en fait, je ne pensais absolument pas à la publication mais « Ah, on peut écrire ça, ah, c'est ça aussi ! ». Moi, ce qui m'a fascinée dans Tolkien, c'était tout l'aspect linguistique. Evidemment. La façon de créer une culture par les mots, c'est ce que j'ai fait dans « Tyranaël » et c'est ce que je fais aussi dans « Reine de Mémoire ». Donc non, rien en particulier, c'était juste l'ensemble de la chose ...

Pouvez-vous m'en dire plus sur vos habitudes de travail ? Combien d'heures par jour passez-vous à écrire, où travaillez-vous, avez-vous des rituels ?

Je peux toujours travailler n'importe où. J'écris depuis le moment où je commence jusqu'au moment où j'arrête! Avant que je me mette à écrire, il y a tout le processus du remue-méninges qui peut prendre trois ou quatre ans, ou trois semaines... En général, pour un roman, c'est plutôt plusieurs années. Sinon, je perds beaucoup de temps en écrivant parce que la chose n'est pas mûre. Simplement, moi je mûris non pas en écrivant mais avant. Beaucoup d'écrivains disent « Ah ! c'est merveilleux, mes personnages me parlent et me conduisent sur des voies inattendues », oui, eh bien moi, ça m'arrive avant ! Je ne peux pas me permettre que ça m'arrive pendant parce que là, je me mets le nez sur un mur et il faut tout réécrire car ça ne marche plus. Je perds un temps épouvantable et je ne peux pas me le permettre. En général, je me dégage, les bonnes années six mois, les mauvaises années trois mois, pour écrire un roman de cinq cent pages ou plus. C'est pour cela que mes remue-méninges durent très longtemps. Entre le moment où l'image, le personnage, la situation, l'histoire commencent à prendre, après un rêve par exemple comme ça a été le cas pour « Tyranaë »l et pour « Reine de Mémoire » de façon encore plus frappante, là il peut se passer plusieurs années où tout arrive, où j'interroge les personnages, l'histoire, le décor, où tout s'invente... On ne peut pas se permettre d'arriver dans l'écriture en soi alors que l'arrière-monde par exemple n'est pas encore cohérent. Je l'ai mal fait pour « Reine de Mémoire » car justement je voulais faire l'expérience littéraire de moins préparer et une fois que je me suis retrouvée devant la première grande scène de magie, je me suis dit : « Ah mais comment ça fonctionne, cette magie ? » Et alors là, non, ça ne va du tout, c'est la catastrophe. Quand j'arrive à l'écriture, c'est comme le peintre de fresques : le mur est humide, il faut peindre à ce moment-là. Trop tôt, c'est trop humide, trop tard, c'est trop sec. Et donc j'écris très vite et je dois dire que les ordinateurs m'ont beaucoup aidée pour ça, j'ai la réputation de taper plus vite que mon ombre avec un Mac!

Vous définiriez-vous comme un écrivain scriptural ou structural ? C'est à dire écrivez-vous en vous laissant guider par l'intrigue ou avez-vous besoin de définir une structure et un plan chapîtré précis avant de commencer ?

Cette thèse du scriptural/structural est celle de Francis Berthelot. Je suis les deux parce que je suis méchamment structurale avant d'écrire, et une fois que j'écris, ça écrit. Et là ça arrive, il y a 20% d'inattendu, sur cinq cent pages ça fait quand même beaucoup. Donc on est porté par les mots, on est porté par le monde, et il arrive des choses. Effectivement, je me suis développée davantage comme structurale que scripturale, mais c'est lié au genre! Quand on écrit une histoire qui se passe dans notre monde à nous, pas besoin de trop s'énerver sur la cohérence, le lecteur fait les trois-quarts du boulot! Quand on crée un monde secondaire, je suis désolée, on ne peut pas inventer à mesure comme Indiana Jones, ça ne marche pas. De toute façon, ceux qui le font, quand on les pousse un petit peu, disent « Et après, je réécris », alors c'est quoi l'affaire? Moi, je n'ai pas le luxe de me permettre de perdre trois ans à réécrire un bouquin ; quand il est écrit, ce que je reprends, c'est au niveau de la phrase, éventuellement au niveau du battage de cartes des chapitres, comme par exemple : « celui-là irait mieux avant celui-là... Ça pourrait faire des effets plus intéressants si c’est cette scène-là avec ce personnage-là », etc., mais quand c'est écrit, c'est écrit. Je n'ai jamais vu un éditeur depuis quinze ans qui m'ait dit « Ah, dis donc, tu pourrais réécrire cette partie-là », etc.

Pour ce qui est des horaires, ça dépend complètement des écrivains parce qu'il y en a qui ont un vrai travail, il y a des femmes écrivains qui ont une famille et un job, en plus. Moi je suis écrivaine à plein temps, c'est à dire qu'en réalité, je fais de la traduction! Mais quand je me libère pour écrire, au début j'écris environ six heures par jour, et j'écris vingt pages, puis ça passe à dix heures, onze heures par jour. Puis, quand j'arrive au galop normal c'est quarante pages par jour.

Le problème avec les créateurs de mondes, et ils vous diront tous la même chose, je suis sûre que Pierre Bordage vous dirait la même chose, c'est que plus le monde est complexe, plus on a besoin d'être dedans. Car de tous les paramètres de ce monde, et ils sont très nombreux, dépendent la psychologie des personnages, leurs réactions, leurs façons de parler. Donc, pour que l'effet de réel fonctionne pour le lecteur, il faut que tout ça soit cohérent. Or, peut-être que je pouvais me le permettre quand j'étais plus jeune, mais maintenant mes neurones ne sont plus ce qu'ils étaient sans doute et j'ai vraiment besoin d'être dedans. Alors je ne peux pas me dire « OK, j'écris de 8h30 à 9h30 ensuite je vais faire autre chose », non, il faut que je sois dedans toute la journée, toute la semaine, tout le mois, trois mois, six mois.

Quelles seraient selon vous les qualités essentielles pour un écrivain ? De la détermination, de l'auto-discipline, une facilité à accepter les critiques... ?

Ça n'est pas mal de se créer un réseau, déjà, parce que le mythe de l'écrivain solitaire tout seul, loin de son foyer... pfff. Il y a tellement de mythes de l'écrivain, et surtout en France, c'est exaspérant : ça fume, ça boit, ça baise, c'est tout seul loin de son foyer... Rhoo, lâchez-nous les baskets !

Alors, revenons à la question : qu'est-ce qu'il faut pour être un écrivain qui progresse? Il faut aimer les mots, aimer les histoires et avoir besoin de raconter, même pour soi, d'abord pour soi. Oh, il y en a qui sont motivés par le regard des autres mais j'ai peur que ce ne soit une motivation très dangereuse. « La gloire, l'argent et les femmes » comme disait Balzac. Chacun se trouve les motivations qu'il peut, et, ça peut être des prétextes, parce qu'en réalité, c'est autre chose, mais on estime que ce ne sont pas des prétextes décoratifs, même pour soi, donc on préfère dire que c'est pour la gloire, l'argent et les femmes. Il faut être à la fois très humble et très arrogant, je crois, et savoir à quel moment être l'un et être l'autre. Il faut être très humble vis-à-vis des personnages, vis-à-vis de l'histoire, de ce qui se dit, de ce qu'on est en train de se dire, et être à l'écoute. Il faut être souple, accueillant à l'égard de la critique, et se dire que si trois personnes vous déclarent qu'à cet endroit-LÀ du bouquin, il y a quelque chose qui cloche, et même si elles ont trois avis différents sur les raisons pour lesquelles ça cloche, mais qu'elles sont toutes d'accord sur ce chapitre-LÀ, il y a quelque chose qui ne va pas, et elles ont raison. Et vous avez tort, ça c'est certain ; s'il n'y a qu'une personne qui vous dit « Ah ben, ça, là, non vraiment... », testis unus testis nullus, un seul témoignage ne suffit pas. Mais si plus de deux personnes se recoupent sur un même élément et si, en plus, elles ont la même explication toutes les deux, ce truc-là ne marche pas. A ce moment-là, il est temps pour vous d'apprendre quelque chose. Je pense qu'il n'y a pas un moment précis où ça arrive et où on sait qu'on peut être humble ou pas... On n'arrête pas de devenir être humain, on n'arrête pas de devenir écrivain non plus. Et il y a un moment où l'histoire - vous-même, puisque l'histoire, c'est vous de toute façon - dit « là, c'est fini » et l'auteur : « c'est tout ce que je peux faire avec, c'est tout ce que je peux être au moment où j'en suis, c'est pas la peine de pousser davantage, me faites pas chier ».

Alors, ça, les bons éditeurs, les bons directeurs littéraires savent reconnaître ce moment-là chez un écrivain. En ce qui me concerne, j'ai au moins appris ça, j'ai appris à reconnaître le moment chez autrui et c'est abominablement frustrant. Parce que la personne qui est plus développée dans sa progression de l'écriture voit ce que pourrait être l'histoire, mais l'autre ne le voit pas et c'est son histoire, pas la vôtre. Alors, tant pis, quand il ou elle la relira dans dix ans elle dira « Oh merde! J'aurais pu faire mieux » Oui, mais, c'est là que tu étais. Vois ça comme une page de ton journal, tu ne reprends pas les pages de ton journal, c'est ça que tu étais à ce moment-là, à cette heure-là, et apprendre à le reconnaître soi-même, ça c'est vraiment difficile. C'est le moment où il s'agit d'être -... oh, on ne peut pas dire « arrogant », c'est le moment d'être lucide. « Je ne peux pas faire plus, je comprends ce que vous voudriez que je fasse, mais je ne suis pas capable ». OK, il faut s'arrêter là, mais c'est difficile, surtout avec les ordinateurs, on a la compulsion de la rééécriture !

Il faut aussi aimer les mots mais ne pas considérer son texte comme sacré. Il n'y a rien de sacré dans un texte, il n'y a rien qui ne puisse être changé dans un texte, sauf, à la limite, s'il y a vraiment une voix en vous qui vous dit « Non, pas ça ».

Je vais vous donner deux éléments ; sur ma table de travail, il y a une maxime qui dit : « Ni la paresse, ni l'ignorance, ni l'esprit de contradiction ne sont des motivations esthétiques de force majeure ». Ça, c'est ce que je réplique aux écrivains qui me disent « Ah non, je ne changerai pas cette virgule, il n'en est pas question! ». L'autre détail, c'est pour vous donner une idée de ce qui peut ne pas changer dans un texte, ce à quoi on doit s'accrocher dans un texte. J'ai écrit, réécrit « Tyranaël », je l'ai réécrit sept fois et demi, plus la dernière fois qui était la bonne. Ça a toujours fait deux mille pages, tapuscrit ou manuscrit. Sur ces deux mille pages, j'ai vérifié ce qui est passé direct, parce que j'avais transcrit mes trucs et c'est passé de fichier en fichier. Et ce qui est resté, c'est environ deux cents pages sur deux mille, qui sont passées texto de la version de quand j'avais seize ans à la version de quand j'en avais cinquante. Visiblement, ça c'est le germe, on n'y touche pas. C'est la base! Ça vous donne une idée de ce qui peut être changé dans un texte de trente pages, hein? Il y a aussi le fait que ça s'est étalé sur trente-quatre ans, bon, mais même en prenant ça en compte, quand je reçois des textes qui sont suffisamment achevés de mes participants à mes ateliers d'écriture, et quand je commence à les voir en fonction d'une éventuelle publication, en général, je leur suggère d'en enlever seulement 20% sur trente pages, là, c'est correct, ils sont pas pires. Enfin, voilà, ça vous donne une idée...

Pensez-vous que tout le côté commercial de la fantasy (les couvertures voyantes, les films à gros budget ...) soit responsable du mépris qu'ont certains pour le genre ? Ou est-ce dû à sa nature irréelle et imaginaire ?

Le mépris que les gens ont pour les genres est aussi ancien que l'existence des genres. Le roman au 17ème siècle était considéré avec un mépris total, quand on a commencé à faire autre chose que de la poésie. Même au Moyen-Âge, il y a toujours eu un mépris pour les choses qui sont populaires. C'est comme ça, la haute culture a besoin de la basse culture pour exister, et réciproquement. On peut trouver tout un tas de motivations pour ne pas aimer ces genres-là, et c'est parfaitement légitime! Moi, je n'aime pas l'auto-fiction, j'ai le droit! Les gens disent des genres : « C'est pas de la littérature », écoutez, je m'en tape, moi, c'est ce que j'écris, c'est ce que j'aime lire, c'est ce que j'aime écrire. Faites ce que vous avez à faire, moi je ferai ce que j'ai à faire. L'aspect commercial... c'est autre chose que l'écriture. Dès qu'un bouquin commence à être publié, c'est un jeu de balle complètement différent, « another ball game ». Ce sont complètement d'autres critères qui entrent en lice, puisqu'il s'agit d'un business. L'édition n'est pas un art, les éditeurs se pètent les bretelles en prenant des airs artistiques, mais ce sont les écrivains qui sont des artistes ! Les éditeurs sont des commerçants, point. Il y a des commerçants qui sont plus éclairés que d'autres, mais ils sont quand même la proie du commerce, ils sont inféodés au secteur commercial dans leur maison. Et donc, le mépris, des uns et des autres... Les couvertures racoleuses, c'est pour racoler! S'il y en a qui méprisent, ok, mais il y en a d'autres au contraire que ça va racoler. Il y a des gens qui fuient comme la peste les couvertures des collections blanches, et d'autres qui fuient comme la peste les couvertures racoleuses. Bon, tout ça c'est du commerce. Je vais m'entendre dire : « à l'âge que j'ai »... À l’âge que j’ai, je commence à sérieusement m'en foutre. Parce que de toute façon, je n'ai jamais vécu de mon écriture, je vis de la traduction ; j'ai une petite partie de mon revenu qui vient du fait que, sinon en France, au moins au Québec je suis un gros poisson dans le petit verre, mais je n'ai jamais compté là-dessus pour vivre. Et donc, les considérations commerciales... Je suis contente quand ça marche et je ferai ce qu'il faut et je lis mes contrats avec attention, mais...

La fantasy a-t-elle sa place à l'université ? Est-ce qu'elle pourrait et devrait être étudiée ? A votre avis, pourquoi le genre n'est-il pas considéré comme suffisamment sérieux pour faire partie du programme ?

Elle a déjà sa place à l'université. En France, peut-être que ce n'est pas le cas dans toutes les universités, mais personnellement j'ai fait ma maîtrise à l'université de Dijon sur les rapports entre la science-fiction, le fantastique, et la fantasy. Enfin, c'était après 68, mais on est extrêmement après 68 maintenant- et je connais plein de gens qui font des thèses de doctorat, il y a même des thèses de doctorat sur Vonarburg!

Après 68, il y a eu une ouverture, mais ça dépend vraiment des universités, il suffit qu'il y ait un prof qui y soit ouvert. Mais en milieu non français, en anglophonie en tout cas, pff, c'est courant. Enfin, il y a toujours un petit effet « Vous êtes des marginaux », mais c'est quand même un créneau tout à fait possible. Et pour répondre clairement à la question, oui, bien sûr la fantasy aurait sa place à l'université, puisque 98% de la littérature mondiale est de la fantasy. Qu'on l'appelle réalisme magique ou mythologie, ou whatever, peu importe! Le réalisme est un accident dans l'histoire de la littérature mondiale ! Le milieu universitaire est très lent à bouger, parce que c'est un milieu très conservateur. Les gens ont été obligés de se couler dans un moule pour rentrer, et une fois qu'ils ont été coulés dans un moule, ils se disent : « je ne me suis pas fait chier à me couler dans le moule pour me fatiguer à en sortir! Vous allez y passer aussi ! » Il y a une inertie du système extrêmement forte – j'ai toujours su que je ne serais pas faite pour le cadre universitaire.

Quel est le rôle de la littérature de l'imaginaire dans la société ? Est-ce une sorte de besoin ? Je pense aux mythes, aux contes populaires, au folklore ...

On parlait de divertissement tout à l'heure, je vais appuyer : oui, elle est là pour nous divertir, au sens propre du terme, nous sortir de notre ornière, nous faire découvrir des trucs hors du champ que nous avons l'habitude de labourer comme des bestiaux, extra-ordinaire, elle est là pour nous permettre de nous échapper, oui, oui ! Le prisonnier, comme disait Tolkien, a le devoir de s'échapper. Elle est là pour l'aspiration à autre chose, mais toute la littérature, tous les arts sont là pour ça, ils sont là pour nous divertir, c'est le superflu de l'existence. Prenez-moi le nécessaire mais laissez-moi le superflu ! C'est un peu exagéré, c'est un peu une position de nanti, mais même les gens les plus pauvres, les plus démunis, ont la musique, ils en font. Ils se racontent des histoires, etc. L'être humain sans le superflu n'est qu'un animal.

Pensez-vous que la fantasy puisse être, puisque c'est un des thèmes forts des Utopiales cette année, une forme d'engagement pour la protection de l'environnement ?

Ah, eh bien, personnellement, pour moi, oui - je ne vais pas généraliser. Je sais qu'il y a beaucoup d'auteurs pour qui la fantasy est justement un moyen de parler de la nature, puisque c'est un des personnages, normalement, d'une bonne fantasy, c'est le rapport au monde physique, et au monde naturel. Pour beaucoup d'auteurs féminines que je connais, américaines, de fantasy, c'est effectivement une façon d'être écologiste. Mais la nature renvoie au corps, ça renvoie à la mère, ça renvoie à la matière... La nature, c'est plus que ça, c'est l'être humain aussi, nous sommes des animaux de la nature, nous ne sommes pas hors de la nature. Et donc, c'est essayer de revoir ces rapports entre cette partie de la nature qui s'imagine au-dessus de la nature, qui est nous, et la nature qui, elle, on le voit à chaque fois qu'il y a un désastre, la nature, elle, nous fait : (Elisabeth fait un beau doigt d'honneur). On va y penser de plus en plus souvent. La nature, elle, se fout pas mal de toutes les fantaisies qu'on a de : « Nous dominons la nature, nous sommes les maîtres du monde! » Ah oui ? le monde n'était pas au courant !

Alors la fantasy est un de ces moyens-là, effectivement, sans être bêlant, granola (Note : Au Québec le terme peut désigner quelqu'un d'un peu hippie, bohème, et de convictions écologiques, etc. Source Wikipédia), etc., c'est vraiment une nécessité de replacer l'animal humain dans un contexte différent de celui du contexte urbain qui a dérapé, sous bien des aspects, et où il est de plus en plus difficile d'être humain à part entière. Je ne suis pas du tout anti-urbaine. J'ai grandi à la campagne, les grandes villes me font un peu peur, je les apprivoise en marchant dedans... Mais disons que en tant, effectivement, que petite fille élevée à la campagne, j'ai toujours l'impression que les très grandes villes ne sont pas humaines. Il y a quand même toute une ambiance, toute une relation de l'être humain au monde physique qui me paraît manquer. Et puis, si on coupe l'être humain de la nature, on peut faire à la nature n'importe quoi... sauf que c'est la branche sur laquelle on est assis. On ne pas la laisser être sciée, on va crever ! L'animal humain est le seul qui salit son nid...

Les auteurs de SF écrivent aussi de la fantasy mais le contraire est rarement vrai. La fantasy est-elle la fille de la SF ? Ou sont-elles apparentées mais de genre distinct ? Certains considérent la fantasy comme un sous-genre de la SF. Etes-vous d'accord ?

Personnellement, je ne me sens plus vraiment capable d'écrire de la science-fiction, parce que ça se projette dans le futur et projeter des futurs qui ne soient pas à propos de ce qui va nous arriver dans les vingt ou trente prochaines années... Et ce qui va arriver va être épouvantable, moi, je ne peux pas passer par-dessus ces monceaux de cadavres qui vont arriver. Je trouve ça obscène.

Alors, est-ce que c'est aussi cette raison-là, parce qu'il y a cette espèce de discontinuité dans le futur...? Il y en a pour qui la discontinuité est technologique, c'est-à-dire : nos machines vont devenir tellement intelligentes que nous ne pouvons pas savoir ce qu'elles inventeront, et alors bla-bla-bla, discontinuité. Ça, c'est de la masturbation intellectuelle : « Eh, on va devenir immortel, youpee ! » Ce sont des trucs très américains et ça me pue au nez comme c'est pas possible. L'autre discontinuité, c'est celle dont je parlais. C'est l'extraordinaire bouleversement, les extraordinaires bouleversements sur tous les plans qui vont découler des changements climatiques.


J'ai un roman de science-fiction, qui est le troisième d'une espèce de non-série, mais non, il ne prend pas. Il reste flou, nébuleux, ça flotte... chaque fois que j'y pense, il y a des personnages, des petites amorces d'histoire, mais il n'y a rien qui me cause le besoin d'écrire. Je n'écris jamais que lorsqu'il y a vraiment quelque chose qui pousse fort. Et ce qui pousse fort en ce moment, c'est le prochain roman, qui se passe au Moyen-Âge et qui est encore à propos de religion, de magie et d'équilibre et d'harmonie entre l'homme et la nature, entre les hommes et les femmes, le pouvoir, la violence, enfin, c'est toujours la même chose. J'écris tout le temps la même chose.

Si la fantasy est un sous-genre de la science-fiction ? Ah-ah ! J'avais envie de dire ça tout à l'heure. Que la science-fiction est un sous-genre de la fantasy. Mais ça, ce sont des étiquettes parce que, quand on y réfléchit bien, 99% de la science-fiction sont de la fantasy et de la fantaisie. De la fantaisie scientifique. La science-fiction pure et dure, c'est un tout petit pourcentage de la science-fiction. Et même celle-là, c'est de la fiction, donc... c'est de l'invention, c'est de l'imaginaire.

Est-ce que les races de Tolkien (Elfes, Nains, Orques ...) sont encore d'actualité ? Si on utilise les clichés de la fantasy, est-on obligé, comme l'a fait Terry Pratchett, de les parodier pour rester original ?

J'ai cette théorie : comme je ne suis pas quelqu'un qui a des idées originales, que ce soit de la science-fiction ou n'importe quoi d'autre, OK, j'ai un imaginaire très chargé, un inconscient extrêmement vivace, oui, mais quand on me dit « Ça a déjà été fait », je réponds « Oui, mais pas par moi ». L'idée qu'il y a là-dedans, ce n'est pas de l'arrogance, c'est juste qu'on est tous uniques. Et n'importe quel cliché utilisé par une personnalité suffisamment forte sera modifié par cette personnalité. Pierre Bordage disait tout à l'heure : « On ne fait que ré-inventer, on recycle, on recycle, il n'y a rien de nouveau ». Même la science-fiction... Oui, on habille autrement parce qu'il y a des trucs technologiques qui arrivent et qui modifient des vieux mythes – le mythe du double n'est plus tout à fait le même depuis qu'on a des clones, comme le mythe de la créature artificielle depuis qu'il y a les possibilités de la nano... gna-gna-gna et tout ça... Mais ce sont toujours ces créatures qui soutiennent Héraclès, le boiteux qui a fabriqué ces statues en or qui sont des androïdes. L'esprit humain est limité. Il a une certaine réserve d'imaginaire et ce qui évolue au cours des siècles, c'est la façon dont il habille ces choses. Non seulement les sociétés les déclinent-elles mais, effectivement, les individus les déclinent chacun à leur manière. Et donc n'importe quel cliché utilisé par quelqu'un dont l'imaginaire personnel, le mythe personnel sera assez fort... On peut prendre n'importe quoi, le parodier, ne pas le parodier... Regardez ce que Catherine Dufour fait, regardez ce que Terry Pratchett fait, regardez ce que d'autres font... Bien sûr, on rit dans ces bouquins mais c'est très sérieux en réalité. On peut tout utiliser, il n'y a rien qui soit un matériel trop usé.

Dernière petite question sur l'une de vos oeuvres. « Reine de Mémoire », que j'ai trouvée en Livre de Poche récemment, avec une très jolie illustration ...

Oui, ce n'est pas mal... Ça fait bien fantasy.

J'aimerais savoir comment vous est venue l'idée de ce livre ...

La condition très ordinaire : j'ai fait un rêve. Ma mère est morte en 98, au printemps 1998. Et là je suis devenue orpheline puisque mon père était mort quelques années plus tôt. Et ça m'a fait vraiment un choc parce que j'ai appris en écrivant que j'écrivais surtout à propos de mes parents et de ma relation avec eux, de leur histoire. C'étaient des raconteurs d'histoires, ils ont fabulé-... enfin j'ai toute une mythologie familiale hallucinante, et j'ai découvert par la suite qu'on m'avait beaucoup menti. Mais ce n'étaient pas vraiment des mensonges : ils étaient des raconteurs d'histoires. Ils avaient leur propre vie personnelle qui influençait leur propre histoire... Pendant un an ou presque un an, pendant six mois, j'ai cru que je n'écrirais plus jamais. Et un jour que je dormais chez mon éditeur à Québec, j'ai fait un rêve qui m'a extraordinairement frappée parce que ce n'était pas... j'ai des rêves récurrents mais je n'avais jamais fait un rêve de cette sorte-là. Iil y a des rêves pour moi qui sont extrêmement intenses et dont je me dis au réveil « Oh la la, je suis en train de me dire quelque chose, mais quoi ? ». Et j'ai rêvé de la carte. J'ai rêvé des enfants, j'ai rêvé de la tour noire, j'ai rêvé de l'épisode sur la plage et le lendemain, en attendant l'autobus pour rentrer chez moi, pendant deux heures, j'ai remue-méningé. J'ai récemment regardé ces notes, d'ailleurs. C'est fascinant de voir de quelle façon ça a dérivé, ce qui est venu tout de suite – je ne vous le dirai pas car ça vous donnerait la clé du cinquième tome – et je me suis rendu compte que ce que je pensais être des affirmations étaient en fait des questions. « La carte est ceci » et en réalité c'était « la carte est ceci ?». Mais le titre est venu presque tout de suite aussi, avec l'idée que c'était un jeu de cartes, tous les titres seraient des cartes. Et là, j'étais ravie, parce que je me suis dit « Bon Dieu ! Voilà quelque chose de nouveau pour moi ».

J'ai essayé d'en faire de la science-fiction, mais ça ne voulait pas. Absolument pas. Tous les rêves que je fais d'habitude se laissent transformer en science-fiction très aisément. Celui-là m'a dit : NON ! J'étais très embêtée parce que, j'ai écrit de la fantasy pour jeunes, qui sont en fait des contes de fées tordus, je n'ai aucun problème avec ça, mais alors, la fantasy pour adultes ! J'ai traduit presque tout Guy Gavriel Kay, qui écrit de la fantasy historique et aussi uchronique un petit peu, et j'ai appris avec lui à faire des points de vue multiples, mais je me disais « ce genre de truc, je ne pourrai jamais ». Ma position personnelle, philosophique, métaphysique, religieuse à la limite, religieuse au sens large, au niveau de ce que je crois par rapport au surnaturel, est extrêmement ambivalente. Je crois au mystère mais le mystère, ça ne veut pas dire Dieu ni le surnaturel. Alors ça m'embêtait. Et finalement, dans le roman, j'ai débattu de tout ça. J'ai débattu avec moi-même.

La condition particulière, vraiment particulière dans laquelle je l'ai écrit est que je ne l'ai pas remue-méningé comme j'aurais dû le faire. Comme je vous le disais tout à l'heure, je me suis dit, je vais faire une expérience, etc. Et puis, c'est un bouquin où je me suis rendu compte à quel point le monde extérieur avait de l'impact sur moi parce que j'avais commencé à écrire en 2000 et là, George Bush a été « élu »... Nom de Dieu ! Ça m'a bloquée pendant six mois. Ensuite en 2001, les tours ! (Note : les tours du World Trade Center). J'avais réussi à écrire pratiquement tout le premier volume. Là, les tours descendent... Pouf, pendant un an. Comment écrire après ça ? Peut-être que vous ne l'avez pas vécu comme ça mais pour les gens de ma génération, enfin, pour moi en tout cas, ça a été : « Nous venons de changer d'univers et ce n'est pas l'univers où je voulais vieillir ». Tout a tourné au pire. Et ça a été de mal en pis à partir de là... Mais ça m'a permis de me rendre compte par la suite (après les tours, j'ai d'abord écrit de la poésie, ce qui m'a ramenée à l'écriture), je me suis rendu compte que, justement, la seule façon de parler de ce qui s'était passé et se passait, pour moi, c'était de continuer à écrire. Et d'écrire de la façon apparemment la plus éloignée du réel, c'est-à-dire de la fantasy ! Finalement, j'étais très à l'aise là-dedans, dans cette uchronie, parce que ça me permettait de traiter tous ces problèmes-là, les problèmes religieux, la foi, la tolérance, l'intolérance, le déséquilibre, le rapport au corps, au sexe, à la nature... Je voulais le traiter de cette façon-là, et c'est ce que j'ai fait.

Propos recueillis et mis en forme par Annaïg Houesnard

  1. Notre entretien avec Erik Lhomme
  2. Notre entretien avec Elisabeth Vonarburg
  3. Notre entretien avec Xavier Mauméjean
  4. Notre entretien avec Greg Keyes
  5. Notre entretien avec Greg Keyes (anglais)

Dernières critiques

Derniers articles

Plus

Dernières interviews

Plus

Soutenez l'association

Le héros de la semaine

Retrouvez-nous aussi sur :