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Utopiales 2007 : les compte-rendus !
Par Linaka, le samedi 10 novembre 2007 à 09:05:31
Deuxième étape après les images, revenons-en au texte !
Un week-end nantais comme on en fait peu, voilà ce que vous allez pouvoir découvrir une fois passée cette très brève introduction. Durant le week-end, puisque rappelons-le, le site reste actif le samedi et le dimanche, attendez-vous aux focus sur les conférences, aux interviews elles-mêmes, et à quelques photos supplémentaires.
Mais, avant cela, bonne lecture ! Et une réaction sur le forum ?
Du jus d'orange au champagne - Un voyage aux Utopiales
10H30, Cité des Congrès, le 03/11.
Il fait froid, il fait gris, et les portes du festival ne sont toujours pas ouvertes. Nous attendons en essayant de nous réveiller, après avoir fait plus d'une heure de route depuis Rennes jusqu'à Nantes, où ce qui est devenu le plus grand festival international de science-fiction et de fantasy se tient depuis jeudi 1er novembre.
C'est une fois de plus (pour ceux qui ont suivi l'aventure de St Malo avec Michaël Moorcock) la vaillante bien que vieille Renault 11 qui nous a amenées vers les territoires de l'imaginaire, à travers les terrifiants méandres de Nantes. Nantes, ville réputée pour son superbe château des Ducs de Bretagne, pour ses acharnés qui veulent revenir en Bretagne, et aussi pour ses ronds-points machiavéliques tout à fait perturbants pour les non-initiés. Mais après quelques détours, nous avons triomphé du labyrinthe de rues et nous sommes enfin prêtes, Muriel et moi, à nous plonger dans le festival.
Depuis le parvis de la Cité des Congrès, nous contemplons la grande façade de verre où ont été plaquées des dizaines d'affiches du festival. Mais je m'impatiente; tout de même, après avoir tant travaillé pour préparer les questions des interviews, après avoir harcelé l'un et l'autre pour m'organiser, se retrouver à attendre comme n'importe quel visiteur est un scandale. Alors ni une ni deux, munie de mon invitation au brunch du Livre de Poche qu'Elbakin.net m'a gentiment envoyée, j'entraîne Muriel vers la porte de l'accueil presse et nous entrons enfin, plus ou moins clandestinement. Grâce à un de mes contacts présent sur place, nous sommes autorisées à attendre à l'intérieur de la Cité le début du brunch, prévu à 11H. Nous en profitons alors pour faire un petit tour ici ou là.
Après l'entrée et l'accueil se trouvent deux grandes allées parallèles où se tient l'exposition des illustrateurs de science-fiction et de fantasy. Il y a là des créations superbes, ainsi que des sculptures aux formes torturées. Après ces deux grandes allées, l'espace Shayol: vivement coloré, avec un écran géant qui affiche l'illustration du festival, créée pour l'occasion par l'architecte belge Luc Schuiten. La plupart des conférences se tiendront à cet endroit, sous l'éclairage de disques rouges suspendus au plafond. A l'étage, c'est le Salon du Livre : des kilos et des kilos de livres attendent de trouver preneur en faisant de l'oeil aux passants.
Nous continuons notre visite du rez-de-chaussée; il y a là encore le dénommé Bar de Mme Spock, avec à une extrémité une petite scène avec des fauteuils pour les tables rondes, et à l'autre le bar lui-même, confortablement aménagé avec des fauteuils, des tables et des canapés rouges en pagaille. Après avoir demandé notre chemin à un organisateur passant par là, nous apprenons avec soulagement qu'il y a des toilettes à l'étage en-dessous. Une fois descendues avec l'escalator, nous découvrons une autre partie du festival : un espace manga avec des stands d'illustrateurs, un espace jeux avec des consoles vidéos mises à la disposition du public. Tous les aspects qu'ont pu prendre la SF et la fantasy au cours des années sont représentés dans le festival; il y a non seulement les conférences des écrivains et des scientifiques, le Salon du Livre, les illustrateurs et les jeux vidéos, mais aussi les jeux de rôles, les arts plastiques, la BD, le cinéma.
Nous remontons ensuite à l'étage principal, et nous dirigeons vers l'ascenseur pour aller au brunch car il est maintenant l'heure. Nous entrons dans la pièce qui, bien que de taille assez respectable, déborde littéralement d'écrivains, d'éditeurs, de journalistes, de libraires et de personnages en tous genres, tous en relation avec le monde du livre, évidemment. Les organisateurs, connaissant bien sans doute les moeurs des écrivains, ont pris soin de charger une table de croissants, pains au chocolat, oeufs brouillés, charcuterie, jus d'orange, thé, café, etc. Un peu perdues, nous entrons dans la salle et commençons par chasser l'intimidation avec un bon café et un bon thé.
Vaguement angoissée, je me rends compte soudain que nous ne connaissons vraiment personne, et que les écrivains ont souvent bien changé depuis les dernières photos que j'ai trouvées sur internet. Certes, tout le monde porte un badge avec son nom autour du cou, mais je me vois mal me pencher assez près pour savoir ce qui est inscrit.
Et tout à coup, qui voilà ? Pierre Bordage! Celui-là, au moins, nous le reconnaissons, et il nous reconnaît aussi (il nous avait vues au festival de St Malo). Il nous salue cordialement, et avant qu'il ne s'échappe vers d'autres horizons (il était très pris pendant le festival, étant le président de cette édition des Utopiales), je lui explique que je viens de la part d'Elbakin.net, et que je cherche à interviewer Elizabeth Vonarburg, Xavier Mauméjean, Eric Lhomme, Greg Keyes et Jeff Vandermeer. Il prend le temps de me dire qu'ils sont bien tous présents, et particulièrement Elizabeth (auteur de Reine de Mémoire, entre autres) qui est « La femme en chemise rose, là-bas ». Je le remercie d'avoir éclairé ma lanterne, et ... j'attends encore un peu que le stress, la bête angoisse de parler à des écrivains que je ne connais pas se soit évanouie.
Plusieurs thés et jus d'orange plus tard, je retrouve Elizabeth Vonarburg devant le buffet, en train de remplir consciencieusement son assiette d’œufs brouillés. Une fois prête, je me présente à elle et lui demande si elle pourrait m'accorder une interview. Elle me répond avec toute sa bonhomie teintée d'expressions québécoises qu'il n'y a aucun problème pour cela. Elle compte suivre la même conférence que moi, à midi, mais ensuite elle sera libre comme l'air. Tandis qu'elle finit son assiette, nous discutons entre autres de ses chats (qui se portent toujours à merveille et tentent de tuer des gens dans l'escalier) et nous nous quittons sur la promesse de se retrouver après la conférence.
Voilà qui est fait; plus que quatre personnes à aborder. Malheureusement, Pierre Bordage est en pleine discussion; je dois donc me passer de ma bonne fée pour retrouver les autres écrivains. Toutes les photos que j'ai trouvées sur internet datent de quelques années; même le souvenir que j'ai d'Eric Lhomme à une dédicace date de 4 ans. Nous nous installons à une table, non loin d'un fauteuil où se tient un homme brun en costume, la barbe poivre et sel, portant des lunettes. Il a l'air très gentil mais il est définitivement isolé. Ce n'est que quand il se déplace sur son siège que je peux voir son badge: voici Greg Keyes, l'auteur du Royaume d'Epines et d'Os, et aussi de l'Age de la Déraison. J'avais lu cette dernière série d'une traite, sans me douter que quelques mois plus tard, l'idée même d'aller voir cet écrivain me clouerait solidement sur mon fauteuil.
Il a fallu qu'il se lève, apparemment décidé à partir, pour que je me décide enfin à l'aborder. Je suis allée lui serrer la main et j'ai cherché dans les tréfonds de mon esprit où était passé mon anglais pour me présenter et lui demander s'il était libre pour une interview.
Il me répond qu'il le sera après sa séance de dédicace, vers 15h le jour même. Et nous nous quittons là-dessus. Ouf ! deux interviews de programmées, et je me sens déjà un peu soulagée. Nous profitons encore un peu du brunch, puis nous suivons la foule qui commence à quitter la pièce. A la sortie, une surprise très agréable nous attend : de la part du Livre de Poche, on nous remet un petit sac contenant deux livres ! Et pas n'importe lesquels: de la fantasy avec Le Bois de Merlin de Robert Holdstock, et de la SF avec Deepsix de Jack McDevitt.
Toutes contentes de ce cadeau, nous repartons allègrement en direction du Bar de Mme Spock, car il est déjà l'heure d'aller à la table ronde qui s'y déroule et qui porte cet intitulé :
« Les territoires de la fantasy »
Avec : Jean-Philippe Jaworski, Pierre Bordage, Catherine Dufour, Johan Héliot
Modérateur : Jérôme Vincent
Si la science-fiction aime à rêver d’espaces intersidéraux et de distances astronomiques, la fantasy pense souvent en contrées, en territoires. Elle semble aussi encline à s’inspirer de folklores régionaux, de mythes propres à un peuple ou à une ethnie. Y aurait-il donc DES fantasy ? »
Il est environ 13H30 quand la conférence que j'ai prise en note se termine, et alors que des personnages plus ou moins hauts en couleur dans le public posent des questions plus ou moins pertinentes, j'entends une voix qui m'appelle. Non, pas Dieu mais Elizabeth Vonarburg, qui quitte la table ronde et me prévient gentiment qu'elle sera aux ordinateurs du bar.
Je l'y retrouve donc quelques minutes plus tard, et après avoir demandé une clef à l'accueil presse, nous nous installons dans une pièce insonorisée réservée aux interviews. J'enclenche mon dictaphone à cassette (!) et nous voilà parties pour plus d'une heure. Elizabeth se révèle volubile mais toujours intéressante, passionnée par son sujet, pleine d'entrain et de bonhomie, avec un franc-parler qui met tout de suite à l'aise. L'interview perd alors de son côté formel pour se poursuivre sur le ton de la conversation, et toute angoisse de débutant disparaît.
Quand nous sortons de la pièce, elle tient absolument à me prendre en photo, ce à quoi je réponds en faisant de même. Puis nous nous dirigeons vers le bar de Mme Spock, et sur une déclaration banale de ma part (je me prendrai bien un verre), la voilà qui sort de son badge magique des tickets en pagaille et m'en fourre trois dans la main : un vert pour les boissons, un bleu pour la nourriture et un rouge pour les boissons alcoolisées. Impossible de refuser quoi que ce soit à Elizabeth quand elle s'est mis en tête de vous offrir quelque chose; j'abandonne donc et la remercie chaleureusement pour cela et aussi pour l'interview.
Il me reste encore un petit moment avant d'interviewer Greg Keyes; j'en profite pour utiliser un ticket vert et prendre mon enième thé de la journée en compagnie de Muriel. Pour satisfaire une addiction légère à la nicotine, nous sortons devant l'entrée et y retrouvons un ami à moi qui est aussi attaché de presse au festival. Il se rend compte que je n'ai jamais reçu, malgré mon mail à l'organisatrice Marie Masson, une accréditation presse pour Elbakin, et que donc je dois chercher moi-même les écrivains. Il me présente alors directement à Mme Masson, qui m'assure qu'il n'y aucun problème et que je n'ai qu'à aller à l'accueil presse pour recevoir un badge. Ni une ni deux, je file et le problème est réglé; dûment enregistrée, je fais maintenant partie des gens de la presse et je reçois le badge qui va avec (ce qui ne me déplaît pas, il faut l'avouer, j'étais un peu jalouse de tous ces VIP portant badge au cou).
Puis enfin, il est l'heure de monter aux créneaux, ou plutôt de monter les escalators jusqu'au Salon du Livre, dans lequel se trouvent les tables de dédicace. J'y trouve Greg, fin prêt à être questionné.
Mais une légère déception nous attend à l'accueil presse : il n'y a aucune pièce de libre pour l'interview (décidément le badge magique ne fonctionne pas toujours), ce qui est un peu gênant étant donné les possibilités limitées de mon dictaphone. Mais rien ne nous empêchera de faire cette interview; nous nous installons donc dans la salle de presse, qui a l'avantage non négligeable d'être pourvue de distributeurs de jus d'orange en libre service. Malgré quelques difficultés de ma part à saisir tout ce que dit Greg (il a un accent américain du sud auquel je ne suis pas habituée), l'interview se poursuit dans une ambiance sympathique, avec quelques rires. Mais une autre perturbation arrive, sous la forme de plusieurs personnes parlant fort, et ne se rendant sans doute pas compte que dans une salle de presse, on doit être silencieux pour ne pas déranger les interviews. Persuadée que la retranscription de l'interview sera quasiment impossible avec tout ce bruit parasite, je dois arrêter le dictaphone et proposer à Greg de changer d'endroit. Il me propose alors, en y mettant toutes les formes possibles, de finir les questions dans sa chambre, au Novotel qui jouxte la Cité des Congrès.
Plutôt contente d'être conviée dans son antre, j'accepte volontiers et une fois là-bas nous pouvons enfin poursuivre. Une fois la dernière question résolue, je le prends en photo sur son canapé et nous redescendons au festival. Nous discutons un peu sur le parvis de choses et d'autres puis nous séparons, mutuellement contents d'avoir fait connaissance. Il est alors environ 16H30; après un petit tour à l'accueil presse pour programmer une interview avec Eric Lhomme à 18H, je profite de mon temps libre pour prendre quelques photos du festival. Ensuite je me dirige vers le bar de Mme Spock, toujours aussi accueillant, et tente de mettre un peu d'ordre dans mes cassettes de dictaphone. Quelques minutes plus tard, qui vois-je entrer dans le bar ? Greg Keyes encore, qui me salue au passage, file prendre un whisky au bar et me rejoint pour poursuivre la discussion que nous avions eue sur le parvis. Une ou deux coupes de champagne plus tard (généreusement offertes malgré mes récriminations), je dois le quitter pour interviewer Eric Lhomme. Il est nécessaire de préciser que l'alcool, de façon modérée, est fabuleux pour faire disparaître tout stress.
Avec Eric, j'ai l'impression d'être plus ou moins déjà en terrain connu; j'ai lu il y a quelques années sa série « Le Livre des Etoiles », et je l'avais vu rapidement dans une dédicace à Laval, quatre ans auparavant. Il a donc suffi que je lui rappelle cette anecdote pour que la glace soit brisée, et que l'interview se déroule d'elle-même sans aucune gêne.
Une fois celle-ci terminée, je pars retrouver Muriel au bar (décidément, haut lieu de rencontres), où Greg est encore présent. Nous le rejoignons toutes deux et discutons jusqu'à ce qu'il soit raisonnablement l'heure de partir en quête de l'appartement que ma cousine m'a gentiment prêté pour l'occasion. Greg nous informe alors qu'un cocktail se tient le soir même, qu'il y sera présent et que si nous le désirons, nous pourrons nous rejoindre là-bas plus tard dans la soirée.
Je passerai sous silence les moments épiques que nous avons vécu dans la Renault 11 d'abord, à la recherche de l'immeuble, puis dans la cage d'escalier plongée dans le noir, puis enfin sur notre arrivée à l'appartement. Comme nous n'avions pas mangé de la journée, le dîner fut le bienvenu, et nous sommes reparties tard dans la soirée pour le festival. Malheureusement, Greg était déjà parti; un peu de champagne pour nous réconforter et nous voici de retour à l'appartement, les pieds engourdis, la tête pleine encore de discussions sur la littérature. Et la courte nuit passe rapidement, afin de nous amener au lendemain.
Pages de l'article
- Du jus d'orange au champagne - Un voyage aux Utopiales
- Du jus d'orange au champagne - Un voyage aux Utopiales - 2
- Compte-rendu de conférence n°1
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