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Une nouvelle interview avec Glenda Larke

Par Lisbei, le jeudi 31 juillet 2008 à 12:00:39

La couvertureNous avions déjà reproduit pour vous une interview de l'auteur de Clairvoyante, premier tome des Îles Glorieuses paru depuis quelques mois chez J'ai lu dans leur nouvelle catégorie grand format).
Retrouvez ici la traduction complète d'un nouvel entretien avec Glenda Larke. De fait, nous ne sommes donc pas responsables des questions elles-mêmes ! Précisons-le toujours, car on ne sait jamais... Et n'oubliez pas non plus notre critique !

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Interview traduite

SF : Glenda, cela fait maintenant une vingtaine d’années que vous écrivez. Vous avez écrit des histoires qui se passent dans un archipel tropical, dans un Moyen-Orient quasiment désertique, et le livre sur lequel vous êtes en train de travailler se passe dans un autre milieu. Quand vous avez commencé à écrire, aviez-vous envisagé d’écrire une telle variété de livres ?
GL : Cela fait plus de vingt ans que j’écris ! J’ai commencé à écrire quand j’étais très jeune, et au départ j’envisageais des livres qui se passaient dans notre monde, pas dans un monde imaginaire. Mon tout premier essai se passait dans une ferme semblable à celle où je vivais en Australie Occidentale, et de nos jours (c’est-à-dire dans les années 1950). C’était une histoire d’aventures avec des enfants d’à peu près mon âge. Je ne l’ai jamais achevée, mais je crois que je l’ai encore, quelque part.
Le deuxième livre que j’ai commencé, je l’ai fini. J’avais douze ans, et cela se passait en Ecosse, dans un passé vieux de quelques centaines d’années. C’était une histoire d’amour, vraiment horrible, et j’avais fait des recherches sur la région à la bibliothèque municipale, puisque je n’étais jamais allée en Ecosse ! (Heureusement, il ne m’est jamais venu à l’esprit de faire des recherches pratiques sur le côté histoire d’amour.) Je soupçonne ce que j’ai écris à dix ans d’être meilleur que l’essai de mes douze ans.
Avez-vous décidé d’écrire de la fantasy, ou vous êtes-vous retrouvée à suivre cette voie au fur et à mesure que vous écriviez ? Avez-vous déjà ressenti l’envie d’écrire dans d’autres genres ?
Les premiers livres que j’ai écrits à l’âge adulte dans les années 60 et au début des années 70 étaient des thrillers d’aventures avec un fort penchant vers la romance. Des héroïnes audacieuses, des héros irrésistibles et un paquet de sales types et de problèmes. Je les ai mis en scène dans des lieux que je connaissais : Australie Occidentale et Asie du Sud-Est. Mes efforts pour trouver un éditeur étaient décousus et sans conviction, mais pour des raisons qui n’existent plus. Il n’y avait pas à l’époque de cercles d’écrivains à qui demander conseil, pas d’internet pour y chercher des pistes, pas d’éditeurs au coin de la rue chez qui tenter sa chance, pas de listes d’agents dans l’annuaire, pas de piles de livres méthodologiques à acheter à la librairie du coin.. Je ne connaissais personne qui écrivait de romans. Quand je recevais un refus ou deux - refus qui, maintenant que je regarde en arrière, étaient en fait des refus personnalisés et plutôt encourageants – je supposais qu’ils voulaient juste être polis, et je ne retentais pas ma chance. J’étais, en fait, plutôt ignorante à propos de ce monde-là. Il y avait une autre raison qui se révélait être handicapante à l’époque, et c’était l’argent. Après notre déménagement en Malaisie, envoyer un manuscrit une première fois était déjà cher, sans parler de rajouter une enveloppe affranchie pour la réponse. Le faire plusieurs fois de suite était hors de question.
A cette époque (au début des années 1970) je ne savais même pas qu’il existait des choses telles que de la fantasy pour adultes, donc cela ne m’était jamais venu à l’idée d’en écrire. Puis ma sœur, bibliothécaire scolaire, m’a initiée aux auteurs qui écrivaient de la fantasy et m’a fait découvrir leur magie.
A peu près au même moment, quelqu’un de la famille de mon mari a lu quelque chose que j’avais écrit et qui se passait en Malaisie, et il s’est révélé totalement incapable de faire la part des opinions de Glenda l’auteur et de celles des personnages dans le livre, ce qui a été comme un électrochoc. Cela m’a ouvert les yeux sur le fait que j’allais me retrouver vraiment dans la me…, euh, dans les ennuis, si je continuais à écrire des livres qui se déroulaient en Malaisie. Ces deux événements m’ont réellement fait dévier vers l’écriture de fantasy.
La création d’un monde est à l’évidence l’un de vos points forts. Tous les différents décors de vos livres semblent refléter, jusqu’à un certain point, votre propre parcours. Votre base principale est maintenant la Malaisie, et il n’est pas difficile de voir que votre environnement a influencé vos décors pour la trilogie Les Îles Glorieuses. Mais le travail de votre mari vous a entraînée en d’autres lieux. Je me demande comment ces domiciles temporaires transparaissent dans vos écrits. Est-ce que votre séjour en Tunisie, par exemple, a influencé le décor de The Mirage Maker et The Time of Random Rain ?
J’ai vécu sur quatre continents et j’ai beaucoup voyagé, et oui, tout cela a influencé mes créations de mondes. Je ne dirais pas cependant que chaque livre doit son décor à un lieu précis. Clairvoyante a des éléments de Fraser Island dans le Queensland et de Denham, mais d’autres qui viennent de villages côtiers de pêcheurs en Malaisie. J’ai choisi ce décor car quelqu’un m’a rendue folle de rage en commentant dédaigneusement : Bien sûr la fantasy se déroule toujours au Moyen Âge dans des châteaux et des forêts remplies de loups et de quêtes à cheval. Du coup, je me suis assise et j’ai écris un roman de fantasy qui se passe dans un monde type début 19ème siècle, un monde sans le moindre arbre à l’horizon, encore moins de forêt, pas de loup, pas de cheval et nulle part où aller. (Et pourtant, plusieurs chroniqueurs ont mentionné qu’il s’agissait d’un monde médiéval, ce qui m’a fait me poser des questions à propos de leurs connaissances en Histoire.)
Les deux livres suivants, Guérisseur et The Tainted (ndt : ce dernier tome n'est pas encore traduit en français), se passent dans plusieurs îles différentes du même archipel, et j’ai tiré mes connaissances de lieux aussi divers que la mangrove malaisienne, les mines d’étain, les lacs, les repères d’oiseaux au large des côtes américaines, les mascarets de la Severn River, et Runde Island au large des côtes norvégiennes.
La Tunisie se montre évidemment dans The Mirage Makers, mais c’est aussi le cas de l’Empire Romain, et d’autres pays méditerranéens.
Vous avez grandi dans une ferme d’Australie Occidentale, et vous avez aussi vécu en Autriche, en Malaisie et en Tunisie. Vous avez aussi visité l’Italie et d’autres pays. Avez-vous prévu d’incorporer des idées glanées dans ces différents endroits dans vos futures histoires ? Par exemple, que diriez-vous d’un roman qui se passerait dans l’Australie profonde ?
Les trois livres réunis sous le titre provisoire de trilogie de The Time of Random Rain (j’en suis à peu près à la moitié) doivent beaucoup aux paysages désertiques australiens, que j’ai toujours adorés. J’envisage le monde de ces livres comme une alternative possible à un pays semblable à l’Australie dans un futur lointain, après un désastre écologique cataclysmique consécutif au réchauffement planétaire, à un moment où les hommes auront appris à vivre avec ce qui restera après cette catastrophe en manipulant une sorte de magie aquatique. Mais souvenez-vous, je ne me contente jamais d’idées venant d’une seule région ou d’un seul pays. Il y a également des morceaux de Tunisie, de Sahara algérien, des montagnes arides iraniennes … Oui, le monde est rempli de choses intéressantes, qui sont autant de grain à moudre pour le moulin des écrivains.
Dans chacun de vos livres on trouve des preuves de votre intérêt pour les problèmes environnementaux. Aviez-vous conscience de cette influence dès le début de votre carrière d’écrivain ou s’est-elle imposée à vous au fur et à mesure que vous écriviez ?
Elle s’est imposée à moi. L’amour de la nature sauvage a toujours été présente, comme dans toute ma famille. Mon intérêt pour la nature n’a cessé de croître. Quand j’ai eu onze ans nous avons déménagé en ville et j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps pendant des jours entiers. Je ne pouvais imaginer que je supporterais la vie en ville !
A votre avis, qu’est-ce qui a suscité votre intérêt pour la préservation de la nature ?
Je me suis d’abord intéressée aux oiseaux, et ce que je voyais m’a inquiétée. Inquiétée et atterrée par la vitesse avec laquelle la destruction ravageait notre monde et notre climat. Les gens qui pensent qu’il n’y a aucun problème doivent marcher avec des œillères. Ou peut-être ne quittent-ils jamais leurs bureaux climatisés et leurs villes bétonnées. Les gens qui travaillent dans des régions sauvages comme moi sont plus concernés ; nous avons peur pour l’avenir de nos enfants.
Les oiseaux semblent être un de vos sujets de prédilection. Cette curiosité à leur égard est-elle née de la contemplation des merveilleux oiseaux exotiques que vous avez vus en Malaisie, ou avez-vous toujours aimé nos cousins ailés ?
Toujours, depuis mon enfance à la ferme en Australie. J’aurais aimé que quelqu’un m’offre une paire de jumelles à cette époque. Puis c’est de partager cet intérêt pour l’observation des oiseaux avec mon mari qui en a fait une véritable passion.
Vous êtes guide pour des circuits d’observation des oiseaux, c’est exact ? Avez-vous eu des expériences amusantes en faisant visiter votre pays d’adoption à des étrangers ?
J’ai effectivement été guide, quelquefois, mais je fais essentiellement du travail ornithologique pour des ONG sur l’environnement et pour le gouvernement. Et hélas, c’est bien plus déprimant qu’amusant. Par exemple, j’ai vu des publicités pour de l’observation des oiseaux en Malaisie avec des images de toucans sud-américains, d’aras et de faisans chinois !
Il me semble que vous pensez à quelque chose d’entièrement différent pour votre prochain livre, et que votre imagination a une fois encore pris le mors aux dents. Combien de gens penseraient à intégrer dans leur travail un duo de lutins de maison chamailleurs et une gargouille-chat ? Dites-nous en un peu plus sur vos idées pour vos nouveaux livres.
Oui, cela sera mon prochain livre après avoir fini la trilogie de The Time of Random Rain. Je me languissais de revenir au monde de mon premier livre publié Havenstar. Havenstar était un pays où les gens avaient trouvé un moyen de tenir à distance un Chaos qui menaçait de l’envahir, mais il y avait un prix à payer élevé pour leur succès. Il y avait d’autres pays dans ce monde, et l’un d’eux utilisaient une méthode totalement différente pour stopper le Chaos, et ce sera le sujet de mon prochain projet. Je l’ai provisoirement intitulé The Prince, the Inventor and the Gargoyle Cat.
Des lutins de maisons asticoteurs, une gargouille acerbe, un royaume caché, un inventeur jamais à court d’idées, une princesse …ouh. J’ai hâte d’y être !
Et nous avons hâte de le lire ! Merci Glenda Larke, extraordinaire auteur de fantasy !

Article originel traduit par Lisbeï avec la permission des auteurs.
"Glenda Larke in conversation with Satima Flavell " by Satima Flavell translated from The Specusphere with permission.


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