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Un entretien avec Tony Valente, l’auteur de Radiant

Par Gillossen, le lundi 10 mars 2014 à 13:25:02

RadiantEntre autres choses !
Mais dans cette interview, Tony Valente revient en effet essentiellement sur son dernier projet en date, Radiant, dont le deuxième volume est désormais disponible depuis quelques jours ! Le dynamique scénariste/dessinateur nous parle donc de cette aventure, mais aussi de sa carrière ou du marché BD en général !
Et toujours avec enthousiasme ! Merci encore à lui.

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L'entretien

Comment est né un projet comme Radiant ?
C'est d'abord venu d'une idée que j'ai eue alors que je faisais une autre série, Hana Attori... Une intrigue secondaire mettait en scène des parias qui luttaient contre l'oppression et le rejet, cette histoire commençait à prendre le pas sur l'histoire principale dans ma tête, et a finalement donné lieu à la naissance d'un projet autonome. Ça s'est pas mal transformé entre-temps, j'ai agrémenté ça de mes envies d'univers fantasy aérienne, d'un peu de chasse aux sorcières et d'encore plein d’autres choses... et ça a donné Radiant.
Ankama s’est-il toujours montré intéressé ?
Dès que j'ai présenté mon projet, Ankama s'est révélé super emballé ! Je craignais que ça passe une fois signé, mais ils ont su maintenir cet intérêt au max et faire un lancement de tome 1 comme je n'en avais jamais eu sur les autres séries.
Comment as-tu géré ce passage au « format » manga ? As-tu découvert de nouvelles contraintes ?
La seule contrainte c'est le rythme ! C'est rude pour le train de vie, je pense travailler à peu près 3 fois plus que quand je faisais de la bd. Mais sinon en comparaison, eh bien, c'est clair : je me sens vraiment plus à l'aise sur le manga ! Le nombre de page laisse l'opportunité de développer les personnages et les intrigues d'une manière différente, qui colle finalement beaucoup plus avec le type d'histoires que j'ai envie de raconter pour l'instant. Le fait d'être en noir et blanc aussi est tout bon pour moi, j'ai vraiment du mal à faire de la couleur pendant des semaines...
Les mangakas ont souvent un ou plusieurs assistants. Comment travailles-tu de ton côté ?
Jusque-là, je bossais tout seul, mais quelqu'un va me donner un coup de main très bientôt. Ce sera uniquement pour des tâches techniques: remplir les zones de noir, scanner, mettre des trames...
Quelles sont tes influences au niveau manga justement ? On repère facilement quelques clins d’œil dans le premier volume de Radiant.
Ce n’est pas volontaire en fait... Mais c'est tant mieux ! Mes références sont les shonen classiques: Dragon Ball, One Piece, Naruto, Bleach... Mais j'adore aussi Yotsuba et Vinland Saga par exemple, qui n'ont rien à voir avec ce que je fais pour le coup. Dernièrement, j'ai découvert Magi et Letter Bee, deux séries qui me plaisent vraiment beaucoup et qui risquent de m'influencer un peu.
Je crois que la série est annoncée d’ores et déjà en trois tomes. T’es-tu toi-même imposé de telles limites justement à cause de la charge de travail que représente Radiant ?
Au début oui, mais je suis vite parti en sucette ! Je suis finalement incapable de me cantonner à trois tomes pour une histoire comme celle de Radiant, du coup j'écris comme si ça devait être une série fleuve... Et comme le tome 1 fonctionne super bien, on parle d'au moins 4 tomes !
J’aurais tendance à dire que tu mises souvent sur un divertissement de qualité. Est-ce quelque chose d’important pour toi, comme notion ?
C'est sûr que je n'arrive pas à me défaire du côté « divertissement ». En même temps je n'essaie pas ! Sur chaque album j'essaie de trouver un équilibre entre les choses que je veux raconter, qui sont plutôt sérieuses, et une lecture premier degré qui soit la plus digeste, agréable et accessible. Avec beaucoup de connerie aussi, une bonne couche tout autour du propos, ça j'y tiens. Je travaille de cette manière avant tout pour moi, pour me faire plaisir, parce que c'est comme ça que j'aime lire des histoires ! One Piece est ma série favorite, la lecture au premier degré est purement divertissante avec des gags à la pelle et de l'action démentielle à n'en plus pouvoir. Mais derrière, tout ce que véhiculent les personnages et leurs histoires, c'est parfois d'une finesse désarmante !
Pour les dialogues par exemple, je tente du mieux que je peux de les faire « sonner » avant de leur donner un sens. Ça ne veut pas dire que j'écris avant de savoir où je vais, au contraire: je sais ce qu'ils doivent dire, mais il faut avant tout qu’ils sonnent à la lecture. Un dialogue purement informatif m'ennuie à n'en plus pouvoir. À écrire comme à lire d'ailleurs ! Pour tenter de donner de l'intérêt, ça passe souvent par des blagounettes, mais aussi beaucoup par la caractérisation des personnages. Il faut qu'ils aient tous une manière de parler pour que j'y croie, sans ça j'ai du mal à les mettre en scène.
Toute cette démarche donne surement une notion de divertissement à mes histoires !
Comment fais-tu le choix entre tes projets personnels et ceux où tu es « seulement » dessinateur, comme dans S.P.E.E.D. Angels ?
Ce n'est pas calculé, je ne sais pas vraiment ce qui me pousse à accepter ou à refuser. Mon premier projet était fait avec Raphaël Drommelschlager, un ami. On s'entend à merveille et l'expérience était géniale, c'était nos premiers boulots publiés (le second pour lui) et tout était à faire. Mais je sentais que l'envie de raconter était très forte : j'ai donc fait Hana Attori tout seul. Puis Didier Tarquin m'a parlé de S.P.E.E.D. Angels et l'histoire m'a botté, je me suis laissé tenter par une nouvelle expérience de taf à deux. Didier est un de mes auteurs favoris, ce qu'il a fait sur Lanfeust de Troy a marqué mon boulot à tout jamais, alors l'idée de bosser avec lui, c'était foufou! On s'entend super bien, c'est quelqu'un très à l'écoute et très souple dans sa vision du métier. C'est un régal de bosser dans ces conditions ! Mais là encore, mon envie de raconter mes histoires me démangeait trop, alors je fais Radiant. Je sais à présent que je préfère travailler seul: écrire est mon plus grand plaisir dans le taf, le laisser à quelqu'un d'autre me demande beaucoup d'efforts !
Dans le volume 2 de Radiant, tu parviens à introduire de plus en plus d’éléments concernant le fond de ton histoire sans ralentir le rythme de l’action. As-tu dû t’y reprendre beaucoup pour parvenir à rendre le tout aussi fluide ?
Comme je le disais plus haut, garder une lecture premier degré agréable est vraiment une obsession ! Dans les phases d'action, je m'emploie à tenir mon propos et à faire avancer l'histoire du mieux possible. C'est un vrai casse-tête, j'avoue, mais c'est là tout le boulot d'écriture ! Et puis mon histoire est loooongue, l'univers vaaaaste, si je n’avance pas un peu à chaque tome je vais juste effleurer ce que je veux raconter !
Encore plus avec ce tome 2, on s’aperçoit que tes personnages aiment prendre la pose. Est-ce pour un toi un ingrédient « logique » pour un shonen ?
C'est vrai ?! Haha les coquinous, ils se la jouent !
En fait, je ne fais pas exprès... C'est sûrement dû aux mangas que je lis, mais aussi au fait de vouloir bien caractériser les personnages. Dans les éléments qui vont fabriquer une personnalité, je trouve que la gestuelle est une des plus délicates et des plus sympas à utiliser. J'essaie de leur trouver à chacun une manière de se comporter, de bouger, de regarder... Et quand je pousse un peu j'imagine que ça leur fait prendre des poses !
Et puis selon les personnages, ça pose plus ou moins... Grimm par exemple, qui apparaît au tome 2, est une espèce de Cowboy/Mousquetaire en plus d'être un sorcier. Je m'amuse à prendre dans chacune de ces références pour lui trouver une façon de se tenir... Du coup lui, c'est évident, il prend la pose sans arrêt !
Avec le recul, et par rapport à notre premier entretien – en 2005, le temps passe vite ! – comment penses-tu avoir évolué crayon en main ?
A titre personnel je me suis rendu compte que le dessin n'était pas une fin mais un moyen pour moi. Un moyen de raconter les histoires que j'ai en tête et de mettre en scène mes propres expériences. C'était pas du tout clair au départ, je me voyais plus dessinateur... Maintenant si je devais choisir, je préfèrerai être scénariste, même si ce serait très dur de me passer de dessin.
As-tu noté une évolution du « marché » BD au cours de ces dernières années ? Comme en fantasy, on parle souvent de « surproduction ».
Est-ce que le « monde entier » n'est pas en surproduction de toute façon ? J'ai commencé il y a 11 ans, déjà les éditeurs se plaignaient d'un trop plein de bd. Ils prétendaient tous réduire la voilure pour un avenir plus serein... Que dalle ! Aujourd'hui, il y a beaucoup plus d'albums par an qu'il y a 10 ans, rien n'a changé de manière significative. Si une chose: la quasi-totalité des auteurs de bd est moins payé que les travailleurs pauvres. Voilà ce qui a changé, les rémunérations sur un album ont largement dégringolées, les contrats se sont durcis... La plupart des gros éditeurs mettent ça sur le dos de la surproduction mais au final ce sont eux qui les signent, tous ces projets.
Tu étais parti – et tu es peut-être toujours, j’avoue ne pas savoir ! – à Montréal. Que t’as apporté ce dépaysement en tant qu’artiste ?
Je ne sais pas trop... Pas grand-chose je crois. Je trouvais l'essentiel de mes sources d'inspiration graphiques sur le net, donc France ou Canada, rien ne change ! Par contre, peut-être que le fait de ne plus faire partie du « microcosme » de la bande dessinée est un bon point : je suis moins soumis aux râlements collectifs, moins soumis aux tendances du marché... Je fais mes histoires dans mon coin sans trop regarder à côté, c'est un sentiment de liberté assez chouette.
En parlant BD (ou romans), aurais-tu eu un coup de cœur récent à conseiller ?
Un seul?! Haaa, c'est trop dur...
En bd, Agit Cosmos est vraiment suuuuper bon !!! Deux tomes sont déjà là, j'attends la suite avec trop d'impatience !
En manga, j'ai découvert Magi et Letter Bee tout récemment. L'un comme l'autre me plaisent vraiment beaucoup ! Et Letter Bee, quelle claque graphique ! Ah, et puis il y a Silver Spoon aussi, je surkiffe comme un foufou !! Si je devais en choisir un, ce serait Silver Spoon.
Et toujours One Piece... Ça n'arrêtera jamais de m'impressionner !
As-tu déjà d’autres projets sur le feu ?
Sur le feu non, mais au frigo oui. Le malheur c'est qu'une fois posés sur le papier j'ai envie de les dessiner! J'essaie d'incorporer le maximum d'idées dans Radiant plutôt que d'en faire des projets autonomes, mais j'ai quand même deux autres projets qui me titillent de temps à autre. Tant que je peux avancer sur Radiant, je laisse tout ça de côté !

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