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Leigh Bardugo répond à nos questions sur Grisha !

Par Alice, le vendredi 4 avril 2014 à 16:38:14

La couvertureL'auteur du roman couronné meilleur roman fantasy traduit Jeunesse pour la cuvée 2013 du prix Elbakin.net a bien voulu répondre à nos questions !
Vous pouvez ainsi retrouver les réponses de Leigh Bardugo au sujet de Grisha et plus encore ci-dessous. Encore merci à elle pour sa disponibilité et sa patience.
Et bonne lecture !

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L'interview

De vous-même, comment vous présenteriez-vous à vos lecteurs français ? Qu’est-ce qui vous a amenée à devenir écrivain ?
Quand j’étais petite fille, j’avais pour habitude d’inventer des histoires pour m’amuser, mais j’ai vraiment écrit sérieusement à partir de l’âge de douze ans environ. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à lire, et à écrire, de la science-fiction et de la fantasy. Les choses étaient dures, tant à l’école qu'à la maison, écrire est alors devenu une sorte de mécanisme de survie, une façon d’inventer des mondes plus grands, plus dangereux et plus glamours que celui dans lequel je vivais.
Grisha est votre premier roman, quel effet cela fait-il de se retrouver si rapidement best-seller du New York Times ?
Je me sens surtout chanceuse. Je suis fière de mon travail, mais il y a aussi beaucoup de personnes qui ont travaillé à mettre Grisha dans les mains des lecteurs et qui ont aidé à attirer autant l’attention sur un premier livre. Ce n’était aussi qu’un moment, un moment merveilleux certes, mais bref. J’espère écrire encore beaucoup de livres et il n’y a aucun moyen de savoir comment ils seront reçus. C'est pourquoi, même si je suis très heureuse d’avoir écrit un best-seller, je n’y pense pas tellement.
Comment l’idée de la Petite Science vous est venue ? Comment l’avez-vous développée ?
Je me suis toujours demandé ce qui se passe, physiquement, lorsqu’on agite une baguette magique ou que l’on murmure une malédiction. La transformation doit avoir lieu à un niveau moléculaire, et donc j’ai commencé à penser la magie comme étant une manipulation de la matière aux niveaux les plus fondamentaux.
La Petite Science est tenue à la base par les contraintes de la chimie moléculaire. Les brasiers ne peuvent créer de flammes par eux-mêmes, ils font appel à des gaz combustibles comme le méthane ou l’hydrogène de l’atmosphère, mais ils ont encore besoin d’une pierre pour commencer le feu. De la même façon, l’acier ou le corecloth (habit similaire à une armure moderne) de Grisha n’est pas doté d’un genre de sort impossible à quantifier. C’est le résultat de l’habilité de Grisha à aiguiser une lame au niveau moléculaire et à créer des alliages et des polymères modernes par des moyens qui seraient magiques à nos yeux.
A mon sens, la magie tenue par des règles semble bien plus réelle. Cela signifie aussi que l’arrivée d’une guerre moderne représente une réelle menace pour un pays qui comptait trop fortement sur ses défenses magiques.
Pourquoi avoir choisi de placer votre roman fantasy dans un lieu inspiré par la Russie ? Quel genre de recherches avez-vous faites ?
Je voulais m’écarter du décor traditionnel de l’Europe médiévale en fantasy, mais je voulais quand même un certain standard culturel pour garder un monde consistant et tangible. Je flânais dans le rayon voyages d’une vieille librairie quand je suis tombée sur un atlas de la Russie Impériale et je me suis dit : « Mais bien sûr. » C’était naturellement ce qu’il fallait pour le monde que j’étais en train de créer : les grandes différences de richesses entre les classes, l’échec de l’industrialisation, une armée largement mobilisée. J’ai beaucoup lu sur l’histoire, la culture et le folklore, j’ai recueilli des échantillons de textiles et de recettes et j’ai passé beaucoup de temps dans le voisinage situé au nord de là où je vis, car il y a une large communauté d’expatriés russes. Mais la Russie sous le Tsar n'a toujours été qu'un point de départ pour créer mon monde, et non la destination finale.
Dans votre roman, vous donnez beaucoup de détails sur les vêtements et la nourriture et vous donnez beaucoup d’informations supplémentaires sur votre site internet. Pourquoi vouliez-vous tellement construire un univers solide ?
Etant régulièrement plongée dans des livres avec un fort intérêt pour les lieux, j’ai, du coup, essayé de créer la même expérience pour les lecteurs quand ils pénètrent en Rakva. Je veux qu’ils se sentent transportés et c’est possible uniquement si les détails sont suffisamment précis. J’espère que j’ai réussi. Quant au site internet, c’était surtout pour le fun. Certaines informations viennent de moi, mais j’ai aussi été assez chanceuse pour que des lecteurs viennent donner leur contribution sur l’art, les recettes et même la musique. C’est comme s’ils donnaient à Rakva une vie après le livre.
Quand vous écriviez ce livre, aviez-vous un lectorat cible spécifique en tête ?
Honnêtement, j’essayais simplement de coucher l’histoire sur le papier. A cette époque, je ne m’inquiétais pas tellement à propos de l’identité de mon lectorat. Mais j’ai donné le meilleur de moi-même pour que cette histoire soit accessible aux personnes qui, ordinairement, n’embrassent pas ce genre de fantasy. C’est pourquoi j’ai écrit du point de vue de Alina. J’espérais que sa voix, pragmatique et un peu moderne, aiderait le lecteur à ne pas décrocher.
Savez-vous déjà comment le troisième livre finira ?
Le troisième livre est en fait déjà écrit. Je viens juste de finir de le réviser avec mon éditeur aux États-Unis. J’expose énormément les grandes lignes et j’ai toujours su comment la trilogie finirait, bien que certaines choses aient changé au cours du voyage qui mène à cette fin.
Peut-on attendre plus de livres se passant en Rakva ou développant la Small Science que vous avez créée ?
Je travaille sur quelque chose en ce moment. Je ne peux pas en dire beaucoup, mais c’est de la fantasy et Grisha sera impliquée.
Quelle serait la bande originale de votre trilogie Shadow and Bone ?
J’avais créé des listes de lecture pour le premier livre (intitulé The Gathering Dark au Royaume-Uni) et sa suite et vous pouvez aussi en trouver créées par des fans traînant sur tumblr avec les tags « Shadow and Bone » et « Grisha Trilogy ». En fait, c’est grâce à ça que j’ai entendu pour la première fois Imagine Dragons, The Lumineers, Of Monsters and Men, Bastille et Lord Huron, tous ont fini plus tard sur des compilations que j’utilise pour mon inspiration. J’ai aussi écrit une chanson inspirée par le premier livre que vous pouvez trouver et télécharger gratuitement sur Soundcloud.
Mais aucune des bandes sonores que j’ai choisies ne peut se passer de Florence + the Machines et Stevie Nicks, et elles devront absolument inclure « Winter Song » de Sarah Bareilles et Ingrid Michaelson et la reprise de Placebo « Running Up That Hill ».
Les droits du film pour votre trilogie ont été vendus septembre dernier. Que pouvez-vous nous dire de ce projet ? A quel point aimeriez-vous être impliquée ?
J’ai eu de bonnes rencontres avec David Heyman et les personnes de Dreamworks et j’ai parlé et correspondu intensément par mail avec notre scénariste Chris Kyle. Je suis soulagée et très flattée qu’il soit venu à moi avec des questions et des idées et il semble sincèrement aimer les livres. J’aimerais être impliquée autant que je puisse l’être, mais c’est bon de savoir que son livre est entre de bonnes mains. Le cinéma est un médium très différent et mon travail est simplement d’écrire des livres.
Quelle est la question que vous voulez vraiment que l’on vous pose mais que personne ne pose jamais ?
Personne ne me demande jamais de lire les vingt premières lignes des Contes de Canterbury. J’ai dû les mémoriser quand j’étais à l’université et il devrait y avoir une sorte de prime pour avoir une compétence si complètement inutile !

Propos recueillis par Cyrielle Lebourg-Thieullent


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