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Entretien avec Mary Gentle

Par Altan, le dimanche 30 décembre 2007 à 17:59:38

Mary Gentle Mary Gentle est une auteur discrète, le quotidien Libération a malgré tout réussi à la rencontrer à Stevenage, non loin de la capitale anglaise.
Le Livre des Cendres et, plus récemment, L’Enigme du cadran solaire en témoignent, Mary Gentle est une auteur de Fantasy historique de premier ordre. Ainsi l’interview se concentrera-t-elle essentiellement sur son rapport à la science historique.

Résumé de cet entretien

Sa passion pour l’histoire (et les histoires) vient peut-être de mon expérience personnelle explique Mary Gentle, jusqu’à l’âge de 10 ans, j’ai passé beaucoup de temps avec mon grand-père. (…) Grand voyageur dans sa jeunesse, il aurait aimé être écrivain, mais je crois qu’il était meilleur conteur. Je me rappelle d’histoires incroyables au sujet de monstres volants. C’est lui qui m’a appris la valeur des histoires.
Alors que plus jeune elle ne pensait pas aller à l’université (ayant même arrêté l’école à 16 ans), elle reprend par nécessité ses études à l’âge de 25 ans. J’ai découvert que j’aimais les études, et que les cours pouvaient me fournir quantité d’idées pour des fictions. Depuis, j’ai obtenu deux masters à l’université de Londres : le premier sur le XVIIe siècle, qui m’a beaucoup appris en histoire des sciences ; le second sur la guerre. Car la guerre est l’un sinon le principal centre d’intérêt de Mary Gentle, une auxiliaire et composante bien marquée de ses œuvres. Voir le monde du point de vue militaire est fascinant. Mon intérêt pour la guerre n’était pas nouveau : je l’avais pratiquée sous l’angle ludique par le biais du jeu de rôle. J’ai également appris à me battre à l’épée quand j’ai voulu écrire L’Enigme du cadran solaire, vers 1989. (…) J’avais Cendres en tête avant d’entamer ces études sur la guerre, mais j’avais besoin d’engranger. Je savais que ce serait un roman épique qui allait me demander de profondes connaissances historiques. Mais l’université n’a pas seulement été un moyen d’alimenter mes romans, j’adore le travail académique.
Un travail, une philosophie par rapport à l’Histoire dont elle réhabilite, modifie tantôt le personnage de Rochefort dans L’Enigme du Cadran Solaire, tantôt le duché de Bourgogne dans Le Livre des Cendres; tout en s’inspirant de divers horizons (par exemple, pour L’Enigme du Cadran Solaire : du She de Haggard et du Necronomicon de Lovecraft aux Mémoires de Rochefort).
Mon roman propose une explication, qui n’est probablement pas la vraie, mais elle me plaît. Est-ce une forme de réflexion sur l’histoire ? Imaginer des pistes spéculatives vient sans doute de ma conviction que l’histoire est une construction. On en attend certes un plus grand degré de véracité que de la fiction, mais elle reste une construction. Quelles que soient les recherches que je mène aujourd’hui dans des archives, elles seront dépassées dans trente ans. Une conception dont le paroxysme pourrait alors se trouver dans son personnage Peter Ratcliffe (Le Livre des Cendres), lien entre l’an 2000 et le 15ème siècle. L’histoire ressemble à un puzzle, le passé laisse une poignée d’indices et de reliques derrière lui. Et le jeu que j’affectionne particulièrement est de caser une histoire secrète dans les interstices de l’histoire telle que nous la connaissons. Beaucoup d’événements et de personnages du Livre de Cendres et de l’Enigme du cadran solaire ont existé sur le papier. J’imagine des possibles en me débrouillant pour que le lecteur ne puisse pas voir les coutures.
Ce qui n’empêche pas Mary Gentle d’être au plus prêt du contexte historique de l’époque dans lequel se situent ses récits, de ne rien idéaliser des réalités, relater les choses telles qu’elles, sans faux-semblants, loin de l’irréalisme romantique du 19ème siècle et de ses mièvreries historiques. C’est par exemple dans ce sens que l’auteur, même si ce fut un moyen de gagner sa vie, a écrit plusieurs ouvrages érotiques qu’elle publiait sous le pseudonyme de Roxanne Morgan. Autrement dit, elle fait tout pour que ses romans soient les plus vraissemblables possibles, au risque de paraître parfois très violents. Cendres est aussi violente qu’elle aurait pu l’être en 1476. C’était une époque barbare. Certaines scènes me sont parfois insoutenables : j’écris d’une main quand l’autre s’occupe ailleurs. Je sais que ces passages doivent être là pour le vrai, donc il me faut les écrire explique Mary Gentle.
L’interview complète se trouve à cette adresse.

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