Triangle amoureux

« Tentation parlait des tensions entre ces trois personnages, » note la scénariste Melissa Rosenberg. « Il y était question de rivalité et de jalousie - sentiments humains fondamentaux liés à l’amour et à la perte d’autrui. Ces relations au sein du triangle amoureux arrivent à un point critique dans Hésitation. C’est un matériau dramatique passionnant pour une scénariste. C’est génial d’écrire un personnage comme celui de Bella, de faire ressortir sa force et sa profondeur, d’autant que Kristen Stewart lui prête sa personnalité. J’adore ce genre de personnages. »
« Au fond, c’est une histoire d’amour. On cherche tous les moyens pour que Bella et Edward puissent vivre ensemble, alors que l’on sait que c’est logiquement impossible, » renchérit Godfrey. « Ce qui est formidable, c’est qu’on travaille avec la même scénariste depuis le début et qu’on a pu avoir des comédiens qui adhèrent parfaitement à leurs personnages et qui comprennent très bien les livres. En outre, les réalisateurs que nous avons choisis sont devenus très pointus concernant les livres qu’ils portent à l’écran. Du coup, on s’identifie tout de suite aux personnages. De même, j’ai l’impression que Robert et Kristen se glissent naturellement dans la peau de Bella et Edward.» « On vit avec ces personnages depuis un bout de temps, » déclare Stewart. « On en apprend un peu plus sur eux à chaque film, et on s’adapte à leurs évolutions. Mais on n’a aucun mal à endosser ces rôles dès qu’on se retrouve sur le plateau. » Hésitation aborde plusieurs registres amoureux : le véritable amour, l’amour fantasmé et la possibilité d’être amoureux de deux personnes à la fois.
« Pour moi, le triangle amoureux, c’est de l’amour fantasmé et de l’amour véritable, » explique Stephenie Meyer. « J’ai pris un personnage et je l’ai obligé à choisir entre deux personnes. Bella s’éprend vraiment de Jacob dans Tentation sans s’en rendre compte car elle n’a vécu jusque-là qu’un fantasme amoureux : un être merveilleux n’a d’yeux que pour elle et l’avenir lui semble radieux. Et puis, elle tombe amoureuse de Jacob, comme on tombe amoureux dans la vraie vie : Jacob est son meilleur ami et elle comprend qu’elle veut passer tout son temps à ses côtés. Mais elle ne prend pas conscience de ce qui lui arrive, car elle n’a eu de l’amour qu’une tout autre expérience. »

« Du coup, dans Hésitation, elle doit assumer ses sentiments et accepter le fait qu’elle ne l’apprécie pas seulement comme ami et, par conséquent, faire un choix entre cette relation et son fantasme de l’amour, » ajoute l’écrivain. « Pour moi, le dénouement était incontournable - elle finit par choisir Edward - mais je voulais qu’elle envisage toutes les conséquences de son choix, et qu’elle comprenne ce à quoi elle renonce, en prenant bien en considération toutes les conséquences de sa décision. » « Edward symbolise l’amour idéal, tandis que Jacob incarne une représentation plus humaine de l’amour, avec ses imperfections, » indique David Slade. « Ce qui m’a beaucoup plus dans cette histoire, c’est que Stephenie aborde la problématique du grand amour dans une société où il a quasiment disparu. C’est un thème magnifique qui, malheureusement, n’intéresse pas beaucoup les médias. Mais c’est difficile de bâtir une histoire intéressante à partir du grand amour car les belles histoires naissent le plus souvent de grands conflits. La réussite de Stephenie Meyer, c’est qu’elle a su imaginer un conflit majeur, sans que cela soit au détriment du grand amour. C’est pour cela que les livres - et les films - rencontrent un tel succès dans le monde. »

« On pense le plus souvent que l’amour est dangereux, et que les vampires le sont tout autant, » signale le réalisateur. « Mais on s’est dit que ce serait intéressant de faire de nos vampires des personnages positifs, à qui on ait envie de ressembler, et de permettre à notre héroïne de faire des choix. Je pense que ce n’est pas si banal. Dans la saga, Bella considère qu’il est normal de ne pas avoir de relations sexuelles. Il ne s’agit pas de stigmatiser la sexualité, mais de dire qu’on n’est pas obligé de coucher dès les premiers temps d’une relation. On vit dans une société où les femmes, et notamment les plus jeunes, sont très libérées sexuellement. Je pense que c’est un élément qui a séduit les lecteurs de Stephenie Meyer et que c’est très sain. »
« Hésitation démarre sur une tonalité optimiste : Edward et Bella sont de nouveau réunis, après l’expérience traumatisante qu’ils ont vécue en Italie, » explique Stewart. « Mon personnage est toujours poursuivi par les vampires mais son véritable problème consiste à reconnaître qu’il y a différentes manières d’aimer quelqu’un. Elle doit admettre qu’elle est follement amoureuse de son meilleur ami, mais pas autant que d’Edward. Pour moi, Hésitation parle du passage à l’âge adulte et de la prise de conscience que les choix que l’on fait ne sont pas forcément instinctifs. Bella mûrit et, même si je suis très attachée à elle, je pense qu’elle n’a pas toujours raison. » « La décision de Bella a des conséquences irréversibles, » relève Slade. « Si on choisit de devenir immortel, on ne peut plus revenir en arrière.
Il faut que Bella évolue pour être en mesure de prendre une telle décision. C’est ce qu’on a essayé de montrer dans la dernière scène du film. » « Les sentiments contradictoires qui animent Bella sont déchirants pour elle, » poursuit le cinéaste. « Sa décision entraîne des conséquences dramatiques, mais elle peut devenir quelqu’un d’autre - quelqu’un capable d’assumer ses choix, mais elle ne pourra le faire qu’après avoir vécu les événements que relate le film. En fin de compte, elle est surprise d’avoir surmonté tous les dangers, et elle comprend alors qu’elle fait partie du monde d’Edward, bien plus que du monde des humains. C’est ce qui facilite son choix - mieux encore, c’est ce qui fait qu’elle ne peut pas prendre d’autre décision. »
« Bella est un personnage captivant, » note Rosenberg. « Au départ, elle choisit Edward, ce qui reflète un état d’esprit un peu immature et idéaliste. Elle n’avait pas encore bien réfléchi à ce qu’impliquait sa relation avec lui. Car c’est bien difficile de se représenter les conséquences que peut entraîner la décision de devenir vampire quand on a 18 ans. Le film évoque donc l’évolution de Bella qui doit faire un choix d’adulte : au départ, elle le choisit en n’écoutant que son cœur, alors qu’au final elle le choisit en envisageant toutes les facettes d’une telle décision. » « Le premier volet parle de la découverte de l’amour, le deuxième de la perte de l’être aimé et le troisième de la difficulté d’une relation amoureuse quand celle-ci se concrétise, » souligne Pattinson. « Edward veut beaucoup plus s’engager dans sa relation avec Bella : alors qu’il était très isolé dans les deux premiers épisodes, il comprend qu’il doit s’intégrer au monde réel et devenir plus humain. Il était tellement reclus qu’il avait du mal à se comporter normalement et à éprouver les mêmes émotions que les êtres humains. Pour lui, c’est très difficile car il ne se souvient plus de ce que ressent un être humain. » « Son amour inconditionnel est mis à l’épreuve, » ajoute-t-il. « Ils sont très attachés l’un à l’autre, mais ils sont moins exclusifs et possessifs : ils sont plus ouverts aux autres. Du coup, leur relation - qui a créé tant de problèmes à tant de gens - prend une tournure beaucoup plus apaisée et normale. »

« Désormais, Bella est déterminée à devenir vampire et à ce que ce soit Edward qui la transforme, » poursuit-il. « Edward y est très réticent, mais se dit que s’ils se marient, il sera plus enclin à accepter cette idée. Mais d’autres menaces surviennent. Au lieu de fuir comme dans Tentation, Edward, dans Hésitation, décide de se battre pour défendre sa relation, et non pas seulement pour affronter ses ennemis. »
Edward doit également affronter son sens de l’honneur. « Il vient d’une autre époque et ses valeurs sont donc totalement différentes, » explique Kristen Stewart. « Il a beau avoir l’air d’un jeune homme - c’est un personnage très vieux qui sort avec une jeune fille de 18 ans. Du coup, il veut se marier, mais pas elle. En revanche, ils ont les mêmes attentes vis-à-vis de l’autre, mais les expriment différemment. »
« Edward souhaite qu’elle vive à fond chaque expérience humaine avant de devenir vampire, » souligne Godfrey. « Pour Edward, il est important de se marier en bonne et due forme avant de s’engager avec elle pour l’éternité. Son dilemme à elle consiste donc à savoir si elle doit l’épouser ou pas avant de devenir vampire. Edward espère encore qu’elle changera d’avis, et renoncera à devenir vampire, car il en va du salut de son âme. » « Hésitation ne se déroule que sur un mois, au cours duquel Bella et Edward cherchent à trouver le bon équilibre dans leur relation, » note l’écrivain. « Bella est très déterminée, tandis qu’Edward réfléchit énormément aux conséquences de ses actes. Il change d’attitude du tout au tout : d’abord très protecteur, il trouve qu’il est allé trop loin et prend ses distances, puis repart dans l’autre sens. S’il avait dit à Bella qu’il ne souhaitait pas qu’elle voit autant Jacob, non pas parce qu’il craignait qu’elle soit en danger, mais parce que cela lui déplaisait, elle l’aurait écouté. Il y a toujours beaucoup de malentendus au sein d’un couple - entre les non-dits et la difficulté à exprimer ses émotions - et c’est ce dont Bella et Edward font l’expérience. »
« Edward change de comportement dans ce film, » déclare Pattinson. « Il est jaloux et mesquin. Avec Bella, il se montre possessif. Il a les réactions d’un ado de 17 ans - il est jaloux des types qui draguent sa copine - et cela entraîne des conséquences sur les rapports entre tous les personnages. D’autre part, Edward est en décalage par rapport à Bella et Jacob car ils ont, de leur côté, une relation normale. Edward doit donc combattre ses vieux démons et faire ses preuves avec Bella. »
« Pour moi, Hésitation marque l’apothéose du triangle amoureux, » souligne Lautner. « Dans Tentation, Jacob haïssait Edward de tout son être. Désormais, dans Hésitation, alors qu’il doit faire équipe avec Edward pour protéger Bella, il apprend à le connaître un peu mieux. Du coup, dans la scène sous la tente, ils ont une discussion à cœur ouvert. Comme Edward est capable de lire les pensées de Jacob, il sait exactement ce qu’il pense, tandis que mon personnage ne sait pas ce que lui pense. Il lui demande alors de lui permettre de lire ses pensées - et Edward accepte. Il lui laisse entendre que Jacob serait sans doute un meilleur choix pour Bella. » « Ma séquence préférée est celle de la tente, » renchérit Meyer. « On entend ce qu’Edward et Jacob pensent vraiment et pour la première fois, sans s’en rendre compte, Bella prend conscience de leurs sentiments - et j’ai adoré écrire cette scène. Bella, Edward et Jacob se retrouvent dans un espace exigu, et ils ne peuvent échapper les uns aux autres. » « En réalité, Edward connaît bien Jacob, » ajoute l’écrivain. « Mais Jacob n’avait jamais eu l’occasion de découvrir Edward, et pense que c’est un être inhumain et dénué d’émotions. Jacob ne peut plus le haïr après cette conversation, tandis qu’Edward ne l’a jamais haï car il sait qu’il est animé de bonnes intentions. C’est une scène-charnière pour leur réconciliation et leur amitié naissante. »

« Edward est pris en étau entre ses sentiments pour Bella et son désir de la rendre heureuse, » dit l’auteur. « Il ne peut pas franchement détester Jacob car il sait que celui-ci est un type bien. Dans la scène sous la tente, Edward a l’occasion de lui montrer qu’il n’a pas de rancœur à son égard car il sait que c’est un type bien ».
« Bella s’est rapprochée de Jacob dans Tentation, et il existe désormais un lien très fort entre eux, » reprend Pattinson. « Edward leur en veut encore, et son ressentiment s’accroît tout au long d’Hésitation. Mais au final, il doit accepter Jacob et l’aide de la meute des loups pour combattre l’armée des nouveau-nés. Du coup, Edward accepte la relation entre Bella et Jacob et le fait que si un type s’intéresse à elle, il n’est pas forcément condamnable. Il doit aussi reconnaître le fait qu’il a toujours senti au fond de lui que Jacob était un type bien et que c’est pour cela qu’il l’avait vécu comme une menace. » « D’une certaine manière, Edward a toujours souhaité qu’elle choisisse Jacob et qu’elle mène une vie normale d’être humain, mais il n’a pas pu refuser son amour pour elle, » signale Godfrey. « Si elle le choisit, il doit accepter l’idée que c’est le genre de vie qu’elle veut. Jacob accepte cette réalité et comprend que Bella préfère Edward et qu’il n’arrivera pas à la conquérir. Ce qui les unit finalement, c’est qu’ils aiment tous les deux Bella. »
« Les conséquences qu’entraîne tel ou tel choix sont un thème majeur pour Stephenie, » indique Rosenberg. « C’est le sujet central du film. Je me suis concentrée sur les choix qu’elle doit faire. Il fallait alors faire de Jacob un véritable rival pour Edward, ce qui est d’autant plus difficile qu’Edward incarne une forme d’idéal. » « Jacob représente le choix d’une vie humaine, » signale encore Rosenberg. « Avec lui, s’offre la possibilité de fonder une famille, de vieillir aux côtés de celui qu’on aime, et de vivre dans le monde où Bella a grandi. A l’inverse, Edward symbolise le renoncement à tout cela. C’est entre ces deux pôles que Bella va devoir trancher. »

« Jacob estime sincèrement que Bella est faite pour lui, et il n’aura de cesse de se battre pour elle jusqu’à son dernier souffle, » souligne Godfrey. « Du coup, il entre en conflit avec sa meute car les vampires sont leurs ennemis mortels. Ce qui me plaît, c’est qu’au final ses copains acceptent Bella, malgré leur hostilité initiale. Cet univers chaleureux attire Bella : elle comprend que dès qu’elle deviendra vampire, elle perdra tout cela. »
« A la fin du film, Bella accepte d’épouser Edward, » ajoute Rosenberg. « Ce que j’ai aimé dans l’écriture de ce scénario, c’est que j’ai été amenée à écrire un discours pour Bella sur la question du choix. Ce n’est pas seulement un choix entre Edward et Jacob, c’est surtout un choix entre l’image que les autres projettent d’elle-même et la personne qu’elle est réellement. C’est donc un parcours initiatique puisqu’elle découvre sa véritable identité. C’est une transformation extraordinaire, que l’on attend depuis plusieurs livres. Elle devient une vraie femme. » « Kristen apporte une authenticité magnifique à Bella, » s’enthousiasme Elizabeth Reaser. « C’est un film difficile pour de jeunes comédiennes : Kristen ne minaude jamais, mais elle privilégie la sincérité. » Les trois comédiens ont aimé travailler ensemble.
« J’adore travailler avec Taylor, » confie Stewart. « Nous avons le même type de relation dans la vraie vie : on est très naturels les uns avec les autres. D’ailleurs, avec Rob, on rit beaucoup plus dans les scènes dramatiques, et beaucoup moins dans les scènes censées être légères et drôles. Cet épisode a été le plus simple à tourner pour nous car nous avons créé une dynamique avec laquelle personne ne peut interférer. » « Taylor est un type formidable et je n’avais presque aucune scène avec lui dans le deuxième épisode, » signale Pattinson. « Du coup, c’était vraiment génial de se retrouver dans ce troisième opus. Les deux personnages s’affrontent et j’ai adoré tourner ces séquences-là. » Lautner a eu beaucoup de mal à détester Pattinson à l’écran : « C’est un type vraiment charmant, » explique-t-il. « Je suis censé le rudoyer un peu. C’est vraiment drôle parce qu’on riait et qu’on plaisantait avant la prise, et puis dès qu’on entend ‘Moteur’, je devais me mettre à le haïr. C’était un vrai défi. »
« Ils forment une vraie famille, » renchérit Godfrey. « C’est hallucinant de voir à quel point ces films ont bouleversé leur vie professionnelle et personnelle. Chaque fois qu’on démarre un tournage, on a l’impression de partir en colonie de vacances. On est très excités à l’idée de se retrouver, et puis on se chamaille comme dans toutes les familles et, à la fin du tournage, on se dit ‘à l’année prochaine.’ Il y a tellement de gens qui attendent ces films avec impatience qu’on ne peut qu’être heureux d’offrir un tel cadeau au spectateur. »

Pages de l'article

1. Synopsis
2. Twilight, un phénomène qui ne s'essouffle pas
3. Triangle amoureux
4. Un tournage express