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Fantastic Mr. Fox, dans les salles cette semaine !
Par Gillossen, le 18 février 2010 à 16:51
Et finalement...
Bien qu’il ait insisté pour utiliser de vieilles techniques pour filmer Fantastic Mr Fox, Wes Anderson n’aurait jamais pu diriger son film 24 heures par jour, et ce depuis n’importe quel endroit, sans la technologie moderne. Il raconte : « Ce genre de film demande des mois et des mois de travail et un soin constant du détail. Il faut prendre des millions de décisions, beaucoup plus qu’avec un film en prise de vues réelles, parce que tout doit être entièrement fabriqué. On ne prend pas des décisions sur la base d’une scène donnée, mais sur celle d’une image ; tout est donc beaucoup plus complexe. Une des difficultés de ce film était de comprendre comment nous allions le faire, et comment nous allions gérer toutes ces informations pour être certains d’obtenir à l’écran ce que nous voulions y voir. 29 équipes travaillaient en même temps sur le film, c’était complètement dingue parce que travailler avec une seule équipe vous prend déjà tout votre temps et votre énergie. Heureusement, nous avions un groupe de personnes fantastiques et nous avons trouvé un moyen efficace de travailler tous ensemble. »Allison Abbate : « Nous avons conçu un système qui nous permettait d’envoyer à Wes des e-mails, des photos et même des images en direct où qu’il soit dans le monde. Ainsi, il pouvait se concentrer sur une scène sans être distrait par le travail des autres équipes. Il y avait 29 ou 30 « premières équipes », et grâce à ce système elles pouvaient lui donner toutes les informations dont il avait besoin. Cela nous a permis de prendre les bonnes décisions à chaque phase de chaque plan. »
Wes Anderson : « En général, je recevais les rushes entre 23 heures et minuit, et après les avoir regardés je renvoyais par e-mail mes notes sur les différents plans à l’équipe à Londres. Le lendemain matin, ils regardaient les rushes et lisaient mes notes, et ils m’expliquaient par e-mail ou par téléphone ce qu’ils allaient faire dans la journée. Après cela, ils retournaient à leurs décors et se remettaient au travail. Quand une nouvelle scène était prête à être filmée, je recevais un e-mail avec des photos, et je donnais mes instructions sur le placement des personnages, l’objectif de la caméra et les plans qu’il fallait réaliser. Il y avait beaucoup d’échanges pour tout mettre en place et peaufiner les moindres détails. Je disposais aussi d’un logiciel qui me permettait de regarder à travers les caméras de toutes les équipes, je pouvais donc voir en direct ce qu’elles étaient en train de filmer. C’était très pratique. »Toutes les scènes ont d’abord été story-boardées par Wes Anderson et un storyboardeur, puis transformées en storyboards animés ou animatiques. Ces animatiques sont devenus la base de chaque séquence et ont permis à Wes Anderson, Mark Gustafson et Mark Waring de discuter du cadrage, de la mise en scène et du jeu des personnages avec les animateurs.Wes Anderson a aussi tourné des vidéos de référence pour chaque séquence que les animateurs ont utilisées en parallèle avec les animatiques. La production a appelé ces vidéos les LAVs (live action videos).
Allison Abbate explique : « Dans ces vidéos, il donnait ses consignes pour la mise en scène, et jouait aussi la scène telle qu’il voulait la voir. Il expliquait ce dont il avait besoin dans chaque plan, et les jouait une ou deux fois. S’il y avait plusieurs personnages dans la scène, il les jouait tous. Nous pourrions monter une version complète de ce film avec Wes qui joue tous les personnages ! Les vidéos lui permettaient de donner aux animateurs le rythme de la scène, les expressions faciales des personnages, les mouvements de leurs mains, et quelques remarques sur leurs motivations et leur point de vue. Toutes ces informations ont été très précieuses pour les animateurs, une excellente base de travail. »Mark Waring : « Les LAVs étaient très importantes pour les animateurs parce que Wes jouait aussi bien qu’il le pouvait tous les changements dans les gestes, l’attitude et la voix des personnages. Parfois c’était très minimaliste, il se plantait devant la caméra et on ne voyait presque aucun mouvement. Il fallait être très attentif pour voir qu’il bougeait les yeux ou légèrement la tête, et c’était tout ce dont il avait besoin pour faire fonctionner un plan. En tant qu’animateurs, nous étions toujours tentés d’ajouter plus de gestes et d’expressions, mais il nous disait toujours :« Non, non, pas d’excès, les personnages doivent rester très minimalistes, comme de vrais acteurs. » C’est une façon plutôt inhabituelle de faire un film d’animation image par image parce que la plupart de ces films ont une expressivité très appuyée. »Pour aider Wes Anderson, les cinéastes ont demandé à Matt Kitcat et Rupert « Fish » Fishwick de développer un système nommé FishKat.
Matt Kitcat : « N’importe qui peut se connecter à ce système, même s’il est à l’étrangerComme Wes ne pouvait pas être toujours sur place, les animateurs devaient pouvoir le contacter facilement. Par exemple, quand ils voulaient faire approuver le cadrage d’un plan, il leur suffisait de cliquer sur leur image pour l’envoyer à Wes qui pouvait alors la regarder dans son appartement à Paris, ou n’importe où ailleurs. S’il était en postproduction à Londres ou ailleurs, il lui suffisait d’allumer un ordinateur et de se connecter au système. En tout, nous avons enregistré 5229 plans et 621,450 photos. Tous les jours, nous générions 120 gigaoctets de données, et nous avons conservé au total 18,5 téraoctets de données. »Le résultat est un film d’animation image par image original et différent qui conserve le style et les thèmes des autres films de Wes Anderson. Allison Abbate : « Il utilise les mêmes outils, les mêmes tactiques et les mêmes astuces narratives dans ses films en prise de vues réelles. Ce qui est très intéressant, c’est que cela ne s’est encore jamais fait pour un film d’animation. C’est ce qui rend Fantastic Mr Fox spécial et encore plus excitant. Contrairement à la plupart des films d’animation qui utilisent les gros plans pour montrer les émotions des personnages, Wes préfère les voir d’un peu plus loin et exprimer leurs émotions à travers la mise en scène et leur langage corporel. C’est une approche radicalement différente et très intéressante. »
Felicity Dahl conclut : « Quand j’ai vu le film achevé, j’ai pensé que Roald l’aurait adoré. Je pouvais le sentir à côté de moi en train de sourire, et je dois dire que quand je suis sortie de la salle, j’en avais le souffle coupé. J’ai immédiatement envoyé un e-mail à Wes pour lui dire que c’était un chef-d’oeuvre. C’est un film magnifique, j’ai adoré son rythme, sa musique, son intelligence et sa beauté. Les personnages et les décors sont tout simplement sublimes. »
Pages de l'article
- Synopsis
- Tradition et modernité
- Des renards qui donnent de la voix
- Tout un univers
- Tournage
- Et finalement...
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