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Un entretien avec Anne Robillard
Par Zedd, le lundi 19 avril 2010 à 15:21:59
Alors que Les Chevaliers d'Émeraude cartonnent toujours autant en France, et que nous aurons bientôt en ligne un deuxième entretien avec Anne Robillard, mené lors du dernier Salon du Livre 2010 de Paris, voici en tous cas celui-ci.
Cet entretien s'est fait lors du dernier festival des Imaginales, l'année dernière. Oui, nous avons quelque peu pris notre temps... Mais nous espérons malgré tout que vous l'apprécierez sans plus attendre désormais.
Interview d’Anne Robillard réalisée aux Imaginales 2009
- Les Chevaliers d’Emeraude remporte un grand succès en France. Êtes-vous satisfaite de cet accueil ? L’aviez-vous « redouté » ?
- On se demande toujours comment ça va aller ailleurs que chez soi, c’est sûr… mais, en fin de compte, je me suis rendu compte que la fantasy, c'est international.
- Comment se passent vos relations avec les éditions Michel Lafon? Appréciez-vous leur travail de promotion sur vos romans ?
- C'est l'éditeur idéal. Je ne vais pas parler contre mes autres éditeurs. Je ne donnerai pas de nom mais eux, ils travaillent pour leurs auteurs. Je n'ai jamais eu un traitement aussi royal ailleurs.
- A l’adolescence, vous avez découvert les écrits de Tolkien. Quel souvenir en gardez-vous ?
- J'écrivais déjà beaucoup de fantastique quand j'ai lu Tolkien. J'avais 17-18 ans. Et je n'avais jamais pensé qu'un jour, je pourrais être publiée et vivre de ma plume. C'est quelque chose qui est venu avec Tolkien.
Il écrit le même genre de choses que moi et lui est publié donc je vais m'y mettre
. Le rêve est parti de Tolkien.
- Est-ce une influence majeure?
- Oui et non. Parce que Tolkien écrit des choses que je ne ferai jamais comme décrire un banquet pendant plus de quarante pages. Ou avoir encore un magicien qui n'est pas foutu de se servir de sa magie. Avec moi, les personnages vont s'en servir, et si jamais il y a des descriptions, ça ne dépassera jamais plus de deux pages. Donc oui, il y a son influence, mais il y a aussi des éléments que j'ai laissés de côté.
- J’ai lu que l’idée des Chevaliers d’Emeraude vous est venue en rêve. Etait-ce une première pour vous ? Rêvez-vous encore souvent de vos personnages ou de vos intrigues ?
- Je rêve tous les livres que j'écris. D'ailleurs, j'ai un livre qui est sorti après Les Chevaliers d'Emeraude et qui s'appelle Qui est Terra Wilder ? (C'est du fantastique). Je l'avais écrit 10 ans avant les Chevaliers. Et je l'avais rêvé aussi. Donc l'idée part toujours ou presque d'un rêve. Après, pour les Chevaliers, c'était génial parce que j'avais déjà toute la chronologie et j'avais juste à rajouter tout autour.
- A quand une adaptation cinématographique des Chevaliers d’Emeraude ?
- J’ai déjà approché quelqu’un à Vancouver ; pas pour le cinéma, mais pour la télévision. C’est le producteur de la porte des étoiles (Stargate). Par contre, il voudrait les lire avant de dire
oui je veux
ounon je veux pas
. Mais il voudrait les lire en anglais et je suis en train de négocier pour les droits en anglais.
Le cinéma, je ne veux pas trop ; c’est tellement important que j’ai peur que tout ce qu’ils retiennent des Chevaliers, ce soit juste la guerre. En une heure et demie, je ne pense pas que l’on soit capable de raconter l’histoire des Chevaliers.
- Quelle place accordez-vous à la langue française ? Êtes-vous
fière
d’écrire en français, d’être une auteur francophone ? - Quand j’étais plus jeune, j’ai commencé à écrire en anglais. Puis j’ai décidé d’arrêter et d’écrire dans ma langue. Je suis allée à l’université, j’ai fait des études en français et en traduction. Oui, je suis très fière d’écrire dans ma langue. Je vais beaucoup dans les écoles au Québec dire aux élèves
Soyez fiers de votre langue, sinon vous allez la perdre
. Même chez moi, j’essaie de défendre notre langue.
Après, au Québec, c’est vrai que l’on est entourés par l’anglais…
- Les Dieux déchus vient de paraître en français. Que pouvez-nous nous dire de particulier sur ce tome-là ?
- C’est bizarre comme question pour moi puisque je viens de finir le douze au Québec. (Rires) C’est un tome assez important puisque l’on se rend compte que la menace vient d’à peu près partout… et même du ciel. Après, je ne vais pas trop en dire non plus…
- Vous avez annoncé une deuxième série : quand pourrons-nous la découvrir – on parle de fin 2009, pour le Québec en tout cas – et à quoi s’attendre ?
- J’ai reçu beaucoup de menaces par Internet : pourquoi vous nous laissez tomber, on aime les personnages. Pourquoi est-ce que vous vous arrêtez au douze ? Il y en a qui ont été jusqu’à me dire
Avez-vous vu le film Misery ?
. (Rires) C’est violent pour un auteur.
Les menaces ne m’ont pas décidée mais à ce moment, je réfléchissais justement sur ce que je pouvais faire après. Et puis, un petit garçon de onze ans m’a écrit et m’a ditVous ne pouvez pas arrêter, on ne sait pas ce qu’ils vont devenir
. C’est vrai donc ok, je ne vais pas faire de promesse mais je vais essayer de faire le tome 13 pour novembre de cette année au Québec. Bon, après ça va dépendre du temps que je vais avoir parce que j’ai un autre engagement avec une série qui s’appelle A.N.G.E. dont le tome 5 est sorti en mars. L’éditeur veut le tome 6 pour … novembre aussi. La seconde série sera normalement Les Héritiers d'Enkidiev.
- Avec un peu plus de recul, qu’est-ce que votre dodécalogie vous aura apporté, au-delà de la popularité ? La liberté ?
- C’est plutôt le rêve de Cendrillon sans le prince. Je vis vraiment un conte de fées. Au départ, je pensais juste écrire un livre de fantasy que moi j’aimais…
- Vous êtes lancée dans un véritable marathon de dédicaces jusqu’au 25 mai. Comment appréhendez-vous une telle tournée médiatique ?
- Je sais bien que je vais rester deux semaines sans rien faire chez moi après. Mais je suis vraiment très très contente de rencontrer mes lecteurs.
- Lisez-vous vous-même des auteurs de fantasy/SF français ?
- Malheureusement non. Je n’ai plus le temps de lire. Je pense que mon plus grand regret dans la vie, c’est de ne pas trouver le temps de lire. Pour mes romans, surtout par la série A.N.G.E., je lis beaucoup de documentations. Mais pas de romans… Quand je lisais des romans avant, des auteurs français de fantasy, il n’y en avait pas tellement.
- Comment se passent ces retrouvailles avec la France pour l’instant ? Quelle image avez-vous de vos fans français ?
- Je les adore. Je trouve qu’en France, les gens sont très très polis. Au Québec, c’est très américain, on vit à cent à l’heure ; ici, on prend le temps de parler avec les gens, c’est très agréable.
- Parlons un peu du média qui nous intéresse plus particulièrement… Vous avez un site Internet. Que représente la toile pour vous, un outil ?
- Au Québec, j’ai un éditeur qui pense qu’un livre doit se vendre tout seul et qu’il ne faut faire aucune publicité. Contrairement à Michel Lafon qui organise des concours et qui fait en sorte que l’on en parle tout le temps… A la sortie du premier tome des Chevaliers en octobre 2002, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose. En juillet 2003, on a ouvert le site et on s’est aperçus qu’il y avait beaucoup de gens sur Internet : on avait des contacts avec tous les pays du monde. Au début, je répondais moi-même au courriel mais très vite avec cent mails par jour, je n’en pouvais plus… Alors maintenant, j’ai une adjointe.
Donc oui, Internet, c’est très important.
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