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Bibliothèque Interdite : l’interview en ligne !

Par Gillossen, le mardi 4 mai 2010 à 13:43:24

Sortie du mois de maiS'il y a bien une maison d'édition qui suscite de nombreuses interrogations depuis quelques semaines, c'est la Bibliothèque Interdite.
En effet, sur Elbakin.net comme ailleurs, difficile de ne pas remarquer l'avalanche de titres acquis par l'éditeur, qui compte visiblement lancer une grande "offensive" éditoriale dans les prochains mois.
Pour tenter d'en savoir plus, nous avons donc proposé un entretien à Mathieu Saintout, fondateur et directeur de publication des éditions Bibliothèque Interdite, qui a bien voulu répondre à nos questions.
Ses réponses sont désormais à découvrir ci-dessous et nous le remercions au passage.

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Mathieu Saintout répond à nos questions

Pour nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas, pourriez-vous nous parler un peu des débuts de l'aventure Bibliothèque Interdite ?
Tout d’abord, bonjour à vous et à tous les fans d’Elbakin.net ! Je suis Mathieu Saintout, fondateur et directeur de publication des éditions Bibliothèque Interdite. Et pour répondre à votre question, notre aventure a commencé il y a un peu plus de 6 ans, quand après plusieurs années de travail chez Games Workshop, notamment au studio de traduction, j’ai décidé de créé ma maison d’édition en acquérant les droits d’exploitation du catalogue de romans de Black Library. J’ai été longtemps entre deux positions : mes différents emplois, tant dans la bande dessinées que dans le marketing, et mon travail chez Bibliothèque Interdite. Cela à duré deux ans, deux ans et demi je pense avant que je puisse passer à temps plein chez BI. Depuis, nous nous sommes agrandis, nous avons nos propres bureaux, et nous travaillons avec une quarantaine de personne (en comptant les traducteurs free-lance). C’est un petit projet qui a bien grandi et dont nous sommes très fiers.
Quelle est votre situation actuelle ? Vous sentez-vous à un tournant de votre parcours ?
La situation de Bibliothèque Interdite est excellente. Nous nous sommes installé sur le marché discrètement avec des romans qui ont longtemps été considérés comme des « bas de rayons », des romans a installer en bas de présentoirs, et qui sont désormais placés fièrement aux meilleurs emplacements. Certaines de nos séries sont de véritables succès et quelques auteurs sortent vraiment du lot, comme Dan Abnett et Graham McNeill par exemple. La série L’Hérésie d’Horus à déjà vendu plus de 100 000 romans ! Pour un marché de niche, c’est exceptionnel !
Vous avez récemment attiré l'attention du petit milieu de l'édition de l'Imaginaire en vous positionnant sur de nombreux titres, hors de votre sphère d'origine. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette nouvelle stratégie ?
Nous préparons en effet un gros projet pour la fin de l’année car nous lançons un nouveau label d’édition : les éditions Eclipse ! C’est pour le moment toujours un projet secret, mais je peux vous dire que nous avons acquis des droits sur de nombreux ouvrages, dont d’excellents titres que nous serons fiers de présenter au public français.
Qu'est-ce qui a motivé ce changement de cap ?
Après six années d’existence, nous avons décidé de varier notre catalogue et d’éditer des romans qui nous tenaient à cœur et qui n’avaient pas été édité à ce jour. Cela nous permet de réaliser aussi nos rêves d’éditer des gens que nous aimons, comme Dan Abnett, sur d’autres univers que ceux pour lesquels ils sont connus (dans le cas de Abnett, il est plutôt connu pour ses œuvres dans le comics, chez Black Library et pour la BBC avec Dr. Who)
Quelle est désormais votre ligne éditoriale précise ?
Nous n’avons pas vraiment de ligne éditoriale majeure, en fait, je souhaite éditer des romans que j’aurai pu lire si j’étais encore un lecteur normal (pas un éditeur) ! Nous allons donc aller du steampunk, à la fantasy, en passant par du bit-lit, de l’urban fantasy et de l’horreur. Tout ce que j’aime lire et qui touche le lectorat de ma génération, élevé aux séries TV américaines, à X Files, HBO, les films de Zombies…
Pouvez vous présenter quelques-uns de ces nouveaux titres ? Vos coups de cœur ?
Nous avons acquis plus de 60 titres pour le moment et nombreux sont ceux à nous plaire. Je peux vous citer en fantasy les romans du Death Dealer de Frazetta et Silke, un série sur le mythique personnage de Frank Frazetta publié dans les années 80 et jamais rééditée depuis. En science-fiction, nous aimons particulièrement la série Andrea Corte de Adam Troy-Castro (Philip K. Dick 2009 du meilleur roman avec Les Envoyés de Dieu). J’adore aussi la trilogie Un Monde Sans Dieux de Brian Ruckley publié par Orbit. C’est de la pure fantasy, au souffle épique qui m’a agréablement rappelé mes premiers souvenirs de lecture avec le Seigneur des Anneaux.
Allez-vous en parallèle continuer à traduire le catalogue Black Library ? Vous aviez déjà un peu de "retard", est-ce que le fait de vous diversifier ne va pas vous en faire prendre encore plus ?
Nous n’allons pas prendre de retard sur le catalogue Bibliothèque Interdite car il sera développé en parallèle. Nous avons un décalage avec l’Angleterre car ils ont déjà plus de dix ans d’existence et plus de 200 romans en catalogue ! Il était donc impossible pour nous de les rattraper. De plus, si nous avions édité des romans pour être au même niveau qu’eux, les lecteurs devraient attendre très longtemps entre les différents tomes des séries. En anglais, les romans de la série des Fantômes de Gaunt sortent tous les 18 mois, en France nous avons réussit à en éditer un tous les 8/10 mois.
D'autres œuvres de licences, comme les romans Halo ou Mass Effect vous intéresseraient-ils ?
En effet, d’autres licences nous intéressent sur lesquelles nous avons déjà fait des offres ou que nous avons déjà acquises.
Certains s'inquiètent un peu au sujet de la qualité des traductions à venir. Y a-t-il un effort particulier de prévu à ce niveau ?
Tout à fait. Pour lancer un nouveau label, nous avons fait appel à des traducteurs connus du marché. Le problème des romans Bibliothèque Interdite est qu’il faut avant tout connaître l’univers très dense (plus de 30 ans d’existence) ce qui fait que nous devons parfois sacrifier à la qualité la maîtrise du monde. Mais nous avons aussi fait de gros efforts sur ces titres et nous espérons que les lecteurs le noteront.
Peut-on s'attendre à voir arriver des auteurs français, un jour ?
Sur notre nouveau label, dès les premières sorties ! Sur Bibliothèque Interdite, je ne pense pas. Les anglais demandent des manuscrits en anglais et il serait très dur pour un français de réussir à être édité sur les univers de Games Workshop.
Quelle est votre vision de la situation actuelle du marché ? Certains pensent le marché saturé, quel est votre avis sur ce constat ? Tout récemment encore, c'est maintenant Soleil qui veut visiblement également s'installer.
Je ne pense pas qu’on puisse saturer le marché littéraire en général. On peut saturer une niche, comme l’horreur par exemple, mais pas tout le marché. Certes les gens lisent moins, mais cela est peut-être due au fait que les éditeurs connaissent moins leur lectorat et trouvent des titres moins adaptés, la preuve étant que les best-seller atteignent des sommets en ce moment, ce qui prouve bien que les gens lisent quand on leur propose les bons titres. Nous espérons éditer des romans qui trouveront leur public car chacun est acquis en pensant à ceux qui pourraient le lire.
Comment voyez-vous justement votre positionnement sur un marché ultra-dominé par Bragelonne ?
Bragelonne est une référence institutionnelle maintenant. Je pense que nous devons trouver notre positionnement vis-à-vis de Bragelonne tout autant qu’avec Pocket ou Fleuve Noir par exemple. Nous nous sommes dans un premier temps concentré sur des ouvrages ciblés, dont les cibles sont plus clairement définies. Nous espérons que cela permettra à ces titres de trouver rapidement leur lectorat et d’installer la collection.
Vous tenez un blog. Est-ce qu'internet représente un outil de communication/promotion important pour vous ?
Le blog est un outil compliqué pour nous car tout doit être approuvé par Games Workshop. Vu ces difficultés, nous l’avons mit en suspens pour le moment. Nous souhaitions toutefois l’utiliser pour communiquer des informations au jour le jour sur la vie de la société pour ceux qui aiment suivre de près leur passion.
S'il y a bien un sujet qui interpelle également le monde de l'édition de façon plus globale, c'est celui du livre électronique. Que pensez-vous de ce support ? Vous intéresse-t-il ?
Je pense que le livre électronique est un outil fantastique. J’attends avec impatience les nouveaux formats qui permettront d’intégrer des bandes sonores au cours de la lecture ou des images animées. C’est un format révolutionnaire qu’il faudra adopter très vite.
Pour finir sur une question moins liée aux interrogations éditoriales, que représentent pour vous, encore aujourd'hui, les littératures de l'imaginaire comme la SF ou la Fantasy bien sûr, en tant que « simple » lecteur peut-être ?
Ces univers sont pour moi les plus agréables à lire. Toujours en renouvellement, toujours en mutation, on peut trouver de tout. La fantasy des années 80 ne ressemble en rien aux ouvrages écrits en ce nouveau millénaire, et chaque roman amène sa pierre à l’édifice. Chaque année je suis surpris de voir de nouveaux romans arriver, avec des idées fraiches et surprenantes. J’aime aussi lire des polars, et j’avoue avoir trouvé moins de bonnes surprises qu’avec la production de Bragelonne par exemple.

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