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Numérique
ISBN : 979-103600076-8
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Sergueï Diatchenko (Proposer une Biographie)
Auteur/Autrice : Marina Diatchenko (Proposer une Biographie)
Traduction : Savine, Denis E.
Vita nostra brevis est, brevi finietur…
« Notre vie est brève, elle finira bientôt… »
Testeur de jeux vidéo d’une nouvelle génération ? Une aubaine pour Arsène, ce gamer surdoué d’à peine quinze ans. Mais, ce job en or, il n’est pas le seul à y postuler et la compétition sera rude.
Tout cela pour le compte de l’insaisissable Maxime, dont les desseins sont ambigus. Pur charlatan ? Aimable manipulateur ? Visionnaire d’un monde virtuel à venir ? Ou plus déconcertant encore ? « Je transfigure le matériel en immatériel et inversement. »
Entre désir et réalité, demi-vérités et faux-semblants, entre virtuel et réel, Arsène apprend à naviguer d’un monde à l’autre, là où les frontières s’estompent. Mais pour aller où ? L’enjeu est rien moins qu’innocent.
Critique
Par Nephtys, le 08/06/2021
Numérique n’est pas un second tome à proprement parler, Numérique n’est pas non plus de la fantasy ou du fantastique à proprement parler. Pourtant, il parle de technologies comme dans d’autres livres l’on parlerait de sorcellerie et le héros, Arsène, se doit de mémoriser les nuances technologiques du monde moderne comme un éventuel sorcier à lunettes apprendrait des formules magiques.
Où commence le réel face au virtuel et le virtuel face au réel, y a-t-il seulement une limite de possible, une démarcation visible ou invisible ? Le livre pose beaucoup de questionnements et le personnage principal, Arsène, ne peut répondre à tous. Est-il un « bon héros », cet Arsène ? Quatorze ans, la vie devant lui, une vie dont il ne veut pas car sans saveur, sans magie. La magie, elle est dans ses jeux et un en particulier, Bal Royal, qui se joue en ligne et où l’adolescent a su gravir les échelons du pouvoir à l’aide de son personnage. Mais qu’est-ce que cela veut dire, le pouvoir, dans un jeu vidéo ? Est-ce le même que dans la vraie vie ? Encore une fois, la question de frontières se pose.
Que veut devenir Arsène ou plutôt, qui veut-il devenir ? Ses déboires en jeu amèneront Arsène à rencontrer un homme dans le monde réel, Maxime. La source de ses ennuis ou la source de son éveil ?
Peut-on parler d’un éveil ou d’une création ?
Encore une fois, beaucoup de questions.
Contrairement à Vita Nostra, on se perd moins entre les pages. Il y a un côté plus brut, des moments mieux définis entre les jeux à travers un écran et la narration. Le récit joue avec cela mais nous donne les codes pour ne pas nous perdre et les 400 pages et quelques se tournent avec fluidité. Une poésie certaine hante les pages et rajoute effectivement une magie en plus à tout le pouvoir donné dans cet univers aux différentes technologies.
Mais revenons à Arsène : là où Sasha poussait à la compassion, le jeune garçon possède un abord beaucoup plus froid, quand il n’est pas tout simplement gouverné par ses hormones. Son évolution est logique, mais de là à possiblement en faire quelqu’un d’appréciable et provoquant l’empathie, il y a tout un monde. Numériques se veut proche d’un récit initiatique et Arsène évolue bel et bien au fil des pages ainsi qu’il faut s’y attendre. D’une certaine manière, le héros incarne comme un tutoriel parfait de cet univers : apprenant les actions possibles, réalisables, irréalisables pour que peu à peu l’expérience devienne sienne et surtout nôtre, à travers son regard. Il n’empêche que l’envie de le remettre à sa place démange souvent.
Alors, le récit est-il trop daté pour notre société qui a su évoluer et faire naître d’autres réseaux sociaux et moyens de jouer et communiquer ? Non, car le discours des époux Diatchenko est maîtrisé à la fois dans sa narration et dans ses idées. Cela n’empêche pas des instants de déséquilibre dans ce qui apparaît comme une société hybride entre deux époques lorsque notre monde a nous a déjà emprunté tel chemin ou tel autre mais le livre n’en est pas hors sujet pour autant, juste très (trop) didactique. Plus accessible que Vita Nostra, différent de son prédécesseur mais néanmoins travaillé et intéressant, Numérique nous offre la déclinaison d’une métamorphose aux accents de langue morte ou sur le point de le devenir. Il ne révolutionne pas le genre en 2021 mais propose une pensée intéressante sur la manière dont on voulait penser et se réapproprier le monde il y a plus de dix ans en refusant la fatalité d’alphabets et de codes numériques lorsque les anciens héros avaient à s’extraire, eux, d’obscures prophéties.
7.5/10
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