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Les Lumières de Haven
Catégorie : Jeunesse
Auteur/Autrice : Pauline Bock
Cinq lycéens sont projetés dans l’univers merveilleux de Haven. Une Terre parallèle, volontairement bloquée au XVIIIe siècle. Le dirigeant Old Black, inspiré par la philosophie des Lumières, règne en despote éclairé sur ce havre de paix… Mais un personnage mystérieux ébranle cet édifice en révélant un secret millénaire. La révolte gronde…
Critique
Par Aléthia, le 03/03/2013
Les Lumières de Haven est le premier roman de Pauline Bock, jeune auteur de vingt ans. Je vous arrête tout de suite, Pauline Bock a une plume qui dément ses années. Et contrairement à d’autres premiers romans parus récemment, le langage est maîtrisé de bout en bout : les descriptions laissent poindre une verve poétique tandis que les dialogues sont naturels et agréables à suivre. A cet égard, Les Lumières de Haven est équilibré.
L’histoire elle-même est intéressante. Si les éléments narratifs de base semblent éculés (un monde parallèle, un groupe de héros différents mais complémentaires, etc.) et malgré quelques facilités et raccourcis, Pauline Bock prend, dans le dernier tiers du roman, un chemin inattendu et bien plus sombre que ce que le début du récit ne le laissait présager. Les choix des protagonistes ont des conséquences qui sont loin d’être anodines et certains perdent douloureusement leur part d’enfance. Dans ce livre, ce sont cependant les histoires de cœur qui sont sans doute les plus maladroites dans leur immédiateté.
Le monde de Haven est bien construit, avec une profondeur qui lui permet d’être crédible. Dans ce havre de paix, les hommes ont choisi de vivre dans une représentation perpétuelle du XVIIIème siècle. Sur Terre, les philosophes des Lumières ont énoncé les bases d’un système politique utopique où un despote éclairé cherche, par la Raison, à améliorer la vie de son peuple et Haven démontre la viabilité de ce modèle. Et ses failles. Car jusqu’où est-on prêt à aller pour préserver cette utopie ? Peut-on mentir pour le bien commun ?
La magie est peu présente à Haven, mais elle existe néanmoins, à travers les Egaux. Elle est avant tout présentée comme une question de perception. Ce qui semble magique pour les héros ne l’est pas nécessairement pour les habitants de Haven, et inversement.
Les personnages principaux ont entre quinze et seize ans et chacun une personnalité propre. Pour autant, ils ne sont ni stéréotypés ni imperméables au changement. Myriam, Lise, Andrea, Charlotte et Julien partagent, dès le début du récit, une complicité qui leur permet d’agir ensemble et de se comprendre facilement. Peut-être trop, d’ailleurs. C’est un avantage pour eux mais, pour le lecteur, cela semble surtout prétexte à quelques raccourcis. De plus, les héros semblent plus « plats » et moins attachants que certains personnages secondaires comme Fenn, Old Jack ou même Equinoxe, qui donnent du corps au récit.
Je n’ai plus quinze ans depuis longtemps et ma perception des personnages est liée à cet état de fait. Les atermoiements adolescents intéresseront sans doute plus les lecteurs du même âge. Pour autant, certains des héros m’ont passablement agacée, ce qui, pour moi, est une bonne chose. Cela démontre qu’ils ont su être assez vivants pour susciter cette réaction et gagner mon affection. Je pense d’ailleurs que le garçon au pistolet d’or m’accompagnera longtemps.
Les Lumières de Haven est un premier roman plein de qualités, que l’on prend plaisir à lire. Malheureusement, il semble souffrir d’un manque de relecture. Ainsi, au détour d’une page, on voit apparaître un personnage que chacun semble connaître alors qu’il n’a jamais été mentionné avant. Il réapparaitra bien plus tard dans le récit, et chacun semblera découvrir son existence. Plus loin, un des personnages fait référence à un événement qui n’a pas eu lieu. Est-ce un événement qui a été coupé avant la publication du récit ? Le fait est que cet événement offre néanmoins à ce même personnage un élément clef pour comprendre un des mystères de Haven. Pour le lecteur, cette révélation tombe un peu comme un cheveu sur la soupe. Ces incohérences m’ont coupée dans ma lecture et m’ont sortie du récit. C’est bien dommage. Heureusement que Pauline Bock a suffisamment de qualités pour que l’on replonge dans Les Lumières de Haven car les derniers chapitres sont empreints d’une force émotionnelle que je n’avais pas vue venir et ils méritent, à eux seuls, que l’on s’attarde sur ce roman.
Scrinéo jeunesse a du flair et Les Lumières de Haven en est un nouvel exemple. Si Pauline Bock décide de reprendre la route vers Haven, je la suivrai.
7.0/10
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