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Le Grand Livre de Mars
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Leigh Brackett
Mars. La rouge. La sèche. L’immortelle. Mars où les empires s’entrechoquent et s’effondrent, où les héros naissent à l’ombre d’oriflammes barbares. Mars, où la fierté d’un héritage culturel indicible et millénaire. Mars des secrets. Du pouvoir. De la mort. Mars du souvenir…
Au programme de cette édition exceptionnelle, dans des traductions totalement révisées et réunies pour la première fois :
L’Épée de Rhiannon
Le Secret de Sinharat
Le Peuple du talisman
Les Terriens arrivent
Le tout encadré d’une préface inédite de Michael Moorcock, d’une large postface biographique signée Charles Moreau et d’une bibliographie exhaustive.
Critique
Par K, le 01/09/2015
Scénariste et écrivain de talent ayant inspiré de nombreux auteurs tels Ray Bradbury, Jack Vance ou Edmond Hamilton, Leigh Brackett est connue pour avoir écrit plusieurs récits de science-fantasy se déroulant sur une planète rouge déclinante à l’histoire millénaire.
Ils sont ici regroupés par les éditions du Belial’ en un volume de 655 pages rassemblant les traductions révisées de trois romans et d’un recueil de nouvelles. L’ouvrage, de belle facture, commence par une longue préface de Michael Moorcock rappelant ce que le genre et lui-même doivent à l’influence souvent méconnue en ces contrées de Leigh Brackett. L’Épée de Rhiannon, roman paru en 1949, nous donne un premier aperçu de la planète rêvée par l’auteur, à une lointaine antiquité où les vastes étendues d’eau d’une Mars déjà vieille mais pas encore asséchée étaient parcourues par les flottes des rois des mers et où se croisaient et s’affrontaient des peuples bigarrés. Si les explications données aux phénomènes étranges se veulent scientifiques c’est bien dans une atmosphère de fantasy que nous entraîne l’écrivain. L’histoire de ce court roman ne brille pas forcément par l’originalité de l’intrigue mais s’avère efficace et pose les fondations d’un monde cohérent, rude, riche et destiné à un inéluctable déclin à chaque récit. Les deux suivants, Le secret de Shinarat et Le peuple du talisman, tous deux écrits en 1964, nous offrent notre premier contact avec un héros promis à un bel avenir, Eric John Stark, alias N’Chaka, l’homme sans tribu, éternel nomade, tandis que les quatre nouvelles suivantes s’attachent à montrer les contacts entre les colons terriens et un monde qu’ils méconnaissent souvent et comprennent rarement. Se déroulant tous, hormis l’Épée de Rhiannon, dans une Mars aride, ils évoquent les thèmes principaux dressés par Leigh Brackett : les notions ambiguës de civilisation et de barbarie, l’acculturation et la colonisation, le lent déclin scientifique et la superstition. Si la plupart des trames sont assez classiques, entre héros solitaire et superbes femmes de caractère, on y trouve aussi des variations plus subtiles où des hommes luttent pour préserver le mode d’existence des hommes des terres sèches face à des menaces parfois sournoises voire, pire, à de bonnes intentions. Si la cohérence de son univers et les éléments récurrents de ses scenarii peuvent donner au lecteur une impression de répétition, ils accentuent également le sentiment de se trouver face à un monde d’une antiquité immémoriale et font de manière assez paradoxale le charme de cet ouvrage, annonçant dans ses meilleurs passages une autre terre, plus tragique et froide, la rousse et mélancolique Skaith de Stark et les rois des étoiles. Sans être un incontournable - encore qu’il faille remettre ces œuvres dans leur contexte de parution - le grand livre de Mars est une lecture distrayante, plus fine qu’il n’y paraît au premier abord, d’une femme qui a inspiré nombre d’auteurs de genre.
Une bibliographie des œuvres de fiction de la dame est d’ailleurs présente en fin de volume et on ne peut à ce sujet que saluer le travail d’édition réalisé et justement récompensé d’un prix spécial en 2009 lors du Grand Prix de l’Imaginaire.
7.0/10
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