Les Larmes de crocodile.                                  Tony, le mari de Patricia, vient à décéder                                  soudainement, alors que le couple visite une galerie                                  de peinture. Le plus étonnant - ou le plus                                  choquant - c'est que Patricia, à la vue                                  de celui qui vient tout juste de mourir, décide                                  de tout quitter, le mort, sa famille. Elle part,                                  au loin, à Nîmes après avoir                                  voyagé sans but précis. Dans son                                  état de détachement presque inhumain,                                  mortifère à tout le moins, elle                                  fait la connaissance d'un norvégien, Nils                                  Isaksen, qui demeure au même hôtel.                                  Tous deux gens du Nord dans une cité où                                  vont débuter les festivités annuelles                                  de la féria, arpentant ses rues désertes                                  aux heures les plus chaudes.
 Détachement, mensonge, rédemption,                                  avec en arrière-plan l'histoire de la cité,                                  de contes ou de personnages légendaires.                                  Un sentiment étrange nous habite à                                  la lecture de cette superbe nouvelle, belle et                                  troublante, douce et cruelle. Enfin, on notera                                  que l'auteur semble beaucoup aimer la France,                                  pays qu'elle apprécie, juge, jusque dans                                  ses aspects qui peuvent sembler anodins.
Une Lamie dans les Cévennes.                                  Comme dans la nouvelle précédente,                                  il est question de peinture. Les couleurs des                                  lieux, des êtres sont elles aussi mises                                  en avant, chantées, fantasmées.
 Un anglais quitte son pays du temps de Thatcher                                  pour la solitude des Cévennes. Il se consacre                                  à la peinture, à capter les subtiles                                  nuances des couleurs de ce qui l'entoure, jusqu'à                                  devenir une obsession. Il a droit un jour à                                  une bien étrange visite dans la piscine                                  qu'il s'est fait construire. Mais comme dans le                                  conte Le Compagnon qui, dans sa version norvégienne                                  - que vous lirez dans la première nouvelle                                  -, voit le héros rompre le pacte, le peintre                                  en fera de même avec la lamie, poursuivant                                  sa quête picturale dans la quiétude.
Le Froid. Un joli conte                                  où l'amour a priori impossible entre une                                  princesse des glaces et un prince artiste du désert                                  peut néanmoins se réaliser, grâce                                  à l'art de celui-ci. Une vie tantôt                                  languissante, tantôt passionnée,                                  entre ombre et lumière, froid et chaleur.                                  En prime on y trouve l'évocation de superbes                                  constructions de verre.
La nouvelle suivante, La Clocharde,                                  est davantage fantastique que fantasy : une bonne                                  dame anglaise, épouse d'un directeur d'une                                  compagnie dont tous les directeurs se réunissent                                  en Extrême-Orient, part faire du lèche-vitrines                                  dans un centre commercial labyrinthique et bientôt                                  désert, et se voit devenir peu à                                  peu une clocharde.
Jahel. A partir d'un souvenir                                  étrangement obsédant, la narratrice                                  de cette histoire dresse un portrait cruel du                                  milieu de la publicité et des externats                                  de jeunes filles en Angleterre. Surtout que ce                                  n'est pas spécialement un "ange"                                  !
Le Christ chez Marthe et Marie.                                  Un peintre, s'aidant pour cela de l'histoire du                                  Christ chez Marthe et Marie, réconcilie                                  avec elle-même une jeune cuisinière,                                  artiste à sa façon, talentueuse                                  mais pas vraiment belle.
Au final, une série                                  de petits récits, qui, à défaut                                  de ne pas toujours être de la fantasy, portent                                  en eux un fort pouvoir onirique. Les différentes                                  histoires se mêlent bien souvent à                                  d'autres que l'on peut rencontrer dans des contes.                                  L'écriture est particulièrement                                  soignée, tout comme les évocations                                  des lieux, des sensations, des couleurs.
                                                                                            — Macros