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Une interview avec Isis Mussenden
Par Thys, le vendredi 3 août 2007 à 16:32:52
Nous avions alerté votre attention il y a quelques jours de cela sur des entretiens audios issus de la présentation du panel Comic-Con 2007 du Prince Caspian. Evidemment uniquement disponible en anglais, il ne s'agissait pas là d'interviews ouvertes à tous.
Eh bien, en attendant la "totale", voici déjà l'une de ces interviews, intégralement traduite pour vous ! On y retrouve Isis Mussenden, la costumière du film, qui a donc retrouvé son poste après le premier Chapitre, et espère enchaîner sur le troisième long métrage du Monde de Narnia.
Bonne lecture !
L'interview proprement dite
- Après le premier film, quel a été votre travail, pour rendre celui-ci meilleur ou plus sombre?
-
Isis Mussenden : Le script avait déjà fait le travail pour moi, parce qu'il était plus vaste, plus sombre et, oui, c'était un bien plus gros morceau auquel s'attaquer. Notre travail était donc défini depuis le départ. Mais, faire mieux est toujours notre but, vous savez, que ce soit de film à film, dans une série ou dans une franchise, on essaye toujours de tirer les leçons et de faire de mieux en mieux.
- Comment Howard et vous travaillez-vous ensemble lorsqu'il dessine les créatures ?
-
Normalement, Howard et moi avons bien plus de travail en commun que sur ce film parce que nous avons décidé assez tôt que les créatures ne porteraient pas de vêtement. Elles n'en portaient pas vraiment dans le premier, mais il y avait des bouts de tissus, comme le foulard de M. Tumnus et tout ça, mais nous voulions vraiment les faire paraître comme des renégats se cachant dans la forêt. A partir de là, Andrew et moi avons travaillé sur le concept de ce qu'ils devraient porter. Quel genre d'armure ? Nous avons commencé par démonter les armures du premier film pour garder le style, mais nous en avons gardé des morceaux, nous les avons vieillis, nous voulions voir ce que les gens feraient s'ils n'avaient d'autres ressources que ce qui leur vient du passé. Alors ils le transforment pour en faire une sorte de protection, d'armure.
Nous avons beaucoup travaillé ensemble sur les nains, parce qu'ils ont forme humaine. Howard et son équipe ont vraiment fait de supers maquillages pour Nikabrik et Trompillon, il avait raison, nous avions deux acteurs cette fois et ça a fait toute la différence. C'est un nain rouge et un nain noir, mais ils sont tous deux du bon côté cette fois. - Y a-t-il une pièce dont vous êtes particulièrement fière ?
-
Vous savez, c'est intéressant, on m'a posé cette question pour le premier film à cause de tous les costumes de la sorcière qui se sont imposés comme les plus importants, mais il y a deux choses dont je suis particulièrement fière cette fois, l'une d'elle est l'armée Telmarine, parce que je n'avais jamais fais d'armée auparavant. Laissez-moi vous dire que c'est du boulot. La moindre chose qu'ils portent est faite à la main, de leurs chaussures à leurs armures. Nous avions trois armuriers à Prague qui travaillaient sur le cuir. Nous avons posé des milliers et des milliers de clous sur les brigandines. Nous avons monté 330 armures lourdes, ça ne semble pas beaucoup mais ça représente quelques 3.000 pièces.
- Oui, ça fait beaucoup.
-
C'était énorme, il y avait des jours où j'avais juste l'impression d'être là-dedans depuis des mois et des mois, continuant à avancer et à faire traduire à mes armuriers qui ne parlaient que le tchèque. Pas un seul d'entre eux ne parlait anglais ce qui impliquait des heures perdues en traduction et obtenir exactement ce que nous voulions. Et puis, il a fallu vieillir chaque pièce comme s'il elle avait vécu cent batailles.
- Comment fait-on cela ?
-
Avec une équipe de 15 personnes qui passent 4 mois et demi rien qu'à vieillir avec de la rouille et une peinture qui simule l'effet du soleil... Il y a une ceinture pour porter l'épée, et nous l'avons vieilli par le soleil jusqu'à ce qu'elle passe de noire à blanche, mais j'aime l'aspect qu'elle a. Nous avons dû faire trois types d'armures différentes. Nous avions des armures très légères en métal, avec les casques, gants, etc... Et puis il y avait les armures flexibles des cascadeurs qui devaient avoir l'air identique. Mais les armuriers qui ont travaillé avec moi à Prague ont l'habitude de faire que les choses semblent très anciennes, ils ont de telles antiquités là-bas, celle ville est très vieille. Alors ces gars ont patiné pour correspondre exactement aux armures. On ne peut pas différencier la version plastique de celle en métal, c'est phénoménal. Nous en sommes très fiers. Ca ne ressemble à rien de ce qui s'est fait dans l'histoire mais tout vient de morceaux d'histoire et de pièces sur lesquelles j'ai travaillé au Métropolitan Museum. Nous avons travaillé sur de nombreuses pièces et puis nous nous les sommes appropriées.
- Pensez-vous que le public réalise le travail et les efforts qu'il y a derrière un film comme Narnia ?
-
Absolument pas. Ce n'est pas possible... Les gens viennent dans mon immense espace de travail, avec tous ces spécialistes et ce matériel. Nous avons bien ri lorsque nous avons décidé de tout compter à cause de ces gens qui font des statistiques. Nous voulions leur donner enfin des chiffres, ils ne comprennent pas que, rien que pour les 4 enfants, dont les costumes sont faits à la main, nous devons faire 7 costumes de chaque.
- De chaque vêtement ?
-
De toutes les pièces.
- Pourquoi 7 ?
-
Eh bien, pour les cascadeurs, les déchirures, les enfants qui grandissent. On vient juste de finir deux nouveaux costumes pour Edmund et Lucy parce qu'ils ont déjà grandi. Georgie a grandi de 10 cm depuis le début.
- Quel est celui, parmi leurs vêtements, que vous préférez ?
-
J'aime les vêtements des filles, les premiers qu'elles portent sont vraiment superbes. Nous avons joué sur le motif de jonquille de Suzan directement sur sa robe cette fois, c'est basé sur une magnifique pièce de mode d'une exposition à Tokyo. J'aime combiner l'aspect médiéval avec tout ce que je veux. J'ai le meilleur travail sur terre. Personne ne peut me dire que ça ne correspond pas, que ce n'est pas la bonne période, c'est Narnia, cela n'a pas d'importance (rires).
- Avez-vous commencé à penser aux concepts en lisant le livre ou le script ? Ou bien attendez-vous de travailler avec le réalisateur ?
-
Non, je commence à la lecture du livre ou du script. Mais le livre du Prince Caspian ne m'a malheureusement pas beaucoup inspiré, à la différence du premier que j'ai utilisé telle une Bible. Le script m'a bien plus aidé. Il est très intéressant, ça bouge et c'est marrant. A partir de là, j'ai commencé avec une palette, il y a eu beaucoup de boulot avec la guerre civile des Telmarines. Nous avons voyagé dans toute l'Europe pour faire des recherches, j'ai puisé dans les peintures du Greco qui sont brutales, belles, acides et dures. C'est de là que j'ai pris les couleurs pour les vêtements des Telmarines. Et ça se verra. Pas forcément sur un individu isolé, mais sur la totalité. Je commence donc avec une palette et puis je fais des recherches sans fin, dans l'art, les magazines, la sculpture, des photos de la nature. J'étais d'ailleurs au zoo la semaine dernière, je faisais des repérages pour Dawn Treader, je prenais des photos de ces extraordinaires rayures sur les animaux, ou de ces incroyables oiseaux. Je travaille beaucoup sur les dessins du textile, avec une fabuleuse artiste, Sarah Shepherd, qui a fait les deux films. Nous n'achetons pas les tissus avec les formes, nous mettons les formes sur les tissus. Nous avons eu deux expériences supers à Prague. L'une avec les armuriers, comme je l'ai déjà dit. Mais la seconde a été de trouver ces incroyables brodeurs. Nous avons donc de superbes broderies sur les vêtements des filles et sur ceux des Telmarines. Et puis, vous savez, j'ai une super équipe.
- Travaillerez-vous sur le troisième film ?
-
J'espère. Nous sommes en négociations, je pense que nous le ferons. Ce n'est rien qu'une autre année de ma vie (rires).C'est très dur, mais c'est quand même fantastique. Le problème est que nous ne savons pas où nous allons le faire. J'ai un enfant de 7 ans et il faut qu'il aille à l'école. Mais il a déjà vécu une vie étonnante, une année en Nouvelle-Zélande, une année en Europe, c'est assez incroyable.
- Je me suis toujours demandé ce qui arrivait à tous ces vêtements après le film ?
-
Vous savez ce que nous en faisons ? Disney les garde pour les exposer. Il y a eu beaucoup d'expositions pour le premier film, dans les parcs Disney, à l'occasion de Noël. Mais il n'y avait pas tant de choses que cela pour le premier film. Sur le second, nous avons toute l'armée et le reste, nous gardons tout pour les expos et puis pour Le Voyage du Passeur d'Aurore qui se déroule peu de temps après. Je réutiliserai sans doute certaines choses.
- Oh, c'est bien.
-
Oui, vous trouvez aussi (rires). Le Voyage du Passeur d'Aurore est bien plus petit que celui-ci, pas en terme d'échelle mais de costumes.
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