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Entretien avec le producteur du Prince Caspian

Par Guybrush, le lundi 6 août 2007 à 19:35:23

Mark Johnson, le producteur de Narnia, fait lui aussi partie des invités triés sur le volet pour répondre aux interviews audios enregistrées après la présentation du Prince Caspian à la Comic-Con, et dont nous vous avons déjà parlées depuis.
Si vous l'avez déjà écoutée, ou pas, ou si vous avez en tous les cas lu notre retranscription de l'interview de la costumière Isis Mussenden, c'est désormais son tour !

Interview avec Mark Johnson

CS : En faisant la suite de Narnia, vous devez bien évidemment travailler avec les livres, mais il y a également de grandes attentes vu l'énorme succès du premier film. Que faites-vous pour répondre à ces attentes ? Continuer en le faisant plus grand, mieux, ou différent, ou avez-vous plus d'argent ?

MJ : La supposition est que ça devrait être plus grand ; vous savez, le premier a vraiment été couronné de succès et je me suis entendu dire, dans cette partie du film que nous avons faite, « Oh, cela doit être plus grand et mieux que le dernier. » Ca doit être aussi bien, sans aucun doute ; on ne veut pas faire un film qui ne serait pas aussi satisfaisant, mais je pense que « plus grand » est probablement faux. Je ne sais pas si le public s'attend à ce que les effets soient, vous savez, plus présents ou plus complexes. Mais c'est comme pour tout, vous devez quand même faire un bon film. Et ainsi les gens doivent dire, « Avez-vous été intimidé par le fait que vous deviez faire un autre film après que le premier ait si bien fonctionné ? » Ce qui m'intimide, c'est qu'avec chaque film vous devez faire quelque chose de bien avec des personnages irrésistibles, et le fantôme de L'Armoire Magique ne pesait pas tant que ça sur mes épaules. C'est génial de faire partie de tout ça et on veut s'assurer qu'une partie de l'information se nourrit de ça, afin que les gens qui ont aimé le premier film puissent aimer celui-là d'une manière différente. En même temps, on doit partir du principe que le public n'a jamais vu ce film et que ce dernier doit fonctionner complètement par lui-même.

CS : Le premier film avait également un certain ton, et ce film (en raison du livre) va être plus sombre et plus réaliste, et peut-être pas aussi emprunt de fantasy ?

MJ : Je crois que c'est vrai. C'est un petit peu plus sombre. C'est un petit peu plus mature – cela implique quelques points complexes ; certaines choses que Caspian découvre sur lui-même et sur son oncle, et c'est donc par définition un peu plus sombre. Et puis je pense que Andrew voulait tester lui-même. Je crois qu'il a fait en quelque sorte une narration traditionnelle du dernier et je crois qu'il voulait explorer un peu plus, et donc il a utilisé le fait que c'était un peu plus sombre.

CS : De quoi êtes-vous le plus enthousiaste pour les fans ?

MJ : Je pense que c'est vraiment satisfaisant comme une sorte de vieux film… dans le sens Romantique – et je ne veux pas dire « romance ». C'est vraiment cool. Il y a beaucoup d'action. Et beaucoup de frissons. Je pense que le dernier était vraiment charmant, et en quelque sorte magique, et je crois que celui-ci frappe un peu plus fort. Nous racontons toujours une histoire de Narnia donc ce n'est pas comme si nous faisions quelque chose de plus mature juste pour être mature, mais je crois que le truc c'est d'embrasser ce livre et de ne pas seulement le faire entrer dans les Chroniques, mais dans la mythologie de Narnia, et de respecter tout cela – parce que tout est interconnecté, et tous les personnages ont la priorité dans les autres livres.

CS : Qu'entendez-vous par « frappe un peu plus fort » ?

MJ : C'est plus d'action, c'est plus direct. C'est moins lyrique. Donc c ‘est simplement plus… « C'est ce qui est arrivé – Je dois faire quelque chose pour ça – comment nous le faisons – je ne l'ai pas fait correctement – comment ajuster ça ? » Je pense que dans celui-là, les personnages traversent des crises et des conflits. Le dernier a en quelque sorte évolué par lui-même vers ce qu'ils doivent faire. Ce film est vraiment celui où ils se posent des questions.

CS : A quel point était-ce un défi d'apporter tous les nouveaux personnages ?

MJ : Eh bien, nous avons un nouveau plateau. Vous savez, nous n'avons même pas vu le personnage qui sera probablement le plus mémorable, c'est-à-dire Reepicheep, la souris de deux pieds de haut. Pour le moment nous ne savons même pas qui fera sa voix. Mais c'est un excellent personnage. Et le défi c'est… Reepicheep est un personnage très honorable qui est offensé quand quelqu'un dit « Oh quelle adorable petite créature » parce que, après tout, il fait deux pieds de haut et il est aussi noble et héroïque que quelqu'un d'autre. Donc je crois que vous devez faire attention à ne pas représenter le personnage de manière comique, mais à ce qu'il fasse des choses amusantes.

CS : Isis [Mussenden] avait mentionné le fait qu'elle trouvait le script plus inspirant que le livre – il semblait peut-être un peu plus rythmé. Avez-vous ressenti la même chose, qu'il y avait quelques différences ?

MJ : Ouais, en effet, je crois que le livre était difficile à faire. Un tiers du livre se déroule en flashbacks et nous avons réalisé que cela ne pouvait pas se passer dans le film, alors nous l'avons restructuré. Je ne veux pas dire que nous l'avons amélioré – ce n'est pas le cas – mais pour un film je pense que c'est légèrement différent. Je crois que je vais trouver le film un petit peu plus satisfaisant que le livre. Et vous savez, bien entendu il y a sept livres – on ne peut pas tous les aimer de la même manière et certains sont meilleurs que d'autres.

CS : Pensez-vous que les fans des livres seront content du film ?

MJ : Je le pense, parce que ce n'est pas comme si nous avions commis une terrible injustice. Avec « L'Armoire Magique » nous n'avons pas tellement interféré. Mais toute la séquence de la cascade gelée n'existe pas dans le livre. C'est vraiment amusant parce qu'il y avait des gens qui venaient vers nous en disant, « Oh, Dieu merci, vous avez gardé ça » - et nous savions que ça n'y était pas [rires]. J'ai fait plusieurs films basés sur des livres et pour certains nous avons fait de grands changements. J'ai fait ce film nommé The Notebook, et nous l'avons beaucoup changé. My Dog Skip et même The Natural, nous avons été critiqué pour avoir changé la fin. Je ne crois pas qu'aucun d'entre eux était aussi fidèle à sa source que L'Armoire Magique, pareillement pour Caspian.

CS : Vu qu'il s'agit d'une série, est-ce que vous vous retrouvez à regarder sans arrêt vers le futur – et je suppose qu'ils l'ont fait avec la série Harry Potter. Est-ce que vous vous disiez toujours, « Ok, et pour les gosses ? »

MJ : Eh bien voilà le truc de fou. J'étais sur le plateau de Caspian et nous avons tourné pendant 105, 106 jours – j'en ai peut-être loupé 15 – mais j'en ai juste manqué quelques-uns parce que j'allais à Malte et en Espagne pour explorer des lieux avec Michael Apted pour L'Odyssée du Passeur d'Aurore, donc je suis un peu schizophrénique en ce moment. C'est du genre, quels personnages ? Et je parle avec William Moseley et Anna Popplewell qui jouent Peter et Susan, et ils n sont pas dans le prochain film. Et donc je commence à en parler avec eux et à dire, « Oh c'est juste, vous n'êtes pas dedans. » C'est comme si je me moquais : « Oh, et il n'y a aucune chance pour que vous y soyez. » Ouais, il y a certaines choses que vous voulez faire… J'étais désespéré parce que j'adorais tellement Mr. Tumnus dans L'Armoire Magique. Andrew et moi en avons parlé. Y avait-il un moyen quelconque de le mettre dans Le Prince Caspian ? Et la réponse est non ! Cela a lieu 1300 ans plus tard à Narnia et il est impossible de dire, « Oh, il est encore vivant ». Alors nous nous sommes dit, peut-être son arrière, arrière, arrière-petit fils… ? Et non ! Pas vraiment, et donc de ce point de vue vous êtes conscient de la création des sept livres.

CS : Alors que pensez-vous de Michael Apted en tant que réalisateur du troisième film ?

MJ : Oh, je suis vraiment enthousiaste par rapport à lui. J'ai été un de ses fans pendant longtemps. Et je crois que si vous regardez ces forces, elles sont très différentes de celles d'Andrew, et je pense que cela fonctionnera ainsi. Je crois qu'une des meilleures choses qui soit arrivée aux films Harry Potter sont les changements de réalisateurs. Alfonso Cuaron et Mike Newells étaient très différents, et chacun à sa manière était même meilleur. Et ce n'est pas tellement une qualité – je suppose qu'il y a une qualité pour chaque chose – mais je pense simplement qu'ils se sont améliorés, ils en ont bénéficié.

CS : Lorsqu'un réalisateur vient à savoir qu'il ne fera qu'un épisode de la série, font-ils tout le nécessaire pour pouvoir « passer le relais » ?

MJ : Eh bien je pense qu'Andrew et Michael Apted travaillent vraiment bien ensembles. Je crois qu'Andrew est soulagé… c'est vraiment amusant, il a simplement lu le premier brouillon du script (parce qu'il a coécrit les deux premiers) et il a dit, « Et ensuite j'ai réalisé – oh, c'est vrai, je ne l'écris pas, je n'ai pas besoin de me soucier ! » Donc il peut simplement donner des notes et partir ; il n'a pas à s'inquiéter des solutions.

CS : Alors est-ce que Michael Apted aide pour l'écriture ?

MJ : Non, il n'écrit pas. Mais Chris Markus et Stephen McFeely, qui ont écrit avec Andrew pour les deux premiers, écrivent celui-ci, sans Andrew.

CS : Et vous prévoyez sept films ?

MJ : Tant que le public les aime toujours. Vous savez, le prochain est le deuxième, et de nombreuses manières, d'un point de vue commercial, c'est le plus important des deux, parce que celui-ci dira « Est-ce que la franchise est vivante et en bonne santé ? » Si le public ne l'aime pas alors nous aurons peut-être des problèmes pour tous les faire. Voilà pourquoi le but est de réaliser les sept – que nous les fassions vraiment ou non dépendra du public.

CS : La différence avec Harry Potter vient du fait que chaque livre ne représente pas une autre année et vous ne suivez pas le même personnage dans la même situation – c'est comme sauter plusieurs siècles, millénaire, et différents personnages…

MJ : Et à un certain moment nous ferons Le Neveu du Magicien, et les enfants n'y sont même pas, et il y a un certain nombre de personnages « partagés » mais pas beaucoup. Et Le Cheval et son Ecuyer est tout à fait différent.

CS : Cela en fait une sorte de franchise très problématique, parce que le seul élément qui relie tout, c'est l'univers.

MJ : Exact. Le seul personnage présent dans les sept – et j'ai peut-être tort, mais je crois avoir raison – est Aslan. Et dans Le Neveu du Magicien, Aslan donne vie à Narnia en chantant, et l'oncle qui est dans L'Armoire Magique, dont la maison est celle où les enfants sont placés, est le jeune homme dans celui-ci, et ils sont tous liés. L'armoire est faite du bois qui a été ramené dans Le Neveu du Magicien.

CS : Combien de fois avez-vous lu le cycle ?

MJ : Pas autant que j'aurais dû. Sérieusement ! Et quelqu'un m'a demandé l'autre jour, « Quels personnages sont dans Le Fauteuil d'Argent ? » Et j'ai un peu hésité parce que j'avais oublié. Donc ce n'est pas comme si j'étais un fanatique. Je parle tout le temps avec des gens qui me disent que le cycle a changé leurs vies – mais ce n'était pas mon cas ; oui, j'adore les livres, mais il y a un tas d'autres livres que j'ai également adorés.

CS : A quel point est-ce difficile pour vous de travailler sur le deuxième film, tout en travaillant en quelque sorte sur le troisième ?

MJ : C'est difficile. Entre L'Armoire Magique et Le Prince Caspian j'ai fait trois autres films, et l'un d'entre eux est un film qui sort le mois prochain, et qui s'appellera The Hunting Party avec Richard Gere, Terrence Howard et Jesse Eisenberg. Donc c'est vraiment bien de partir et d'exercer des muscles dont vous aviez oublié l'existence.


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