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Un samedi avec Alain Damasio
Par Luigi Brosse, le jeudi 1 novembre 2007 à 23:30:10
L'interview exclusive
Avec un peu de retard, mais nous espérons que la quantité et la qualité du propos vous consoleront de votre attente, voici la transcription de l'interview d'Alain Damasio, l'auteur de La Horde du Contrevent et de La Zone du Dehors, effectuée lors d'une rencontre à la librairie Omerveilles à Grenoble le 13 octobre dernier. Merci encore à Alain Damasio pour avoir si aimablement répondu à nos questions, et à Fred d'Omerveilles pour nous avoir permis de réaliser cette interview dans son agréable librairie ! Attention aux spoilers, il est conseillé d'avoir fini La Horde pour lire cette interview !
- Elbakin.net : Vous parlez des lecteurs qui ont bien aimé votre livre, mais vous avez dit : « Assouvir le plaisir du lecteur ! Si c'était pour ça que j'écrivais, je n'aurais jamais écrit La Horde ! » Alors, pourquoi l'avez-vous écrite ?
- Alain Damasio : Ça commence fort ! (rires) D'accord... euh... Je fais partie de l'ancienne école en littérature, je pense. C'est-à-dire que je considère qu'un livre n'est pas là pour divertir. Il peut divertir sur un plan secondaire, il peut avoir une fonction divertissante, je dirais... dérivée, mais l'objectif c'est d'apporter quelque chose aux gens. C'est d'apporter des idées, des sensations, une réflexion sur la vie, une énergie, ça c'est très important, une vitalité, que les gens, quand ils rentrent dans le livre, qu'ils le lisent et qu'ils en ressortent, aient plus d'énergie qu'au moment où ils y étaient entrés. Ça, pour moi, c'est la clef, le meilleur compliment qu'on puisse me faire sur un livre c'est de dire « ça m'a donné la pêche », si on veut être simple, c'est l'énergie qui communique, quoi.
Cette énergie, elle peut être intellectuelle, elle peut être physiologique, elle peut être psychologique, elle peut être sensuelle, elle peut être sentimentale... mais c'est la communication d'une énergie. Moi, c'est pas pour assouvir un plaisir. Je considère que l'industrie culturelle aujourd'hui produit des milliers d'oeuvres, que l'industrie du divertissement est hyperdéployée, elle n'a absolument pas besoin de moi pour ajouter un produit de plus à la pile du divertissement. Moi je m'en fous, je suis pas là pour ça. Je considère que j'ai du sens à apporter, j'ai quelque chose d'original à amener, en tout cas j'ai des éléments de réflexion à déployer, et que si c'est pour divertir et assouvir le plaisir des lecteurs, bon, il y a des livres qui le font super bien, dix fois mieux que moi, avec plus de simplicité, plus de fluidité, et que je ne suis pas doué pour ça, je ne suis pas doué pour divertir, je pense que j'ai plus à apporter sur le sens, quand même.
Et ça ne m'aurait pas motivé, c'est-à-dire que même quand tu écris, quand tu mets trois ans à écrire - j'ai mis deux ans et demi pour La Zone, trois ans pour La Horde -, quand tu es seul pendant trois ans, pour avoir la niaque d'écrire un livre comme ça, si c'est juste pour divertir les gens que tu l'écris, tu mets trois mois et puis tu le livres au public. C'est pas pareil, tu ne véhicules pas la même chose. Si tu as la niaque de l'écrire sur trois ans, c'est que tu as envie de faire passer quelque chose, autre chose que du plaisir. Et puis encore une fois, par exemple les jeux vidéos, c'est extraordinaire aujourd'hui pour l'industrie du plaisir, c'est fabuleux pour assouvir des plaisirs, tu as tous les désirs qui peuvent être accomplis en jeux vidéos, et puis le ciné, les séries télé, les BD, etc... Pour moi ce n'est pas mon positionnement, ce n'est pas mon objectif. - D'accord. Et pour continuer sur les avis de lecteurs, vous dites que vous prenez la grosse tête. Pour prendre un peu le contre-pied de ce que l'on peut vous demander d'habitude, est-ce qu'il y a des choses que vous regrettez, dont vous vous dites « maintenant, je l'écrirais autrement » ?
- Bonne question, c'est vrai qu'on ne me l'a jamais posée. Dans La Zone je regrette des tonnes de trucs, ça c'est clair, mais dans La Horde... qu'est-ce que je regrette ? [réfléchit un moment]
- Il peut ne rien y avoir !
- Si, si, il y a forcément des tonnes de trucs qu'on regrette parce qu'on ne peut pas aller au bout de toutes les lignes... [réfléchit encore longuement] Peut-être de ne pas avoir une fin plus originale, au final. Ça c'est peut-être un regret, parce que la fin est très logique, elle est très bonne dans un sens de parabole, dans le sens qu'elle véhicule... Mais j'aurais aimé avoir une fin qui sur un plan imaginaire serait absolument... inattendue. Ça j'aurais peut-être aimé trouver.
- À l'image du reste du livre, quoi.
- Oui, quelque chose qui soit vraiment, mais vraiment étonnant, qui soit à la hauteur de l'effet d'attente généré dans le livre. Là on a un effet déceptif clair, qui est choisi, qui est voulu, bon, ok, ils ont fait le tour... Je ne dis pas que c'est une facilité, mais en tout cas si j'avais trouvé une fin vraiment puissante et originale, peut-être que je l'aurais mise, oui. C'est pour ça, j'ai peut-être des regrets là-dessus. J'ai le regret, sur des personnages aussi, de ne pas les avoir porté suffisamment bien. Pietro, par exemple, je considère que c'est un personnage que j'abandonne en cours de route, je n'arrive pas à porter sa quête, sa quête de la noblesse, ses enjeux de noblesse, je n'arrive pas à les porter, je n'arrive pas à aller au bout de ça, donc ce personnage est un peu abandonné. Pareil sur Caracole. Caracole, je n'arrive pas à le tenir jusqu'au bout - c'est pour ça que je ferai Les Furtifs, c'est une sorte de prolongement de Caracole, je pense. Caracole et Pietro, c'est un peu des regrets sur ces deux personnages-là. Caracole, je n'ai pas réussi à le porter, même stylistiquement, je trouve que je n'ai pas été assez inventif dans la syntaxe pour réussir à le porter sur tout le livre. Mais sinon c'est un livre où j'ai vraiment essayé d'aller au bout sur chaque chose, donc j'ai peu de regrets sur le reste, mais ça oui, ces personnages, la fin...
- Et au contraire, est-ce qu'il y a quelque chose dont vous êtes particulièrement fier dans ce livre ?
- La narration polyphonique, oui. Ça, je suis vraiment fier. Un, de l'idée de départ, deux, d'avoir réussi à la porter, je considère, sur huit personnages, réellement - il y a 23 personnages, mais en fait je porte la polyphonie sur 8 réellement, c'est-à-dire qu'il y a 8 styles vraiment différenciés, sur lesquels j'ai eu la capacité de les différencier, après j'arrive moins à le faire sur les autres. Et là oui, parce que c'est un exploit très difficile d'un point de vue littéraire, personne n'y croyait, absolument personne y croyait, même moi je me demandais quand même si j'allais pouvoir le faire. Et puis je pense que c'est fondamental pour la réussite du livre, c'est-à-dire que comme on est au milieu de ces 23 pôles et qu'on circule, nous, lecteurs, au milieu de ces 23 têtes, ça crée un effet d'immersion colossal dans La Horde. Je pense que si le livre fonctionne, c'est grâce à la polyphonie, ce n'est pas autre chose. Ce n'est pas l'histoire, les personnages, ouais, ok, mais c'est la polyphonie. C'est-à-dire que c'est le fait que le lecteur, passant d'un paragraphe à l'autre, d'une tête à l'autre, n'arrête pas de circuler entre les plots, en quelque sorte. Il est comme le 24e hordier qui circule entre les 23 autres.
Et ce qui était vachement important d'un point de vue technique, c'est quand tu passais d'un paragraphe à l'autre, il y a forcément une ellipse, puisque tu n'es pas dans la continuité d'un « je » qui parle. Donc tu as des sauts sans arrêt, des ellipses sans arrêt. Et les ellipses sont fondamentales, parce que c'est les trous, c'est les failles, dans lesquelles tu vas insinuer l'imaginaire du lecteur. C'est là que l'imaginaire du lecteur va fonctionner. Il est sans arrêt pris dans des micro-coupures, des micro-trous, dans lesquels il s'installe, et, lui, il déploie son imaginaire, donc il peut être le 24e hordier, donc il est vraiment au coeur de La Horde. Et ça je pense que c'est une idée technique, au départ, parce que la polyphonie était vraiment une idée de technique, et qui a un effet au niveau des sensations du lecteur, au niveau de la perception du lecteur, très fort. Je pense que c'est ce qui crée la réussite de l'immersion. J'aurais créé un « je », un seul personnage qui raconte l'histoire de La Horde, on aurait été à l'extérieur de La Horde. On l'aurait vue, on l'aurait vue vivre, mais on n'aurait pas été à l'intérieur. Donc ça je suis très fier de cette idée, parce que c'est pas simplement une idée de narration, c'est une idée qui va véhiculer tout un ensemble de perceptions et de sensations pour le lecteur, qui pour moi est fondamental. Donc ça c'est une vraie réussite, et ça permet au moins d'affronter et d'être à la hauteur d'un enjeu que je voulais définir, qui était celui du lien. Grâce à ça on est lié au personnage, grâce au fait qu'on est à travers toutes les têtes.
Bon, après, tu as la différenciation stylistique, mais c'est beaucoup de technique, la différenciation stylistique. C'est-à-dire que j'ai fait un travail technique énorme, que peu de gens, je pense, font, sur les phonèmes, sur les consonnes, sur les voyelles, etc, qui a été très fort, et qui m'a permis de différencier un par un tous les styles. Un travail fort aussi sur la syntaxe, avec des syntaxes en pendule, avec des syntaxes enroulées, avec des syntaxes droites, avec des syntaxes à période longue, comme sur Sov, avec des syntaxes fracassées, brisées, comme sur Golgoth... Donc j'ai aussi défini tout un ensemble de syntaxes bien différenciées, pour moi, que j'ai définies dès le départ sur des fiches personnage en disant « la syntaxe de Golgoth, ça sera ça ; la syntaxe de Sov sera ça ; Pietro, ça sera la syntaxe droite » etc. Mais c'est de la technique, c'est du boulot, j'ai été un bon artisan là-dessus, donc je n'ai pas une fierté extraordinaire là-dessus, simplement la fierté de faire un bon boulot, d'aller au bout. Mais la narration polyphonique, oui. Et ça je ne l'ai vu nulle part, et quand tu interroges les autres auteurs de SF, Bordage, Ayerdhal, etc, la chose qui les impressionne dans La Horde, c'est la narration polyphonique. - Mais est-ce que vous ne craigniez pas un peu justement, devant une Horde si soudée comme ça, que le lecteur se sente un peu comme rebuté ?
- Oui, c'était l'énorme risque ! Et ça je l'ai compris assez tôt, je me suis dit que si je parlais de cette Horde comme un pack, comme un bloc, comme un truc où ils sont tous super soudés et que je les décris de l'extérieur, le lecteur, au bout d'un moment, il n'aurait plus envie de rentrer. Encore une fois c'est la polyphonie qui permet de circuler à l'intérieur. Sinon, ben, on voyait ce Pack, et puis... Je pense que l'effet de pack peut fonctionner pour des gens et les repousser, en disant « ben moi j'ai pas envie de rentrer dans ce truc », mais malgré tout, je laisse suffisamment de trous et d'ellipses pour que quelqu'un entre. Et puis en plus tu maximises le nombre de chances qu'un lecteur s'identifie à un des personnages si tu as plusieurs personnages. Il peut s'identifier à Oroshi, il peut s'identifier à Talweg, il peut s'identifier à Erg... Donc à un moment donné il peut prendre la passerelle qu'il a envie de prendre. S'il adore Golgoth, il prend la passerelle Golgoth pour entrer dans La Horde, s'il adore Sov il prend la passerelle Sov pour y entrer. Donc tu multiplies le nombre de passerelles possibles d'identification, donc ça peut aider, enfin je pense, après je ne sais pas si ça marche...
- Apparemment, ça marche !
- Apparemment, oui, mais il y a des gens pour qui ça marche pas, c'est vrai.
- Vous avez expliqué que vous avez défini d'avance un style pour chaque personnage, vous avez fait une fiche pour chaque personnage, et ce qui m'intéresse aussi c'est comment vous avez choisi leurs noms, parce qu'ils ont tous des noms très originaux.
- Ça a été long, ça a été long. C'était au tout début, c'était la période vraiment de départ, c'est-à-dire que j'avais encore pas écrit une ligne, j'étais en phase de préparation pure, et je m'étais dit, contrairement à La Zone où j'avais choisi les noms un peu à l'arrache, je m'étais dit « Là, je vais prendre le temps sur les noms ». Donc j'ai fait des fiches personnages, vraiment définies comme les jeux de rôle, avec toutes les catégories et origines de la personne, passé, nom, surnom, sigle, rapport au vent, style de marche, temps utilisés, type de syntaxe, mode de perception dominant... J'avais tout dans la fiche, vraiment bien...
Et sur le nom, il y a eu un travail énorme parce que j'ai décidé, je voulais que le nom, au niveau des sonorités, c'est-à-dire au niveau des consonnes et des voyelles utilisées, des sonorités que ça produit, soit parfaitement analogique de la personnalité. C'est-à-dire qu'un personnage puissant, massif et sensuel comme Golgoth, j'ai été chercher des plosives sonores, c'est-à-dire les b-d-g, le g, le double « g » qui vient percuter, le « t », qui est une plosive sourde, c'est-à-dire que le son se bloque, puis jaillit, il explose, donc un t final ça fait une puissance très grande, et avec le double « o », qui est un des sons, la voyelle la plus sombre, enfin le « on » est encore plus sombre, mais « o » c'est une voyelle très sombre par rapport au a, au e, au i, au u... Donc j'ai mis un double « o » pour assombrir le personnage, donner plus de puissance... Donc sur chacun, j'ai réfléchi. Sov, par exemple, au départ, il s'appelait Ertof. Pourquoi j'ai mis Sov ? J'ai pris deux sifflantes, j'ai pris des fricatives, le s en sifflante et le v en fricative, pour que ça soit plus proche du vent, plus fluide... et après tu modules avec la voyelle, la voyelle éclaire ou assombrit. Plus tu tends vers les i, les u, plus tu as des sons pointus, le a est assez clair, et ensuite tu assombris, le « an », le « on », etc., tu assombris derrière sur les nasales. Donc tu éclaires plus ou moins, comme un metteur en scène éclaire plus ou moins le personnage, tu l'assombris, tu lui donnes plus de poids, plus de profondeur, plus de légèreté... Par exemple Aoi, c'est un nom que j'adore, un nom japonais, une pièce de Mishima, j'ai pris ce prénom, parce que c'est trois voyelles, c'est très chantant, et ça finit sur une touche, une pointe, le i, qui éclaire tout. Aoi. C'est comme un chant, pour se donner une douceur, une élégance, quelque chose de fin, de subtil... Et tu es obligé avec la bouche, alors que c'est un mot qui n'a que trois lettres, de faire un vrai effort : « A-O-I », ça se prononce pas comme ça, tu fais pas « Awa » ou un machin, tu fais « A-O-I- ». Et cette netteté, cette précision, ça donnait quelqu'un de minutieux.
Donc j'ai travaillé chaque perso, je ne vais pas vous faire les 23, mais en adaptant simplement les sonorités aux personnages, je voulais que ça les représente. Et après j'ai cumulé ça avec le fait que je voulais qu'il y ait des noms de vents au maximum : Oroshi c'est un nom de vent japonais, ou des noms comme Talweg qui est un nom de géologie, Erg aussi, Silamphre, c'est un nom de vent... J'allais chercher des choses, des noms de vent aussi, j'avais 400 noms de vents, donc je composai à partir de ça. J'ai mis 15 jours, juste sur les noms, 15 jours. Tu te dis « 15 jours, toute la journée dessus, attends, il est malade ce mec ! », mais j'ai bien mis 15 jours, juste sur ça. Et à la fin, en plus, il y a un côté très psychologique : quand tu as le nom du personnage, vraiment, tu as le personnage. Pour moi en tout cas c'est ça. Si j'ai le nom, c'est fini, le personnage est là. Si j'ai le nom et je sens qu'il est parfaitement adéquat au perso, le perso est là. Et le nom, c'est comme un sortilège, me sert à me ramener au perso. Aoi Nan, hop, ça me ramenait au perso, dès que tu prononces le nom, Golgoth, ça me ramenait au perso.
Et Golgoth, par exemple, mon éditeur détestait. Il disait « Mais Golgoth, c'est nul, tu peux pas mettre un nom comme ça, c'est vraiment nullissime ! Tout le monde a vu Goldorak, toute la génération qui te lit a vu Goldorak, tu vas pas pouvoir prendre un truc pareil ! Tout le monde va voir les vaisseaux spatiaux de Goldorak! » Je lui ai dit : « Ecoute, un livre, s'il est bon, à un moment, le nom, tu l'oublies, même si les gens connaissent Goldorak, il va s'imposer. » Et les gens n'oublient pas Golgoth, des fois, ils oublient le nom des autres personnages, mais je peux te dire que le nom de Golgoth ils n'oublient pas, parce que ça frappe, parce que c'est puissant, tu as le redoublement du G... Et j'ai cherché à tâtons, sur Golgoth, j'ai fait plein de noms à côté : pendant longtemps il s'est appelé Rogmoth, Golmoth, Bolgoth... J'ai fait toutes les variations jusqu'à ce que je tombe sur le bon. Bolboth, à un moment il s'est appelé Bolboth, mais je trouvais que ça faisait trop « Bilbo le Hobbit », et puis « Bolboth » c'était trop rebondissant, tu vois, c'était marrant, quoi : « Bolboth », pour un gamin, c'est super, mais pour un personnage comme lui, ça va pas trop... Ou j'avais aussi « Polpot », mais bon... C'est long, mais plus tu travailles sur le nom, plus tu es proche du personnage, donc moi ça m'a aidé. Pareil sur tous les néologismes, d'ailleurs. - Et après vous avez recommencé encore avec les signes de ponctuation pour chaque personnage, vous avez fait la même chose ?
- Oui, oui. Mais à la rigueur c'était plus facile. Un seul signe ne pouvait pas symboliser parfaitement le personnage, donc je prenais un aspect du personnage. [Il commence à dessiner comme un furieux pour appuyer ses propos.] Par exemple, la parenthèse de Sov, la parenthèse ouverte, c'était simplement parce que c'était un personnage assez grand, qui était en forme de lame flexible, comme je dis, quand il se balade il est comme ça, assez fin, assez fragile, mais en forme de lame. Donc j'ai pris l'aspect physique. Sur Pietro pareil, j'ai pris l'aspect physique : le pi, c'est un mec qui est très carré d'épaules, ça crée un portique, c'est un athlète, donc c'était le pi. Golgoth, pareil, l'oméga, c'était comme il a un ventre assez gros, c'est un mec assez massif, comme un rugbyman, il était très aérodynamique sur son ventre et tout, et il rentre vachement facilement dans le vent, donc tu as les deux pieds du oméga, avec le ventre. D'autres c'est plus symbolique : Oroshi, le X, c'est les 4 pales de l'éolienne, Steppe, l'apostrophe et la virgule - comme ça ', -, c'était l'herbe, qui était un symbole végétal. Donc chaque fois j'ai choisi comme ça, mais c'est pas trop difficile, il suffisait que pour moi ça soit mnémotechnique. C'est moins important que le son pour moi, c'est visuel, mais c'est pas fondamental.
- Et justement, la ponctuation... Pourquoi représenter le vent par la ponctuation ? Comment vous avez eu cette idée ?
- Ah, ça c'est une bonne question. Il y a plein de raisons, ça serait très long, mais... J'essaie d'être simple, en fait c'est très simple. C'est que je suis convaincu que l'écriture, et que la phrase... Quand tu lis, tu es en Occident, tu lis de gauche à droite. La phrase, c'est de gauche à droite. [Il recommence à dessiner.] Il y a une temporalité d'écoulement, c'est-à-dire que tu démarres une phrase, ça s'écoule, il s'est passé dix secondes le temps que tu lises la phrase. Et la lecture impose... C'est exactement un courant comme un ruisseau, c'est comme la force de gravité. Le regard qui lit de gauche à droite, c'est comme la force de gravité sur un ruisseau, sur une eau, ça joue exactement le même rôle. C'est-à-dire que pour moi, la phrase va couler exactement comme un ruisseau, comme un vent qui déferle sur une vallée. C'est un flux. Donc le flux descend, et c'est ton rythme de lecture qui fait descendre le flux. Mais toi, écrivain, tu as un pouvoir exorbitant, qui est que tu peux rythmer ce rythme de lecture. Tu peux l'accélérer, tu peux le ralentir, tu peux le bloquer, tu peux créer une suspension, tu peux le faire chuter, tu peux enrouler la syntaxe pour que le rythme de lecture ait l'impression de revenir en arrière... Donc tout l'enjeu d'une phrase, en termes de syntaxe, c'est ça : comment je vais rythmer pour ralentir la phrase à tel endroit, la réaccélérer à tel autre, la faire chuter, créer une vasque où l'eau tourbillonne, puis réaccélérer, créer une cascade... C'est vraiment comme une rivière, où on va jeter des cailloux pour ralentir le flux, ou créer des micro-tourbillons. Donc j'avais cette réflexion depuis assez longtemps, mais je l'avais traité sur un plan... j'appelle ça « hydrodynamique », c'est comme les plombiers, ils font de l'hydrodynamique, quoi, comment tu fais couler l'eau...
Et en fait quand je suis parti sur le vent je me suis dit : « Transcrivons ça sur de l'aérodynamique - imaginons qu'au lieu que ce soit de l'eau c'est du vent qui coule à travers une vallée - comment je vais bloquer ce vent, l'arrêter, mettre des plans d'arrêt, etc. » Et en fait quand tu réfléchis tu te dis « mais qu'est-ce qui permet de ralentir une phrase, qui permet de l'accélérer ? » Il y a tout le jeu sur les masses, c'est-à-dire que plus un mot est long, plus ça ralentit la lecture, donc un adverbe très long, « compendieusement », par exemple, va ralentir la lecture, alors que si je mets « vite », ça va accélérer la lecture, donc il y a la masse du mot. Et il y a surtout, fondamentale, la ponctuation. Et notamment, dans la ponctuation, les virgules. Donc les virgules c'est les rochers que tu mets pour ralentir, ou les tirets longs, etc. Donc les positionnements des signes de ponctuation, les apostrophes, les virgules, etc, définissent, je dirais, le rythme élémentaire. C'est eux qui vont ralentir, bloquer les syntagmes, les définir, et ralentir le rythme d'écoulement de la phrase : à chaque virgule tu fais une petite pause. Donc si tu enlèves tous les mots et que tu places juste les virgules, tu as déjà le rythme de départ. C'est comme un batteur où tu as une musique, et puis tu as juste le rythme de la batterie. La ponctuation c'est la batterie, voilà.
Donc pour moi c'était évident que le signe de ponctuation incarnait le vent puisque le vent c'est ça, c'est juste un rythme. Le vent, c'est un rythme. Une rafale qui accélère, une rafale qui ralentit... une bourrasque... une turbule... Donc c'est la ponctuation dans une page vide, où il n'y a pas de mots. Après, tu peux charger, c'est-à-dire que les mots, les lettres, c'est comme du sable, c'est comme un vent... Souvent on voit le vent parce qu'il y a des feuilles à l'intérieur du vent, il y a du sable à l'intérieur... Et là tout d'un coup le vent devient invisible. Mais ça ne veut pas dire qu'il n'est pas là, tu peux le sentir sur ton visage. Eh bien là c'est pareil : tu peux enlever toutes les lettres, tous les mots, la ponctuation te donne le rythme élémentaire, donc l'écoulement du vent. Donc pour moi il y avait une analogie évidente, donc c'est pour ça que ça m'a donné l'idée de dire : « Eh bien voilà, on va définir le vent à partir de signes de ponctuation, ça suffit. Il suffit de définir le rythme. »
Et puis l'autre truc c'est qu'en Corse, quand je travaillais, à des moments je me posais sur la plage et puis j'essayais de ressentir le vent. Je m'arrêtais, et j'essayais de ressentir le vent et ce qui se passait. Et je m'étais rendu compte que, finalement, c'est comme en math, juste en définissant les accélérations et les ralentissements ça suffit à définir le vent. Tu dis qu'il y a un flux de départ, et puis il suffit de noter quand ça accélère et quand ça ralentit, et à quel moment. Et ça suffit à définir le vent. Je me suis dit « c'est bien, il suffit des signes qui définissent l'accélération, le ralentissement, et j'ai le vent. » Voilà, c'est à peu près pareil, enfin... je sais pas. C'est surtout l'idée d'écoulement qui est fondamentale, quoi. - Justement, à propos de votre utilisation de la ponctuation, vous vous dites influencé par Mallarmé, mais cette utilisation m'a beaucoup fait penser à Rimbaud aussi. Est-ce que c'est une influence que vous comptez aussi ?
- Rimbaud, c'est vrai ? J'ai lu un peu Rimbaud, mais beaucoup moins que Mallarmé. J'aime beaucoup Rimbaud, mais c'est plutôt sur les sensations...Je trouve Mallarmé... ce qui me touche, c'est la prose, c'est inimitable ce qu'il fait... Il n'y a pas de disciple, il n'y a pas de gens qui ont fait ni aussi bien, ni même approchant ! C'est-à-dire que quand tu lis Mallarmé, c'est incroyable en syntaxe, c'est d'une originalité fulgurante, tu comprends à peine comment c'est possible qu'un esprit humain fasse une phrase avec cette syntaxe-là, quoi, et c'est survirgulé, c'est-à-dire qu'il y a des virgules partout, parce qu'il impose un rythme très particulier, mais c'est génial à lire du coup quand tu respectes vraiment les virgules, tu vois le sautillement, le bondissement de la syntaxe, c'est magnifique, quoi. Donc moi ça m'a énormément influencé, effectivement, parce que c'est chez lui que tu vois vraiment comment tu peux maîtriser une phrase. Tu pourrais prendre Proust, mais Proust c'est plus les connecteurs syntaxiques, plus l'articulation des subordonnées qui est impressionnante. Là, c'est... c'est... je ne sais pas comment il fait, voilà, quoi, tu lis, tu dis : « Je comprends pas. » Mais chez Mallarmé tu comprends le rôle de la virgule, et le jeu sur les masses, vachement bien. Mais Rimbaud, non, je ne connais pas assez... et je n'ai lu que les poèmes, je n'ai pas lu la prose, donc je suis handicapé pour répondre... Moi, je regarde des matches de rugby ! [rires]
Le seul truc que je voulais dire aussi sur la ponctuation c'est un des trucs qui m'avaient marqués, je l'avais vu dans une revue, c'était un mec qui avait repris tous les débuts de roman, juste sur la ponctuation. Il avait pris par exemple La Route des Flandres, de Simon, et tu as que des virgules, tu as 40 virgules d'affilée. Le début d'A la recherche du temps perdu, plein de grands livres, Céline, Voyage au bout de la nuit, avec les points d'exclamation et tout, et le mec ne t'avait mis que les signes. Et je te jure, quand tu as un peu l'oeil, tu pouvais deviner le style du mec juste en voyant les signes de ponctuation utilisés. Il avait juste mis ça, et je m'étais dit « c'est ça, oui, c'est ça ! ». Et c'est pareil, tu peux définir des auteurs, et je te jure, tu le ferais sur la SF française, malheureusement ça serait triste, parce que tu n'aurais rien, tu as une phrase et un point à la fin. Parfois une virgule au milieu. La ponctuation est hyper minimale. C'est des phrases « sujet-verbe-complément », de dix mots, très souvent, et à la fin tu as un point. C'est très très sobre, tu as point... point... point... point... point [il dessine des lignes droites toutes terminées par un point]. Voilà le rythme, quoi. Et quand tu as ça, tu sais qu'au niveau syntaxe ce n'est pas travaillé, c'est sûr. - Pour terminer un peu sur La Horde, est-ce que vous pensez que le qualificatif « épique » conviendrait à La Horde du Contrevent ?
- Oui, pour moi, oui, c'est une épopée, oui, c'est clair. Et puis moi j'ai le goût épique, c'est sûr. J'adore les grands trucs, les enjeux pas possibles, avec des chevaliers, des machins... J'adore ça, les enjeux épiques, j'adore ça ! J'ai un côté très ado là-dessus, je pense. Je vibre aux trucs très épiques, aux épopées pas possibles... Plus qu'aux lyriques, les gens disent que c'est lyrique, mais je ne pense pas, c'est plus épique. Je sais que je tends plus vers l'épique que vers le lyrique, à mon avis, quoi, enfin... Pourquoi ? Ça pose un problème l'épique ?
- Non, non ! C'est juste qu'il y a eu une grande discussion... Un débat sur l'avenir de la fantasy épique sur le forum, quelqu'un a cité ton roman...
- Ah oui, moi je trouve ça épique, vraiment ! Le final, la mort de Golgoth, la mort de Caracole, c'est typiquement épique !
- Mais Caracole a tendance à être lyrique quand il parle, lui !
- Oui, tout à fait, mais Golgoth, les morts, sont traités sur le mode épique. Enfin, il me semble, hein...
- On va terminer en parlant un petit peu de l'avenir, si vous le voulez bien. Vous avez parlé d'un éditeur italien, il est prévu une traduction de La Horde ?
- En italien, oui. Mais ils ont usé déjà deux traducteurs ! [rires]
- Ah oui, ça doit pas être facile !
- Oui, ils ont déjà usé deux traducteurs, ils n'arrivent pas à trouver, mais ils sont motivés. Mais ils veulent une traduction vraiment littéraire...
- Et vous vous pensez que c'est possible, vous leur faites confiance ?
- Oui, oui, en italien, bien sûr ! Ça va bien avec l'italien ! Je pense qu'anglais et italien ça fonctionnera. Je le vois moins en allemand, je le sens moins... Peut-être Golgoth en allemand ! [rires] Mais l'italien, oui, la fluidité et tout, et puis c'est assez proche du latin, beaucoup de choses sont proches du latin, ont des souches latines, même dans les néologismes, donc ça sera plus facile. J'utilise très peu d'anglicismes finalement, beaucoup moins que dans La Zone, donc je pense qu'en italien il trouvera plus facilement les néologismes...
[une autre personne demande si les noms des personnages vont être changés en italien.]
Je ne pense pas. Généralement ils ne touchent pas aux noms des personnages en traduction, mais ça peut arriver... Je ne crois pas qu'ils y toucheront, à mon avis. Et des trucs comme « slamino », ils les reprendront tels quels... ça sera plus flamboyant en italien ! Caracole, ça sera mieux en italien ! Non, je suis content, c'est très bien l'italien, je suis vraiment content ! C'est une super langue, donc ça serait chouette, quoi ! Et là on essaye de le vendre aussi en Angleterre et tout ça, pour l'instant ça ne passe pas... De toute façon c'est le même problème qu'en France, ils disent tous que c'est trop... trop difficile, trop littéraire...
[une autre personne se demande comment faire pour les duels de mots.]
Oh ben là, le mec, il est mort ! [rires] Ou alors il est décidé à faire un morceau de bravoure, il traduit les palindromes ! [rires] Je ne sais pas comment ils font...
Non, je ne sais vraiment pas comment ils vont faire... Ma mère a traduit le chapitre 1 de La Horde en anglais, comme elle est agrégée d'anglais. Et ce n'est pas si difficile, elle dit que c'est moins difficile pour elle que La Zone, c'est paradoxal... alors que moi ça me paraît plus difficile. Et elle a traduit tout le chapitre 1. Bon, moi, quand je relis, je ne comprends pas tout, et pourtant je sais ce qu'il y a ! Mais elle dit que sur les vents et tout ça il n'y a pas de souci, sur les phénomènes météo en anglais... sur tous les sons, comme je travaille beaucoup sur les sons, en anglais c'est très fourni en sons, tous les verbes de sons, il n'y a pas de souci là-dessus. Et tout ce qui est mouillé, c'est génial, elle va se régaler... Mais je suis vraiment content, être traduit à l'étranger, c'est assez miraculeux, je trouve, tu te dis que ça peut être lu dans une autre langue... On verra ! Et puis j'adorerais le lire comme ça.... - Allez, une petite dernière ! Vous avez un peu parlé de votre projet, qui devrait porter sur le mouvement, c'est ça ? Puisque vous pensez que les deux premiers étaient assez ratés sur ce point de vue-là... Est-ce que vous pouvez nous en dire un petit peu plus ?
- Oui, enfin, je veux pas raconter le truc...
- C'est comme vous voulez, vous savez !
- Juste dire simplement que tu as envie de faire un livre si tu penses que tu as raté quelque chose dans le précédent, je pense que ça joue énormément, c'est-à-dire qu'il y a des enjeux qui te traversent... La Zone répondait à un enjeu que j'ai réussi à avaler grâce au livre, La Horde à un autre, et je peux dire que j'ai un regret : ça devait être un livre sur le mouvement et le lien, c'est ce qui était prévu dans le synopsis de départ, et c'est un livre réussi sur le lien, je trouve, La Horde, et paradoxalement je trouve que c'est un livre pas réussi sur le mouvement, c'est-à-dire ce que je vois, moi, dans le mouvement. Et notamment le grand personnage qui portait le mouvement, c'était Caracole, c'était lui qui était censé incarner cette capacité de mouvement permanente, et comme je l'ai un peu abandonné...
Je considère que ce n'est pas parce qu'une Horde remonte le vent qu'elle est en mouvement, enfin, ça ne veut rien dire, c'est comme Deleuze qui distingue les émigrants et les nomades, c'est différent... Les nomades sont en mouvement, alors qu'ils restent dans la même zone, en fait, alors que les émigrants vont d'un pays à l'autre mais ne sont pas spécialement en mouvement, d'après lui en tout cas. Et là c'est pareil, c'est pas parce qu'ils remontent le vent qu'ils sont vraiment en mouvement. Ils évoluent, les personnages évoluent, il y a quelques évolutions à l'intérieur des personnages, mais ils ne sont pas dans ce que moi j'appelle le mouvement. Donc je voudrais faire un livre vraiment sur le mouvement, où c'est carrément un peuple d'animaux, on peut dire - c'est des animaux végétaux minéraux, les trois mêlés -, qui sont constitués de mouvement, ils sont en mouvement, voilà. Ils sont l'aboutissement de Caracole en quelque sorte. Ils sont l'incarnation du mouvement, qui est pour moi la définition de la vie. Et je voudrais réussir ça, mais ça implique tout un autre travail...
C'est très difficile, parce que le langage te plombe, de toute façon, les mots sont là, ils ne sont pas en mouvement d'eux-mêmes... C'est la syntaxe, si je ne progresse pas en syntaxe, je raterai encore le livre. C'est la syntaxe qui te sauve. Là, en termes de lexique, je pense être à un bon niveau aujourd'hui, j'ai vraiment un grand vocabulaire etc., et j'ai un bon choix de mots et tout ça, j'ai un très bon travail sur les sonorités maintenant, les phonèmes, je pense que j'ai un bon niveau technique là-dessus... En syntaxe, je ne suis pas encore au niveau, enfin, au niveau que j'aimerais atteindre, quoi. Et c'est ce que dit Deleuze : la clef, c'est la syntaxe ; un grand écrivain, c'est une syntaxe. C'est un grand niveau de syntaxe, et je n'ai pas encore un grand niveau de syntaxe. Et la syntaxe je la trouverai dans le travail sur le mouvement. Voilà. C'est là qu'il faut que j'avance, c'est là la difficulté. Et là tu lis Mallarmé, tu vois que tu es extrêmement loin d'être au niveau. Et c'est génial d'avoir des auteurs comme ça, parce que tu vois la différence. S'il n'existait pas, tu te dirais « c'est bien, je suis à un bon niveau », mais quand tu le vois, tu le lis, bon, tu te dis « ben je suis très loin... »
Mais c'est un boulot en soi, là c'est vraiment un boulot, sur la syntaxe, c'est beaucoup de temps... Il faut que je trouve, et puis il faut avoir des mélodies intérieures, il faut avoir un rythme intérieur, il faut avoir plein de choses à l'intérieur pour pouvoir... C'est comme un musicien qui a des mélodies en lui, en syntaxe, quand tu démarres une phrase, si tu n'as pas une mélodie... Il faut être très varié... C'est dur, la syntaxe, c'est très dur, c'est pour ça que la plupart des livres que tu lis c'est « sujet-verbe-complément », et puis c'est tout. Les mecs n'arrivent pas à innover. Tu lis Bordage, c'est très bien, Bordage, mais en style, tu n'apprends rien en syntaxe. Des phrases qui sont linéaires, avec des fois une subordonnée... ça n'empêche pas d'avoir des très bons livres, mais tu ne véhiculeras pas le mouvement, ça c'est sûr. Tu décriras le mouvement, tu parleras du mouvement... mais tu ne feras pas éprouver le mouvement, non. Et le but c'est de le faire éprouver. Comme un tableau qui te peint le mouvement et qui ne te le fait pas ressentir. Il y a des tableaux qui te font des peintures de mouvement superbes, tu vois un discobole qui lance un disque, ok, tu as décrit le mouvement, mais tu ne ressens pas le mouvement. Il a fallu la peinture abstraite pour essayer d'arriver à faire ressentir le mouvement en regardant la toile. Voilà, c'est ce que j'essaye de viser.
Ça sera long. - Eh bien, merci beaucoup !
- Merci à toi. Je suis un peu fatigué, là...
- On va te laisser te remettre avec ta bière ! Merci !
- Fin
Pages de l'article
Auteur
Alain Damasio
Biographie
Bibliographie
- La Horde du contrevent
- Aucun souvenir assez solide
Les interviews
- La Horde du Contrevent au micro
- Un samedi avec Alain Damasio
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