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Un entretien avec Django Wexler

Par Alice, le mercredi 21 mai 2014 à 13:00:00

Django WexlerDjango Wexler est l'auteur des Mille Noms, premier tome d'une nouvelle saga de "fantasy à mousquets".
Ce premier volume est disponible chez nous depuis courant mars chez Eclipse/Panini Books. A cette occasion, Django a bien voulu répondre à quelques-unes de nos questions concernant ce roman, le genre fantasy de façon plus générale, mais aussi sa position en tant qu'auteur sur différents sujets dont... les chats.
Merci encore à lui pour sa disponibilité ! Vous pouvez visiter son site officiel à cette adresse.

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L'entretien

Quelle fut la raison de l’écriture des Mille noms ?
Plusieurs choses se sont enchaînées pour cette série. Pendant un moment, je voulais écrire une saga militaire avec une histoire exacte et non ces guerres nébuleuses que l’on retrouve souvent en fantasy. Quand j’ai lu Le Trône de Fer de George R.R. Martin, j’ai énormément apprécié ce qu’il a fait : ce retour vers des racines historiques des traditionnels chevaliers et châteaux et cette façon qu’il a de les transformer un peu plus, j’ai donc décidé de faire pareil.
Puisqu’il avait choisi ce fond historique (le XIIIè siècle anglais essentiellement), j’ai décidé que je voulais faire quelque chose de différent. A ce moment là, un de mes amis joueur de jeux de plateau m’a prêté son exemplaire de The Campaigns of Napoleon de David Chandler et je me suis réellement intéressé à cette période. Elle semblait représenter un bon fond historique pour la fantasy, je l’ai donc prise comme point de départ.
Aviez-vous une raison particulière d’utiliser un cadre historique européen ?
Dans la toute première version, le livre (qui ne s’intitulait pas encore Les Mille Noms) était supposé être une version fictionnelle de la carrière de Napoléon, et le décor de l’intrigue devait être l’invasion d’Égypte en 1798. Depuis, ça a presque complètement changé, et l’intrigue n’a plus rien d’historique, mais j’ai vaguement gardé l’Égypte en toile de fond. Le concept général était tout particulièrement une Égypte où la conquête arabe n’avait jamais eu lieu et où la culture était donc plus proche d’une descendance directe avec l’Égypte Antique.
Vous avez clairement dit que votre roman n’était pas un roman historique. Cela vous donne-t-il plus de liberté ?
De plusieurs façons, oui. La vraie vie tend à être gênante quand il s’agit de la pertinence dramatique, et les faits réels peuvent s’interposer à une bonne histoire. En particulier, si vous voulez écrire à propos du destin des nations et des grandes batailles, les vraies personnes concernées sont habituellement très bien connues et vous ne pouvez vraiment pas mettre le bazar dans leur vie. Un autre problème est que dans la véritable histoire, les même quelques personnes sont rarement présentes aux moments et aux endroits intéressants, le protagoniste d’un roman vit une vie bien plus excitante qu’il ne lui serait possible dans réalité.
J’aime la fantasy basée sur l’histoire plutôt qu’un fond purement historique car cela me permet de rester ancrer dans la réalité mais aussi de bidouiller le décor pour placer les nœuds de l’histoire là où je les veux. Donc je peux laisser de côté certaines choses, insérer de nouveaux éléments parce que cela fonctionne pour l’histoire, que ce soit historiquement vrai ou non. Créer un monde fantasy où les différents groupes ne s’alignent pas parfaitement avec des pays, des religions, etc. de la vie réelle permet aussi d’aider à empêcher les lecteurs de mettre automatiquement une étiquette « gentil » ou « méchant » à cause des références historiques.
Comment est né votre relation ou votre intérêt pour le genre fantasy ?
Franchement, je ne sais pas. J’ai toujours aimé la fantasy, d’aussi loin que je me le rappelle. Quand j’étais gamin, je passais beaucoup de temps dans la bibliothèque locale et aux environs de mes quatorze ans, j’avais lu toute l’étagère science-fiction et fantasy. Je jouais (et je joue toujours) à des jeux de rôle fantasy et j’aime regarder des films et des séries de science-fiction et de fantasy. Écrire autre chose ne m’est jamais venu à l’esprit.
Quel est votre aspect favori dans l’écriture ?
C’est une question très difficile ! Écrire un brouillon peut se révéler très amusant quand les choses coulent bien, finir une scène ou un chapitre et se mettre à penser : « Ouais, c’est bien ! » est un sentiment génial. Mais mon aspect favori est de faire lire mon écrit à d’autres personnes et de voir leurs réactions. J’adore entendre les gens me dire ce que l’histoire leur a fait ressentir, quel personnage ils ont aimé et tout le reste.
Avec Brian McClellan et quelques autres auteurs, vos livres sont classés comme de la « Flintlock Fantasy ». Qu’en pensez-vous ? Est-ce une vraie tendance ?
Je pense que c’est une partie d’une tendance plus générale. Les gens mettent de côté l’idée que toute la fantasy se passe dans le même monde, le monde de Tolkien/Donjons et Dragons/Roi Arthur avec des chevaliers et des châteaux en pierre, des elfes, des nains et des orques et ainsi de suite. Certaines histoires incroyables se passent dans cet univers, évidemment, mais je pense que les auteurs commencent à explorer un peu plus ce qu’ils peuvent utiliser comme base pour construire leur monde. Ce peut être à la fois dans le temps (Brian et moi écrivons tout deux dans un pseudo XIXe siècle) ou dans l’espace. (Range of Ghosts de Elizabeth Bear ou Throne of the Crescent Moon de Saladin Ahmed utilisent tout deux des contextes qui n'ont rien d'européens)
Personnellement, j’adore cette tendance. J’attends impatiemment d’en voir plus, pas seulement de la « flintlock fantasy » mais de la fantasy basée sur différentes périodes et toutes sortes de lieux. Il y a une quantité énorme d’histoires pleines de choses intéressantes sous notre nez !
Vous avez aussi récemment écrit un livre pour de plus jeunes lecteurs, The Forbidden Library. Travaillez-vous différemment quand vous avez ce type de lecteurs à l’esprit ?
Je ne sais pas vraiment comment travailler différemment pour être honnête, donc j’écris simplement, en restant proche de ma façon d’écrire habituelle (dans le fond, j’enlève tous les jurons, le sexe et le gore). La structure narrative est un peu plus simple – une perspective seulement, pas de bonds dans le temps compliqués – et le livre est plus court, mais autrement, il n’y a pas grand-chose de différent. J’ai toujours pensé qu’il fallait faire confiance à l’intelligence des enfants, et écrire de façon plus « enfantine » pour eux me semblait être une mauvaise idée.
Quelle est votre opinion sur le genre fantasy en ce moment ?
Évidemment, je ne peux parler que de la situation aux États-Unis, mais je suis plutôt content de façon générale. Je pense que le genre est en train de prendre son envol dans le sens où les histoires commencent à prendre plus d’ampleur et ne se restreignent pas aux mêmes stéréotypes. Il y a quelques grands auteurs super-stars mais aussi un groupe prometteur de nouveaux talents, ce qui est très bon signe. De façon générale, je pense que nous traversons en fait une période d’âge d’or pour la fantasy, nous devrions tous lire autant que nous pouvons !
Pouvez-vous nous dire quelques mots à propos de The Shadow Throne et de la suite des événements en ce qui vous concerne ?
Dans The Shadow Thone, Marcus, Winter et Janus retournent à Vordan pour essayer de faire face au chaos tandis que le roi gît, agonisant. Il y a un nouveau personnage et donc un nouveau point de vue, la Princesse Raesinia, qui, je pense, va s'attirer la sympathie des lecteurs. Ce n'est vraiment pas le genre de princesse auquel on s’attend ! J’ai vraiment adoré ajouter plus de détails au Vordan et travailler de façon graduelle sur le passé des personnages, maintenant qu’ils sont rentrés chez eux.
Les séries La Campagne des ombres et The Forbidden Library ont toutes deux été conçues pour être des séries de cinq livres au total, donc les écrire est fondamentalement ce que je vais faire durant les années à venir ! Je suis en train de relire en ce moment le deuxième Forbidden Library et puis je vais revenir travailler sur le troisième tome de La Campagne des ombres.
Vous semblez adorer vos personnages secondaires, comme Fitz par exemple. Est-ce important pour créer un vrai décor ?
Oui, absolument ! Évidemment, les personnages principaux obtiennent beaucoup d’attention, mais les personnages secondaires ont besoin d’être plus que des silhouettes en carton. C’est aussi un bon moyen de prendre beaucoup de plaisir avec quelques personnages qui se détachent un peu du lot : Rentre-dedans par exemple, ou encore le serviteur de Janus, Augustin.
Je pensais que Les Mille noms était votre premier roman, mais j’avais tord. Souvenirs de l’Empire a même été traduit en français. Quelle est la plus grande différence entre ces romans et Les Milles noms ?
J’ai eu deux romans publiés chez Medallion Press, un petit éditeur, intitulés Souvenirs de l’Empire et Shinigami – Dieu de la mort. Je crois que les traductions françaises ont été faites par un éditeur québécois, bien que je n’en sois pas certain, en fait, ils ne m’en ont pas du tout contacté et je l’ai découvert bien plus tard !
Ces deux premiers romans sont des standalones et ils contiennent sans aucun doute certains thèmes des Mille noms par exemple. La plus grande différence, en dehors du fait que j’ai un peu plus d’expérience d’écriture, c'est que je me suis sérieusement mis à l’étude de l’histoire entre les deux, donc je pense que les lecteurs ont perçu Les Mille noms comme étant beaucoup plus ancré dans la réalité. Rétrospectivement, Shinigami est aussi une œuvre incroyablement sombre, je me demande à quoi je pensais quand je l’ai écrit !
Internet est-il un outil important en terme de communication avec vos lecteurs et pour faire des recherches, etc ?
Tout à fait, j’adore Twitter, je me suis fait un grand nombre d’amis grâce à ce site parmi les écrivains, les critiques, les gens dans des entreprises et des fans. Des sites de critiques de livres tels que GoodReads ont aussi été utiles. J’ai fait pas mal de sessions Questions/Réponses pour des groupes de livre sur ces sites, ce qui est toujours très satisfaisant. J’ai aussi passé quelques temps sur Reddit, plus spécifiquement sur le subreddit r/fantasy, qui est l’endroit où se retrouve un grand nombre de fans dévoués.
Pour les recherches, je préfère toujours les bouquins réels, mais internet est inestimable pour savoir où commencer. Une source très sous-utilisée, à mon sens, est la section « Références» de Wikipédia, j’utilise souvent des articles Wikipédia pour avoir une vue d’ensemble, puis je vais vérifier leurs sources pour savoir quels sont les livres « majeurs » sur le sujet et je me les procure. Généralement, ils possèdent leurs propres bibliographies, et ainsi de suite.
Attention, question sérieuse : est-ce qu’un auteur de fantasy a besoin d’avoir un chat, voire plus ?
Oui. Au moins un. (Mais en fait, tout le monde a besoin d’un chat).
Avez-vous des recommandations littéraires à faire à nos lecteurs, fantasy ou autres ?
C’est un peu difficile puisque je ne sais pas vraiment ce qui a été traduit en français. Récemment, j’ai vraiment adoré la série de Max Gladstone commençant avec Three Parts Dead et le nouveau livre de Felix Gilman The Revolutions. J’ai enfin réussi à lire La République des voleurs de Scott Lynch, qui est un excellent livre.
La dernière mais non la moindre : souhaitez-vous partager quoi que ce soit avec vos lecteurs français ?
J’espère que vous avez adoré le livre et, éventuellement, le reste de la série ! Les lecteurs français sont dans une position intéressante parce que c’est votre histoire (la plupart du temps) que j’ai pillée sans vergogne, j’espère que vous me pardonnerez pour ça. Et comme mon français est au mieux minimal, je suis particulièrement reconnaissant aux traducteurs, à ceux qui traduisent mes œuvres et à tous ceux qui dans le passé ont travaillé sur les nombreuses histoires et mémoires que j’ai utilisés lors de mes recherches. Merci les gars !
  1. L'entretien
  2. L'entretien en anglais

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