Vous êtes ici : Page d'accueil > L'Actualité fantasy

Un entretien avec Aurélie Wellenstein

Par Astarthee, le mardi 9 mai 2017 à 20:55:23

1 Aurélie Wellenstein est l'auteur coup de cœur de l'édition 2017 du festival des Imaginales d'Épinal dont nous sommes partenaires !
Auteur de plusieurs romans, elle a gagné différents prix notamment celui d'Elbakin.net 2016 en catégorie jeunesse francophone pour Les Loups chantants. Afin de vous permettre de faire plus ample connaissance avec elle, voici une interview dans laquelle nous évoquons ses ouvrages, son parcours et ses inspirations. En attendant de la retrouver à Épinal d'ici quelques jours, plongez-vous dans cet entretien !

Interview réalisée par Siriane et Astarthee.

Discuter des Loups chantants d'Aurélie Wellenstein sur le forum

L'entretien

Aurélie, peux-tu nous parler un peu de toi ?
J’ai la trentaine… bien tassée :) ; je vis dans le 9-3 ; j’ai peur des cafards (traumatisme d’enfance); j’ai une voiture orange dont tout le monde se moque, mais qu’on peut repérer à 500 mètres de distance sur un parking bondé ; ma spécialité, c’est le gratin dauphinois (recette de ma grand-mère) ; j’aime marcher pieds nus ; j’ai un frère boulanger dans l’espace, un chien, un amoureux, et beaucoup de voix dans ma tête.
Quand et comment as-tu commencé à écrire ?
J’ai commencé à écrire très tôt. Écrivain est une vraie vocation, qui m’est venue dès l’école primaire. Au CP, à six ans, je me suis même taillé l’index au taille-crayon, j’imagine que je pensais pouvoir devenir moi-même un crayon… J’écrivais dans mes cahiers à grands et petits carreaux, dessinais les couvertures et j’avais également inventé une maison d’édition pour faire plus vrai. Tous ces chefs-d’œuvre ont probablement terminé leur glorieuse existence dans les flammes d’une déchetterie…
Pourquoi avoir choisi en particulier d’écrire de la Fantasy ?
La fantasy s’est imposée d’elle-même. À l’époque, je faisais des études de lettres et on nous imposait bien sûr la lecture des classiques. J’ai tout de suite eu envie d’autre chose, de littérature de l’imaginaire. Je me souviens d’avoir été totalement scotchée par Les portes de la mort (Weis et Hickman) que j’avais commencé à lire en patientant dans le couloir, avant un oral d’anglais. C’était tellement puissant comme révélation que j’ai eu beaucoup de mal à me reconcentrer sur l’examen ensuite. Bref, je me suis promis de ne lire plus que ça une fois sortie de l’école.
Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Mon inspiration est, pour beaucoup, stimulée par les jeux vidéo. Je trouve que c’est un média très intéressant, car il laisse beaucoup de place à notre imaginaire. On y est actif, sans doute plus que devant un film, une série ou même un livre. Pour moi, le must dans le genre, c’est les Dark Souls. La narration y est minimaliste et pourtant, on est subjugué par le mystère. Presque cryptique, le scénario sème ses indices (des détails parfois implicites), et mise sur l’implication du joueur pour les interpréter. Ceci me fascine totalement. Sinon, de nos jours, il y a de plus en plus de jeux en « espaces ouverts » qui nous invitent à parcourir librement des paysages extraordinaires, à mille lieues de notre quotidien. Par exemple, l’univers du Roi des fauves est inspiré des décors de Skyrim.
Lis-tu beaucoup ? Quels sont tes derniers coups de coeur ?
Je lis dans les transports, donc presque une heure par jour. En général, je lis pour documenter mes romans. Ces derniers temps, j’ai lu surtout de la « blanche », de l’historique et de la romance, mais je vais acheter de nouveaux romans SFF aux Imaginales, notamment les Seigneurs de Bohen, d’Estelle Faye qui m’attire beaucoup !
As-tu eu des difficultés pour te faire éditer ?
Oui, ce fut un parcours de longue haleine. Plus d’un an pour trouver l’éditeur du Roi des fauves ! Jeunes auteurs, ne vous découragez pas. Le processus éditorial demande pas mal de persévérance et parfois, du courage quand le moral n’est plus là.
Ton rythme de parution est soutenu, avec 5 ouvrages en 3 ans, ceci bien que tu travailles en parallèle. Comment trouves-tu le temps de tout mener de front ?
C’est lié justement à l’attente du premier contrat. J’ai commencé à écrire Chevaux de foudre et le Roi des fauves en 2013. Cependant, je travaille assez vite. J’essaie justement d’être tonique. Je compare souvent l’écriture à un sport. Je pratique quotidiennement, cela entretient le « muscle » de l’écriture.
Comment crées-tu tes univers ? Considères tu que l’univers est au service de l’histoire ou inversement ?
Pour moi, l’univers doit être au service de l’histoire. L’histoire va toujours primer. L’action va primer. Mes descriptions s’inscrivent « dans le mouvement ». J’essaie d’avoir une plume assez énergique. Par ailleurs, comme je le disais tout à l’heure, mon inspiration vient du jeu vidéo et notamment des Dark Souls, donc j’aime mettre en scène des énigmes, des choses bizarres, étranges, et laisser le lecteur se faire sa propre idée du pourquoi. Par exemple, dans les Loups chantants,

Attention spoiler A un moment du récit, les personnages tombent sur une créature morte sur un trône. C’est un monstre lupin, vaguement humanoïde, avec des énormes bois de cerf et une couronne sur la tête. Des hommes se prosternent devant lui. Même si vous trouverez des indices çà et là, je vous laisse très libre d’interpréter cette vision fantastique. Comment cette créature est arrivée là ? Pourquoi ? Comment est-elle morte ? etc. C’est votre liberté, c’est votre participation au récit.

Bien que tes ouvrages soient estampillés jeunesse, leur univers est dur, plein d’adversité. Qu’est-ce qui t'intéresses dans ces univers sombres ? Que réponds-tu à ceux qui pensent que tes ouvrages n’apportent que peu d’espoir ?
En jeunesse, on ne s’interdit d’aborder aucun thème et parfois, on traite de thématiques pas bisounours du tout, à l’inverse de ce qu’on pourrait imaginer ! Cependant, je pense que je ménage toujours un peu de lumière (la lumière qui éclaire les ombres…) dans mes récits, par exemple à travers un personnage qui va apporter un autre regard sur la situation, qui va proposer une autre voix / voie. J’ignore pourquoi je suis autant attirée par le noir, regarder ainsi dans les abysses. Mais j’aime aussi les licornes qui galopent sur les arcs-en-ciel !
Le Roi des Fauves et Les Loups Chantants ont tous les deux une thématique commune qui est une sorte de possession par un démon ou un esprit soit intérieur soit extérieur. Qu’est-ce qui t'intéresse dans cette thématique ?
À la base, j’ai toujours eu envie de traiter du « devenir-démon », c’est une thématique qui me fascine. J’aime dessiner des trajectoires de personnage, des destins forts qui les emmènent très loin au bout d’eux-mêmes. J’aime quand ça fait du bruit, quand ça casse en mille morceaux, avec fracas… Cependant, les possessions ne sont pas forcément à interpréter négativement. Justement, ce qui m’intéresse, c’est ce que ça révèle du personnage, de son humanité. En luttant avec son démon, il se découvre. Il peut être amené à devenir vraiment lui-même, à se réconcilier avec sa nature primitive, archaïque… et sa liberté ! Être possédé par un monstre, c’est aussi se réconcilier avec ce qui a été refoulé (notre précieuse part animale). On peut voir la possession comme une œuvre maléfique entraînant la déroute psychologique… mais aussi comme une aventure positive et enrichissante. Le démon comme source d’énergie vitale qui renverse les lois de la société, ses codes étriqués.
Le Roi des Fauves et Les Loups Chantants ont bénéficié de couvertures (magnifiques au demeurant) signées par Aurélien Police. Comment s’est passée la collaboration avec lui ?
Aurélien Police est un génie, un magicien. Il lit le texte et il va le re-raconter à travers son dessin. Ni moi, ni l’éditeur ne donnons de directives ou de pistes. Il est libre de faire ce qu’il sent. Et quand on découvre son travail, on est juste hystériques !
Les animaux font partie intégrante de tes histoires. Les considères-tu comme les personnages humains ? Qu’apportent les personnages animaux par rapport aux personnages humains ? Pourrais-tu écrire un roman sans animaux ? (et si non pourquoi ?)
Je dis toujours que je n’arrive pas à écrire des romans sans animaux. Quoi que je fasse, ils s’imposent. Les animaux sont un trait d’union vers la nature, vers notre part animale refoulée. C’est l’irruption du sauvage dans l’univers bien organisé de l’homme moderne. C’est la connexion au présent, à l’ici et maintenant. L’amour, l’énergie, la lumière, la vitalité…
Tu es propriétaire d’un chien, Asgard, avec qui tu fais du pistage. Dans Les Loups Chantants, la relation de Yuri avec ses chiens, notamment Orion, est extrêmement forte. Est-ce que ton lien avec Asgard a influencé ton écriture ? Retrouve-t-on un peu d’Asgard dans Orion ?
Pour être tout à fait exacte, ce n’est pas Asgard que l’on peut voir entre les lignes des Loups, mais mon premier chien, Haplo. Les loups chantants est mon roman le plus personnel et j’y ai mis beaucoup de moi. Donc oui, en effet, la relation fusionnelle du héros, Yuri, avec son malamute, Orion, se nourrit de celle que je peux avoir avec mes chiens.
Au vu du nom de ton chien, as-tu un intérêt pour la mythologie nordique ? Penses-tu écrire un roman dans ce type d’univers ?
La mythologie nordique est passionnante et met en scène des créatures extraordinaires, comme le cheval à huit jambes, Sleipnir, ou quantité de loups géants dont le chef de file est Fenrir. J’ai revisité la légende des berserks dans le Roi des fauves. Pour l’instant, je n’ai pas de projets d’écriture en lien avec la mythologie nordique, mais pourquoi pas ?
Ton prochain roman, La mort du temps, paraît aux éditions Scrinéo le 11 mai. Peux-tu nous en parler ?
Avec plaisir ! C’est un « road book », une course effrénée de fin du monde. Un séisme temporel a dévasté la Terre, massacrant une large partie de la population et mélangeant les époques entre elles. Callista se retrouve seule survivante dans un Paris métamorphosé, jonché de squelettes. La ville ravagée entrelace ses passés successifs en un mille-feuille d’architectures. Tous ses repères chamboulés, la jeune fille n’a plus qu’un espoir, retrouver en vie sa meilleure amie, restée dans l’Est de la France. Callista part à pieds pour un long périple, talonnée par la monstrueuse réplique du séisme, qui semble la suivre pour l’anéantir. Si elle s’arrête, si elle ralentit, le cataclysme la dévorera. Au côté d’étranges compagnons, issus de siècles différents, elle va tout faire pour sauver son amie et trouver un refuge au cœur du chaos.
Merci beaucoup d’avoir répondu à nos questions.
C’est moi qui vous remercie !

Dernières critiques

Derniers articles

Plus

Dernières interviews

Plus

Soutenez l'association

Le héros de la semaine

Retrouvez-nous aussi sur :