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La Légende de Despereaux, aujourd’hui en salles !

Par Gillossen, le mercredi 11 février 2009 à 12:14:32

La mise en images d'une légende

Le style visuel : l’esprit des maîtres flamands

Les producteurs souhaitaient donner à La légende de Despereaux la texture visuelle dense et organique des illustrations de contes de fées. Or l’image numérique est, par nature, aussi «lisse» et satinée que la peinture au pistolet – tout le contraire des qualités ici désirées. L’équipe, unissant ses talents à ceux du chef décorateur Tomov, s’en alla chercher son inspiration du côté de Vermeer, Breughel et autres maîtres flamands.
«Le monde de Dor pourrait sortir d’une toile médiévale», explique Tomov. «Jugeant que l’animation numérique pèche souvent par sa froideur clinique, nous voulions que l’image de La légende de Despereaux ait du cœur ; qu’elle ne soit pas seulement belle, mais émouvante ; qu’on puisse s’y immerger comme dans les illustrations d’antan. Nous avons choisi une palette subtile, qui s’accorde avec l’ensemble de nos options visuelles. Là encore, nous avons évité les teintes saturées d’origine clairement numérique.»

L’animation

La légende de Despereaux s’appuie avant tout sur ses personnages, leurs émotions et leurs relations. «Nous avons passé beaucoup de temps avec nos animateurs pour trouver un style relativement discret, mais assez parlant pour permettre au spectateur de comprendre ce qui se passe dans la tête de nos héros», explique Fell. Les animateurs tirèrent le maximum de profit du travail vocal des comédiens et se filmèrent aussi eux-mêmes durant la préparation des scènes pour disposer des références visuelles les plus appropriées aux situations.
«Pour rendre les personnages plus crédibles, nous avons marié en quelque sorte animation et prise de vue réelle», indique le superviseur de l’animation Gabriele Zuccelli. «L’interprétation vous donne à voir des personnages réels, confrontés à des situations réelles. Elle est subtile et plus retenue que celle de la plupart des fi lms d’animation, qui pèchent souvent par leurs excès. Nous avons banni les effets théâtraux, les pantomimes grimaçantes, les trucs et clichés accumulés au fi l des ans par les animateurs. Nous nous sommes focalisés sur l’essentiel, en privilégiant les regards et les expressions.»
Gary Ross : «Sam (Fell) est un directeur d’animation phénoménal qui a inventé des détails, des touches subtiles et des nuances dont l’authenticité rivalise avec le cinéma traditionnel.»

Le storyboard

L’animatique (montage des storyboards parlants, sonorisés et mis en musique) est une étape clé dans la fabrication d’un dessin animé. Avant de dessiner le premier de ces storyboards, Stevenhagen, Fell, Ross et le responsable layout Brad Blackbourn eurent de nombreuses réunions en vue de dresser la liste détaillée des plans. Cette approche, héritée du cinéma traditionnel, aboutit à un inventaire minutieux et détaillé de chaque plan, y compris les axes et focales envisagés. Cette charte fut ensuite remise au service «Déroulement de l’histoire», supervisé par Stevenhagen. Elle assura l’unité thématique et artistique, la cohérence de cette histoire complexe où s’entrecroisent quatre lignes narratives distinctes : Despereaux, Roscuro, Pea et Mig. Elle permit aussi de raccourcir de plusieurs mois la phase de développement, économie appréciable pour un film au budget serré.

Le style narratif

Le layout, supervisé par le directeur photo Brad Blackbourn, fut conçu dans une optique «cinéma live» : «Nous y avons indiqué les emplacements de caméra, les focales, la profondeur de champ, les principales sources lumineuses, les marques des personnages – le tout dans l’espace 3D d’une caméra virtuelle.» Cette approche originale dicta un style de montage proche du cinéma traditionnel et augmenta de 30 à 40% le nombre de plans initialement prévu.
«La chorégraphie, les évolutions des personnages entre les plans, les mouvements d’appareil, les passages d’un personnage à un autre dans des décors distincts demandèrent une vigilance particulière en matière de continuité», souligne Blackbourn. «Nous ne pouvions pas nous contenter de vérifier quelques plans à la suite, nous devions penser «séquences» et contrôler à chaque fois de 100 à 150 plans. Plus nous fignolions les détails, plus la charge de travail s’alourdissait. Mais ces efforts se sont révélés extrêmement payants.»
Les réalisateurs cherchèrent aussi à immerger totalement le spectateur dans l’action : «Lorsque nous tournions un plan avec les souris, nous essayions de nous faire aussi petits qu’elles et de nous imaginer dans la peau d’un de ces rongeurs en train de filmer ses congénères avec une minuscule caméra», dit Blackbourn. «Nous espérons ainsi embarquer le spectateur dans ces univers, en passant du monde humain à ceux des souris et des rats, et en étant au plus près des personnages.»

La lumière

Au lieu d’éclairer artificiellement la totalité du cadre, comme il est de règle dans le dessin animé numérique, les producteurs optèrent pour des lumières naturelles émanant logiquement de sources identifiables : fenêtres, lampes, etc. Les ombres sont tranchées, mais légèrement adoucies, et les personnages intégrés de façon organique à leur environnement. La répartition de la lumière varie considérablement en fonction du décor. Les extérieurs du royaume de Dor sont, dans un premier temps, inondés de soleil, et les intérieurs baignés par une lumière douce et diffuse. Le monde des rats affiche en revanche des couleurs très vives et des ombres profondes à la Bosch. L’ambiance lumineuse du monde des souris est quasi constante alors que celle du monde des rats, discontinue, engendre une certaine tension.
«La lumière est vivante, complexe, évolutive et nuancée – comme l’histoire, car aucun de nos personnages n’est entièrement blanc ou noir», conclut Tomov.

La musique

C’est le compositeur/arrangeur William Ross qui fut chargé de mettre en musique La légende de Despereaux. Celui- ci développa en collaboration avec son quasi homonyme Gary Ross une partition orchestrale exaltant le courage, la curiosité, la bravoure du jeune Despereaux et exprimant les émotions contrastées des créatures qu’il croise durant sa quête. «Peu de gens sont capables aujourd’hui d’écrire une musique aussi riche», commente le réalisateur. «Bill a des dons exceptionnels. Il a apporté une contribution majeure à ce film d’une grande complexité narrative.»
Orchestrateur de longue date, William Ross se fit un plaisir d’utiliser des instruments très divers : flûtes, luts, etc., qui lui permirent de créer un environnement sonore haut en couleur.
La scène où le Roi de Dor célèbre la mémoire de sa Reine bien-aimée est un bon exemple d’utilisation d’un instrument d’époque. Originellement, le roi devait jouer de la guitare ou de la mandoline, s’abandonnant à sa mélancolie au point de ne pas entendre les appels de Despereaux. William Ross et l’équipe optèrent dans un second temps pour le lut, qui est à la fois plus approprié à l’époque et à la tonalité mélancolique de cet épisode. Pour renforcer le contraste entre le monde ténébreux et angoissant des rats et celui, très hospitalier des souris, Ross donna au premier une aura sonore «tribale» au moyen de tambours japonais Taiko et de djun djun africains. La harpe fut utilisée à plusieurs reprises de façon ingénieuse pour attirer l’attention du spectateur sur certaines actions maléfiques.

  1. Le synopsis
  2. Un vrai classique
  3. La mise en images d'une légende
  4. A eux la parole
  5. Le monde de Despereaux
  6. La critique d'Alana Chantelune

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