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Good Omens : notre retour sur la mini-série

Par Zakath, le mercredi 5 juin 2019 à 11:30:53

GOUne adaptation de De Bons Présages de Neil Gaiman et Terry Pratchett, publié en 1990, était en projet depuis de longues années : on avait parlé d’un film réalisé par Terry Gilliam avec Robin Williams et Johnny Depp dans les rôles principaux, il avait également été question d’un autre ancien Monty Python, Terry Jones, derrière la caméra…
Après bien des détours, et hélas le décès de Terry Pratchett, c’est sous forme de mini-série en six épisodes, au scénario écrit par Neil Gaiman lui-même, que Good Omens arrive enfin sur Amazon Prime. Il s’agit d’une co-production avec la BBC, et cela se ressent lorsque l’on croise certains noms comme le producteur Phil Collinson ou le réalisateur Douglas Mackinnon, habitués des séries de la chaîne britannique et qui ont notamment travaillé quelques années sur Doctor Who.

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L'avis de Zakath

Il n’est pas aisé de restituer à l’image un roman aussi déjanté que celui de Gaiman et Pratchett, peuplé de personnages hauts-en-couleur, sans perdre le spectateur en route. La fidélité au texte est de mise même si Gaiman prend par moment ses distances : exit, par exemple, la bande rivale des Eux, ou les Hell’s Angels qui accompagnent les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse pendant un temps. En contrepartie, on développe davantage la relation entre les deux personnages principaux, Rampa et Aziraphale, incarnés par David Tennant et Michael Sheen.

On pourra faire remarquer que le premier reprend beaucoup de ses mimiques qui ont fait son succès quand il pilotait le TARDIS, mais cela fonctionne, et le duo a une parfaite alchimie, au point où dès qu’ils quittent l’écran, on n’a qu’une hâte, les revoir. Cela ne signifie pas que le reste du casting fait un mauvais travail. Jon Hamm en particulier semble bien s’amuser en ange Gabriel et l’on croise nombre de têtes connues pour les habitués des séries britanniques, parfois dans de tous petits rôles, comme les membres de The League of Gentlemen. Les enfants sont un peu en deçà sans être catastrophiques, et dans le rôle d’Adam, Sam Taylor Buck a la tête de l’emploi. Seule vraie déception, Brian Cox qui offre sa voix à la Mort sans parvenir à lui transmettre sa PARTICULARITÉ. La musique de David Arnold, en dehors du très bon thème du générique, est relativement discrète mais bien employée, et évidemment, les épisodes sont régulièrement ponctués de chansons de Queen, on n’en attendait pas moins.

Fidélité au texte, donc, mais certains choix pour porter ce dernier à l’écran sont discutables. Ainsi, une grande partie des informations nécessaires à la compréhension sont transmises par le biais d’une voix-off (la voix de Dieu, ou plutôt de Frances McDormand). C’est généralement amusant, et ce n’est pas sans rappeler Le Guide du Routard Galactique (tout comme le générique évoque les Monty Python, on reste dans les classiques de l’humour de la BBC). Cependant, elle peut se révéler pesante à la longue et donner l’impression d’être surtout une solution de facilité pour que les spectateurs ne connaissant pas déjà l’intrigue ne restent pas sur le bord du chemin : on ne se repose pas assez sur les dialogues ou l’image pour faire comprendre ce qui se passe, ce qui est pourtant le but d’une adaptation au cinéma ou à la télévision.

De plus, la construction des épisodes est parfois étrange : ainsi, le troisième est pour moitié constitué d’un long flash-back montrant la relation entre Aziraphale et Rampa évoluer à travers l’Histoire, une longue séquence pré-générique avant de retrouver l’intrigue principale là où on l’avait laissée. Les scénettes sont réussies, les acteurs amusent et l’on ne s’ennuie donc pas, mais n’aurait-il pas mieux valu disséminer ses séquences dans plusieurs épisodes plutôt que de les aligner d’un seul coup ? De même, le climax intervient très tôt dans le dernier épisode, et la conclusion des arcs des différents personnages tire en longueur. Enfin, on pourra regretter que la réalisation soit aussi sage : l’aspect délirant de Good Omens tient finalement plus au caractère atypique de ses personnages et aux réflexions de la narration qu’à des idées de mise en scène vraiment forte, ce qui se ressent particulièrement lors de la confrontation sur la base militaire, assez molle. Les choix esthétiques concernant l’Enfer et le Paradis et leurs habitants ne sont pas toujours très heureux non plus.

Malgré ces réserves, Good Omens parvient à restituer ce qui faisait le sel du roman, son univers décalé, ses personnages, sa vision très légère et rigolarde de la fin du monde avec tout de même une pincée douce-amère dans la peinture de l’enfance idéale d’Adam et l’incertitude autour du véritable Plan d’ensemble. Cette adaptation se sera faite attendre mais le résultat ne démérite pas et les six épisodes se savourent, les qualités l’emportant largement sur les défauts.


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