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Chasseurs de Dragons, aujourd’hui en salles !

Par Gillossen, le mercredi 26 mars 2008 à 13:19:20

L'Entretien avec les réalisateurs

Comment l’aventure a-t-elle commencé ?

Guillaume Ivernel : Au début, voici 12 ans, Chasseurs De Dragons existait sous la forme d’un concept écrit d’Arthur Qwak, dont il avait développé les personnages avec Valérie Hadida. C’est à partir de ces 4 ou 5 pages que tout s’est décliné, des BD au film en passant par la série télé. On n’avait pas pensé à un support particulier à l’origine, nous voulions décliner le concept dans différentes techniques,afin que chaque medium s’approprie l’esprit de l’histoire de départ.
Arthur Qwak : Une idée d’histoire surgit toujours par hasard et souvent à des moments où on s’y attend le moins. Quand j’ai associé « chasseurs» avec « dragons » la porte d’un univers s’est ouverte devant moi. Il ne restait plus qu’à l’explorer. Stephen King, dans son superbe Ecritures, explique qu’il considère l’écrivain comme un archéologue qui trouve un bout d’os et dont tout le travail consiste à dégager le squelette entier sans le briser.Un concept me parle quand celui-ci fonctionne par connexions, Chasseurs De Dragons est une connexion. D’un côté, des dragons et tout l’univers fantastique qui va avec et de l’autre, le métier de chasseur et tous les problèmes liés au fait d’avoir un boulot : les contrats, les problèmes d’argent, les factures impayées...Pour Gwizdo, le prince charmant est le pire ennemi du chasseur parce qu’il casse le métier en bossant à l’oeil. J’aime bien les personnages qui ne sont ni Jedi ni chevalier ou guerrier ou magicien mais des gens comme vous et moi. On s’y attache immédiatement parce qu’ils sont proches de nous.

Le ton de l’aventure est aussi original que l’univers visuel est fascinant. Quelles sont les influences derrière Chasseurs De Dragons ?

G.I. : Tant d’influences. J’avais en tête un mélange de romantisme allemand à la Gaspard Friedrich et d’orientalistes pour la lumière. Et puis les illustrateurs anglo-saxons des années 70 comme Roger Dean ou encore Moebius en France. Et, bien sûr, l’animation japonaise.
A.Q. : Les références sont multiples. Il y a les vieux Disney comme Blanche Neige, Les Dents De La Mer, Bandits Bandits de Terry Gilliam, mais aussi l’époque Métal Hurlant et des auteurs comme Moebius, Giger ou Corben. En fait, on voulait faire un filmdrôle et flippant à la fois. J’aime bien entretenir l’idée du contraste dans une histoire, c’est ce qui peut en faire sa richesse. Pour résumer, l’idée était d’imaginer quel serait le look d’une aventure de Tom et Jerry chez Le Seigneur Des Anneaux.

Un réalisateur d’animation est-il si différent d’un réalisateur de films avec acteurs, en prises de vue réelles ?

G.I. :C’est très différent d’un réalisateur de film live ! Dans l’animation, lorsque animatique et storyboard sont achevés, tout est fixé définitivement. Ton film est là, fini, mais tu devras attendre deux ans avant d’en voir la première image ! L’émotion vient avec l’animation, un an après que tout ait été décidé. Il faut être sûr de ses choix ! Heureusement, nous avons pu compter sur une équipe géniale. Je ne remercierai jamais assez l’équipe de Mac Guff. Car si une partie des décors a été faite au Luxembourg, et une partie de l’animation confiée à Trixter en Allemagne, tout le reste a été fabriqué chez Futurikon et Mac Guff à Paris. A.Q. :On pourrait dire que c’est le même métier. Mais si le réalisateur de live termine son film par le montage, pour nous c’est par là qu’il commence. On dessine le film sous forme de storyboard pour obtenir une version quasi définitive de ce que le film va devenir. Le film est pour ainsi dire terminé avant d’être fabriqué. Après c’est une longue route d’une année et demie pour remplacer les croquis du storyboard par les images finalisées. Pour le reste, les métiers se ressemblent parce qu’il faut diriger les équipes, leur communiquer les intentions et répondre à tout un tas de questions chaque jour.

Travailler à deux réalisateurs est-il un atout pour un chantier d’une telle envergure ?

G.I. : C’est indispensable vu la charge de travail. Il faut bien se connaître et ne pas laisser la place à nos divergences, que l’on règle en privé. Il y a aussi une nécessité technique, une répartition logique des rôles compte tenu de l’expérience d’Arthur dans l’animation et de mon passé de designer. Une fois l’animatique au point, je me suis concentré sur l’image, et Arthur sur l’animation, après quoi nous nous sommes retrouvés pour toute la post-production.
A.Q. : Travailler avec Guillaume a été un atout (en plus d’être un plaisir) parce qu’on est très complémentaires : j’ai commencé comme storyboarder, lui comme designer. Je vais plus facilement vers les personnages, lui vers le décor. Et puis la combinaison de nos idées était très enrichissante pour le film. Le fait d’être à deux vous permet d’avoir une puissance de feu plus importante en terme de travail ou de réflexion sur les idées, l’histoire et la mise en scène. Et quand l’un fatigue, l’autre est toujours là pour relancer la machine. Je pense qu’au vu des conditions de production sur le film, il aurait été impossible d’atteindre les objectifs sans envisager de partager les tâches.

Le film est drôle, spectaculaire, touchant, et parfois très sombre. A qui s’adresse Chasseurs De Dragons ?

G.I. : A tous, de 8 à 88 ans, nous avons essayé avec ce film de revenir à ce qui faisait l’essence des contes d’antan, mais avec une facture que nous avons voulue la plus moderne possible.Il est impossible d’oublier que les enfants vont voir leurs films accompagnés d’adultes. Pas question que l’un des deux s’ennuie. Ce doit être universel, et permettre une double lecture. Chasseurs De Dragons, c’est un peu « Tex Avery chez Le Seigneur DesAnneaux 3 »
A.Q. : Le budget conséquent du film fait que Chasseurs De Dragons devait être un film familial. On ne donne pas 12 millions d’euros à deux inconnus pour ne s’adresser qu’à une élite de cinéphiles. La contrainte de l’universalité laisse un champ de création suffisamment vaste pour accepter la règle. Grâce au travail de Pixar ou au savoir faire des studios Ghibli de Miyazaki, le grand public se réapproprie toujours plus l’animation. C’est un support intéressant parce qu’il reste magique aux yeux des enfants comme des adultes et le conte est un genre qui se marie bien au dessin animé. Chasseurs De Dragons est aussi un film nourri de cette envie de renouer avec les premiers Disney, des histoires avec des personnages qui faisaient vraiment peur !

Pourquoi avoir choisi la 3D ?

G. I. : J’ai toujours ressenti une sorte de frustration dans la manière d’aborder la fabrication d’un film en 2D. Mes univers correspondaient bien mieux au support de la 3D. En découvrant les immenses possibilités de cet outil, j’ai pu imaginer tout ce qui s’ouvrait devant moi.
A.Q. : Lorsque l’on travaille avec la 3D, on a l’impression d’arriver en Oklahoma comme les pionniers et d’explorer une terre encore vierge. C’est une technique jeune qui évolue à toute vitesse d’année en année. Elle permet à la fois de créer un réalisme certain avec une vraie profondeur et de plonger immédiatement le spectateur dans un univers. Compte tenu de nos choix visuels, la 3D était l’option la plus adaptée.

Vous identifiez-vous plus à l’un des personnages du film ?

G.I. : Oui. Arthur et moi, nous sommes assez Gwizdo / Lian-Chu, surtout parce que nous partagions le même problème de crédibilité. En fait, Chasseurs De Dragons est un film autobiographique ! Nous sommes les deux gueux de l’animation sur lesquels on a misé plusieurs millions d’euros, avec pour mission d’aller buter le dragon, alors que nous ne pouvions nous prévaloir d’aucune expérience comparable.
A.Q. : On s’amuse souvent à dire que Chasseurs De Dragons est autobiographique : deux gueux mal dégrossis en quête de crédibilité vont tenter de vaincre le Bouffe Monde. Faire un film en 3D, c’est un peu vaincre le Bouffe Monde. Au-delà de la blague, je ne cherche jamais à m’identifier aux personnages durant le processus d’écriture. Je m’efforce plutôt de leur donner leur propre personnalité en restant à leur écoute. Il arrive parfois qu’un personnage refuse le scénario. Il choisit une alternative à laquelle vous n’avez pas pensé. Je pense notamment à la séquence où Gwizdo décide de faire demi-tour afin d’éviter l’affrontement final. Ça veut dire que le personnage commence à exister. A partir de l’histoire que vous lui avez prédestinée, c’est lui qui choisit quoi faire.

Et si vous ne deviez garder qu’un souvenir de toute l’aventure ?

G.I. : Je dirais… quand pour la première fois j’ai eu en main le concept de Chasseurs De Dragons, juste quelque pages et dessins. Tout était déjà là, dans nos têtes, la même vision du projet, j’ai l’impression.
A.Q. : Probablement la fin du premier pilote, une minute trente de film que nous avions projetée dans une salle de cinéma à Annecy. C’était un peu comme le début d’une grande aventure que nous pouvions enfin percevoir.

  1. Synopsis
  2. L'Entretien avec les réalisateurs
  3. L'entretien avec le producteur Philippe Delarue
  4. L'ntretien avec le compositeur Klaus Badelt
  5. La critique d'Alana Chantelune

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