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Interviews multiples sur la Boussole d’Or !

Par Guybrush, le vendredi 6 avril 2007 à 10:01:02

Découvrez cette intéressante discussion entre Philip Pullman, Deborah Forte (productrice) et Mike Fink (superviseur des effets spéciaux), menée par Mark Lawson.
Celle-ci s'est tenue le week-end du 23 mars dernier, lors du festival littéraire d'Oxford, dont nous avions déjà brièvement parlé, ici. Retrouvez dès à présent le moindre mot prononcé pour l'occasion !

Première partie : discussion menée par Mark Lawson

Mark Lawson : Philip, pouvons-nous commencer par parler de vos sources d'inspiration pour les livres ?

Philip Pullman : Les paysages de l'Enfer dans Paradis Perdu de Milton étaient un point de départ. Le feu, les ténèbres et les paysages sauvages. Je voulais vraiment voler ça. Il y avait également les travaux de William Blake. Je ne m'attendais certes pas à une adaptation cinématographique. Je m'attendais simplement à une petite centaine de lecteurs et je suis abasourdi par le succès.

Deborah Forte : J'ai d'abord lu l'histoire sous une forme manuscrite. Je passe beaucoup de mon temps à lire des manuscrits. Je cherchais ce travail spécial. Je me disais que ce livre ferait le plus beau film ; c'est tellement visuel et convaincant. Je me disais que j'allais suivre Philip où qu'il aille.

Mon passé était dans l'édition. Le défi était de créer un film qui répondrait aux promesses des livres. En tant que lecteurs, on s'approprie réellement l'histoire de Philip dans son esprit. Je dois transcrire cela dans une expérience communautaire et tenir la promesse que l'auteur a donnée aux lecteurs. C'est un énorme engagement.

Seuls 2% des manuscrits mis aux enchères deviennent des films. Je crois en New Line, parce que leur vision du film est qu'il doit être réalisé dans son intégralité. Ce projet a été en développement pendant douze ans. Mais j'ai attendu que la trilogie soit terminée avant de trouver un studio et des partenaires financiers.

Je mangeais avec Philip quand il écrivait Le Miroir d'Ambre. J'ai demandé à Philip comment la trilogie allait se terminer. Il a dit (elle regarde Philip) ; tu te souviens de ce que tu m'as dit ?

Philip Pullman : Non, je ne me rappelle pas.

Deborah Fore : Tu as dit, Imagine combien le monde aurait été ennuyeux si Eve n'avait pas mordu la pomme.

Mark Lawson : Vous avez effectué un changement de scénariste pour le film, n'est-ce pas ?

Deborah : Il n'est pas inhabituel sur les gros films d'avoir plusieurs auteurs. Si vous jetez un oeil aux crédits des grands films, vous découvrirez sept ou huit auteurs. Nous avions Tom Stoppard et Chris Weitz. Quand on développe un script, il ne peut pas contenir tout l'aspect narratif d'un roman. On doit raconter l'histoire de manière condensée.

Philip Pullman : Contrairement au studio, j'aimais ce que Tom Stoppard avait écrit.

Deborah Forte : La communication est la clef vu que tous les personnages appartiennent à Philip. Toutes les interactions et les communications que j'ai eues avec Philip ont été riches et abondantes. Cela concernait toujours le fait de rester avec Lyra, de se concentrer sur Lyra.

Il était important pour nous de savoir ce qui était sacro-saint. Nous devions être sensibles aux concepts et aux thèmes de Philip ; il est facile de se laisser distraire. Quelques fois vous pouvez tomber amoureux d'une scène mais savoir que vous ne pourrez pas la mettre en place. C'est une situation déchirante. Donc le script doit être géré soigneusement pour raconter l'histoire tout en restant fidèle au livre et à la vision.

On doit ensuite tenir nos engagements vis-à-vis des promesses du script. Ce n'est pas une seule personne, il y a plusieurs chefs d'équipe chargés de porter le film à l'écran. Dennis Gassner, le superviseur artistique, était le premier de ces chefs à monter à bord. Il a visité Oxford, il est allé dans des musées et il a engagé une équipe d'artistes conceptuels et a commencé à assembler les images. C'était une période très excitante. Le studio a apporté beaucoup de soutien en aidant à créer un projet très ambitieux.

Philip Pullman : C'était fascinant d'observer le processus de développement. En tant que romancier, je ne connaissais rien du monde cinématographique. Et il s'est avéré qu'ils avaient tous lu les livres. J'étais surpris d'apprendre que ce n'est pas toujours le cas ! Mais ils ont la vision dans leurs esprits. J'ai été très impressionné que toutes les équipes de production comprennent le concept des livres ; qu'ils concernent Lyra et ses parents.

Deborah Forte : Quand Philip Pullman est arrivé sur le plateau, c'était comme avoir une rock star. Tout le monde demandais A quelle heure Mr Pullman arrivera-t-il sur le plateau ? Philip a fait une super visite avec le chef accessoiriste. Ce dernier dirigeait une équipe de cent-vingt personnes travaillant avec lui, créant les accessoires, et Philip était très intéressé par la forge. Tous ces gens voulaient que leur travail soit approuvé et validé par Philip.

Mark Lawson : Parlons du casting pour ce film. C'est le premier film de fantasy avec des très grandes stars.

Philip Pullman : Eh bien je ne dirais pas ça à Ian McKellen.

Mark Lawson : C'est un excellent acteur, mais je ne dirais vraiment que c'est une très grande star. Quelle était votre casting de rêve ?

Philip Pullman : Mon casting de rêve, c'est Nicole Kidman et Sir Laurence Olivier (aux alentours de 1945), mais il n'était pas disponible. L'ambition n'était pas de trouver les stars, mais le meilleur acteur pour le rôle. Nicole Kidman possède une étonnante versatilité, elle peut être chaude et froide, à la fois séductrice et terrifiante. Il était essentiel de trouver la bonne Lyra. Je ne savais pas comment ils allaient faire ça, mais ils ont trouvé la bonne.

Deborah Forte : Nous étions tous d'accords sur le fait qu'elle devait être jeune, naïve, et qu'elle pourrait grandir au travers du film. New Line a reconnu que Lyra devait être quelqu'un avec très peu d'expérience, ce qui est un grand risque pour des studios vu que c'est le rôle principal.

Nous avons vu dix mille filles dans des auditions ouvertes. Les agents de casting ont fait un super travail. La première session de casting, qui s'est déroulée à Cambridge, était la plus prometteuse. Un DVD des candidates potentielles a été créé, les quarante meilleures filles. Philip a visionné ce DVD, et 48 heures plus tard, il a dit j'ai choisi deux filles et Dakota Blue Richards en faisait partie.

Mark Lawson : Le James Bond actuel, Daniel Craig, incarnera Lord Asriel ?

Deborah Forte : C'est un acteur brillant ; il a une présence charismatique à l'écran. Je l'ai vu dans Layer Cake et il était génial. Il avait un côté impitoyable dans ce film que Lord Asriel possède également.

Mark Lawson : Oui, il y a une anecdote avec James Bond, car Timothy Dalton jouait Lord Asriel dans la première tournée de la production théâtrale d'A la Croisée des Mondes. Timothy Dalton qui a bien sûr joué James Bond dans Permis de Tuer et Tuer n'est pas jouer.

Philip Pullman : Nicole Kidman et Daniel Craig sont tous deux de brillants acteurs.

Deborah Forte : Cela a dû être intimidant pour Dakota Blue Richards de devoir faire son premier jour de tournage avec Nicole Kidman et Daniel Craig. Daniel a rencontré Dakota lors du premier jour de tournage, qui se déroulait dans les jardins d'Exeter College. Je sais qu'elle était un peu nerveuse. Juste avant qu'ils commencent à tourner, il a commencé à lui sourire et ensuite il a commencé à sauter sur place pour la faire rire. Dakota ne savait pas quoi faire, elle l'a regardé avec perplexité et puis elle l'a simplement imité. Donc ils sautaient tous les deux sur place. Ca l'a vraiment mise à l'aise ; cela l'a physiquement relaxée.

Mark Lawson : Passons aux effets visuels. Mike, ce film est un défi particulier, n'est-ce pas ?

Mike Fink : C'est un des grands défis.

Deborah Forte : Les effets visuels sont plus subtils que, disons, Le Seigneur des Anneaux, à cause des daemons. Le travail de Mike est de les rendre réels. Il doit donner vie aux mots du livre grâce aux images.

Mike Fink : Il y a trois personnes responsables des équipes portant les mots à l'écran. Le directeur de la photographie, le superviseur artistique et moi-même. J'ai travaillé pendant trente ans juste pour faire ce film. Malheureusement il est trop tôt pour montrer des séquences d'images complètes du film lui-même. Je vais vous montrer certaines images des films sur lesquels j'ai travaillés pour vous donner une idée de mon passé. En passant, quand je dis moi, en fait j'entends par là une équipe de mille personnes.

[Mike montre des images de Constantine"]

Mike Fink : L'inspiration pour la vision de l'Enfer dans ce film est une onde d'explosion nucléaire qui repasse infiniment.

[Les extraits suivants viennent de X-Men et X-Men 2. Mike montre des extraits de Night Crawler, Mystique et Magneto]

Mike Fink : C'est la scène où Magneto (incarné par Ian McKellen) est emprisonné. La cage de Magneto, tout sur cette image mis à part l'acteur est complètement virtuel.

Maintenant nous avons quelques extraits de la Boussole d'Or. Toutefois, ils ne sont terminé qu'à 10%. Cela vous donnera une idée de l'avancement. C'est le processus visuel de construction pour le bateau. Ce bateau est virtuel, mais l'eau et les angles de caméra viennent du tournage d'un vrai bateau sur l'océan. Autrement l'eau prend trop de temps, et est trop difficile à rendre virtuelle. Voilà le bateau arrivant à Trollesund. Le bateau sur l'océan raconte l'histoire au travers des images de Lyra qui voyage ; un exercice qui nécessite beaucoup de textes descriptifs peut être fait presque instantanément en bougeant des images.

[Mike montre des extraits de l'évolution du bateau entre le modèle virtuel initial et au travers des différentes étapes du processus]

Mike Fink : Nous avons fait beaucoup de recherches sur les animaux pour les daemons. Par exemple, lorsque Pan prend la forme d'un furet, nous avons étudié des furets avec des films très hautes définition, afin que la caméra puisse zoomer dans la fourrure. Cet extrait montre Pan en souris.

[Mike montre des images de vrais animaux filmé dans un but de recherche">Mike montre des images de vrais animaux]

Mike Fink : Cela a ensuite transposé en modèles virtuels, la fourrure animée et les tests d'animation démarrés. Nous ne voulons pas que cela semble être un effet spécial. Ce processus permet de s'assurer que les daemons auront l'air organiques.

[La création et le mouvement de Stelmaria, d'autres daemons, un croquis conceptuel de l'horizon Londonien et le ferry volant de Mme Coulter sont montrés].

Mike Fink : Tous nos travaux en cours sur les scènes de Londres sont basés sur les croquis conceptuels de Dennis Gassner, le superviseur artistique.

Mark Lawson : Est-ce que Harry Potter et Le Seigneur des Anneaux a facilité la compréhension de ce film pour les studios ?

Deborah Forte : Peut-être, mais il est primordial que le film soit à la hauteur de la réputation du livre. Historiquement, il y a eu une conversation où le film ne commençait pas avec Lyra et Pan comme dans le livre. Il y a des parties théâtrales beaucoup plus grandes dans le livre, ce qui aurait pu être un point de départ et une manière plus progressive d'entrer dans son histoire. Mais on sentait qu'il était critique d'explique la relation humain/daemon aussi tôt que possible. Si cela arrivait trop tard dans le film, cela aurait pris trop de temps à expliquer. L'exposition est mortelle pour un film.

Philip Pullman : Oui, l'exposition pourrait tuer le rythme de narration. Cela parle de Lyra ; cela commence et cela se termine avec elle.

Mark Lawson : Et concernant le thème anti-religion du film ?

Philip Pullman : Pas anti-religion, mais anti-oppression, anti-autoritariste. C'est opposé à l'utilisation de la théocratie pour des gains politiques. L'Eglise dans le monde de Lyra est très différente du notre, tout comme beaucoup d'autres choses.

Deborah Forte : Je crois que les thèmes et concepts principaux de l'histoire sont l'amour, le courage, la responsabilité et l'honneur.

Mark Lawson : Mais l'histoire décrit la mort de Dieu ?

Deborah Forte : Pas la mort de Dieu mais la mort de l'autorité oppressive.

Article original

  1. Première partie : discussion menée par Mark Lawson
  2. Deuxième partie : questions du public

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