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Kingdom Death : Monster

Titre VO: Kingdom Death : Monster

Auteur : Adam Poots
Illustrateur : Lokman Lam & Lorinda Tomko
Editeur : Kingdom Death
Année : 2015
Joueurs : De 1 à 4 joueurs
Age : 17 ans et plus
Durée : 40H-pour la campagne
Prix : 350 euros
Thème : Horreur, Dark Fantasy, Survie, Aventure
Genre : Campagne, Coopératif


Descriptif de l’éditeur :

Kingdom Death: Monster est un jeu de plateau coopératif. Situé dans un monde cauchemardesque dépourvu de la plupart des ressources naturelles habituelles, vous combattrez des monstres, fabriquerez des armes et de l'équipement et ferez en sorte de développer le campement afin d'assurer sa survie pour les générations suivantes.

But :

Faire survivre le campement aux 30 années de la campagne.

Matériel :


  • 1 livre des règles 
  • 1 plateau (pour le Showdown)
  • 1 plateau recto verso (pour le Campement et la Chasse)
  • 127 jetons
  • 31 tuilles terrain
  • 1 marqueur de Contrôleur du monstre
  • 4 grilles équipement
  • 1 bloc de fiches de persoonage
  • 1 bloc de fiches de Campement
  • 7 dés à 10 faces
  • 4 dés à 6 faces (Hit location)
  • 36 figurines de personnages 
  • 8 figurines de monstres 
  • 696 cartes standards (monstres, ressources, terrains...)
  • 342 cartes équipement
  • 20 cartes événement
  • 13 cartes lieux

Critique :

Par John Doe, le 15/01/2018

Il était une fois un animal qui voulait ressentir la douceur de sa fourrure. On raconte que la première fois qu'il tua un humain, il aima tant le contact de leur chevelure que ses griffes devinrent des mains humaines.

Si cela vous paraît étrange, c'est normal. Bienvenue dans le monde de Kingdom Death Monster, jeu univers créé par Adam Poots et sorti sur Kickstarter en 2015 pour la première édition, avant une deuxième campagne en fin 2016 qui a battu tous les records.
Thématiquement, Kingdom Death est un jeu coopératif pour un à quatre joueurs dans un univers qui n'est pas sans évoquer les passages les plus cauchemardesques de Berserk. Les joueurs incarnent un groupe d'humains qui se réveillent dans l'obscurité, dans une plaine dont le sol est constitué de visages en pierre. Un monstre émerge des ténèbres et attaque, charge aux joueurs de le vaincre, un éclat de pierre et un morceau de drap constituant leur seul équipement.
Kingdom Death est un jeu de campagne, qui se déroule sur 30 années plus le prologue. Chaque année est divisée en trois phases : Campement, Chasse et Showdown.

I'm gonna tell you a story / I'm gonna tell you about my town / I'm gonna tell you a big bad story, baby / Aww, it's all about my town

Chaque phase de campement débute par un événement aléatoire, pouvant être anecdotique, bénéfique ou néfaste, puis, en fonction des années, d'événements narratifs, imposés ou découlant des choix faits les années précédentes. Ensuite, les joueurs pourront construire divers équipements, en utilisant les ressources glanées dans les combats précédents. Ils ont également à leur disposition un certain nombre de points d'action, qu'ils pourront utiliser pour développer leur civilisation en innovant, découvrir des techniques (la fabrication du cuir ou de l'acier) ou débloquer de nouvelles capacités pour le campement. Cette action crée un arbre technologique, les innovations créées débloquant de nouvelles potentialités pour les années suivantes. Autre élément important : la population. Le nombre de survivants est en effet relativement modeste, et sans naissances le campement est voué à l'échec. Le jeu propose d'ailleurs des choix particulièrement significatifs : comment votre société va considérer sa première naissance ? Son premier mort ? Le jeu peut en effet se montrer particulièrement brutal – et parfois injuste.

You know the chase is better than the catch

La deuxième phase du jeu, la moins intéressante, est constituée de la chasse. A la fin de la phase de campement, vous devrez choisir 4 survivants pour le combat suivant. Parfois, il s'agira d'un « boss », une némésis qui arrive au campement pour vous tester... ou causer ruine et destruction. Dans les autres cas, il faut choisir une Proie et son niveau. Il existe trois choix possibles dans le jeu de base (White Lion, Screaming Antelope, Phoenix, chacun ayant trois niveaux de difficulté). Mais avant de l'affronter, il faut d'abord les trouver. Les joueurs devront passer un certain nombre d'événements, certains spécifiques au monstre, d'autres génériques. Partie la moins intéressante, car c'est celle qui offre le moins de choix : la plupart du temps, il s'agira lancer un D10 et de voir les conséquences.

 Ain't found a way to kill me yet / Eyes burn with stinging sweat

Si tout se passe bien, on arrive au Showdown. Chaque monstre a une mise en place spécifique qui prévoit certains terrains, puis on ajoute d'autres types au hasard. Le monstre est constitué de deux decks. Le premier représente l’Intelligence Artificielle (AI) du monstre, qui va dicter quelles sont ses actions, qui il va attaquer et comment. Quand les joueurs attaquent le monstre, ils vont tirer des cartes du second deck (Hit Location) qui va déterminer quelles seront les réactions du monstre. Parfois il n'en aura pas, mais d'autres fois il pourra contre attaquer. Et parfois, la réaction est plus redoutable que l'attaque principale du monstre ! Qui plus est, à un moment ou à un autre, les joueurs vont tomber sur la carte piège : ils ont été feintés par le monstre, ce qui annule l'attaque et déclenchera une riposte en général destructrice. Pour attaquer, il faut réussir un jet pour toucher ; l'arme utilisée définissant le nombre de dés lancés et leur précision. En cas de succès on tire une ou plusieurs cartes du second deck, et il faut blesser en atteignant l'endurance du monstre sur un nouveau jet. Puis on résout la réaction du monstre, le cas échéant. Blesser un monstre lui enlève une carte AI. Quand un monstre n'en a plus, il est réduit à son action de base, et une blessure supplémentaire le tuera.
Le monstre attaque de la même manière, mais il a juste à toucher sa cible et cause automatiquement un ou plusieurs dégâts, sauf si vous avez un moyen d'esquiver ou de bloquer. Si vous avez une armure, il en réduit la résistance, puis cause des dommages physiques... puis des blessures critiques. Et autant le dire tout de suite, les tables des blessures critiques ne sont pas à l'avantage des survivants, avec 20 % de mort instantanée (40% à la tête) et un risque de lésions permanentes causant des baisses de caractéristiques. Les monstres peuvent également infliger des dégâts "psychiques" générant des troubles mentaux pour les survivants.
Ah, cerise sur le gâteau, c'est le monstre qui joue le premier....
Si, malgré tout, vous réussissez à vaincre, vous gagnerez un certain nombre de ressources permettant d'améliorer son équipement et vos chances pour les années suivantes.

Down in a hole and they've put all the stones in their place / I've eaten the sun so my tongue has been burned of the taste 

Kingdom Death est avant tout une expérience sur la durée, dans laquelle il faut s'investir pour tirer toute la substance du jeu. Au début, vous n'avez que fort peu d'options, la stratégie peut sembler se résumer à être chanceux. Mais, même dans les premières années de la campagne, il y a en réalité déjà des éléments cruciaux à bien maîtriser. Par exemple, chaque monstre a sa manière bien particulière d'agir, et avec de l'expérience on apprend à prédire son comportement, comme d'éviter d'attaquer depuis certains endroits, ou encore comment se positionner pour que le monstre attaque le tank bien protégé plutôt que l'archer qui se balade avec un bout de tissu autour de la taille. Certains équipements permettent également de manipuler les decks, et certaines innovations ouvrent accès à des capacités supplémentaires, comme par exemple d'attirer le monstre avant de fuir hors de portée, lui faisant gaspiller son attaque.

La phase de campement est tout aussi intéressante, apportant un aspect gestion au jeu. Identifier quelles sont les meilleures options, quel équipement fabriquer – ou ne pas fabriquer – qui affronter et pour faire quoi, autant de choix qui auront un impact sur la campagne. Et le choix est grand, du modeste couteau en os des débuts jusqu’à la Perfect Slayer - autre hommage clair à Berserk – qui coûtera deux bras et un rein à fabriquer (et quand on parle de Kingdom Death, l’expression est à prendre au sens littéral !)
Parfois, le hasard pourra être frustrant, et vous fera maudire ce 1 qui tombera au pire des moments possibles, particulièrement pendant les événements aléatoires.
Côté points négatifs, impossible de ne pas citer le prix. Le jeu comporte une dimension hobby, avec des figurines finement détaillées à monter soi- même. L'ensemble du matériel est en anglais et, sans être particulièrement compliqué, nécessite d'avoir au moins une maîtrise correcte de la langue de Shakespeare. Les cartes sont d'une belle qualité et le livre des règles, pourvu d'un dos toilé avec de multiples illustrations pleines pages en couleur, est à l'image du jeu : luxueux et démesuré.

La thématique du jeu est particulière : du désespoir, de la mort, de l'horreur (les lignes d'introduction décrivant le premier monstre vous donnent une idée de l'ambiance, et il s'agit sans doute du plus normal du lot !). Je citais Berserk en début de chronique, imaginez que le monde dans lequel vivent les personnages est sans doute proche de celui apparaissant à la fin de l'arc de « l'Age d'Or »... et où Guts serait en bas de la chaîne alimentaire !
Le jeu est d'ailleurs davantage centré sur le campement que sur les personnages et privilégie le collectif sur l'individuel. Bien sur, certains personnages pourront devenir très puissants, mais pas assez pour être des Supermen. Et le jeu saura fort bien punir l'hubris des joueurs pensant que tel combat est imperdable.

Tous ces éléments forment un jeu très particulier et une expérience vraiment à part, dans un univers mystérieux, sombre et désespéré, un jeu qui traite « de la fragilité de la vie, de la férocité de l'esprit humain et des merveilles de l'exploration ». Un jeu dans lequel vous serez en permanence au bord du précipice, et où les erreurs de jugement seront souvent fatales.... mais qui récompense aussi la planification et la stratégie. Pour apprécier Kingdom Death, il faut aimer les coopératifs punitifs et la sensation d'être "toujours sur la ligne blanche". Un jeu qui ne laissera pas indifférent !

How can you just leave me standing ? Alone in a world that's so cold ? 

Extensions :

Il existe à l'heure actuelle douze extensions, chacune étant constituée d'un monstre (avec son lot de cartes et de figurines) enrichissant le jeu, apportant de nouvelles stratégies et possibilités. Deux d'entre elles proposent également une campagne supplémentaire.

Le profil du jeu Complexité : + + + +
Esthétique : + + + +
Hasard : + + +
Stratégie : + + +
Négociation :
La note globale

8.5/10

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