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Aujourd’hui dans les salles : Frankenweenie

Par Gillossen, le 31 octobre 2012 à 14:00

La stop-motion

L’animation image par image, aussi appelée animation en volume ou stop-motion, est l’un des plus anciens styles d’animation. Le processus repose beaucoup sur la manipulation manuelle. Frankenweenie est animé à 24 images par seconde. Cela signifie que l’animateur doit s’arrêter et repositionner la marionnette 24 fois afin d’obtenir une seule seconde d’action filmée. En moyenne, un animateur peut produire seulement 5 secondes de film par semaine. Fabriquer un grand nombre de marionnettes du même personnage a permis aux animateurs de travailler sur plusieurs scènes à la fois.

Réaliser Frankenweenie en animation image par image a nécessité deux ans de travail et une équipe composée de talents multiples et complémentaires. Tim Burton déclare : « Réaliser un film comme celui-ci nécessite une équipe nombreuse. À la différence d’un film en prises de vues réelles, tout est très lent. En prises de vues réelles, il faut sans arrêt prendre des décisions rapides ; en image par image, réaliser un plan peut prendre entre deux jours et deux semaines en fonction de sa complexité. »

De longues recherches et beaucoup de préparation sont entrées dans l’animation des deux chiens, Sparky et Perséphone. Le directeur d’animation Trey Thomas et son équipe ont étudié la façon dont les chiens bougent, et ils se sont même rendus au Windsor Dog Show afin de filmer en vidéo des chiens en pleine action. Ils ont fait venir un bull terrier dans le studio et lui ont fait jouer certaines parties de l’action de Sparky, qu’ils ont filmées sous différents angles. Des caniches sont aussi venus dans les locaux pour jouer Perséphone. Trey Thomas explique : « Nous avons essayé de reproduire les mouvements canins en collant au plus près de la réalité. Nous voulions que le Sparky dessiné par Tim Burton paraisse le plus réel possible. »

33 animateurs ont travaillé sur le film, et la plupart ont œuvré seuls durant les deux années qu’il a fallu pour créer le film. La semaine typique d’un animateur commençait lorsqu’on lui confiait un plan – un seul animateur étant responsable de tous les personnages impliqués dans ce plan. Après avoir examiné le travail à faire, l’animateur faisait un survol global, une répétition générale avec le directeur d’animation. Ce processus contribuait à définir les mouvements de caméra, l’éclairage et l’emplacement des accessoires.

Le lendemain, l’animateur prenait le temps d’effectuer une répétition complète, plus poussée, où il pouvait se pencher sur les spécificités du jeu d’acteur et le rythme du plan. Tim Burton et le directeur d’animation Trey Thomas étaient très précis dans ce qu’ils désiraient et dans les moyens de faire passer l’émotion et l’humour.

L’animateur se consacrait également au réglage de la tension de la marionnette. Cette étape impliquait de régler les vis des membres et des articulations afin de déterminer ce qui fonctionnait le mieux. Certains animateurs cherchent une précision absolue ; ils règlent alors la tension au maximum, alors que d’autres préfèrent une approche plus douce et donc une tension plus lâche.

Un animateur passe forcément plusieurs heures à travailler avec une marionnette pour obtenir tous les mouvements nécessaires, qu’il s’agisse pour elle de s’asseoir, de se tenir debout ou de boire une tasse de thé, ou de n’importe quelle autre action. Le jour du tournage, l’animateur sait exactement quoi faire et peut alors commencer à filmer à 24 images par seconde.

En tant que directeur d’animation, Trey Thomas s’est activement impliqué dans le processus. Chaque jour, il se rendait sur chacun des plateaux et aidait les animateurs en cas de difficulté. Il explique : « Chaque plan est comme une pièce d’un grand puzzle, il s’agit d’obtenir pour chaque image les expressions et les gestes qui entrent dans un jeu réaliste et crédible. Tim Burton cherchait un style crédible et il voulait que l’on respecte les lois de la physique. Tout devait avoir l’air vrai. Il désirait un film réaliste, authentique et sincère, et c’est ce qu’ont cherché à obtenir tous les animateurs. »

Les voix ont été accordées au mouvement grâce à l’utilisation d’outils préparatoires appelés feuilles d’exposition. Une feuille d’exposition décrit pour chaque plan, image par image, les décors, objets ou dessin et leur ordonnancement, ainsi que les dialogues et bruitages. Par exemple, lorsque le personnage dit « Asseyez-vous », l’animateur note que dès que le personnage a terminé sa réplique, il fait un geste en direction de la chaise et l’autre personnage s’assied alors. La feuille d’exposition aide l’animateur à organiser ses pensées, en particulier lorsque plusieurs personnages interviennent dans un même plan et que l’action de chacun d’entre eux doit être suivie et répertoriée – même s’il ne fait que cligner des yeux.

Plus de 200 marionnettes ont été créées pour le film, dont 18 Victor et 15 Sparky. Il fallait disposer de plusieurs exemplaires de chaque personnage puisque chaque animateur travaillait indépendamment sur des scènes différentes. Ils devaient également pouvoir recourir à des doubles si une marionnette avait besoin de réparations.

La première marionnette à avoir été conçue pour le film a été Sparky, et c’est elle qui a dicté les dimensions de chacun des éléments de la totalité du film. Tim Burton avait une vision très précise du personnage, il souhaitait qu’il agisse et bouge comme un vrai chien. L’armature de la marionnette étant très complexe, il était littéralement impossible de faire Sparky d’une taille inférieure à 10 centimètres si l’on voulait qu’il ait le comportement et la personnalité nécessaires. Une fois la taille de Sparky fixée, les maquettistes ont pu en déduire l’échelle du reste des personnages et des décors.

Les marionnettes disposaient de différents degrés d’articulation. Victor était le personnage humain le plus complexe et le mécanisme de sa tête contenait non seulement des commandes pour les lèvres et les sourcils mais aussi un système complexe de clés Allen qui permettait à l’animateur de faire bouger ses joues et sa mâchoire de façon très progressive. Cela lui a donné des capacités d’acteur remarquablement subtiles et variées.

D’autres marionnettes, comme Elsa Van Helsing et son oncle, M. Burgemeister, apparaissent moins souvent à l’écran et n’avaient pas besoin de toute la gamme d’émotions de Victor. Les animateurs ont pu obtenir ce dont ils avaient besoin uniquement par la manipulation des lèvres et des sourcils.

Sparky était lui aussi une marionnette d’une formidable complexité. Son corps comporte plus de 300 articulations et en raison de la finesse de ses pattes, il fallait souvent le soutenir avec un dispositif spécial afin que les animateurs puissent le faire bouger comme un chien de façon plus réaliste. La productrice Allison Abbate explique : « Sparky ne reste jamais immobile, et il aurait été impossible de le stabiliser sur ses petites pattes toutes fines. À présent que l’on est capable de supprimer de l’image les câbles et autres dispositifs au moment de la postproduction, les animateurs bénéficient d’une liberté complète pour le faire gambader et bondir partout comme un vrai petit chien. »

Le processus complexe de fabrication des marionnettes comporte plusieurs étapes, chacune étant elle-même complète. Tim Burton commence par dessiner une esquisse du personnage. Le croquis est remis aux fabricants des marionnettes chez Mackinnon and Saunders en Angleterre, qui réalisent alors des sculptures en trois dimensions des dessins, appelées maquettes. Des discussions ont lieu au sujet de ces maquettes entre Tim Burton et les fabricants afin de donner au personnage la forme et l’apparence exactes que souhaite le réalisateur.

Une fois que les dimensions et tous les autres critères sont définis, les artistes réalisent une sculpture définitive, distincte de la première maquette. Celle-ci présente une attitude neutre, bras le long du corps, tête droite, visage de face et pieds légèrement écartés.

L’étape suivante consiste à fabriquer un moule de la maquette. À partir de ce moule, le fabricant de marionnettes peut réaliser des moulages qui servent à fabriquer une armature. À ce stade, il est important que le fabricant étudie le scénario et détermine ce que la marionnette devra être capable de faire. Le personnage va-t-il s’asseoir, manger, sauter ? Muni de ces informations, le fabricant peut réaliser le type de squelette qui convient précisément aux actions que devra accomplir la marionnette.

La fabrication des armatures doit être très précise car de nombreux éléments mobiles de très petite taille doivent s’insérer à des endroits précis dans le corps de la marionnette. Une fois que l’armature a été fabriquée, le fabricant de marionnettes commence à mouler les personnages. L’armature est placée dans le moule, dans lequel on coule ensuite de la silicone ou du latex. Souvent, la tête est fabriquée à part.

Parallèlement, Tim Burton est occupé à travailler avec les artistes pour concevoir les costumes et choisir les tissus. Les costumiers commencent par réaliser des modèles des costumes afin de les faire approuver par Burton, comme par exemple les imperméables de M. et Mme Frankenstein. Ils doivent ensuite coudre à la main tous les costumes, à l’aide de points de couture très petits pour respecter l’échelle.

Ensuite vient le travail des perruquiers. Ceux-ci ont utilisé de vrais cheveux humains pour leurs marionnettes. Ils ont d’abord fait des essais avec des cheveux synthétiques, mais ceux-ci étaient trop brillants et avaient tendance à friser quand on les tirait un peu trop. Chacun de ces cheveux a été piqué individuellement dans la tête, puis ils ont été montés sur du fil de fer, afin de simuler le mouvement de la chevelure lorsque le personnage marche.

« L’hôpital des marionnettes » était toujours complet sur le tournage de Frankenweenie et occupait 150 artisans en continu. Les maquettistes hautement qualifiés du film ont passé des mois à réparer les membres des marionnettes, résoudre les problèmes avec leurs cheveux ou leur peau, et raccommoder les costumes déchirés ou sales. L’équipe a même trouvé le temps de créer entièrement les marionnettes figurantes ainsi que quelques-uns des personnages principaux.

  1. Synopsis
  2. Les personnages
  3. Les origines
  4. La stop-motion
  5. Une ambiance à part
  6. La chronique d'Alana Chantelune

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